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Blitz répressif à Rome et Naples

jeudi 13 février 2014

Ce jeudi matin 13 février, des arrestations ont été effectuées par les policiers de la Digos, des inculpations (avec arrêts domiciliaires ou assignations à résidence) ont été notifiées à Rome contre 17 personnes (visant directement les mouvements de lutte et d’occupation de logements) et à Naples contre 25 personnes (un collectif de chômeurs trop remuants).

Ce n’est pas (encore) de la prison ferme comme pour les No-TAV, mais ça commence toujours comme ça : intimidations, prise d’otages, criminalisation préventive, pression sur les mouvements pour qu’ils mènent (et épuisent des forces dans) des batailles anti-répressives et défensives, déplacement du contenu et de la dynamique de la lutte à une question d’ordre public...

Quatre jours plutôt, s’est tenue à Rome une assemblée nationale des mouvements de lutte avec plus de 300 participant-e-s où a été décidé un programme de lutte pour le printemps prochain, avec plusieurs échéances thématiques (pour la libre circulation de tou*s et la fermeture des centres de rétention, solidarité contre la criminalisation de mouvement No-TAV, sur l’usage des ressources et les pratiques de réappropriation, sur le logement et la répression des luttes sociales...) et l’appel à une manifestation nationale à Rome le 12 avril prochain « contre les politiques d’austérité dictées par l’Union européenne et la Troïka et exécutées par les gouvernements nationaux ».

Manifestement, la vigueur de ces mouvements depuis les journées du 18 et 19 octobre, leur autonomie, leur capacité à s’entendre et travailler ensemble, à additionner des forces, leur refus du jeu de la représentation et leur opposition frontale aux politiques menées par toutes les forces institutionnelles commence à inquiéter en haut lieu. Il y a de quoi.

Ci-après, voici quelques informations rapidement recueillies.


Communiqué

Les mouvements sociaux répondent dans la rue <br> aux arrestations de ce matin à Rome et à Naples

Aux premières lueurs de l’aube ce matin, à Rome, des dizaines de policiers se sont présentés dans différentes occupations de logements pour cueillir 17 militants à qui ils ont notifié 7 arrestations domiciliaires et 10 obligations de pointer, pour avoir participé aux journées de lutte contre l’austérité et la précarité de l’automne dernier.

Plus précisément, pour les 17 militants, il leur est allégué une participation à la manifestation du 31 octobre, avec des accusations allant du rassemblement séditieux, la résistance aggravée et même le vol.

Cette manifestation a été un moment de grande participation populaire qui, en continuité avec le siège de la Porta Pia du 19 octobre, voulait rejoindre la Conférence État-Régions qui discutait des politiques relatives au logement.

En particulier, même le ministre Lupi avait reporté au 31 octobre la décision sur le blocage généralisé des expulsions et sur la nécessité de politiques publiques du logement, qui avaient été posés par les mouvements lors de la rencontre au ministère des Infrastructures, ce que résume le slogan « Un seul grand projet : logement et revenu pour tou-te-s ».

Le siège du 31 octobre au Palazzo Chigi avait obtenu l’autorisation de manifester en direction du lieu de la Conférence, mais le cortège a été ensuite arbitrairement stoppé et chargé dans la via del Tritone.

Ces moments de tension, qui ont vu tous les manifestants revendiquer leurs droits à visage découvert, ont été traduits dans la construction d’une accusation judiciaire toute politique visant à criminaliser, y compris préventivement les prochaines initiatives de lutte, en commençant par la manifestation de samedi prochain contre le CIE [Centre d’Identification et d’Expulsion pour étrangers] de Ponte Galeria.

Il est clair que l’absence de réponses sur le plan politique et institutionnel relègue les luttes à une question d’ordre public : des coups de matraque contre les ouvriers de la logistique aux arrestations des chômeurs de Naples d’aujourd’hui.

Nous relançons aujourd’hui le siège dans toutes les villes dans la perspective d’un printemps de conflit lancée le 9 février lors de l’assemblée nationale des mouvements.

Nous exigeons la libération immédiate de tous et de toutes, en faisant sentir notre colère aux préfectures et dans les rues de toutes les villes d’Italie.

La Rome des luttes sociales appelle toute la ville à exprimer sa solidarité et son opposition.
RENDEZ-VOUS cet après-midi à 15h30 à une conférence de presse et à la Porta Pia pour se préparer à aller en cortège à la via del Tritone, là où, le 31 octobre, la police a tenté de barrer la route au mouvement.

 <small>DE LA VALLÉE AUX MÉTROPOLES, LES LUTTES NE S'ARRÊTENT PAS ! <br> TOUS et TOUTES en LIBERTÉ ! <br> LIBERTÉ de CIRCULATION ! <br> NOUS SOMMES TOU*S le 31-O ! </small>

Les mouvements sociaux contre l’austérité

(Communiqué publié – entre autre – sur les sites Web des deux mouvements romains de lutte sur le logement, la Rete Abbitare nella Crisi et le Coordinamento Cittadino Lotta per la Casa)


Le 19 octobre fait peur !

Imposante opération judiciaire à l’aube dans la capitale : 7 camarades aux arrêts domiciliaires et 10 placés sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer.

 <small> Assemblée Générale Extraordinaire @ Lucernario occupato (La Sapienza) à 10h30 <br> A 15h30, rendez-vous Porta Pia, <br> pour la conférence de presse et <br> participer à la manifestation à travers la ville ! </small>

Trois jours après l’imposante assemblée nationale [des mouvements] qui a relancé l’agenda du lutte pour le printemps qui vient – avec un appel à une manifestation nationale contre les politiques d’austérité le 12 avril – la préfecture de police de Rome intervient avec une main lourde contre le mouvement de lutte pour le logement et les subjectivités politiques antagoniques qui ont suivi et soutenu le processus contre le gaspillage des grands travaux, pour le logement, pour le revenu et la dignité pour tou*s ... signe que ce mouvement commence vraiment à faire peur !

17 mesures disciplinaires à l’encontre des camarades connu*s pour leur générosité. Une vue d’ensemble de toutes les personnes touchées par ces mesures reflète l’hétérogénéité et le caractère hybride de ce qui fait ce mouvement : avec Paolo Di Vetta (Blocs de Précaires Métropolitains) et Luca Fagiano (coord. de Lutte pour le Logement), il y a des camarades de espaces sociaux occupés Acrobax et Alexis, des occupants de maisons...

Sept d’entre eux ont été placés aux arrêts domiciliaires (ce qui soulève de sérieuses difficultés à la possibilité d’être domicilié dans des occupations de logement dans lesquelles un grand nombre d’entre eux vivent), 10 autres laissé en liberté avec l’obligation de pointer.

Les délits reprochés correspondent à la panoplie habituelle avec laquelle l’État punit les luttes sociales ; résistance, violence à officier public, combinés avec ‟vol” pour la soustraction des boucliers et de matraques pendant une charge. Les faits visés font référence à ceux du 31 octobre, lorsque plus d’un millier de personnes ont assiégé la Conférence État-Régions sur le thème de l’état d’urgence en matière de logement, arraché par les mobilisations de 18 et 19 octobre.

Le caractère entièrement politique de ces mesures est démontré par une opération de police parallèle et similaire qui a frappé 10 autres camarades napolitain*s des Precari Bros., placés en état d’arrestation (plus 15 autres qui ont subi d’autres mesures de restriction de liberté, comme l’assignation à résidence), décidées par le juge d’instruction de Naples à la demande du Bureau du Procureur, jusqu’à une hypothétique « participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes contre la sécurité publique, l’ordre public et l’administration publique. »

(Infoaut)


Naples : 10 arrestations et 15 assignations à résidence pour les {Precari Bros}

10 personnes aux arrêts domiciliaires, 15 autres assignés à résidence. C’est le bilan de de l’autre opération répressive menée aujourd’hui, dans ce cas, par la Préfecture de police de Naples. Des mesures conservatoires ont été émises contre 25 membres du mouvement des chômeurs Precari Bros pour diverses manifestations qui ont eu lieu de 2010 à 2014 dans la capitale de la Campanie.

Les mesures de restriction de la liberté ont été adoptées par le juge d’instruction de Naples à la demande du Bureau du procureur local pour les infractions de participation à une « association de malfaiteurs » dans le but de « commettre des crimes contre la sécurité publique, l’ordre public et l’administration publique »

Plus précisément, on leur impute une extorsion pour obtenir un traitement préférentiel dans l’affectation et l’usage, parfois clientéliste, des ressources publiques pour l’octroi de subventions, de subsides et d’embauches. Comme toujours, la Magistrature et la presse bourgeoise ont identifiés dans l’exercice social légitime du contrepouvoir sur les besoins quotidiens (avoir un toit au-dessus de la tête et obtenir un revenu pour joindre les deux bouts) l’imposition d’une ‟violence”, qui devient d’autant plus insupportable (pour leurs seigneurs) lorsqu’elle s’exerce contre des figures institutionnelles dotées du pouvoir et de l’arbitraire dans la distribution des places de logement, des subventions et autres concessions.

Il sont en fait accusés de « l’incendie de poubelles, dommages et incendie de bus, de voitures particulières et de mobilier public » – le langage avec lequel le pouvoir interprète la pratique de barrages routiers – et ce qui fait davantage peur, « violence au détriment de responsables publics et des campagnes sophistiquées d’intimidation contre des personnalités politiques jugées hostiles ... mais comme aujourd’hui peu de gens peuvent être gênés par des actes supposément violents contre des responsables publics, des juges et des médias, ils tiennent à préciser que les actes criminels provoquent aussi des « dommages graves à l’ordre public ainsi que pour la tranquillité des citoyens et le développement ordonné de la vie économique et sociale de la ville de Naples , souvent même contrainte à la paralysie. »

Il n’est pas sûr que ces mesures freineront les mobilisations des précaires de partout pour récupérer ce qui leur appartient. Ce n’est pas un hasard si de nombreu* camarades de ceux qui ont été touchés ce matin par les mesures conservatoires étaient déjà sur la Piazza del Gesù, dans le centre de Naples, pour un nouveau rendez-vous de lutte avec les mêmes contenus. Le cortège se dirigera ensuite en direction de la Préfecture ...

(Infoaut)

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