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Edito 185 Décembre 2008

mardi 30 décembre 2008, par Courant Alternatif


« Rien ne sera plus comme avant. » Ce truisme mille fois répété, mille fois entendu, pourrait paraître, dans un premier temps, comme le gage que de nouvelles voies vers le changement et un avenir plus radieux s’ouvrent.

Et pourtant, cette banalité ainsi ressassée devrait nous avertir qu’au contraire elle sonne le rappel de l’ancien qui, chassé par la porte, revient par la fenêtre.

Ainsi en est-il de leur crise : elle semble bien indiquer, encore une fois, que le capitalisme dispose, presque par nature, de capacités d’adaptation et de souplesse qui ne se démentent pas. Bien sûr, de crise en crise, il finira par s’autodétruire, il ne peut en être autrement, nous disent les plus optimistes ainsi que les adorateurs d’un pseudo-marxisme de la linéarité.

Pour l’instant, la fin du capitalisme parfois évoquée ressemble chaque jour davantage à sa consolidation. La vague de licenciements qui secoue l’Hexagone comme la planète entière - des licenciements qui sont un impératif pour revenir au plus vite à un taux de profit acceptable - n’aurait pu se produire en cascade aussi facilement sans la prétexte de la « crise ». La crise, c’est le fatum, c’est la volonté du deus ex machina moins atteignable qu’un patron ou une multinationale. C’est la peste ou le choléra au Moyen Age, il ne reste plus qu’à prier.

Pourtant, dans l’ensemble, les salariés sont conscients de cette entourloupe. Mais ils sont coincés ! D’un côté, par un éloignement toujours plus grand des lieux de pouvoir, puisque ce dernier est partout dilué et disséminé, et que, justement, il n’y a plus vraiment un lieu de pouvoir identifiable contre qui préparer les futurs affrontements. De l’autre, par des syndicats qui n’ont qu’une idée en tête, et une seule : survivre en tant que tels comme bureaucratie d’Etat.
Face à cet état de choses, le pouvoir politique sent bien le danger qui peut naître d’un tel verrouillage : les « réflexes incontrôlés », les « débordements », tout ce qui, par choix rationnel, par colère, par désespoir ou par soif de vivre, quitte les rails institutionnels. Et il prend les devants. L’affaire des inculpés de Tarnac constitue bien une sonde et un avertissement. Faire un exemple, fabriquer des « criminels », les châtier, faire peur aux autres et leur montrer que toute tentative de vivre « hors les murs » se terminera automatiquement intra-muros.

Il est bien clair pour nous que la solidarité à l’égard de ces inculpés se moque de ce qu’ils auraient fait, elle s’exerce vis-à-vis de ce qu’ils sont. Des gens qui, comme nous, pensent que le capitalisme ne s’abattra pas tout seul, inuctablement, de crise en crise, mais qu’il faut l’y aider. Et ce, d’autant plus que ce qui nous intéresse n’est pas seulement de le faire disparaître mais de le remplacer par un autre mode de rapports sociaux !

Et là encore, il faut sortir des rails de la pensée unique et politiquement correcte que nous propose le monde politique. Le congrès du PS nous a offert un « spectacle affligeant », se lamentent les observateurs et militants de gauche. C’est bien vrai ! Sauf qu’à nos yeux il ne s’agit pas de la foire d’empoigne entre quelques leaders pour le contrôle d’un parti et, plus tard, pour celui de l’Etat. Ce qui nous affligerait plutôt, c’est l’insignifiance des différences entre Aubry et Royal, qui toutes deux ne rêvent que de rénovation et de replâtrage. Sauver la mise au système que nous combattons est finalement leur unique souci. Et, comme pour le capitalisme, il faudra bien mettre la main à la pâte pour les abattre (au sens figuré !).

OCL-Poitou 30 novembre 2008

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