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Chat Noir n° 25, Octobre 2010

vendredi 29 octobre 2010, par OCL Reims


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DANS L'UNITE INTERSYNDICALE… JUSQU'A LA DEFAITE !

Jamais il y a eu autant de monde dans les rues rémoises pour un mouvement social d’ampleur nationale. La question essentielle de l’intersyndicale, quelle soit rémoise ou nationale, n’était pas le taux de grévistes mais le nombre de manifestants dans les rues. Sur cette question, nous pouvons reconnaître que les syndicats ont gagné ! On a marché 2 heures à chaque fois… à plusieurs milliers (jusqu’au moins 15000) et c’est très bon pour le cœur !
Ce fut donc, plus un mouvement d’opinion qu’un véritable mouvement sur les terrains où règne l’exploitation capitaliste, excepté, bien évidemment pour les cheminots en grève reconductible, les seuls réellement en grève reconductible décidée, à main levée, dans des A.G. régulières. Heureusement que la CFDT n’est plus réellement représentée dans ce secteur, sinon nous aurions eu droit à des votes à bulletins secrets (prônée pour ceux et celles qui l’ignorent, par cette confédération).
L’Etat ne cède jamais face à un mouvement qui reste sur le terrain de l’opinion publique. Beaucoup de travailleurs en lutte le savent, les sondages se suivent et, médias aidant, l’opinion se retourne un jour ou l’autre. Il fallait donc bloquer l’économie par une grève générale, non pas de 24h à la mode Force Ouvrière (qui n’existe pas réellement sur Reims, comme la CFTC, la CGC et dans une large mesure l’UNSA), mais jusqu’à ce que le pouvoir cède et retire son projet de loi.
Pour cela, il aurait déjà fallu que les manifestants se réunissent en A.G…. Aussitôt après les manifs au lieu de se contenter d’un apéro collectif. Il faudra attendre le 19 octobre pour qu’une A.G. interprofessionnelle se dessine sur l’initiative des cheminots qui commençaient à se sentir un peu seuls dans la lutte concrète.
Mais, le problème n’est malheureusement pas une question de tactique mais de stratégie ! Même si dès le départ il y avait eu des AG interprofessionnelles (qui ont existé dans maintes villes), nous ne voyons pas comment nous aurions pu nous donner les moyens de bloquer l’économie en déléguant constamment notre pouvoir aux confédérations syndicales qui unies n’en voulaient surtout pas, excepté « Solidaires ».
Dans les quelques A.G. qui se sont tenues, il y a bien eu des grévistes (cheminots, routiers, …) qui ont rué dans les brancards contre les hiérarchies syndicales de la Bourse du Travail afin que des actions aient lieu, non pas pour ennuyer le quidam moyen qui passe par-là, mais pour tenter de mobiliser des travailleurs et travailleuses afin qu’ils nous rejoignent dans la lutte concrète. Mais, cela est resté dans le verbe et la nécessité de s’auto organiser en tant que gréviste n’a pas été posée.
Si des actions de blocage ont bien eu lieu, elles furent « bon enfant », convenues (on s’ennuyait même quasiment autant que dans une manif traîne savates) complètement encadrées par les responsables syndicaux qui sifflaient les fins de récréation. On devine que la police, prévenue comme d’habitude, n’avait même pas forcément besoin de se déplacer à chaque fois…
De ces manifs, nous garderons tout de même deux anecdotes marrantes :

  • L’arrivée du cortège de l’UNSA qui brandissant le poing, chantait l’Internationale à tue-tête ! Moi qui croyais que ce syndicat ne connaissait que la Marseillaise !
  • Une responsable de la FSU - qui prouve à chaque fois sur le terrain qu’elle n’a vraiment rien d’une radicale - hurlant au micro juchée sur le camion de son syndicat : « Une seule solution, la Révolution » ! Que du bonheur !

Puisque ce mouvement est resté dans le giron de l’unité des confédérations syndicales, nous avons eu le petit privilège d’avoir pris connaissance de deux documents internes à ces confédérations :

  • Le plus intéressant est le compte-rendu fait par Solidaires de la réunion intersyndicale nationale du 21 octobre. On y voit une CGT plus unitaire que jamais … avec la CFDT contre les « actions minoritaires qui desserviraient le mouvement ». Quant à la CFDT, l’UNSA, elles affirment qu’elles n’iront pas « sur un terrain politique d’affrontement avec le président de la République ». En fait toutes ces confédérations sont unies pour tenir (leurs bases) jusqu’à la promulgation de la loi. Dans un communiqué commun, non signé par Solidaires, ces confédérations affirment veiller « au respect des biens et des personnes » et bien évidemment ne disent mot sur les grèves reconductibles…. L’enterrement de ce mouvement social est programmé par ces bureaucrates le samedi 6 novembre.
  • Infos rapides de la CFDT n°51 du 22 octobre où on peut y lire que la CFDT se félicite que le communiqué final « ne soutient pas les innombrables initiatives locales » et met « l’accent sur le respect des biens et des personnes devant permettre d’encadrer les initiatives en évitant radicalité et débordements »….etc.

Mais nous devons être bien conscients que ces constats ne sont que le reflet de l’état du rapport de forces entre les classes sociales où la bourgeoisie mène la danse depuis trop longtemps.

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