Accueil > Courant Alternatif > *LE MENSUEL : anciens numéros* > Courant Alternatif 2017 > 266 Janvier 2017 > courant alternatif 266 - janvier 2017

courant alternatif 266 - janvier 2017

jeudi 5 janvier 2017, par admi2


édito page 3

International
{}

page 4 à 7 Paradoxes de la présidence Obama

Immigration

page 8 Accueil des réfugiés : déjà la fin des promesses

page 9 Procès d’une militante de Calais solidaire des sans-papiers

page 10 Ciao Amedeo !

Social

page 11 Santé ! En 2017 on trinquera encore !

page 12 CGT contre LAB : revers de la CGT

page 13 Premier accord à la mode El Khomry

l’économie en brèves page 14

Répression

page 15 Beau comme une prison qui brûle

big brother page 16, 17

Ecologie

page 18, 19 L’écocapitalisme au travail

Vertement écolo page 20

page 21 Adieu à René-Pierre, camarade et ami

Aménagement du territoire

page 22 à 24 Projets d’infrastructures et financements : le réseau routier

Analyse

page 25 à 31 La révolution bolivarienne

Publication hors-série Courant Alternatif

page 32 30 ans de luttes sociales dans Courant Alternatif

EDITO

Partant du postulat que le capitalisme se nourrit des idées fourmillantes dans la société, non pas pour le bien commun, mais pour adapter ces idées dans l’unique but d’en tirer profit, alors la marchandisation -de pans entiers de la vie- en est la conséquence. Fort de ce constat, le parallèle peut être fait avec la gente politicienne de gauche qui applique ce même principe, par l’accaparement des idées qui se sont exprimées pendant le printemps dernier dans différentes formes de luttes, mais uniquement à son profit. Quand le tribun jacobin veut gouverner « la France insoumise », sous-entendu celle de ce printemps, quelle ineptie ! Quand le fossoyeur des « valeurs de gauche » veut abolir le 49.3, alors que le même individu, en cadeau à l’idéologie du tout-répressif, a promulgué -le 5 décembre juste avant sa démission- un décret mettant les juges de la cour de cassation sous l’autorité du gouvernement, quelle fourberie ! D’un autre côté, les militant(e)s -ou pas- qui vivent encore à l’heure du printemps, mais cette fois-ci en se retrouvant devant les tribunaux, vont servir d’exemple à tou(te)s celles et ceux qui ont osé, et osent encore, s’opposer à l’avalanche de lois liberticides et antisociales de ces dernières années ; lois promulguées par cette gauche républicaine au pouvoir depuis 2012.

L’émiettement que l’on peut voir aujourd’hui à gauche -comme on l’a eu pour la droite avec la multiplication des candidatures-, qui s’annonce pour la prochaine élection présidentielle, devrait nous réjouir. Avec pour les uns, l’idée de redonner le pouvoir au peuple, alors que l’idée de ce printemps était plutôt « prenons le pouvoir », et pour les autres un juste retour au 19ème siècle dans le prolongement du vaste couloir ouvert par les socialistes au pouvoir.
Mais se réjouir aujourd’hui serait oublier cette guerre menée, aux pauvres, aux migrant(e)s, aux quartiers populaires, aux militant(e)s, aux syndicalistes, aux zadistes et à toutes ces populations qui subissent les guerres, les famines, les pollutions, les catastrophes naturelles ou industrielles, toutes ces situations qui ne sont dues qu’à la marche en avant du capitalisme. La gestion politique de cet état de fait en revient aux politiciens de tout bord, aux dictateurs laïques ou religieux et on pourrait même rajouter à tout(e) individu(e) égocentré(e). Et la publicité pour ce faire en revient aux médias institutionnels, qui opèrent un lavage de cerveau méthodique distillé à longueur d’ondes (c’est à dire en continu, et sur toutes les ondes).

Warren Buffet, investisseur américain et troisième fortune du monde, disait en 2012 qu’« il existe bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est nous qui gagnons ». Les capitalistes ont repris ces idées des ouvriers révolutionnaires de la fin du 18ème siècle. D’une part celle de la lutte des classes, mais avec un degré de plus en utilisant la notion de « guerre des classes ». Et d’autre part en remplaçant l’internationalisme des exploité(e)s par la mondialisation économique et politique au service des exploiteurs(euses). Cela montre une fois de plus que les tenants du capitalisme savent intégrer même les idées les plus révolutionnaires pour leurs propres profits. Alors que dans le même temps, cette gauche -qui a oublié depuis fort longtemps ce que révolutionnaire voulait dire- a pour seule ambition la gestion d’un capitalisme « national » et « moral », en opposition à la mondialisation et la financiarisation de l’économie ; autrement dit en opposition au capitalisme « tout court », dans son fonctionnement mécanique. Cette opposition est évidemment illusoire et irréaliste. La confusion que ce positionnement induit dans le « peuple de gauche », et la société dans son ensemble, est encore renforcée par le nouveau discours du Front National d’un capitalisme « national et social ». Sans compter le confusionnisme idéologique également apportée par la droite, affirmant que seul l’individu est responsable de ses malheurs ; et donc la suppression du salariat -ou « ubérisation » des individus- serait la seule solution, mais sans la suppression du patronat bien sûr, le rêve du capitalisme moderne en quelque sorte.

Après l’opposition à la loi El Khomri, dite loi « travail », et son monde, nous pouvons nous interroger sur ce que donneront les supercheries de ces politiciens dans les divers réseaux qui se sont créés lors de ce printemps de luttes. La diversité des liens qui ont pu se créer est une richesse, mais elle ne prémunit en rien contre une sorte de dispersion générale qui pourrait alors, par le sentiment d’isolement qui en découle, renforcer les illusions de la démocratie représentative. Et en outre, l’hétérogénéité de ces regroupements sera-t-elle une force, ou bien leur faiblesse ? Car nous le pensons toujours, ce n’est que par les luttes que nous trouverons notre voie et non par les urnes… Mais cela sera-t-il aussi l’analyse de toutes ces oppositions apparues au printemps dernier ? Il est hélas permis d’en douter, même si des voix et des voies se cherchent pour sortir de l’illusion des élections et s’attaquer à la politique. Ce qui nous paraît sûr, c’est qu’on ira pas très loin s’il n’y pas de remise en cause réelle de la société de classe dans laquelle nous nous trouvons ; à nous de pousser à la destruction de l’État et du capitalisme !

OCL Lyon -Moulins

Répondre à cet article