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Saint-Nazaire : Lutte exemplaire, acquis de misère…

jeudi 6 janvier 2005, par Courant Alternatif

Durant plus de 4 semaines, l’agglomération de Saint-Nazaire, a été privée de transports en commun. Malgré un arrêt quasi-total de la circulation des bus par une grève massive des chauffeurEs avec occupation et blocage du dépôt, les acquis pour les grévistes sont bien maigres à l’issue d’un conflit sans précédent dans ce secteur pour la région.


Une ville ouvrière et une tradition de lutte

Saint-Nazaire est connue pour ses activités industrielles, essentiellement la construction navale autour des Chantiers de l’Atlantique, et aéronautique avec Airbus-EADS. Ville ouvrière, municipalité dans l’orbite socialiste depuis toujours, l’histoire de la ville depuis 130 ans, est marquée par des luttes combatives dans l’industrie, mais beaucoup moins dans les autres secteurs d’activités. Ces deux dernières années encore, avec la construction du Queen-Mary II, les luttes salariales et sociales ont été nombreuses, avec le refus d’exploitation des sous-traitants, intérimaires ou étrangers, tels ces ouvriers indiens, roumains, grecs ou polonais qui venaient travailler ici dans des conditions qualifiées d’esclavage moderne (passeports confisqués, salaires de misère, entraves aux déplacements, gîtes et couverts indécents, droits sociaux bafoués,..).
@Pourtant, le 15 novembre, ce sont les conducteurs et conductrices des bus de la ville qui entament une grève, annoncée par voie de tract et de presse la semaine précédente. Leurs revendications : l’ouverture immédiate des négociations salariales prévues pour décembre, avec pour point essentiel l’égalité de salaires pour les salariéEs de la STRAN-STRVN (cf encadré). Devant le mutisme de la direction, des élus de la ville et de la CARENE (cf encadré), le dépôt de bus était occupé 24 heures sur 24 dès le 17 novembre, et plus aucun bus ne circulait.

Une lutte pour l’égalité salariale

A cette occasion, la population découvrait que la STRAN, les bus et minibus jaunes qui circulent dans la cité et alentours, recouvrait par ailleurs une filiale, la STRVN, dont personne ou presque n’avait connaissance, du fait de son absence totale de visibilité. Pour les salarié-es cependant, la différence existait très concrètement au niveau de la rémunération : 250 euros mensuels en moins pour les employéEs de la STRVN, pour une même qualification (permis D transport en commun) et un même métier : transporter des voyageurs dans l’agglomération et ses environs.
Officiellement, la création de la filiale centrée sur le transport de voyageurs s’explique par la nécessité pour la STRAN d’intégrer dans son développement l’intercommunalité, et notamment les transports scolaires de l’arrondissement, financés par le conseil général ou régional qui passe contrat avec des sociétés de transports routiers de voyageurs. Ceci dit, la création de la STRVN n’impliquait pas obligatoirement de différences de salaires entre chauffeurs, la question pouvant être réglée par l’alignement entre les indices des deux conventions collectives dès la création.
La question de l’égalité salariale ne s’est posée que progressivement en 12 ans d’existence de la filiale. En effet, pour les salariées de la STRVN du début, leur statut n’était que provisoire, et la direction jouait sur une promotion de carrière par le passage de la filiale vers la société-mère. Or, depuis 5 ans, la STRAN n’embauche plus, alors que la STRVN recrute, et pour les salariés l’échéance de la promotion disparaissant, la revendication d’une équité de rémunération s’est imposée, ainsi que le recours à la grève pour l’obtenir.
Derrière cette revendication phare du « travail égal, salaire égal », les conducteurEs mettaient également le doigt sur un certains nombre de conditions de travail inacceptables, comme les heures d’attente au dépôt non rémunérées au delà de 29 minutes entre deux services, ou une flexibilité horaire d’une semaine sur l’autre selon un système de débit ou de crédit d’heures, sans compensation, selon que leur service n’atteint pas ou excède les 35 heures. Par ailleurs, même pour les chauffeurEs de la STRAN, le salaire ne devient décent que par l’octroi de primes (service de nuit, repas décalés...) qui bien sûr ne sont pas intégrées au salaire, le brut restant à 1250 euros en moyenne.


Une grève appuyée par une intersyndicale, mais qui se prive de relais.

Si 3 syndicats de transports sont représentés dans les boîtes, seules l’UNSA et la CGT devaient appuyer la revendication partie de la base, la CFDT ayant disparue … de la circulation !.
Devant le refus de toute négociation, les chauffeurs décidaient de bloquer le dépôt des bus dès le 17 novembre. Ainsi, durant 4 semaines, un barrage de palettes enflammées a obstrué l’entrée principale du dépôt, pendant que les autres accès étaient bloqués. Sur les 130 conducteurEs des 2 sociétés, une centaine, principalement des conductrices d’ailleurs, vu le taux de l’emploi féminin, se sont relayées jour et nuit sur les piquets.
L’accueil de la population à l’égard des grévistes a été plutôt bienveillant, et une pétition de soutien a été largement signée sur les marchés de la ville. Durant les semaines de lutte, les manifestations, occupations, interventions au conseil municipal se sont succédées, essentiellement orchestrées par la CGT, fortement appuyée par le PCF, et regroupant à chaque initiative entre 200 et 500 personnes. Les collectes de solidarité ont également été nombreuses, et l’alimentation des caisses de grève conséquente (plus de 30 000 euros).
Il peut sembler étonnant qu’une ville moyenne et son agglomération (soit 100.000 habitantEs) puissent s’accommoder de 4 semaines de blocage total de ses transports en commun sans crise majeure, ni déferlement des « z’usagers pris z’en otages » sur télé-Bouygue ou radio-Medef. A cela, plusieurs explications. La première, et non des moindres, est liée au schéma urbain de Saint-Nazaire. Détruite après la seconde guerre mondiale, la ville s’est rebâtie autour d’un plan de circulation intégrant largement la voiture. Les avenues sont larges, le stationnement gratuit et abondant, les voies de bus inexistantes, et les pistes cyclables sont un gadget de bobo rappelant qu’il y a des Verts dans la majorité municipale. Les transports en commun représentent ainsi moins de 6% des déplacements de l’agglomération, et ne concernent au final que les sans bagnoles : les jeunes, les vieux, et les pauvres. Ainsi l’arrêt des bus ne menace aucunement l’économie. Alors, les nuisances les plus visibles furent pour les lycéennEs du canton qui peinaient à rejoindre à l’heure l’immense cité scolaire nazairienne, mais qui manifestèrent leur solidarité en occupant joyeusement toute une journée le siège administratif de la CARENE à l’issue d’une manifestation. Autre élément explicatif, des traditions de lutte et solidarité ouvrière font que les nazairiennEs n’ont pas pour habitude de contester une lutte sociale, encore moins d’une telle légitimité, et qu’en cas de difficulté durable l’entraide s’organise. Ainsi la grève pu se mener sans pression de l’opinion contre les grévistes, mais sans mouvement de solidarité active non plus.

Un soutien bien passif.

Si la grève bénéficia d’un courant d’opinion favorable, celui-ci ne déboucha cependant pas sur un soutien franc et massif de la population. Le retour à la normale n’était pas une urgence pour la population active, et les vieux et les pauvres ne constituent pas vraiment des catégories fortement revendicatives. Outre ces aspects, la gestion de la lutte par la CGT et le soutien sans faille du PCF posent d’autres question, tout comme la marge d’autonomie des salariéEs dans la gestion des aspects stratégiques de leur lutte.
Le refus de négocier de la direction de la STRAN fut argumenté autour de question budgétaire : sans indication du financeur de la société, la CARENE, la direction prétendait ne pouvoir s’engager en terme de masse salariale. Le président de la CARENE, Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire, expliquait quant à lui que le budget de l’intercommunalité se votait en mars, et qu’il ne pouvait donner avant cette date de garantie à la STRAN d’une augmentation de 20% de son budget, nécessaire pour satisfaire les revendications. La CARENE vota donc au cours de la seconde semaine de conflit un vœu d’harmonisation des statuts entre la STRAN et la STRVN, sans fixer d’échéance. Elle décida par ailleurs de nommer un cabinet d’expertise pour déterminer si le travail des différents conducteurEs était bien le même, et si la revendication d’égalité salariale était bien fondée ! Les élus communistes refusèrent de s’associer à ce vote, et une crise éclata au sein de la gauche plurielle locale, intercommunale et municipale. Le PCF décida d’engager le rapport de force sur le terrain des alliances électorale, se servant de la mobilisation de la base soigneusement encadrée par la CGT. Un schéma bien connu, que l’on pensait d’un autre âge, mais qui fonctionna ici encore, au point de voir un tract CGT affirmer « seuls les communistes sont cohérents entre leur discours et leurs propositions ». La CGT joua ainsi carte seule dans le conflit, appuyée par l’UNSA contente de placer son sigle dans la bagarre tout en ne pouvant revendiquer que 5 chauffeurEs dans l’entreprise. Mais l’Union locale CGT refusa toute perspective d’élargissement du conflit aux autres confédérations ou fédérations de Saint-Nazaire, et encore moins aux structures politiques ou associatives, type CNL, UFC ou parents d’élèves, pourtant actives dans l’Estuaire. Les communiqués de soutien étaient certes les bienvenus, mais nul autre que la CGT n’avait voix au chapitre pour développer un mouvement de solidarité.
Les manifestations furent ainsi peu massives au regard des enjeux, aucun relais de mobilisation autre que la CGT et le PCF n’étant sollicité ni actif. L’occupation du dépôt, dans la zone portuaire plutôt excentrée ne favorisa pas non plus les contacts directs, et si la fréquentation des piquets ne fut pas nulle, les AG de grévistes étaient à huits-clos, ou les décisions se prenaient dans les locaux de l’UL-CGT, et les structures d’échanges entre population et grévistes sur les modalités de la lutte furent portion congrue. Il y eu de toute façon, et pour parler comme un DRH, un « déficit communicationnel » tout au long de ce conflit, le maire et la direction de la STRAN faisant connaître leur propositions aux grévistes par conférences de presse interposées, refusant continuellement de s’asseoir à une table de négociation sur la base des revendications du mouvement.

L’occupation de la Mairie, une occasion manquée et le début de la fin.


Le mercredi 1er décembre, les grévistes appelaient la population à une nouvelle manifestation de soutien, du dépôt de bus à la Mairie. Arrivée vers 16 heures place de l’Hôtel de ville ; 300 personnes décidaient d’investir les lieux et occupaient le bureau du maire, affirmant leur volonté de ne pas quitter les lieux avant d’avoir rencontré l’édile. Au bout de trois heures elles devaient se contenter d’un vague entretien avec la première adjointe. Les débats furent animés entre les occupantEs sur l’opportunité d’investir les lieux pour la nuit, et nombre de grévistes étaient prêts à aller chercher la paella qui les attendait au dépôt occupé pour festoyer sur place et s’installer pour la nuit. Mais l’encadrement politique et syndical veillaient au grain. Les délégués du personnel, tiraillés entre les velléités de radicalisation de la base, et les cadres communistes et cégétistes durent orchestrer le repli en bon ordre. Un point presse qui fixe un rendez-vous au lendemain soir pour le conseil d’administration de la CARENE, le silence obtenu pour le déclenchement des caméras, une ovation pour clore les prises de vue, et quelques gentils animateurs de l’UL-CGT qui s’égayent aux cris de « tous ensemble, tous ensemble » en incitant la foule à prendre le chemin de la sortie. L’occupation fut ainsi pliée vers 20H00, sans qu’aucun débat collectif ne puisse se tenir sur son opportunité dans le développement du rapport de force. Les élus communistes en nombre ce soir-là, ne pouvaient se permettre d’engager un tel bras de fer avec leurs alliés du conseil municipal, ni risquer de se faire déborder par une base excédée. Le recul fut brillamment orchestré, et la Municipalité pu reprendre l’offensive dès le lendemain, avec des recettes éculées, mais toujours aussi efficaces :

  • La criminalisation du mouvement : la mairie portait plainte pour dégradations du bureau du maire (quelques autocollants) et le vol de deux médailles décernées à la Ville ;
  • Le report d’échéances et le pourrissement : avec l’annulation sans autre préavis du conseil d’administration de la STRAN ;
  • La division du front syndical, en entamant des négociations avec le syndicat UNSA, pourtant ultra minoritaire dans la lutte.
    Il ne s’agit pas d’affirmer que la CGT et le PCF ont brisé l’élan du mouvement en orchestrant le repli. La critique sur le mode de la trahison est facile et simpliste, et les choses sont toujours plus complexes. L’occupation de l’Hôtel de Ville n’était peut-être pas tenable. Cependant, la moindre des choses aurait été d’en discuter collectivement, en entendant les arguments pour ou contre l’occupation, et en laissant le choix final aux grévistes, plutôt que de laisser quelques cadres politiques et syndicaux arrêter la décision. Et si le mouvement eut une faiblesse, c’est bien dans cette difficulté à imposer son autonomie de choix et sa liberté d’action, en déléguant continuellement la direction de la lutte aux militants professionnels.
    Le vendredi 3 décembre, l’UNSA signait un protocole de fin de grève, négocié autour de quelques points salariaux bien en deçà des revendications : augmentation de 3% à la STRAN (inflation), de 7,3% à la STRVN (25% revendiqués), paiement des heures d’astreinte de nuit et octroi d’une prime de 800 euro en milieu d’année à la STRAN.
    Le samedi 4 décembre une manifestation à l’appel de la seule CGT (très modestement appuyée par la FSU) regroupait péniblement 400 personnes dans le centre ville, les élus communistes de la Carène diffusaient une lettre ouverte faisant connaître leurs propositions de financement des revendications, et la CGT décidait de poursuivre la grève, suivie en cela par la majorité des chauffeurEs.
    Le lundi 6 décembre, la direction de la STRAN reprenait l’offensive et faisait constater le blocage du dépôt, et un huissier relevait les identités de 13 personnes sur les piquets, afin d’entamer une procédure judiciaire en référée pour « entrave à la liberté du travail et au fonctionnement du service public ».
    Dans le même temps, le P.S. appelait à la fin du conflit sans recours à la force publique, et Claude Evin entamait des tractations avec la CGT (qui ne seront connues qu’après la reprise). Le mercredi 8 nouvelle manifestation sans perspectives claires. Et la 4ème semaine du conflit s’achève avec un appel à la mobilisation devant le tribunal où 13 grévistes sont appelés à comparaître le lundi 13 décembre.
    A l’heure dite, 300 personnes apprennent devant le Tribunal que l’audience est annulée, la STRAN retirant sa plainte, un accord étant intervenu le dimanche avec la CGT, les grévistes ayant majoritairement voté le matin même la reprise !
    Pour une semaine de conflit supplémentaire, la CGT obtint un changement d’indice, soit 175 ¤ d’augmentation pour les 4 chauffeurEs « PMR » de la STRVN au plus bas de la grille de rémunération, le paiement de 9 jours de grève sur 29 et l’étalement des retenues, et l’embauche d’un contrôleur supplémentaire ! Soit une misère, d’autant que nombre de chauffeurEs avaient la dent particulièrement dure contre les contrôleurs, grands absents de la mobilisation, comme l’essentiel des personnels non-roulants de la compagnie...
    Pour sauver la face la CGT invoque un document qui devrait être signé par le président de la CARENE, et qui viserait à un rapprochement des statuts des 2 compagnies. Le texte n’est pas connu, mais rappelle étrangement les propositions de la CARENE du début du conflit, qui émettait le vœu d’une harmonisation des statuts après rapport d’expertise...


    Une lutte affaiblie par des enjeux politiques et économiques complexes.

La lutte des chauffeurEs a été exemplaire de détermination, de légitimité dans les revendications, et dans la solidarité entre catégories : sans les chaufeurEs de la STRAN, les salariéEs de la STRVN n’avaient aucune chance de voir émerger leurs revendications, et il est assez rare de voir des salariéEs lutter prioritairement pour l’augmentation des bas salaires de leurs collègues, pour souligner ce bel exemple de solidarité de classe. Le mouvement n’a cependant pas su trouver la dynamique de l’élargissement, alors que l’actualité sociale le permettait (accords salariaux des fonctionnaires, manifestations des chômeurEs et des précaires, mobilisations enseignantes ou des intermittentEs). La fermeté de la direction de la STRAN a été confortée par le fait que la grève ne nuisait que très secondairement à l’économie locale. Le conflit pouvait durer sans menacer réellement qui que ce soit. Cette indifférence du patronat et des politiques qui tend à se généraliser depuis la lutte sur les retraites doit appeler les militants politiques et syndicaux à la réflexion. Les grèves ont tendance à redevenir de plus en plus longues, sans déboucher réellement faute de rapport de force suffisant et de radicalisation. Ce fait conduit aux discours sur la nécessité « d’inventer de nouvelles formes d’actions », et sur l’inefficacité des modes traditionnels de lutte du mouvement ouvrier. C’est ainsi que l’on conforte les restrictions du droit de grève par le service minimum par exemple, ou que l’on décourage faute d’avancée significative au regard de l’investissement dans les luttes. Il est indispensable que les directions syndicales comprennent et admettent que les luttes isolées sont en train de perdre une après l’autre, ce qui amenuise toutes velléités combatives en renforçant une idée d’impuissance et de fatalisme chez les salariéEs. Sans sombrer dans le mysticisme de la grève générale, il convient de travailler à la base sur la nécessité de convergence des luttes pour contrecarrer la déferlante de l’intensification du rapport d’exploitation du travail par le capital. En l’absence d’alternative politique réformiste ou révolutionnaire, les freins sont nombreux à une telle stratégie. C’est cependant semble-t-il la seule perspective que peut se fixer le mouvement social, en se posant continuellement la question de savoir si les « organisations ouvrières » sont un outil ou une entrave en la matière.
Pour en revenir à cette lutte sur Saint-Nazaire, les obstacles à un développement furent nombreux :

  • Une pesanteur historique de la CGT, qui continue à se penser comme l’élément unique de la lutte et de la mobilisation. Or si l’UL-CGT pouvait il y a encore 20 ans aligner 4000 métallos dans la rue en pressant le bouton des revendications ou de la solidarité ouvrière, les choses ne vont plus ainsi, du fait de modifications profondes des pratiques militantes et de la structure même du salariat. Ceci dit, aucune autre structure syndicale ne fut en mesure de peser sur cette lutte en proposant des perspectives d’élargissement, engluées dans le réformisme négociateur et gestionnaires pour les unes, faute de réalité militante conséquente pour les autres. Il y a donc fort à faire sur cette question des moyens de la mobilisation, et des convergences unitaires.
  • Un contexte politique particulier, où les grévistes de la STRAN et de la STRVN se sont retrouvés être l’enjeu d’une recomposition politique de la majorité municipale et intercommunale, où les Verts tentent de prendre la seconde place en doublant les communistes, pendant que le P.S. s’entredéchire sur fond de recomposition interne. Et ce à un moment ou les sujets de discorde au sein de la gauche sont nombreux dans l’intercommunalité (extension du port de Donges-Est, création d’un centre d’enfouissement de déchets ultimes...). C’est ainsi la fin de règne de Batteux, et la gestion de l’héritage qui sous-tendait ce conflit, et qui n’en fini pas de faire des vagues. D’autant que le changement récent des majorités au conseil général et au conseil régional, avec l’arrivée de la « gauche » aux affaires territoriales modifie sensiblement les données politiciennes dans la région.
  • Une crise économique rampante sur Saint-nazaire, depuis la livraison du Quenn-Mary II : le chômage technique et les plan sociaux se multiplient chez les sous-traitants ; Alstom est en crise et réduit ses effectifs au niveau international rendant incertain l’avenir de la navale ; la politique de développement économique fondée sur le tourisme industriel s’essouffle, et la municipalité licencie des employés de l’Office de tourisme, faute d’attractivité depuis le départ du « géant des mers »...
  • L’absence de perspectives politiques globales sur la question des transports et du développement économique dans le département. Le développement d’une métropole Nantes/Saint-Nazaire pôle de l’Arc Atlantique voulu par l’Europe, le projet de nouveau pont sur la Loire par la poursuite de l’autoroute des Estuaires, la création de l’Aéroport international de Notre-Dame des Landes, sont autant de points qui hypothèquent l’avenir de la région, et pour lesquels il vaut mieux entretenir le flou par les annonces contradictoires… Des fois qu’il prenne l’envie à la population de poser la question de l’utilité sociale de ce type de développement, ce qui ne peut se faire que dans l’émergence de luttes sociales, étant donnée l’indigence des structures politiques et syndicales..
    Les sujets de grogne sociale sont nombreux dans l’Estuaire ces derniers temps, comme dans le reste du pays d’ailleurs. Il est certain qu’aucune force institutionnelle n’a intérêt à ce qu’émergent des luttes radicales et globales posant les questions de la situation et du devenir de la population. C’est pourtant ce à quoi nous devons travailler sans relâche, sans nous laisser gagner par la résignation et le défaitisme ambiant.

    Philippe -Saint-Nazaire le 19 décembre 2004.

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