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Edito 187 Février 2009

vendredi 6 février 2009, par Courant Alternatif


Tout va bien !

Depuis décembre, un vent de révolte souffle en Grèce. Parti de la jeunesse, ce mouvement s’est tout de suite étendu à presque tous les secteurs sociaux.
De violents affrontements se sont produits en Europe de l’Est entre manifestants et forces de l’ordre, notamment en Lituanie, où la police est intervenue sans ménagement à Vilnius devant le Parlement. D’autres émeutes ont eu lieu en Bulgarie et en Lettonie, où les habitants manifestaient contre les difficultés économiques, les réformes de leur gouvernement et la corruption. Dans les trois pays, des rassemblements pacifiques se sont terminés en affrontements avec la police pendant plusieurs heures. La crise économique fait des ravages dans d’autres pays d’Europe de l’Est, particulièrement en Hongrie, en Ukraine et en Roumanie. La monnaie roumaine a ainsi perdu 17% de sa valeur en un an. La réduction des dépenses sociales en Estonie pourrait aussi provoquer des protestations dans cet autre pays balte.
L’Islande a connu une contestation sans égale depuis 1949. Depuis l’effondrement de l’économie islandaise en Octobre 2008, le gouvernement islandais formé par Samfylkingin (sociaux-démocrates) et Sjálfstæðisflokkurinn (aile droite des conservateurs), a été l’objet de fortes pressions. Chaque samedi pendant 16 semaines, les gens se sont rassemblés devant le Parlement et ont exigé que le gouvernement démissionne, le conseil d’administration de la Surveillance Financière et de la Banque centrale soit dissous, et des élections aient lieu dès que possible. A part les protestations du samedi, d’autres actions plus radicales ont eu lieu au cours de cette période, les gens ont à maintes reprises essayé d’arrêter les réunions du gouvernement, de prendre d’assaut le Parlement et les institutions financières, et organisé des manifestations bruyantes aux abords les bâtiments officiels. Le point culminant de la protestation a eu lieu mardi dernier, le 20 janvier, avec des milliers de personnes qui se sont rassemblées autour du Parlement pour prendre part à une manifestation bruyante qui a duré 14 heures. Après l’annonce de nouvelles élections pour le 9 mai 2009, le gouvernement a démissionné. Une coalition entre Samfylkingin et « gauche-verte » assurera la transition jusqu’aux élections.
L’Islande est en faillite et incapable de rembourser des dettes colossales. La Hongrie a déjà négocié auprès du FMI et de l’Union européenne un emprunt de 24 milliards de dollars, l’Ukraine un prêt de 16,5 milliards de dollars par le FMI. Le Bélarusse, la Serbie, la Roumanie, l’Estonie et la Lituanie sont à la recherche de prêts. L’Irlande est en voie de suivre le chemin de l’Islande. La peur de voir de faillites nationales conduire à des troubles politiques ne se limite pas aux « petits pays » : un destin similaire pourrait toucher la cinquième économie du monde : le Royaume-Uni.
Depuis quelques jours, Madagascar est touché par des émeutes qui ont déjà causé plus d’une centaine de morts (une grande partie a péri dans des incendies de supermarchés).
Comme en Guyane en novembre-décembre 2008, la Guadeloupe, à l’appel du collectif appelé Lyannaj kont Pwofitation (lien contre l’exploitation, les abus) – un regroupement de 52 organisations syndicales, politiques, d’associations de consommateurs, d’associations populaires et culturelles -, un mouvement de grève générale a commencé le 20 janvier 2009. Dans la plate-forme de revendications adressée au patronat, aux élus, au représentant de l’Etat, les travailleurs et la population demandent, en autres : le relèvement immédiat et conséquent des salaires, du minima vieillesse, des minima sociaux – 200 euros - (en Guadeloupe plus de 100 000 personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté sur une population d’environ 450.000 habitants), la défense et la création d’emplois, la formation notamment pour la jeunesse, l’amélioration du droit et des libertés syndicales, la baisse des loyers. Il faut savoir que selon les chiffres officiels, il y a 25 % de chômeurs, e taux de chômage des jeunes est de 45%. L’île ne compte pas moins de 4 000 contrats aidés pour une population active ayant un emploi de 150 000 personnes. Les bas salaires y sont légion, surtout chez les femmes. Depuis le 20 janvier, il n’y a plus de carburant dans les stations service. Les coupures d’électricité et d’eau se multiplient (36H sans eau à certains endroits). La nuit, des poubelles et des carcasses de voiture sont incendiées. Les barrages sur les routes se multiplient. La manifestation du 24 janvier 2009 a rassemblé 25 000 manifestants. A l’échelle de la France cela correspondrait à une manifestation de 3,5 millions de personnes.
En France métropolitaine, des dizaines de milliers de salariés se retrouvent, comme chez Renault, licenciés ou en chômage technique. On assiste à des attaques contre le droit du travail, la protection sociale, à des suppressions de postes dans le public… et plus généralement à une augmentation du temps de travail (« travailler plus pour gagner plus »), une aggravation de la précarité, le tout couplé avec un flicage renforcé et une culpabilisation des chômeurs-ses et des RMIstes (avec en autre la collaboration de la CFDT qui n’hésite pas à signer des accords dont personne ne veut et à envoyer des précaires devant les tribunaux). Et comme le dit le tract commun de l’OCL et l’OLS distribué lors des manifestations du 29 janvier, « Y’a de quoi s’énerver plus de 24 heures ».
Si l’invasion israélienne contre Gaza est officiellement terminé, rien n’est réglé. Comme le disent les Anarchistes contre le mur, « Pour pouvoir mettre fin a cette occupation, il nous faudra créer un vrai rapport de force avec pourquoi pas un boycott économique et culturel d’Israël ».
Des anarchistes qui, en Israël, ont été au cœur du mouvement anti-guerre, et en Grèce, au cœur du mouvement social. Et pas dans un anarchisme culturel et libéral !
Pour en savoir plus sur ce qui est évoqué ici et qui ne trouverait pas un développement dans ce numéro, rendez-vous sur le site de l’OCL où des informations régulières (écrites ou audio avec les émissions de l’Egrégore) vous permettent de suivre une actualité (sociale et internationale) en dehors de celle qu’on essaie de nous imposer.

OCL Reims, le 29 janvier 2009

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