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DE LA PEINE DE MORT AUX PEINES JUSQU’À LA MORT

Badinter ou le falsificateur de l’histoire.

vendredi 8 mars 2024, par Courant Alternatif


 DE LA PEINE DE MORT AUX PEINES JUSQU'À LA MORT

 Badinter ou le falsificateur de l'histoire.


Un hommage national est rendu à Robert Badinter, Emmanuel Macron fait rentrer l’ancien ministre de la Justice au Panthéon. « Cela consacre comme modèle un homme d’État qui, en abolissant la peine de mort contre l’opinion majoritaire de l’époque, a inauguré un nouveau type de démocratie » comme le dit Le Figaro. Le subterfuge marche toujours !

A l’époque la France s’enorgueillit d’être le pays phare des valeurs démocratiques, d’être le pays des droits de l’Homme. Dans un élan commun, nos dirigeants, nos sociologues, nos criminologues, nos philosophes, nos intellectuels, nos artistes célèbrent le courage politique dont aurait fait preuve le premier gouvernement Mitterrand et son ministre de la justice. Joli tour de passe-passe ! On oublie tout simplement de dire que la France a été l’un des derniers pays d’Europe occidentale à prendre cette décision ; l’Espagne l’avait déjà abolie en 1978 ou le Portugal en 1975.

La France était dans l’obligation de rompre avec cette pratique barbare pour construire l’espace judiciaire européen. Dès 1978, le gouvernement Giscard-Barre préparait un arsenal juridico-pénitentiaire, capable de remplacer plus efficacement et proprement la guillotine. De fait, en 1981, les socialistes n’ont pas aboli la peine de mort mais juste supprimé la guillotine et ont remplacé la peine de mort par l’enfermement jusqu’à la mort, pour ne pas parler des exécutions sommaires dans les rues par les garants de l’ordre républicain.

En 1978, date de création des peines de sûreté, droite et gauche confondues, portées par la construction de l’Europe, ont durci réforme après réforme le Code pénal et son application. C’est, entre autres, sous la présidence de Badinter que les juristes ont conçu le nouveau Code pénal de 1994. La guillotine, qui avait décapité 19 personnes entre 1958 et 1981, a été remplacée par des peines de sûreté jusqu’à la mort avec tout un système de non-confusion, de multiplications de circonstances aggravantes, de disparitions des circonstances atténuantes, de diminutions des remises de peine… qui constituent un substitut de la peine de mort performant, propre et respectueux des droits de l’Homme. Le nombre de prisonniers de plus de 60 ans en prison a triplé en moins de dix ans ; il y a un mort tous les trois jours en détention, jamais il n’y a eu autant de condamnés à perpétuité, de personnes souffrant de troubles psychiques graves incarcérées.

La mort a-t-elle quitté le monde de la punition ? Non ! Les prisons actuelles sont des mouroirs où les peines s’allongent inexorablement et ou les formes d’incarcérations se multiplient : « Prison-hôpital », « prison-asile », « prison-hospice », quartier de sécurité renforcée, prison pour mineurs... où le désespoir rode avec son cortège de suicides, d’automutilation, de folie, de mort lente, de violences.

« L’abolition de la peine capitale inaugura banalement la grande mutation de l’État pénal et de son royaume de damnations. En octobre 1981, nous étions 31 551 prisonniers, nous sommes plus de 50 000 en 2000 (75 000 en 2024). On entasse. On construit, dans l’urgence, des cités du châtiment comme hier ils bâtissaient les barres des périphéries. Ils préparent de nouvelles maisons de correction pour les enfants, des prisons spécialisées pour les détenus grabataires, d’autres pour les malades mentaux (près d’un tiers de la population pénale est atteinte de troubles psychiques graves), des prisons de haute sécurité pour les détenus dangereux… En vingt ans, la durée moyenne des peines a cru de 71%. Quant à l’alourdissement des peines prononcées, il ne peut plus être contesté, sans parler de la mise en place des peines de sûreté, dix-huit, vingt-deux puis trente ans incompressibles. C’est l’inflation de l’absurde sécuritaire jusqu’à la perpétuité réelle ! Et aujourd’hui des milliers de longues peines et plus de 600 perpétuités étouffent lentement dans les nouvelles tours de béton et d’acier du tout prison. C’est la réalité de l’explosion carcérale ! Et c’est également une guerre faite de mots que les adorateurs médiatiques chantent à tue-tête. »
[Un prisonnier]

Alors non ! Badinter n’a eu aucun courage. Son personnage n’est qu’une fiction pour les bienpensants. Une illusion de caution démocratique pour les assassins de la démocratie.

Nadia M

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