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Courant alternatif 222 - été 2012 vient de sortir

Edito + sommaire

Construire à la base l’autonomie des luttes futures

mardi 3 juillet 2012, par Courant Alternatif


EDITO

Construire à la base l'autonomie des luttes futures

L’intermède électoral dissipé, l’offensive contre les conditions d’existence des travailleurs et des chômeurs va pouvoir se poursuivre avec plus d’âpreté. Le rapport attendu de la Cour des Comptes, que les socialistes disent redouter, leur permettra d’amorcer la politique de rigueur qu’ils sont appelés à mener sur le thème du “retour à la croissance”. Et déjà le ton est donné. Après Hollande durant la campagne présidentielle, c’est maintenant au tour d’Ayrault de re-préciser les choses : “Ce sera plus difficile que prévu, tout le monde devra faire un effort”. On sait en réalité qui se cache derrière la figure de ce “Monsieur tout le monde”...

Bien entendu, une partie de la clientèle électorale recevra les quelques miettes qu’il est convenu de distribuer en la circonstance. On annonce ainsi le retour très partiel à la retraite à 60 ans ainsi qu’une “raisonnable” augmentation du Smic. Sur le même ton on claironne la création de postes et la suppression de certaines dispositions administratives dans le secteur de l’éducation, comme la reconduction et le développement d’emplois précaires, etc.. En somme, les vieilles recettes de la gauche en début de mandat qui, au total, ne coûteront pas grand chose. Elles lui offriront toutefois le bénéfice de certifier que, cette fois, ce ne sont pas les classes moyennes et les classes populaires qui seront touchées mais “plutôt les grandes entreprises et les ménages les plus élevés...”

Oui, mais voilà, les travailleurs, eux, n’ont pas attendu le retour des socialistes aux affaires pour subir une nouvelle explosion du chômage liée aux multiples plans de licenciements en cours. Durant ces derniers mois, près de 150 fermetures de boîtes se sont succédées sans discontinuer. Et ce n’est qu’un début, le pire reste à venir. Des milliers de suppressions de postes s’annoncent d’ores et déjà dans de très nombreux secteurs de la production et des services : automobile, sidérurgie, transport, agroalimentaire, grande distribution, etc. Devant les bientôt trois millions de chômeurs officiels et le recul, depuis des années, du niveau des salaires, le volontarisme politique affiché lors de la présidentielle sous le thème de la “ré-industrialisation” ne grugera personne. Il n’est qu’une vague resucée agitée dans une période où les travailleurs sans pouvoir/savoir créer de réel rapport de force sur le terrain se tournent encore pour le moment vers l’Etat. Combien de temps cela va-t-il durer, là est toute la question...

Lucide, un syndicaliste du site menacé de Peugeot-Aulnay affirmait dernièrement : “Arnaud Montebourg ne nous a pas donné l’impression d’avoir réellement l’intention de mettre des bâtons dans les roues de Peugeot ”. Et pour cause... En guise de redressement, il va d’abord s’agir de garantir le taux de profit des groupes industriels qui font la loi et notamment d’organiser la réforme du marché du travail que réclame le patronat européen. Car en dépit de ce qu’ils laissent entendre, les socialistes tiendront bel et bien les engagements pris devant la commission européenne. Le patronat le sait et profite du contexte pour obtenir davantage de pression sur les salaires. Ainsi, en réponse aux fermetures de boîtes, la banque Natixis propose déjà de transférer le paiement des fameuses “charges” des entreprises aux contribuables par l’entremise d’une augmentation de la CSG...
C’est donc bien sous cet angle qu’il faut comprendre l’une des dernières annonces aux accents colbertistes du ministre du “Redressement Productif” : le rapatriement des centres d’appels téléphoniques. Si à première vue la proposition n’emballe pas le patronat, il ne s’y opposera pas à partir du moment où l’Etat lui offre la garantie de flexibiliser le travail. Dans le cas présent, de faire tourner les plateaux 7jours/7 et 24h/24... Et déjà un syndicaliste de renchérir : “Si les employeurs sont prêts à nous payer plus pour bosser le dimanche, pourquoi pas, tout se négocie...”

Autre dossier éclairant sur ce que recouvre dans la période ce retour du “made in France”, celui de Seafrance. Objet de multiples tractations avec le P.S durant la campagne des présidentielles, le projet de Scop va finalement voir le jour sous le contrôle du Groupe Eurotunnel. Et dores et déjà, son PDG annonce la couleur : “ La Scop a tout à fait compris que les navires ne pouvaient être opérés que dans des conditions de productivité équivalente à celle de la concurrence (...) Je crois savoir que ce ne sera pas le coefficient de Seafrance qui ne permettra pas à l’entreprise de survivre”. Traduction : les salaires et les conditions de travail seront sérieusement révisés à la baisse et, là encore, on pourra compter sur un encadrement syndical qui a fait ses preuves pour mener à bien l’opération...

Et maintenant ? La crise est mondiale et ne se concentre plus exclusivement au cœur des vieux centres historiques du capitalisme, ceux de la zone Euro et des Etats-Unis. Désormais, le ralentissement frappe de la même manière les régions qui nouvellement tenaient un rôle dynamique dans le procès d’accumulation du capital : l’Inde, la Chine, le Brésil. Les temps à venir seront à n’en pas douter ceux de fortes tensions et confrontations sociales et politiques. En réaction, les luttes se développent un peu partout que ce soit en Espagne, au Québec ou en Grèce ; forcément différentes dans leurs contenus, leurs formes, et leurs objectifs mais toutes partagent, pour le moment encore, l’impuissance à freiner la marche du capital vers le chaos. C’est le cas en France où depuis 1995 les travailleurs ont systématiquement remis la conduite des luttes entre les mains des centrales syndicales avec le succès que l’on sait.

Dans les temps à venir, l’un des enjeux décisif pour l’issue de lutte entre les classes sera la capacité des travailleurs en particulier et du prolétariat en général à organiser, mener et contrôler ses propres luttes. Pour cela, des formes nouvelles de faire et de vivre ces luttes restent à inventer. Que ce soit à partir des sections syndicales de base qui peuvent encore servir d’appui et, par delà bien sûr, au sein d’espaces collectifs larges à l’échelle d’une ville, d’un quartier, d’une région... De manière extrêmement marginale, des tentatives embryonnaires d’organisation à la base et autonomes sont apparues lors des dernières luttes, que naturellement les centrales ont neutralisé sans trop de difficulté. A mesure que la crise va s’intensifier, le rapport de force pourrait s’inverser, c’est en tous cas à cela que nous devrons nous atteler.

Xavier, Boulogne/mer


Sommaire

Edito page 3

situation politique
page 4 C’est reparti pour un tour

page 7 Avec Hollande, le changement c’est la continuité

luttes antinucléaires

page 9 Un week end au Chefresne

répression

page 11 Quelques aperçus et rendus et de procès à venir

Big Brother page 12-13

international

page 14 La crise au Mali ou l’échec du modèle
démocratique occidental

page 18 Palestine/Israël : l’insupportable statu quo sioniste

page 21 Brésil : Etat et mouvements sociaux (2e partie)
+ commentaires à propos de cet article

initiative

page 27 Rencontre internationale de l’anarchisme, St-Imier.

livre

page 30 Auriez-vous crié « Heil Hitler ? de François Roux

initiative

page 31 Rencontres libertaires d’Eychenat (ocl - ols) 26 juillet-6 août

A ne pas manquer page 32

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