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A propos de l’intervention en Libye

samedi 19 mars 2011

La guerre en Libye, l'occupation militaire étrangère au Bahrein et l'anéantissement des révolutions arabes : Pas en mon nom !

par Mogniss H. Abdallah

Ainsi donc, le laborieux débat sur l’instauration d’une "zone d’interdiction aérienne" en Libye a débouché sur une résolution de l’ONU qui constitue un feu vert pour un engagement militaire international en Libye. Sans "occupation" militaire terrestre, est-il précisé. Simultanément, l’armée saoudienne et la police émiratie débarquent au Bahrein pour participer à l’écrasement d’une révolution démocratique et pacifique : un assaut militaire a été donné mercredi 16 mars 2011 pour démanteler le campement sur la place de la Perle, renommée place Tahrir en référence explicite à la révolution égyptienne. Des hélicoptères ont tiré sur le peuple : il y a des morts, des dizaines de blessés qui ne peuvent accéder à l’hôpital de Manama assiégé par l’armée et les blindés saoudiens. Le pouvoir instaure la loi martiale et procède à l’arrestation de figures de l’opposition démocratiques, chiites et sunnites. Au Bahrein donc, on
répond à un mouvement de lutte pour les droits civiques par la répression sous occupation militaire étrangère... et sous le regard de la Vème flotte U.S. qui y dispose déjà d’une base navale.

Certains pays, comme les Emirats-Arabes-Unis qui participent ouvertement à l’occupation militaro-policière du Bahrein, se sont aussi portés volontaires pour l’intervention internationale en Libye. Ainsi, des régimes directement impliqués dans la répression dans un pays arabe, prétendraient agir contre répression et massacres dans un autre pays arabe ? Quelle hypocrisie ! Les militants de la solidarité internationale ne peuvent cautionner sous aucun prétexte cette duplicité qui menace l’avenir des révolutions démocratiques en cours dans l’ensemble du monde arabe, arabo-berbère et africain.
En tout cas, et au-delà de la nécessaire évaluation des intérêts géo-stratégiques complexes en jeu, nous devrions nous interroger sérieusement sur notre rôle dans la situation actuelle. Comment pourrions-nous nous réjouir devant la militarisation croissante en Libye et ailleurs ?
Je voudrais le dire franchement aux amis libyens sincères dans leurs aspirations à la liberté : nous condamnons inconditionnellement les massacres des populations en Libye par Kadhafi et son régime. Mais je suis outré par les slogans "One, two, three, Viva Sarkozy" clamés à Benghazi, et par l’association du Conseil National de transition avec le va-t-en-guerre Bernard Henri Lévy. Amis libyens, je voudrais aussi vous entendre condamner clairement les exactions racistes et les menaces à grande échelle à l’encontre des migrants noirs africains, égyptiens et autres, qui composent 1/4 de la population du pays. Je voudrais vous voir soutenir l’ensemble des peuples en lutte, à commencer par ceux du Bahreïn et du Yémen, aujourd’hui victimes d’une répression terrible menée avec la complicité directe de ceux qui prétendent par ailleurs vous venir en aide.
Amis de la solidarité internationale, lorsque nous soutenons le peuple libyen, ne taisons pas notre solidarité avec les luttes de tous les peuples arabes. Et n’ayons pas peur du débat contradictoire entre nous, y compris avec nos camarades libyens. Pas d’unité à minima ! Ne soyons pas complices de la balkanisation de la Libye et des pays de la région.
Souvenons-nous aussi du précédent d’une Somalie démantelée sous les auspices d’une intervention militaro-humanitaire internationale sous le joli nom de "Restore hope", Restaurer l’espoir...

Paris, 18 mars 2011

Voir en ligne : Sur Mogniss et IM’media

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1 Message

  • et maintenant à notre tour !

    23 mars 2011 10:08, par Forlan

    On s’aperçoit maintenant que le gouvernement français et les autres puissances majeures du capitalisme soutiennent le soulèvement des peuples arabes. Nous ne sommes pas dupes et savons bien pourquoi. Il n’empêche que si à notre tour nous saisissions cette opportunité pour redéployer un mouvement d’ampleur du type de celui des retraites et voir davantage, alors le gouvernement français devrait nous soutenir voir même se bombarder et ce avec le soutien de l’Otan ! Cela peut faire sourire mais je crois qu’il y a en ce moment ce que l’on peut appeler "une fenêtre" pour agir avec efficacité. Et oui l’efficacité. Forcément pour réussir un jour il faudra des circonstances et de l’efficacité. Les circonstances nous les avons en ce moment. Le gouvernement ne peut pas soutenir les peuples ailleurs et réprimer le sien ici. Je sais nous ne serons pas à une contradiction près. Il n’empêche que cela mérite d’être mené car le débat peut s’instaurer, les interrogations se nourrir etc ... Devons nous alors attendre le feu vert des partis politique ? évidemment non, leur terrain est celui des élections. Devons nous alors attendre le feu vert des syndicats. Subventionnés par l’état ils ne participeront pas à son renversement. Nous ne devons alors compter que sur nous. Le problème dans une société capitaliste, c’est que l’individualisme et les égoismes prévalent ce qui rend toutes actions collectives difficiles. Alors comment faire sachant qu’il faut mettre maintenant les dirigeants devant leurs contradictions, ils ne pourront pas nous empêcher de nous rassembler. Peut être qu’ils nous réprimeront ce qui peut être le déclencheur du mouvement. Alors qui lance la dynamique, comment et quand ?

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