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Україна

Déclaration du SAT sur l’intervention russe - Actualisation - 02/03

Actualisation : Contre l’intervention russe

dimanche 2 mars 2014, par WXYZ


« La guerre civile a commencé hier en Ukraine ». C’est ainsi que commençait la déclaration de camarades syndicalistes révolutionnaires de Kiev en date du 19 février.

Depuis, nous avons publié une précédente déclaration (en date du 23/01) ainsi qu’une interview d’un militant de ce même mouvement (en date du 28/01).

Puis, une actualisation du 27 février :

  • ‟Cinquante nuances de brun”, en date du 24/02
  • A propos du SAT, juin 2013, ajouté à la fin (Annexe).

Aujourd’hui 2 mars :

  • Déclaration du SAT Kiev sur l’intervention russe

Déclaration du SAT Kiev sur l'intervention russe

le 2 mars 2014

Le 27 février 2014, les chauvins pro-russes de Crimée, soutenus par la police anti-émeute Berkut et la Flotte russe de la Mer Noire ont procédé à un coup d’État militaire en Crimée. Il est déjà maintenant clair que le gouvernement du mouvement ‟Unité de la Russie”, dirigé par Aksionov, n’est rien d’autre qu’une marionnette du régime du Kremlin.

Nous ne considérons ni l’intégrité territoriale de l’Ukraine ni l’inviolabilité de ses frontières comme des valeurs, nous sommes contre un ‟rétablissement de l’ordre” violent en Crimée, mais nous pensons que le statut de la Crimée doit être défini en tenant compte de l’opinion de la minorité tatare de Crimée.

Les derniers événements montrent que Poutine ne va pas se limiter à l’annexion de la Crimée. L’objectif du régime impérialiste du Kremlin est d’étendre le commandement russe sur tout le territoire de l’Ukraine.

Le régime russe s’avère ainsi être la principale menace pour les intérêts du prolétariat dans l’espace post-soviétique.

Nous sommes des adversaires de la guerre et du militarisme. Cependant, nous pensons que dans cette situation, les prolétaires conscients ne peuvent compter sur personne, sauf sur eux-mêmes.

Il n’y a aucune raison d’attendre un quelconque ‟sauvetage” de l’OTAN. Les politiciens nationalistes ukrainiens ne peuvent organiser la défense que d’une partie du territoire, dans le meilleur des cas. La guerre peut être évitée que si les prolétaires de tous les pays, en premier lieu ukrainiens et russes ensemble, prennent position contre le régime criminel de Poutine.

L’action commune du prolétariat ukrainien et russe et de toutes les forces progressistes et démocratiques qui mettra fin au régime de Poutine, signifiera simultanément la fin du régime nationaliste néolibéral actuel en Ukraine.

Tandis que pour les militants de gauche et les anarchistes de l’Ouest, il est grand temps de rompre les liens avec le prétendu ‟anti- impérialisme” qui se réduit à soutenir le régime de Poutine contre les Etats-Unis.

Pas de guerre entre les nations, pas de paix entre les classes !

2 mars 2014

SAT - Syndicat autonome des travailleurs (syndicaliste révolutionnaire)

(ACT Автономна Спілка Трудящих)

[ Traduction : OCLibertaire ]


Cinquante nuances de brun

24 février 2014

Le renversement du régime autoritaire de Ianoukovitch ne signifie nullement, pour nous, la fin de notre combat. Les nouveaux dictateurs s’empressent de prendre la place du Parti des Régions. Ils n’hésiteront à s’appuyer non seulement sur les agences de sécurité considérablement affaiblies, mais aussi sur les militants d’extrême droite. Le régime de l’arbitraire en matière de police et de poursuites judiciaires méritait absolument d’être renversé, mais maintenant, une nouvelle période de terreur, qui sera justifiée idéologiquement, peut arriver.

<img2620|left>Pour le moment, les principaux pouvoirs sont concentrés dans les mains du parti d’opposition ‟Batkivshchyna” (‟Patrie”), qui a réussi à rallier une partie notable de la classe dirigeante. Son chef, récemment libéré de prison, Ioulia Timochenko, a des ambitions présidentielles évidentes. Il convient de rappeler que, lorsque la sentence de Mme Timochenko a été prononcée, son rassemblement de soutien à Kiev n’a pas réuni plus de cinq mille personnes, et que, pour toutes les démonstrations de masse qu’il a organisées, ce parti a dû payer des gens pour faire nombre. Batkivshchyna, ainsi que le Parti des Régions, n’a pratiquement aucun soutien ou militant de base, mais il dispose de ressources matérielles suffisamment importantes.

Afin de rester au pouvoir, l’équipe de Ioulia Timochenko devra apaiser l’extrême droite, en particulier le Secteur de Droite (SD). Deux tentatives de ce genre ont déjà été faites : les fascistes qui avaient été emprisonnés dans des affaires non liées à Maïdan ont été libérés conformément à la loi promulguée au Parlement. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Arsen Avakov, a promis d’introduire des représentants du SD dans son ministère. Maintenant, nous pourrons appeler les flics ‟Nazis” avec une bonne raison. Mais le Batkivshchyna a clairement peur d’un tel élément passionné et incontrôlé au pouvoir. C’est pourquoi ils vont essayer de faire mordre l’extrême-droite à l’hameçon, non seulement en les achetant, mais aussi en les attachant avec du sang. Secteur de Droite rêve de régler de vieux comptes avec les membres de la sous-culture antifasciste ; c’est ainsi qu’ils ont été soigneusement approvisionnés avec les dossiers des services de sécurité ou de la police contenant des données personnelles. Il est probable que, dans un proche avenir, les autorités fermeront les yeux sur la violence contre la gauche ou sur des attaques racistes, mais elles s’en souviendront quelques mois plus tard, quand elles auront besoin d’un prétexte pour maîtriser ses inconfortables alliés

Secteur de Droite mène son propre jeu, et le fait depuis assez longtemps. Aujourd’hui son chef, Dmitri Iarosh, réclame d’entrer au pouvoir à un niveau très élevé, comme vice-Premier ministre chargé des forces de l’ordre. Dans le même temps, comme le rapporte le journaliste Mustafa Nayem, selon les documents trouvés dans l’Administration présidentielle, Iarosh était en communication avec Ianoukovitch ou ses représentants le 20 février. Même avant cela, le 28 janvier, des négociations entre Secteur de Droite et les Services de sécurité / ministère de l’Intérieur ont été officiellement annoncées. Un jour plus tard, des représentants de la droite lâchaient ce lapsus en affirmant leur « désir de se joindre au processus de négociation ». Ces négociations avaient probablement commencé effectivement depuis longtemps, surtout si l’on on considère l’arrière-plan de toutes les organisations qui font partie du ‟Secteur de Droite” : ‟Tryzub” (‟Trident ”) ainsi que UNA et ‟Bely Molot” (‟Marteau Blanc”) ont, selon des formes diverses, eu des relations actives avec les politiciens des deux partis du système et avec les forces de sécurité depuis les années 1990-2000.

Le Parti ‟Svoboda” (‟Liberté”) est un concurrent à la fois pour Batkivshchyna et SD. Ce dernier empiète activement sur l’électorat de Svoboda et au moment des élections, le bras de fer entre ces forces politiques va s’intensifier. Maintenant Svoboda a un président au bureau du procureur. C’est symbolique, parce que les flics et les procureurs travaillent toujours en étroite collaboration et en même temps, se haïssent mutuellement, leurs intérêts sont très similaires, mais entrent parfois en conflit. C’est le type de relation qui existe entre Svoboda et le Secteur de Droite.

Les Services de sécurité sont dirigés par Nalivaichenko qui a déjà occupé le poste sous le président Iouchtchenko. Le chef de la sécurité du pays est célèbre non seulement pour les poursuites judiciaires posthumes de Joseph Staline pour l’Holodomor [1] (ce qui ressemble à une blague particulièrement sombre), mais aussi pour sa lutte contre ‟l’organisation terroriste Antifa parrainée par le Kremlin”. Après avoir perdu son emploi, Nalivaichenko a travaillé avec l’extrême-droite (y compris le futur activiste de Svoboda, Eugene Karas, connu sous le pseudonyme de ‟Vortex”), en essayant de créer un mouvement ‟Otpor”[2], mais ce projet n’a pas abouti.

Dans le même temps, dans les régions qui n’ont pas encore soumises au nouveau gouvernement, mais qui renient Ianoukovitch, leurs propres sentiments fascistes sont en train de mûrir. Les représentants du Parti des Régions, qui n’ont pas réussi à rejoindre la majorité parlementaire, sont en train d’établir des barrages des pro-russes d’extrême-droite et des staliniens. Impérialistes et les staliniens, cosaques et orthodoxes fanatiques – luttent tous ensemble contre des Banderovites [3] souvent imaginaires, et en attendant répriment des journalistes et des militants des droits de l’homme. Le centre brun est confronté à des régions au moins aussi brunes. La seule différence est la tradition historique à laquelle ils font appel. Tous se concentrer sur leur ‟combat pour les valeurs traditionnelles”, en en appelant au partenariat social et, en même temps, taillent dans les dépenses sociales.

Nous ne prenons aucunement parti dans le conflit entre les nationalistes ukrainiens et russes. Mais de nombreux manifestants contre le régime de Ianoukovitch seront insatisfaits des deux politiques prédatrices, celle de Batkivshchyna, qui va taper dans la poche des travailleurs, et celle de la ‟révolution nationale” du Secteur de Droite et de Svoboda, qui va essayer d’enlever ce qui reste des droits de l’homme et des libertés. Ce sont ces gens qui, indifférents à l’extrême-droite et critiques envers l’opposition du système, les ‟membres mécontents de Maïdan”, qui peuvent rapidement remplir les rangs de la gauche et des anarchistes.

SAT - Kiev, 24/02/2014
(ACT Автономна Спілка Трудящих / SAT Syndicat Autonome des Travailleurs)

[ Traduction : XYZ / OCLibertaire ]

Source : ici

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Notes de la traduction

[1] Holodomor : « extermination par la faim », désigne les famines des années 1932-33 qui ont provoqué plusieurs millions de victimes en Ukraine.
[2] Otpor, « résistance » en serbe, mouvement créé en 1998, financé par des fondations étatsuniennes, très actif dans les manifestions de rue qui ont conduit à la chute de Milošević.
[3] Partisans de Stefan Bandera (1909-1959), chef politique et militaire des milices nationalistes ukrainiennes qui ont combattu aux côtés et sous les ordres de l’armée allemande contre l’armée soviétique.


Déclaration sur la situation en Ukraine du Syndicat autonome des travailleurs (syndicaliste révolutionnaire)

Le 19 février, Kiev

La guerre civile a commencé hier en Ukraine. Une manifestation loin d’être pacifique s’est affrontée aux forces de défense de l’État et aux unités formées par les partisans de l’actuel gouvernement, près du Vekhovna Rada (Parlement). Le 18 février, la police, ainsi que les paramilitaires, ont commis un bain de sang dans les quartiers gouvernementaux au cours duquel de nombreux manifestants ont été tués. Les bouchers des unités spéciales ont battu les détenus. Les députés du Parti des Régions et leurs laquais de la bourgeoisie du Parti ‟Communiste” de l’Ukraine ont fui le Parlement par un tunnel souterrain. Le vote des amendements constitutionnels, destinés à limiter le pouvoir présidentiel, n’a donc pas eu lieu.

Après leur défaite dans les quartiers gouvernementaux, les manifestants se replièrent sur le Maidan [place de l’Indépendance]. À 18 heures, le ministère de l’Intérieur et le Bureau de la sécurité intérieure (SBU) ont lancé un ultimatum aux manifestants, exigeant leur dispersion. A 20h00, les unités de la police spéciale et les forces paramilitaires, équipées de canons à eau et de véhicules blindés, se sont lancées à l’assaut des barricades. Les commandos de la police politique (SBU), ainsi que les troupes pro-gouvernementales ont fait usage de leurs armes à feu. Cependant, les manifestants ont réussi à brûler l’un des véhicules blindés de la police, et il s’est avéré que les forces gouvernementales n’étaient pas les seules en possession d’armes à feu. Selon les données publiées par la police (le 19 février, 16h00), 24 personnes ont été tuées : 14 manifestants et 10 policiers. Trente et un policiers ont été blessés par balle. Même si leur estimation des pertes du côté de la police est exacte, le nombre de victimes parmi les manifestants a été certainement sous-évalué. Les médecins du Maidan citent au moins 30 tués.

On a l’impression que le président Ianoukovitch était certain que la résistance serait écrasée dès le matin, et pour cela, il a invité les dirigeants de l’opposition à le rencontrer pour des négociations à 11 heures le 19 février. Comme les négociations n’ont pas eu lieu, nous pouvons en conclure que le plan du gouvernement a échoué. Pendant que les autorités échouaient à dégager le Maidan, les habitants de plusieurs régions de l’Ouest du pays ont occupé des bâtiments administratifs et chassé la police. En ce moment, la police, en tant qu’institution, a cessé d’exister dans la ville de Lviv. Selon le SBU, les manifestants se sont emparés de 1 500 armes à feu. En moins de 24 heures, le gouvernement central a perdu le contrôle d’une partie du pays. À l’heure actuelle, la démission du Président peut être la seule solution mais cela voudrait dire que lui, sa famille, ses multiples acolytes et sa clientèle, qui forment un groupe assez important dans le parti au pouvoir et l’appareil d’État, perdraient leur source de profits. Il est probable qu’ils ne l’accepteront pas.

La victoire de Ianoukovitch signifierait qu’il devient un dirigeant à vie et que le reste du pays sera voué à une vie de pauvreté, de corruption et de la suppression de leurs droits et libertés. Les régions rebelles connaissent maintenant des restaurations massives de ‟l’ordre constitutionnel”. Il est probable que l’éradication de ces ‟groupes terroristes” en Galicie prendra le caractère d’une purification ethnique. Les Radicaux orthodoxes fous du Parti des Régions considèrent, depuis longtemps, les conservateurs Gréco-catholiques comme des aides de l’‟Euro-Sodome”[*]. Une telle opération ‟antiterroriste” serait effectuée avec l’aide de l’armée, comme le ministre de la défense, Lebedev, l’a déjà annoncé.

Aujourd’hui, l’Ukraine vit une tragédie, mais la véritable horreur commencera lorsque le gouvernement aura brisé l’opposition et ‟stabilisée” la situation. Les signes de la préparation d’une opération de nettoyage de masse se sont fait sentir dès le début février. La veille, le bureau du procureur a ouvert une procédure pénale contre 4 unités d’auto-défense de Maidan en tant que formations militaires illégales. Conformément à l’article 260 du Code pénal, les membres de ces unités peuvent encourir un emprisonnement de 2 à 15 ans. Cela signifie que le gouvernement avait l’intention de mettre plus de 10 mille citoyens derrière les barreaux. Dans les régions, ainsi que dans la capitale, n’agissent pas seulement les forces paramilitaires spéciales habituelles mais aussi des ‟escadrons de la mort” en renfort. Par exemple, la responsabilité d’avoir brûlé vif un activiste du Maidan de Zaporozhye a été revendiquée par une ‟division de la mort”, qui se fait appeler ‟Les fantômes de Sébastopol”. Ils ont annoncé qu’ils étaient prêts à faire subir un traitement similaire aux participants des Maidan de l’Est.

Dans le cas d’une victoire de l’opposition, la vie sera loin d’être rose non plus. Les fascistes constituent une minorité des manifestants, ils sont très actifs et pas très intelligents. Les quelques jours de trêve de la mi-février ont entraîné des conflits entre les groupes de droite, qui se sont traduits par plusieurs flambées de violences insensées, ainsi que les attaques contre des ‟hérétiques” idéologiques. Outre les fascistes, l’ancienne opposition expérimentée tentera également de prendre le pouvoir. Beaucoup d’entre eux ont déjà une certaine expérience de travail gouvernemental et ils ne sont pas étrangers à la corruption, au favoritisme et à l’utilisation des fonds budgétaires à des fins personnelles.

Les ‟concessions” qu’exige l’opposition au Parlement en ce moment sont pitoyables. Même la Constitution de 2004, qu’elle cherche à restaurer, donne trop de pouvoir au Président (le contrôle de la police anti-émeute et des forces spéciales en est un exemple), et le système électoral à la proportionnelle, avec des listes fermées, place le Parlement sur le contrôle d’un groupe de dirigeants semblables à des dictateurs, qui peuvent se compter sur les doigts d’une main. Avec le Président, ils pourront régner sans obstructions.

Leur deuxième demande – la nomination d’un Conseil des ministres composé de leaders de l’opposition – est tout à fait honteuse. Est-ce que les gens sont en train de risquer leur santé, leur liberté et leur vie pour que quelqu’un devienne Premier ministre, et qu’un autre parvienne à contrôler les flux de l’argent de la corruption ? C’est là le résultat logique de préférer les conversations gonflées de pathos sur ‟la nation”, et se focaliser sur les structures verticales liées à ces mêmes politiciens haïs, au lieu de développer des mouvements populaires de base auto-organisés autour de la défense d’intérêts matériels. Telle est la leçon principale que Maidan a encore à apprendre.
Cependant, nous serons en mesure de mettre cette leçon en pratique que si le gouvernement actuel perd la bataille.

L’opposition à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement est divisée en de multiples factions hostiles et rivales. S’il gagne, le régime qui suivra sera instable et manquera de cohérence. Il sera aussi bourgeois et répressif que le Parti des Régions avant leur première démonstration de force contre les manifestants en novembre dernier.

La culpabilité pour le sang versé est pour partie celle de l’UE qui accepte volontiers de recevoir l’argent des salauds corrompus d’Ukraine, de Russie et de plusieurs pays africains, tout en négligeant de vérifier l’origine de ces ‟investissements”. C’est seulement après avoir vu les cadavres des victimes de ces ‟investisseurs”, qu’ils deviennent si sentimentaux et si emplis pathos humanitaire.

Ce n’est pas notre guerre, mais la victoire du gouvernement signifiera la défaite des travailleurs. La victoire de l’opposition ne promet rien de bon non plus. Nous ne pouvons pas appeler le prolétariat à se sacrifier pour le bien de l’opposition et de ses intérêts. Nous pensons que l’ampleur de la participation à ce conflit est une question de choix personnel. Cependant, nous vous encourageons tous à éviter d’être enrôlés dans les forces militaires internes contrôlées par Ianoukovitch et à saboter par tous les moyens disponibles les actions du gouvernement.

Ni dieux, ni maîtres, ni nations, ni frontières !

Organisation de la ville de Kiev du Syndicat autonome des travailleurs.

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Note de le traduction

[*] Terme inventé, à partir de Sodome et Gomorrhe, par des partisans de l’Union douanière avec la Russie, pour signifier que, selon eux, l’UE est une dangereuse zone de permissivité totale, où les gens de même sexe se marient entre eux et s’adonnent à toutes sortes de perversités sexuelles et autres...

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Traduction : XYZ / OCLibertaire

Source : ici http://avtonomia.net/2014/02/19/zay...


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Documents complémentaires (antérieurs au 19 février)

  • une déclaration du SAT en date du 23 janvier 2014
  • une interview d’un camarade du SAT en date du 28 janvier 2014

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Lettre du Syndicat autonome des travailleurs de Kiev (syndicaliste révolutionnaire)

Déclaration sur la situation politique actuelle

Le 23 janvier 2014

Les lois qui ont été adoptées le 16 janvier ont montré que la faction de la classe dirigeante qui contrôle aujourd’hui le gouvernement est prête à installer une dictature bourgeoise réactionnaire sur le modèle des régimes latino-américains des années 1970. Les ‟lois de la dictature” criminalisent toute protestation et limitent la liberté d’expression. En outre, elles « établissent une responsabilité » pour cause d’« extrémisme ». Les porte-parole parlementaires de la dictature de classe de la bureaucratie corrompue et de la bourgeoisie monopoliste sont le Parti des Régions et le soi-disant Parti ‟Communiste” de l’Ukraine, qui est depuis longtemps devenu une force politique au service des intérêts du capital.

Le système répressif ukrainien se penche sur les appareils de police et les gangs de rue de provocateurs pro-gouvernementaux. Parfois, ces structures paramilitaires sont commandées par des officiers de police à la retraite. Des escadrons de la mort sont également en action. Selon des informations confirmées, deux personnes ont été enlevées dans un hôpital et torturées. L’un d’eux est mort dans une forêt. Les forces spéciales tirent avec précision sur les manifestants, et pas seulement avec des armes de dispersion. Un des tués, selon une photo de son corps, a été abattu d’un tir au cœur. Selon toutes les indications, il a été victime d’un tireur d’élite. Dans la matinée du 23 janvier, le nombre des tués oscillait de 5 à 7 personnes. Et nous ne connaissons pas l’ampleur réelle de la violence.

L’idéologie du régime au pouvoir est un mélange de nationalisme dans le genre de Poutine, des théories du complot et de la conviction dans leur droit, comme élite, de gouverner une populace stupide. Des groupes de soutien aux Berkout (la principale force de la police anti-émeute) sur les réseaux sociaux sont remplis d’articles antisémites qui prétendent que les dirigeants de l’opposition sont juifs et qu’ils veulent pervertir les gens en légalisant les mariages homosexuels. Cela ne diffère guère de la rhétorique des radicaux de la droite ukrainienne.

Au cours des derniers jours, non seulement l’extrême droite affronte le gouvernement, mais aussi des gens ayant des opinions plus modérées. Et ceux-ci constituent la majorité des manifestants. Beaucoup d’entre eux sont indifférents au nationalisme ou lui sont opposés. Beaucoup d’entre eux ne soutiennent pas l’intégration dans l’UE. Les gens vont dans la rue pour protester contre les violences policières. Et une grande partie d’entre eux est peu enthousiaste ou même sceptique à propos des affrontements dans la rue Grushevskogo. Souvent, on peut entendre que les radicaux de droite sont un ‟cheval de Troie” de V. Ianoukovitch et des services spéciaux, visant à discréditer le mouvement de protestation. Il y aurait certainement beaucoup plus Kiéviens qui participeraient aux protestations s’il y avait la possibilité, d’une manière ou d’une autre, de virer ces idiots utiles au gouvernement hors des rues. En tête de leurs revendications, ils demandent à être embauchés dans les services de sécurité de l’Ukraine après la victoire de la ‟révolution”.

Les anarchistes doivent participer à des manifestations et piquets de grève qui se consacrent à la défense des droits et libertés usurpés par les lois du 16 janvier. Il est logique de prendre des initiatives sur les lieux de travail ou dans les quartiers où nous sommes présents et de contribuer à saboter les décisions de la dictature. Par contre, il n’y a aucune raison de participer aux activités de la rue Grushevskogo, qui, depuis le début, n’ont aucun sens. Ces activités ne servent qu’à offrir au gouvernement une belle image pour la télévision et lui permettent d’identifier les éléments radicaux par la localisation des téléphones mobiles et par des enregistrements vidéo.

Que ce soit dans le cas d’une victoire de l’opposition ou dans celui d’une victoire du gouvernement, nous aurons à mener une longue et difficile guerre contre l’un ou l’autre de ces régimes. Ceci doit être compris. Nous devons rassembler des forces pour commencer à propager notre propre agenda libertaire et prolétarien dans la situation politique ukrainienne.

Ni dieux, ni maîtres !
Ni nations, ni frontières !

Syndicat des travailleurs autonomes, organisation de la ville de Kiev
(organisation syndicaliste révolutionnaire)

23 janvier 2014

Traduction : XYZ / OCLibertaire

source : ici
ou


« Les politiciens ont dû obéir à la foule »

Une interview sur les manifestations à Kiev

Cet entretien avec un camarade du Syndicat des travailleurs autonomes de Kiev a été réalisée le 28 janvier 2014. Il jette une certaine lumière sur les événements qui se déroulent autour du Maïdan [le Maïdan Nézalejnosti, la Place de l’Indépendance] : un aperçu des raisons pouvant expliquer les protestations, leur concentration sur la personne du président détesté, les différences par rapport à la « révolution orange », le rôle de la droite, la faiblesse des luttes sociales et les scénarios possibles.

En regardant les photos de Kiev (par exemple, ici), il semble que toutes sortes de gens sont sur les barricades. À ton avis, qu’est-ce qui les rassemble ? Qu’est-ce que les gens font sur les barricades et de quoi leurs défenseurs discutent ? Seulement des questions pratiques du combat contre les flics ? Ou y a-t-il des assemblées, ou d’autres formes de débats ‟organisés”, autour des barricades ou ailleurs ?

Le motif principal des manifestations en ce moment est l’extrême impopularité du président. Bien sûr, les raisons réelles sont la crise économique, les inégalités sociales, la corruption, le délabrement des services sociaux, la pauvreté, le chômage – l’ensemble habituel des griefs qui poussent les gens à descendre dans la rue de nos jours. Ce n’est pas un dogme gauchiste, les gens parlent de toutes ces questions. Mais la force qui les a incités à cesser de râler dans leurs cuisines et à protester bruyamment est leurs sentiments envers le président Ianoukovitch. La revendication de démission du président en est l’apogée, mais c’est malheureusement la chose la plus radicale à laquelle les gens peuvent actuellement penser.

Le deuxième élément, c’est la haine pure envers les forces de police. Mais là encore, les manifestants ne pensent pas qu’il y ait quelque chose de mal avec le fait que l’un des organisateurs des manifestations – Iouri Loutsenko – était lui-même ministre de l’Intérieur ; pendant ce temps les Berkout et d’autres forces de police spéciales agissent comme d’habitude, et Loutsenko lui-même a annoncé qu’il disperserait des manifestations populaires avec des gaz lacrymogènes. Donc, là aussi, la protestation contre la police en tant que telle (elle a très mauvaise réputation parmi toutes les classes sociales ici) est canalisé dans une direction relativement inoffensive.

Le président, son gouvernement et la police sont les principaux sujets de discussion, je suppose. La tâche principale des manifestants, comme ils la voient, est de se débarrasser du Parti des Régions, c’est tout. Une petite fraction parle du rééquilibrage, dans la constitution, des pouvoirs du président vers le parlement. Mais bien sûr, les thèmes principaux sont en effet les questions pratiques – les gaz lacrymogènes, la nourriture, les boucliers, les cocktails Molotov, les tactiques de combats de rue, et des rumeurs sans fin au sujet de la menace imminente de l’introduction de l’état d’urgence, au sujet des tireurs d’élite et de la police anti-émeute (s’ils sont Russes ou pas, s’ils ont l’intention de se battre encore longtemps, etc.)

A propos des assemblées, non, je ne connais rien de la sorte. La situation est trop dynamique et instable pour faire de telles choses, je suppose ; de ce fait, je ne vois pas de formes de démocratie directe se développer sur les barricades en ce moment.

Il semble qu’il y ait beaucoup d’attaques ou d’occupations de bâtiments publics, mais la vie « normale » de la ville se poursuit. Est- ce vrai ? Á Kiev, les gens qui travaillent pendant la journée vont sur les barricades pendant la nuit ? Quelles autres formes de protestation jouent un rôle ? J’ai entendu dire que des universités étaient occupées ? Qu’est-ce qui se passe sur les lieux de travail contre le retard ou le non-paiement des salaires, par exemple ?

Oui, c’est vrai. Seules les parties centrales de Kiev sont touchées par les manifestations tandis que dans d’autres secteurs les affaires continuent comme d’habitude, rien n’est interrompu. Il y a eu plusieurs tentatives de déclarer une grève politique nationale, mais elles ont lamentablement échoué : l’opposition n’a aucun instruments pour cela, aucune organisation politique ne dispose d’un réseau national de cellules sur les lieux de travail, et les gens eux-mêmes n’ont tout simplement pas l’habitude de faire grève. La seule force qui pourrait théoriquement le faire – l’ancienne et bureaucratique Fédération des syndicats de l’Ukraine – est neutre. Le syndicat étudiant Action Directe essaient d’organiser la grève des étudiants – jusqu’à présent, ils ont en partie réussi à la déclencher mais seulement dans une université, l’Académie Mohyla de Kiev. Donc, oui, la plupart des gens travaillent ou étudient, et passent leur temps libre sur les barricades.

Il y a un groupe d’initiative appelée Avtomaïdan – les propriétaires de voitures qui utilisent leurs véhicules pour bloquer le trafic, en particulier à proximité des sites importants du gouvernement ou à proximité des résidences des gens au pouvoir. Une forme de protestation plus utilisée ici est le boycott par les clients des produits fabriqués par les capitalistes qui appartiennent au Parti des Régions. Il s’avère que c’est un succès relatif, du moins selon certaines informations.

Il y a eu une seule occupation d’université jusqu’à présent, et je ne suis pas sûr que l’on peut vraiment appeler ça comme ça, en fait. Nos camarades d’Action Directe essaient d’occuper tout le campus et de bloquer toutes les activités, mais à ce que je comprends, il n’est pas encore physiquement occupé.

Les protestations sur les lieux de travail concernant les salaires, etc. n’ont pas été reliées aux manifestations politiques jusqu’à présent. Par exemple, les travailleurs de Kyivpastrans – l’entreprise municipale qui contrôle le transport urbain – ont organisé leurs manifestations en décembre, certaines organisations de gauche les ont aidés, mais ils ne sont pas allé jusqu’à se déclarer en grève du zèle, et ils n’ont pas rejoint le Maïdan. En fait, le gouvernement local a fait de son mieux pour payer tous les arriérés de salaires fin décembre pour les calmer.

Une des dernières énormes mobilisations en Ukraine a été la ‟révolution orange”. En comparaison, qu’est-ce qui est différent aujourd’hui ? Est-ce que des gens se réfèrent à cette ‟histoire” ? Comment les manifestants parlent-ils de la « démocratie » ? Et quels espoirs sont reliés à une adhésion à l’UE ?

Tout d’abord, la ‟révolution orange” était une mobilisation fortement personnalisée. Les gens se sont concentrés sur un objectif précis : pour installer leur leader, Viktor Iouchtchenko, dans le fauteuil du président. Les structures politiques de Iouchtchenko contrôlaient la foule assez étroitement et organisaient tout sans heurts. Maintenant, les trois leaders de l’opposition parlementaire n’ont pas la confiance de la majorité des manifestants. Ils représentent le Maïdan dans les négociations avec le président, mais beaucoup de gens ne sont pas certains qu’ils ont un mandat pour cela. Par exemple, jeudi dernier [23 janvier], ils ont été hués par la foule, et le Maïdan n’a pas accepté leurs conditions qui avaient été négociées avec Ianoukovitch. Malgré toute leur colère, les politiciens ont dû obéir à la foule ; généralement, les gens sont beaucoup plus radicaux que leurs « représentants ».
L’ensemble de la mobilisation en novembre est apparue comme une surprise pour eux, et depuis lors, ils n’ont pas pu saisir les événements et prendre les devants. Ce vide a été comblé momentanément par les groupes d’extrême-droite.

Une autre différence est qu’en 2004, la portée des questions abordées était beaucoup plus large. L’ensemble de la ‟révolution” était consacrée à l’élection présidentielle, mais encore, on pouvait légitimement proposer un agenda de gauche dans ce cadre, discuter de questions économiques et sociales. À cet égard, ce mouvement de protestation était beaucoup plus hétérodoxe que l’actuel ; maintenant on ne peut parler que des questions de la politique bourgeoise. Toute tentative de mettre en avant d’autres questions vous place dans le risque d’être étiqueté comme un ‟provocateur”.

Je ne dirais pas que les gens imaginent de nombreux parallèles entre les événements de 2004 et les manifestations actuelles. Tout d’abord, au cours des dix dernières années est apparue une nouvelle génération de jeunes gens qui étaient des écoliers à l’époque. Et maintenant, ils constituent une partie importante de la mobilisation.
Deuxièmement, Viktor Iouchtchenko s’est avéré être une grande déception pour tous les participants de la ‟révolution orange”.

Les manifestants disent naturellement qu’ils veulent un véritable (bourgeois) Etat démocratique, avec l’État de droit, etc. Ils imaginent que la seule chose qui les sépare de cet idéal est Viktor Ianoukovitch, et ils sont convaincus que l’adhésion à l’UE est synonyme de démocratie, et aussi de prospérité et toutes les autres bonnes choses. L’UE sert de mythe qui concentrer tous leurs espoirs, tandis que la Russie est le pays de Mordor dans cette vision mythologique du monde.

Les partis de droite et les groupes fascistes jouent un rôle dans les manifestations. Quelle importance ont-ils réellement ? Reçoivent-ils beaucoup de soutien ? Quels types de rapport les autres manifestants ont-ils avec eux ?

A : Le parti d’extrême droite Svoboda [‟Liberté”] est le plus organisé des trois grandes forces politiques qui tentent de contrôler le mouvement de protestation. Ils sont le seul parti qui a des cellules réelles et actives dans diverses régions, une base militante réelle. Ainsi, en étant le plus organisé et le plus idéologique des trois, ce sont eux qui profitent le plus du mouvement. En dehors de Svoboda, il y a une coalition de groupes militants néo-nazis. Il est appelé Secteur de Droite [Pravy Sektor]. Ils ont été formés au début des manifestations, et maintenant ils ont réussi à gagner une énorme importance et à conquérir des sympathies chez des personnes apolitiques et libérales. Ils sont surtout connus par leur militantisme démonstratif et leur agression, et le public ne voit rien de mal chez ces jeunes et mignons patriotes. Dernièrement, le même schéma se répète dans d’autres régions, où les hooligans néo-nazis se sont avérés être la force d’assaut principale dans la lutte contre la police et les nervis pro-gouvernementaux.

L’hégémonie fasciste était incontestable jusqu’au 19 janvier, lorsque les manifestations ont été rejointes par beaucoup d’autres personnes – des citoyens apolitiques quelconques, des libéraux et même de gauche. Cela s’est produit parce que l’ordre du jour des manifestations s’est déplacé sur l’abrogation des ‟lois de la dictature” adoptées le 16 janvier. Depuis lors, ils ont dû reculer un peu, mais néanmoins il est évident que sur le long terme, ces protestations bénéficieront énormément à l’extrême droite, qui est gagnante jusque-là. Dans le cas d’une victoire de l’opposition, ils obtiendront sûrement les forces de police, des services spéciaux, etc. Si Ianoukovitch gagne, cela signifie que la moitié du pays deviendra de fermes partisans de l’extrême-droite comme soi-disant la seule force radicale patriotique en mesure d’affronter le dictateur.

En attendant, la plupart des militants de gauche ont également rejoint les manifestations après le 19 janvier, parce que ces lois leur nuiront gravement à eux aussi. Ils ont trouvé leur place dans des activités d’infrastructure, telles que vigiles dans les hôpitaux d’urgence : ils stationnent là afin d’empêcher la police et les nervis de kidnapper les blessés. L’autre aire d’activité de la gauche est la tentative mentionnée ci-dessus d’allumer la mèche de la grève politique.

De l’extérieur, le mouvement de protestation semble avoir beaucoup en commun avec celui d’Istanbul l’année dernière (mais sûrement pas les températures ...). Est-ce que les manifestants à Kiev et ailleurs en Ukraine voient un lien avec les soulèvements qui se sont produits dans le monde entier au cours des dernières années ?

Il est possible d’établir des parallèles en effet, mais du point de vue subjectif des manifestants ukrainiens, ces autres mouvements de protestation n’existent pas. Ils voient ces événements comme une lutte purement nationale, en essayant de les intégrer dans l’histoire ukrainienne, pas dans la vague mondiale des protestations.

Dernier élément mais pas des moindres, tu as suivi le mouvement depuis le début, et j’ai lu certaines de vos déclarations. Quelle est votre espoir pour ces manifestations, quel résultat positif pouvez-vous imaginer ? Mais aussi, quel est le pire résultat que vous pouvez imaginer ? Quel type de soutien attendez-vous de l’extérieur de l’Ukraine ?

Comme je l’ai dit, il y a deux résultats possibles. L’un est la victoire de V. Ianoukovitch, qui amènera un régime autoritaire dur sur le modèle des dictatures latino-américaines des années 1970. Cependant, pour Ianoukovitch, il sera difficile de gouverner le pays parce qu’il sera toujours soutenu, au mieux, par la moitié de la population et les dictatures ne peuvent pas survivre dans de telles conditions. L’un des scénarios probables alors peut être l’émergence d’un mouvement militant clandestin de guérilla, pas sans rappeler l’IRA en Irlande du Nord des années 1980 et 1990.

L’autre résultat peut être la victoire finale de l’opposition parlementaire. Cela se traduira par une république démocratique bourgeoise faible, politiquement instable, mais avec le maintien des libertés fondamentales – comme l’Ukraine de 2005 à 2009. Sauf que maintenant les fascistes seront beaucoup plus forts à la fois dans les lobbys du pouvoir et dans les rues.

Maintenant, il y a également le troisième scénario –qui serait peut-être le pire – c’est celui d’une véritable guerre civile entre l’Ukraine de l’Ouest et du centre, y compris Kiev, d’un côté, et l’Ukraine du Sud et de l’Est, de l’autre. Naturellement, ce serait catastrophique parce que les gens se combattront pour des chimères nationalistes des deux côtés. D’un autre côté, cela semble encore peu probable selon moi parce que l’Ukraine est un grand pays industriel. L’UE, la Russie et d’autres puissances mondiales sont peu susceptibles de permettre la création d’une zone de guerre chaotique dans un pays qui possède de grandes voies de transit du gaz et du pétrole, 15 réacteurs nucléaires, etc.

Je suppose que dans de telles conditions, la meilleure forme de soutien de l’étranger serait des actions pour contraindre le gouvernement ukrainien à faire machine arrière, mais sans faire preuve de la moindre solidarité avec l’extrême-droite. Je pense que des messages du genre « nous soutenons votre lutte, mais pas vos fascistes » seraient la forme optimale de pression en provenance de l’étranger.

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Traduction : XYZ / OCLibertaire

Original : libcom


A n n e x e

À propos du SAT

(ACT - Автономна спілка трудящих)

Le groupe a appelé les Syndicat autonome des travailleurs [ou Syndicat des travailleurs autonomes] a été créée en 2011 par des militants qui avaient participé à différents syndicats (syndicat étudiant Action Directe, syndicat des médias), des anarchistes et marxistes libertaires. La philosophie politique et la pratique du SAT se définit comme syndicaliste révolutionnaire. Le groupe n’est pas très important, mais il représente des gens de différents métiers : travailleurs des professions artistiques et des médias, du commerce et des services, de la construction, l’ingénierie, la science et l’éducation, des travailleurs auto-entrepreneurs.

Le STA n’a pas encore les trois militants nécessaires selon la loi, pour chaque entreprise donnée, pour enregistrer officiellement un syndicat. En outre, de nombreux militants du SAT sont obligés de travailler « au noir », leurs emplois ne sont pas protégés par la loi. Le STA, qui n’est pas légalement reconnu, fonctionne comme une initiative syndicaliste.

Depuis 2008, de nombreux militants qui, plus tard ont rejoint le SAT avaient pris une part active à la campagne contre le nouveau Code du travail, qui aurait légalisé la semaine de travail de 48 heures et la journée de travail de 10 heures. Cette loi aurait également facilité les procédures de licenciements des travailleurs. Quatre ans plus tard, la loi n’est pas encore été approuvée par le Parlement.

Les tactiques de pression extra-parlementaire et l’expérience de la lutte contre le Code du travail a inspiré la création du SAT. Une action politique ‟réaliste” est possible sans la création d’un parti politique centralisé, et une minorité active a le pouvoir de renverser l’État si elle est soutenue et résolue.

Nous continuons à mener des campagnes contre un certain nombre d’autres projets de loi et d’initiatives contre les droits des travailleurs. Nous faisons aussi campagne contre le nouveau Code du Logement, contre la privatisation des chemins de fer, contre le projet de loi n° 2450 qui vise à limiter le droit de réunion. Notre syndicat a organisé des manifestations contre la réforme des retraites, mais malheureusement, la première étape de cette « déformation » a été mise en œuvre.

Le SAT a organisé des manifestations de soutien aux travailleurs précaires du secteur de l’art et de la culture, a mené des actions de solidarité avec les victimes du massacre de Zhanaozen au Kazakhstan, et a protesté contre l’Union douanière avec ce pays. En outre, le STA a organisé des rassemblements de solidarité avec les travailleurs de la maintenance du bureau de Reuters à Londres et avec les grévistes de Chung Hong Electronics en Pologne. L’organisation joue un rôle actif dans le soutien aux prisonniers politiques et sociaux et aux autres victimes de la répression dans d’autres pays.

Le STA organise des événements éducatifs et culturels. Le site Internet de l’organisation propage les théories libertaires, rassemble et analyse les informations sur les manifestations ouvrières, publie des documents sur les aspects juridiques de l’emploi. Le STA grandit et se développe malgré les conditions défavorables et très difficiles en Ukraine. L’apathie sociale, l’offensive du capital et l’augmentation de la popularité des forces d’extrême droite mettent des freins sérieux à ces processus.

La branche de Kharkiv du STA a été créée le 6 mai 2013. Elle est le résultat de la cristallisation d’une partie de la communauté libertaire de Kharkiv qui est déterminée à employer les méthodes de la lutte sociale syndicaliste. La fédération STA a été rejointe par d’anciens militants du syndicat Action Directe de Kharkiv, des anarchistes non affiliés et des marxistes libertaires. Ce choix a été déterminé, entre autres, par l’infrastructure économique et sociale de la seconde plus grande ville de l’Ukraine, un grand centre industriel et éducatif.

Aujourd’hui (juin 2013), la branche de Kharkiv prend part activement à diverses campagnes d’importance locale, nationale et internationale. Ils ont organisé des manifestations, et continuent à le faire, contre le développement du gaz de schiste, contre l’interdiction de l’avortement, la privatisation des chemins de fer, pour exiger un système de transport abordable et de haute qualité, et font preuve de solidarité avec les camarades étrangers (le syndicat ouvrier MPRA de l’usine Volkswagen de Kalouga, les militants du syndicat Action de Ijevsk – Russie). Le STA de Kharkiv a organisé une campagne permanente contre le nouveau Code du travail.

Les participants de la branche de Kharkiv prennent une part active dans les initiatives libertaires locales et, en règle générale, ils sont la force motrice de la communauté anarchiste locale. Les militants du STA co-organisent les marches annuelles du 1er mai (2012, 2013), des projets féministes (feminist studies), et des ‟subbotniks” [samedis] de l’environnement ; ils participent à l’organisation de manifestations contre-culturelles (concerts punks et hardcore, présentations de la littérature libertaire). Leurs priorités sont les mouvements étudiants et féministes ; la résistance contre la précarisation de l’emploi, la lutte contre la destruction des infrastructures sociales (éducation, santé, transports publics abordables et de haute qualité), et la formation d’un réseau national de collectifs libertaires (projet de Coordination Libertaire).

Le STA est un syndicat de classe réunissant des représentants de la masse des travailleurs qui sont exploités par le capital.

Le STA est une organisation autogérée, qui fonde son activité sur la participation de tous ses membres dans la gestion du syndicat, ne permettant pas l’émergence d’un appareil séparé au-dessus de la masse des membres de sa base.

Les forme de base de la lutte du STA pour les intérêts des travailleurs est l’activité extraparlementaire ; grèves, rassemblements, manifestations.

Le STA concentre ses efforts sur la lutte pour les intérêts économiques et politiques vitaux des travailleurs, en coopérant avec des organisations dont les activités ne contredisent pas les tâches tactiques et stratégiques du Syndicat autonome des travailleurs, et en réalisant des initiatives politiques soutenues par la majorité des membres du syndicat.

Juin 2013

Traduit par nos soins (OCLibertaire)

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