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Edito 183 Octobre 2008

samedi 11 octobre 2008, par Courant Alternatif


Camarades,
Ça y est, c’est fait. Il en a fallu du temps. Ce fut un travail de longue haleine, un travail au corps à corps même. Toutes ces années passées à espérer, à prier pour certains, d’autres ont milité, tout cela pour obtenir ce résultat, cet événement suprême. Quand c’est arrivé, au début, je n’y ai pas cru, mais c’est la réalité : la plus grande économie du monde, oui les États Unis d’Amérique, ça y est... ce sont des socialistes. Oui en vérité je vous le dis, les USA sont socialistes, peut être même pire COMMUNISTES. Quand un état prend 80% du capital de la plus grande société d’assurance au monde, c’est une nationalisation en bonne et due forme. C’est en fait stratégique, AIG, est un maillon essentiel de la finance mondiale, et pour cause c’est l’assureur des banques. En fait elle assure les contrats d’échanges des flux financiers. AIG c’est 74 millions de clients, c’est 110 milliards de dollars de chiffre d’affaire, c’est 1050 milliards d’actifs, c’est 78 milliards de fond propre. Mais c’est aussi l’épargne retraite 33,6 milliards de dollars de prime, dont 26,6 hors des États Unis. C’est aussi le premier réseau mondial de l’assurance vie. Voilà pourquoi les États Unis ont nationalisé AIG. Moi je trouve que c’est une bonne affaire d’avoir acheté AIG pour 85 milliards de dollars (60 milliards d’euros). Mais le pas des américains vers le communisme ne s’arrête pas là, c’est plus de 900 milliards de dollars (bon vous me direz que c’est moins impressionnant en euros, mais quand même) dépensés pour nationaliser une partie de l’économie américaine.
Oui, tout cela appartient à l’État américain, et donc tout cela appartient aux américains. Et vous n’avez pas oublié, depuis le 11 septembre 2001, NOUS SOMMES TOUS AMERICAINS. Oui tout ça est à NOUS.
Hou la la, tout ça me tourneboule. Alors quand j’entends ces mauvaises langues de socialistes français qui disent que : « pendant des années on nous a expliqué que le marché se gérait lui même et que maintenant s’il n’y avait pas les États pour sauver le marché tous s’effondreraient. » Quand j’entends aussi les grandes pontes du gouvernement de droite nous expliquer qu’il faut réguler les marchés pour éviter les crises financières et bien je me pose des questions.
Aussi bien à gauche qu’à droite j’entends ce discours : « il faut réguler les marchés » et ça fait des années que nous entendons tous ça. Mais aussi bien la gauche que la droite ont été au pouvoir et ont eu la possibilité de réguler les marchés.
Cela n’a pas été fait ? Pourquoi ? Les élus ne veulent rien changer au marché ? En 1997, sous un gouvernement de gauche est né ATTAC (pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens) qui se prétendait représentée à l’assemblée nationale, au sénat, et au parlement européen. Mais rien, tout compte fait, ça plait bien aux élus un marché dérégulé.
Ils ont tenté de le faire mais ça ne fonctionne pas ? En 2003, sous un gouvernement de droite est créée l’A.M.F. (Autorité des Marchés Financiers). C’est la structure qui permet de réguler le marché financier français. Et alors, on en est où maintenant ? C’est toujours pareil, crise sur crise, tous palabrent, et nous on trinque.
En 1946, des économistes américains du National Bureau of Economic Research ont démontré qu’une crise précédait une phase de contraction puis une phase d’expansion jusqu’à la prochaine crise. En fait on sait depuis longtemps que réguler les marchés pour éviter les crises économiques est sans intérêt.
Même si cela porte un autre nom, « le marché financier » c’est « le capitalisme ». Et quand un état sauve le marché financier, l’état sauve la capitalisme. Quand un état nationalise une banque ou une société d’assurance, ce n’est pas pour réguler le marché, ce n’est pas pour le moraliser, c’est pour le sauver. C’est le rôle intrinsèque des états : maintenir le capitalisme en fonctionnement.
En plus l’État américain crée une structure qui va racheter les bâtons merdeux des banques pour la modique somme de 700 milliards de dollars. Au total, tout ce tralala, c’est seulement un peu plus que le PIB de l’Espagne et c’est plus de 18 000 fois le PIB des îles Kiribati. Je ne sais pas si c’est nécessaire de traduire en SMIC pour que les gens comprennent la masse phénoménale que l’état américain injecte dans l’économie, tout ça pour sauver le capitalisme.
Le capitalisme, ça parait loin mais pour nous c’est quoi ?
Pour nous le capitalisme c’est les guerres impérialistes, le colonialisme, comme si on avait quelque chose à faire en Afghanistan, ou en Afrique. Pour nous le capitalisme c’est la gestion de l’immigration comme si c’était des smarties « Ah ! Moi j’aime pas les noirs, je préfère les jaunes », avec cette foutue politique d’immigration choisie. Pour nous le capitalisme c’est la création d’infrastructures non voulues par les populations, le nucléaire, les autoroutes, les TGV, comme si on avait besoin de tout ça. Pour nous le capitalisme c’est le flicage, le fichage, l’affaire Edwige-Cristina en est un exemple concret. Pour nous le capitalisme c’est la privatisation des services publiques comme l’hôpital, la Poste ou l’éducation. Pour nous le capitalisme c’est le patriarcat, le sexisme, le racisme. Pour nous le capitalisme, c’est tout ça et plein d’autres choses.
Pour nous le capitalisme, c’est toujours la crise.

Sens
26 septembre 2008

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