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Editorial CA 217

Une soupe à la grimace pour campagne électorale

mercredi 8 février 2012, par Courant Alternatif


Aux chantiers navals de Saint-Nazaire, les candidats à l’élection présidentielle se succèdent pour pêcher les voix et acquérir la patine populaire de défenseur des intérêts ouvriers. Même Marine Le Pen néglige Nantes - trop bobo et informe - pour tenir son meeting départemental à Saint-Nazaire, la ville des métallos, et souligner son image de candidate du peuple. L’image de chaque candidat devient plus qu’essentielle, dans cette compétition électorale aux enjeux flous tellement les traits fondamentaux des programmes (austérité et équilibre) se ressemblent, face au dérapage économique accéléré.

La crise de la dette étatique s’est communiquée à tous les Etats européens avec mesures d’austérité à la clef (et récession), pour calmer les fonds spéculatifs,les banques et leurs actionnaires qui se gobergent. Cette crise s’impose dans la campagne électorale française.

Quelque soit le candidat élu en mai, il se positionnera en loyal gestionnaire de l’Etat (sans oublier sa famille, forcément). En clair la finance imposera sa loi, avec d’éventuelles mesures sociales de pacotille qui ne résisteront pas au premier soubresaut économique, national ou européen. Comment cela pourrait-il en être autrement ? Même une multinationale comme Véolia a décidé de vendre sa branche Transports, numéro un mondial du secteur construit patiemment, pour alléger sa dette de 15 milliards devenue inacceptable aux yeux des actionnaires et créanciers (cf article dans ce n°). L’Etat français va appliquer sans mollir une partie des recettes grecques ou espagnoles, Hollande sera-t-il le Georges Papandréou français ?

S’il ne s’était pas égaré dans une chambre de Sofitel new-yorkais, Strauss-Kahn pouvait passer de la direction du FMI au titre de président socialiste de la France ! Rétrospectivement, ça fait peur...
Le Fonds Monétaire International est notamment chargé de briser les freins des Etats à l’ouverture de leurs marchés au capitalisme mondial et à ses lois. La doctrine du FMI : la prééminence du marché, main invisible infaillible surtout pour les pauvres. En 2009, la Roumanie a reçu un prêt de 13 milliards d’euro du FMI , assorti d’une série de mesures d’austérité sans précédent (comme la réduction des salaires de 25%, la hausse de la TVA, l’avancement de l’âge de la retraite, loi sur la santé...).
Quinze journées d’affrontements à Bucarest en janvier semblent montrer que les Roumain-e-s n’en peuvent plus et que le mouvement populaire de refus entamé en Grèce diffuse inexorablement, jusque dans les anciens pays du bloc soviétique. Idem au Portugal, qui a liquidé des droits sociaux en échange d’un prêt de 78 milliards du FMI et de l’UE, et qui a connu une grève générale massive fin novembre. Cette exaspération sociale peut aussi pousser à la xénophobie et nourrir un rejet des autres peuples, perçus comme responsables (voir article sur l’évolution en Hongrie ).

Si l’on peut prévoir la politique du futur président, celle du pouvoir actuel est plus surprenante. Par exemple, pourquoi un alourdissement des taxes (TVA « sociale »), forcément peu populaires et de surcroit inapplicables avant les élections, par manque de temps... Comment Sarkozy peut-il espérer séduire en père La Rigueur alors que l’opulence et la richesse de certain-e-s s’étale avec ostentation ; ainsi Rolls-Royce connait une hausse de 31 % de ses ventes en 2011.
La perception de la réforme des retraites, imposée en force à l’automne 2010 mais acceptée comme finalement inéluctable et raisonnable par une majorité, guiderait-elle cette politique à rebrousse-poils ? Un ambitieux comme Sarkozy n’est pas spécialement tenté par le suicide politique... Il parie donc sur un discours de « vérité » pour refaire son retard, discours qui ne peut que plaire aux marchés.
En attendant le résultat de ce coup de bluff, la politique de répression des mouvements sociaux ne mollie pas. L’acharnement policier et judiciaire sur celles et ceux qui résistent ou refusent d’être piétiné-e-s s’intensifie même. Les bavures et les meurtres se multiplient, comme pour prévenir par la peur et la répression toute révolte... L’initiative d’une journée d’action lancée par le comité poitevin anti répression le 17 mars prochain n’en est que plus nécessaire.

Nantes le 29/01/12

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