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[Grèce en lutte] Grève du métro. Actualisation, mardi 29 janvier, 14 h

La police prend d’assaut le principal dépôt occupé du métro d’Athènes

vendredi 25 janvier 2013, par WXYZ

(Actualisation, mardi 29 janvier, 14 h)

  • L’ordre de réquisition des travailleurs du métro a eu raison de la grève.
  • Le mouvement continue dans les bus

Samedi, toutes les rames de métro roulaient. La manifestation appelée en solidarité dans le centre d’Athènes a rassemblé moins de 1000 personnes, des militants essentiellement.

La propagande de gouvernement et de la presse présentant les travailleurs du métro comme des privilégiés, car gagnant beaucoup plus que la « moyenne des Grecs », semble avoir produit ses effets. Une fois que pratiquement tout le monde est appauvri, il est certain que ceux qui ne le sont pas encore se voient traités de privilégiés… qui plus est en travaillant dans une entreprise déficitaire (à cause des fraudes parce que 15 à 20% des passagers ne peuvent plus payer !)

Samedi également, un tribunal de première instance a déclaré illégale la grève de solidarité des employés des bus et des trolleybus. Le mouvement s’est poursuivi pendant le WE.

Le recours devant le Conseil d’Etat du syndicat du métro sur la validité de la réquisition a été rejeté.

Lundi matin, la presse rapportait que le bureau du procureur de première instance a lancé une enquête préliminaire ce lundi après que des travailleurs ne s’étaient pas présentés à leur prise du travail.

Pas de problème : l’exécutif, le pouvoir judiciaire et les médias se serrent bien les coudes...

Dans la journée de lundi, le travail a repris progressivement sur les lignes de trolley et celles des trains de banlieue. Les chauffeurs de bus continuaient la grève jusqu’à mardi comme prévu.

Mardi matin, la grève continuait malgré la décision de justice qui l’a déclarée illégale. Des assemblées doivent décider de la suite

Le syndicat de la compagnie d’électricité a lancé un appel à une grève de 24 h de solidarité avec les travailleurs du métro pour la journée du jeudi 31 janvier.


(Actualisation, vendredi 25 janvier, 14 h)

Environ 300 membres de la police anti-émeutes ont investi le principal dépôt du métro d’Athènes un peu avant 4 heures du matin de ce vendredi 25 janvier pour évacuer les grévistes qui s’y étaient retranchés depuis la veille et prendre le contrôle des lieux.

Les travailleurs présents sur place, au nombre d’une centaine, ont été expulsés du dépôt de Sépolia et au moins trois grévistes ont été arrêtés. Ils ont été relâchés trois heures plus tard. Une femme aurait été transportée à l’hôpital. Il y aurait eu des bousculades mais pas véritablement d’affrontements ou de violence.

Les policiers ont brisé les chaines que les grévistes avaient installé, ont forcé les portes métalliques, viré les grévistes et occupent les lieux tandis que des dizaines d’autres se sont déployé à l’extérieur en bloquant totalement les accès à ce dépôt situé dans la banlieue ouest d’Athènes pour empêcher l’arrivée de manifestants solidaires. Avec les véhicules et les fourgons disposés en travers de la chaussée, ils ont formé un véritable « mur » policier infranchissable, excepté pour les travailleurs du métro qui reprendraient le travail.

Le gouvernement a donc mis à exécution sa décision prise jeudi, la veille donc, de réquisitionner les travailleurs du métro afin de briser leur grève entamée huit jours plus tôt. Cette décision s’appuie sur une loi d’« urgence » de 1974, dans laquelle celle-ci est définie comme « toute situation inattendue qui requiert une action immédiate afin de s’occuper des nécessités de la défense du pays, ou de toute nécessité sociale ou de catastrophe naturelle ou d’autres menaces que peuvent mettre en danger la santé publique ».

Rappelons que la principale revendication des grévistes est leur refus de se voir imposer une nouvelle convention collective, celle des travailleurs du ministère des transports (alors qu’ils sont salariés d’une entreprise privée), ce qui se traduira par une baisse des salaires de 25% en moyenne. Depuis 2009, entre la suppression des primes de fin d’année, les baisses de salaires et les hausses d’impôts, ils ont déjà perdu en moyenne 45% de leur revenu réel disponible. Pour beaucoup d’entre eux, leurs salaires de base seront alignés sur le nouveau salaire minimum qui a été baissé à 580 euros mensuels.

Les ordres de réquisition précisent que les employés des transports en commun risquent l’arrestation et l’incarcération s’ils ne reprennent pas le travail.

Jeudi soir, les autorités ont commencé à distribuer les avis à quelques 2500 employés qui travaillent dans le métro d’Athènes, les tramways et les autres moyens de transport.

Les autorités ont fait savoir dans la matinée de vendredi que certains travailleurs avaient pointé à leur travail. Cependant, il ne devrait pas y avoir de transport en commun à Athènes ce vendredi car tous les syndicats du secteur ont appelé à une grève de 24 heures (un "black out"). Une cinquantaine de travailleurs ont pénétré dans le dépôt en faisant savoir qu’ils ne le faisaient pas de manière volontaire. Ils font partie des premiers à avoir reçu les ordres de « mobilisation civile » [réquisition]. Ils forment une équipe d’« urgence » chargée de surveiller le matériel et les installations.

A 7 heures, environ 300 personnes (grévistes et solidaires) étaient rassemblés à l’extérieur du dépôt.

A 8 heures ce vendredi martin, la police antiémeute occupait toujours massivement le dépôt de Sépolia, tandis que plusieurs centaines de manifestants (grévistes et solidaires) étaient rassemblés à l’extérieur.

Une manifestation est appelée à 16 heures place Syntagma (où se trouve le Parlement) par différents syndicats, collectifs et partis politiques. Plusieurs syndicats (compagnie d’électricité, postiers, enseignants….) ont annoncé des débrayages dans la journée et appelé à cette manifestation. D’autres collectifs ne cessent de se joindre à cet appel, tandis que d’autres appellent plutôt à se rassembler au dépôt de Sépolia. Le syndicat des travailleurs du métro a fait savoir qu’il n’appelait pas à cette manifestation. C’est un peu la confusion.

Quelques rames du métro commenceraient à circuler en début d’après-midi, les médias et le gouvernement insistent sur le fait que la grève est « terminée » et que « la situation est en train de se normaliser ».

Un rassemblement avait été appelé à 13 h à proximité du dépôt. A 14h30 (heure locale), plusieurs milliers de personnes étaient réunies à l’extérieur du dépôt, face aux cordons de la police, malgré les difficultés d’accès, notamment à cause de la grève générale de 24h des transports en commun sur Athènes et Le Pirée. Une manifestation a eu lieu au Pirée dans la matinée à l’appel du syndicat des travailleurs de la ligne de train urbain.
Une assemblée des grévistes est appelée dans l’après-midi, à 17h30. Cette assemblée est « ouverte » au sens où des personnes solidaires pourront y assister. Certains espèrent pouvoir en faire un moment/espace de coordination au-delà des travailleurs du métro : chômeurs, retraités, salariés, jeunes, usagers... tandis qu’un responsable syndical déclarait à la presse « Nous sommes bien obligés de reprendre le travail, sinon c’est la porte ».

A suivre…

Photos ici :

http://epitropesdiodiastop.blogspot.gr/2013/01/blog-post_7997.html


Le gouvernement ordonne la réquisition des travailleurs du métro d'Athènes

Jeudi 24 janvier.

Alors qu’ils entamaient leur 8ème jour de grève, les travailleurs du métro d’Athènes doivent faire face à un ordre de réquisition générale. Malgré les risques d’arrestation et de prison, ils ne semblent pas vouloir obéir.

Après les squats, les travailleurs grévistes qui se dressent contre les mesures d’austérité, il est clair que l’Etat grec aux ordres de l’UE et du FMI, a décidé d’utiliser la manière forte pour briser les espaces de résistance et d’organisation collective qui s’opposent à la politique du capital...

Alors, la nouvelle phase des politiques de "gestion" de la crise et de contention des luttes sociales, c’est ça ? La prison pour tous ceux qui refusent la misère et osent entrer en lutte pour contester l’austérité ?

Jeudi 24 janvier 2013, le gouvernement de coalition a pris la décision de recourir à la réquisition de tous les travailleurs du métro d’Athènes. Le ministre du Développement, Costis Kadzidakis, après une rencontre avec le Premier ministre et avec le soutien du pouvoir judiciaire, a pris cette mesure afin de réprimer la grève menée par les travailleurs contre les baisses de salaires, la suppression de leur convention collective et l’élimination de leurs droits de travailleurs. L’ordre de « mobilisation civile » [réquisition] prendra également effet pour les travailleurs des autres transports publics, dans le cas où des grèves se poursuivraient en solidarité avec leurs collègues et camarades.

Les travailleurs du métro d’Athènes sont en grève depuis le jeudi 17 janvier. Depuis six jours, les travailleurs des autres moyens de transport public se sont joints à leurs mobilisations avec des débrayages de plusieurs heures et des grèves de 24 heures. Lundi 21 janvier, la direction de la société privée qui gère le service de métro d’Athènes a déposé plainte en justice contre les syndicats, et sans surprise, la grève a été déclarée illégale. La décision de justice rendue avant-hier contre le syndicat des travailleurs du métro a donné le feu vert au gouvernement pour activer des « pouvoirs d’urgence » propres à un régime dictatorial.

La nouvelle de l’ordre de réquisition à peine connue dans la matinée du jeudi 24 janvier, les travailleurs se sont rassemblés dans le dépôt central du métro de Sépolia et s’y sont barricadé pour défendre la grève. Ils ont disposé des chariots élévateurs derrière les grilles d’entrée du dépôt. De leur côté, les travailleurs des bus ont cessé l’assemblée qu’ils étaient en train de tenir pour se rendre au dépôt et se solidariser avec les grévistes. Les travailleurs des tramways, trolleybus, des trains de banlieue et du train urbain de surface ont fait de même, ainsi que beaucoup de personnes solidaires. Jeudi dans l’après-midi, plus aucun moyen de transport en commun ne circulait dans la métropole athénienne. Les syndicats de tous les moyens de transport public ont prolongé les arrêts de travail qui devaient s’achever dans la soirée, jusqu’à minuit ce jeudi 24 janvier et ont appelé à une grève de 24 heures pour le vendredi 25 janvier. La grève est soutenue par les associations de travailleurs et les Centres de travail d’Athènes et du Pirée, qui ont appelé à la mobilisation et à un arrêt de travail de quatre heures pour le même jour.

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Les travailleurs se battent contre une nouvelle baisse de leur salaire, qui peut atteindre jusqu’à 25%. Depuis le début des mesures d’austérité et de coupes dans les salaires en 2009, ils ont déjà perdus jusqu’à 45% de leur revenu annuel si l’on prend en compte l’ensemble des salaires et des primes de fin d’année.

Le gouvernement a procédé à la réquisition des travailleurs du métro d’Athènes en se fondant sur une loi promulguée en 1974, amendée en 2007, pour faire face à « des situations d’urgence en temps de paix ». Selon la procédure prévue par cette loi, la police doit afficher un avis comportant l’ordre de réquisition sur la porte d’entrée du domicile de chacun des 2500 travailleurs. Selon cette même loi, au cas où les travailleurs ne retourneraient pas au travail, ils risquent d’être arrêtés, d’être poursuivis en flagrant délit et d’être condamnés à des peines de trois mois à cinq ans mois d’emprisonnement. L’ordre de réquisition débute à 5 heures du matin, ce vendredi 25 janvier. Ils peuvent aussi être licenciés.

Le premier ministre Antonis Samaras a déclaré : « le peuple grec a fait d’énormes sacrifices, je ne peux tolérer aucune exception ». Pendant que le parti de la Gauche démocratique (membre de la coalition) appelait à plus de dialogue et regrettait le « choix extrême » de la réquisition, le chef de file du Pasok (Parti Socialiste), Evangelos Venizelos a exprimé jeudi soir son soutien à la décision du gouvernement, décrivant la grève comme « inacceptable ».

La lutte des travailleurs des transports publics va continuer. Les syndicats ont clairement fait savoir qu’ils vont braver l’ordre du gouvernement. Ils ont déjà défié l’ordonnance du tribunal qui, il y a deux jours, avait déclaré hors la loi une de leurs grèves consécutives de 24 heures. Le mardi 21 janvier, alors qu’ils faisaient grève contre une décision de la « justice » ayant illégalisé la grève de la veille, le tribunal, saisi une nouvelle fois par la direction, a une fois de plus déclaré illégale cette nouvelle grève de 24 heures. Le mouvement gréviste s’est toutefois poursuivi.

Dans les bus, la grève doit se poursuivre jusqu’à mardi, tandis que les syndicats des chemins de fer et du train de banlieue desservant l’aéroport ont lancé un mort d’ordre d’arrêt du travail jusqu’à lundi. La réponse qu’a donnée hier l’un des représentants syndicaux des travailleurs à l’ultimatum que le gouvernement avait lancé au jeudi 24 janvier aux grévistes pour qu’ils abandonnent la grève et retournent au travail, est significative : « Á cet ultimatum, nous répondons que nous n’avons plus rien à perdre, nous avons tout perdu. Nous allons résister, même s’ils viennent nous arrêter. Nous sommes déterminés. Les gens sont avec nous. J’ai vécu d’autres périodes, comme les sept années de la dictature des colonels, et je vois que ceux de maintenant sont pires qu’à l’époque. Qu’ils sortent les tanks. Nous résisterons ».

Après une vague récente d’expulsion de squats [ voir La bataille pour les squats à Athènes ], qui s’est encore poursuivie par une nouvelle décente de flics le 15 janvier dans un lieu occupé historique, « Lelas Karagiani », où 16 personnes ont été arrêtées mais qui a pu être réoccupé dans la soirée, le gouvernement continue sa politique répressive en s’en prenant cette fois frontalement à un des secteurs traditionnellement les plus combatifs de la classe ouvrière de Grèce : les travailleurs du métro et ceux des transports en commun d’Athènes.

Des ordres de réquisition ont été utilisés plusieurs fois ces dernières années, en particulier en octobre 2011 contre les employés municipaux du nettoyage (ramassage des ordures) dans la région d’Athènes sans que cela ne se traduise dans les faits par des mesures de rétorsions contre les grévistes : cela fait partie des menaces utilisées pour contraindre les travailleurs à reprendre le travail. C’est ainsi qu’en 2010, une grève de transporteurs routiers (dont les camions citernes d’essence fournissant les stations service) s’est terminée immédiatement à la suite d’une mesure similaire. En sera-t-il différemment cette fois-ci avec les travailleurs du métro, des bus, trams, trains de banlieue, etc. ?

A suivre...

Le 24 janvier 2013

(Sources : verba-volant.info, ekathimerini.com…)

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