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Edito 147 Janvier 2005

jeudi 6 janvier 2005, par Courant Alternatif


Après la guerre il y a la paix. Puis une autre guerre. Puis une autre guerre. Puis de nouveau la paix. Apres chaque guerre le monde gagne un peu de paix, un peu moins de guerre puisque que le Bien gagne toujours contre le Mal. Grâce à l’axe du Bien, de vilains dictateurs sont enfin chassés et les peuples du monde entiers peuvent se réjouir car le pays conquit connaît bientôt les joies de la démocratie de l’économie de marché, de la consommation …

En Irak la guerre est officiellement finie depuis plus d’un an. Qu’en est-il alors ? Si l’on oublie qu’une trentaine de personnes meurt chaque jour dans des attentats, que les médias du monde entier nous font croire que la résistance du peuple irakien face a l’impérialisme Américain est synonyme d’intégrisme religieux et d’islamisme radical, en même temps que l’on omet de signaler que l’attaque de Falloudja ces dernières semaines a fait plus de 1000 morts, que la charia a été instaurée et que toutes les initiatives progressistes sont doublement réprimées (par les islamistes et par les forces d’occupation), on peut dire que tout va bien. La grande foire de la reconstruction a permis aux entreprises occidentales de se partager les ressources du pays : les opposants à la guerre (France, Allemagne, Russie, Chine) qui pour la plupart étaient déjà économiquement présents en Irak (un motif pour s’opposer à la guerre ?) tentent de sauver leurs intérêts face à la main mise Anglo-américaine. Après avoir pendant plus de 10 ans affamé avec un embargo mortel le peuple irakien, l’ONU et l’administration américaine promettent aujourd’hui et dans les plus brefs délais des élections libres et démocratiques. Le « néo-colonialisme » est en marche pour prendre la relève des soldats.
La France n’est d’ailleurs pas en reste non plus, puisque l’armée (toujours présente dans le pré carré africain de cette dernière) a ouvert le feu sur la foule en Côte d’Ivoire. Rien de bien nouveau sous le soleil ! Là aussi la guerre économique fait rage, les capitalistes français qui pillent le bois Ivoirien (Bolloré) ayant perdu le cacao au profit des impérialistes américains. Ceux-ci sont en train de passer à l’offensive, conséquence des dernières élections américaines. De fait, « rien n’a changé », on prend les mêmes et on recommence, et en pire ! Les fameux "faucons" se sentent pousser des ailes après la pseudo-légitimation électorale du mois de novembre dernier. Les maîtres du monde sont plus arrogants que jamais.

Sur l’échiquier du capital, d’autres pions sont aujourd’hui en mouvement. Sur un air de guerre froide les dernières dictatures de l’Europe de l’est s’effondrent une à une. Ces mouvements décrits comme « spontané » par les médias occidentaux sont en réalité secrètement piloté par la CIA à travers le réseau serbe Optor. Les fusils et les chars d’assauts sont ici troqués contre des stratégies discrètes, le diplomatique plutôt que le militaire, avec non moins de résultat.
La guerre contre le terrorisme n’a pas comme unique conséquence de provoquer des conflits dans de lointaines régions du monde. Sous prétexte d’insécurité, les lois liberticides et sécuritaires prolifèrent, les mouvements sociaux ainsi que ses acteurs sont criminalisés, les militants révolutionnaires, et la population en général sont fichés, surveillés, et réprimés ; jusqu’aux anciens militants que l’on menace aujourd’hui d’extradition. Les réfugiés italiens se voient offrir un joyeux noël par la justice (l’injustice ?) française qui veut les remettre aux néo fascistes du gouvernement Berlusconi afin que ceux-ci continuent leur œuvre de répression et de vengeance sans limite contre le « mai rampant ». Au pays basque également, les états français et espagnols s’unissent pour écraser le mouvement basque.

Dans ce contexte la seule réponse adéquate est la lutte des opprimés contre l’état capitaliste. Les luttes s’organisent, les initiatives locales se multiplient. Un exemple nous est donné à Saint Nazaire, où un âpre combat a opposé pendant plus d’un mois les chauffeurs de bus et leur direction. Les résultats paraissent bien maigres, mais la solidarité de classe qui s’est exprimée entre les chauffeurs est porteuse d’espoir.
L’horizon paraît cependant bien sombre, en attendant d’être noir, et même le vin est loin d’être un ami sûr : il est notamment trop chargé en soufre (qui provoque entre autres désagréments des maux de tête, pour ceux qui n’ont pas pris la résolution d’arrêter de boire). Ceci montre bien que chaque détail de notre misère quotidienne nous pousse à la révolte ; à nous de l’aider à se répandre partout, et de la nourrir de nos désirs.

OCL Lyon

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