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Edito 149 mai 2005

dimanche 1er mai 2005, par Courant Alternatif


De Bolkestein à Chirac, en passant par Hollande, Bayrou et Cohn-Bendit, tout ce beau monde intelligent, lucide, qui va dans le sens de l’Histoire, œuvre sans s’en apercevoir pour une victoire du NON. Ce beau monde qui a aujourd’hui la trouille, n’hésite pas à faire un parallèle entre ce référendum et un certain 21 avril 2002 où une partie de la bourgeoisie éclairée s’est fait éliminer. Ces politiciens géniaux ont quelque part raison car la non-adhésion massive à l’Europe capitaliste a une signification de classe au même titre que les abstentionnistes de ce premier tour du 21 avril. Oui, aujourd’hui en France, une majorité d’exploités, citoyens ou non, refuse, d’une manière ou d’une autre, LEUR société.
Ce n’est pas un séisme mais un espoir que cela s’exprime un jour sur d’autres terrains que dans le cirque électoral.

Mais, comme nous l’avons dit dans notre précédent numéro, l’échec du OUI ne serait pas la catastrophe annoncée par les partisans de la future constitution. Il s’établirait un statu quo basé sur le texte en vigueur actuellement : celui du traité de Nice. Et dans quelques mois, voire un peu plus, nous serions invités (tout du moins pour ceux et celles qui sont inscrits sur les listes électorales) à retourner aux urnes, pour un second tour, où un certain nombre de propagandistes actuels du NON retourneront leurs vestes en cédant, encore une fois, aux sirènes de « l’antifascisme », du « réalisme »… Du déjà vu… Un certain 5 mai 2002 !

Bien sûr, en cas d’échec du OUI, « le rôle et la superbe » de la bourgeoisie française en sera affectée quelques mois. S’en suivront des recompositions politiciennes où l’avenir de Chirac et de son clan sera sérieusement compromis par un Sarkozy qui n’a pas mis tous ses œufs dans le panier du OUI. Quant au PS, ce sera soit des scissions soit l’avènement d’un Fabius requinqué. Rien de bien folichon, c’est le moins que l’on puisse dire ! En fait, la seule satisfaction de la victoire du NON serait de voir la « tronche de cake » des nantis et de ceux qui y aspirent, le soir et le lendemain du scrutin.

Nous pouvons nous faire plaisir mais ce ne sera jamais un bulletin de vote qui remettra quoique ce soit de fondamental. Pour lutter contre le capitalisme, il n’y a rien d’autres que la lutte des classes qu’elle s’exprime directement sur les lieux d’exploitation ou qu’elle donne un contenu à des luttes contre cette société patriarcale, capitaliste qui détruit et asservit tous les fondements de la vie.

Au niveau des luttes dans les entreprises, un changement est en train de s’opérer. Progressivement, les grèves dans le secteur public et surtout dans le secteur privé passent d’un niveau défensif à l’offensive. Bien sûr, des travailleurs et travailleuses se battent toujours contre les fermetures d’entreprise, les délocalisations en essayant, en dernier ressort, d’obtenir le moins mauvais « plan social ». Quant au secteur public, il a toujours autant de mal à dépasser les échecs concernant la conservation des avantages acquis (statuts, retraite, …). Mais, en épluchant les conflits sociaux de ces derniers mois on constate une remontée des luttes pour des augmentations de salaires et pour de moins mauvaises conditions de travail. Ces luttes dans l’automobile, les chaînes de distribution (habillement, hypermarchés) et plus globalement dans les services peuvent mettre de plus en plus en cause la course au profit dans la concurrence des entreprises. Les exploité-e-s reprennent l’offensive contre des salaires bloqués depuis des années et contre l’intensification du travail qu’avait induit les RTT, impliquant un stress et l’apparition de nouvelles maladies neurologiques et autres. Le patronat refuse systématiquement toute augmentation salariale globale. La « conscience de classe » refait surface encouragée par la publication des revenus et indemnités des PDG. A Carrefour, théâtre récent d’une série de grèves pour les salaires, un PDG viré après 12 ans d’ancienneté vaut 2514 ans de SMIC ! L’Etat, aux caisses soi-disant vides, se sent obligé de lâcher quelques miettes à ses fonctionnaires et en pompier va très certainement légiférer afin que les salaires et indemnités des PDG ne soit plus source de scandale.

Au niveau des luttes des précaires, là aussi des choses bougent comme vous pourrez le constater en lisant l’article de ce numéro : « le printemps des précaires ». « La norme du travail a pris le visage de l’emploi précaire, d’autre part, les contrats atypiques se multiplient et enfin, l’emploi ne protège pas de la pauvreté ». Ces constats impliquent de nouvelles revendications, le contenu change et nous ne sommes plus en présence de revendications du type « retour au plein emploi » ! Ces nouveaux contenus impliquent de nouvelles solidarités, l’émergence de la nécessité d’une convergence des luttes entre ceux qui travaillent pour rien ou pas grand chose, les sans-papiers, les chômeurs pas assez subventionnés par l’ASSEDIC, les rm-istes, …

Nous sommes encore loin d’un mouvement de classe et de masse. Mais d’ores et déjà la nécessité de l’unité et de la coordination à la base ainsi que l’autonomie des initiatives se posent encore une fois.

OCL Reims, le 27/4/05

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