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Pays Basque : Justice et liberté pour les jeunes d’Altsasu

mercredi 10 octobre 2018

Le Tribunal de l’Audience Nationale de Madrid est la cour espagnole qui juge les affaires d’ampleur nationale, dont le terrorisme. C’est par ce Tribunal que 8 jeunes basques d’une petite ville de Navarre, Altsasu, ont été condamnés … pour une bagarre dans un bar avec deux gardes civils. Dans un premier temps, à un total de 375 années de prison pour attentat terroriste ; puis les accusations de « crimes terroristes » ont été abandonnées, mais l’addition des peines, quoique moindre, est restée élevée : 79 ans.
Cette affaire d’Altsasu, avec cette condamnation outrageusement disproportionnée, reflète bien l’iniquité de la justice espagnole ; mais elle montre aussi les extraordinaires capacités de mobilisations populaires face à la répression et à l’injustice.

Justice et liberté pour les jeunes d’Altsasu

L’affaire des jeunes basques d’Altsasu remonte à deux ans (15 octobre 2016). Lors de la fête locale de cette petite ville navarraise (8000 habitants), une bagarre éclate dans un bar entre plusieurs jeunes et deux gardes civils (habillés en civil...) accompagnés de leurs épouses. Deux des jeunes sont arrêtés. Suite à l’incident, un attroupement se forme et d’autres personnes sont interpellées, puis détenues.
Prenant prétexte d’un contexte historique où les rapports des habitant.es avec la Garde civile ont toujours été très conflictuels dans ces vallées navarraises (comme dans tout le Pays Basque), avec des contrôles incessants et des arrestations abusives, c’est le tribunal de l’Audience nationale à Madrid qui juge les jeunes. Il les accuse d’avoir commis une "attaque terroriste", et établit ainsi un lien – absurde – entre ces jeunes et ETA (qui a cessé la lutte armée en 2011 et se dissoudra en mai 2018) qui prônait une stratégie de renvoi des forces militaires hors du Pays Basque.
Le procès a lieu en mars 2018. Le procureur réclame une peine d’un total de 375 années de prison à l’encontre des 8 jeunes (de 62 ans à 12ans, en passant par 50 ans d’emprisonnement) !
Ce jugement scandaleux a été évidemment largement critiqué pour son caractère totalement disproportionné par les familles, le Gouvernement de Navarrre et presque tous les partis politiques de tout le Pays Basque. Dès les arrestations des jeunes en 2016, et jusqu’en 2018, de nombreuses manifestations massives ont été organisées en Navarre et dans les autres provinces du Pays Basque, et à Madrid aussi, pour exiger leur libération et dénoncer le montage militaro-policier ainsi que les accusations et les verdicts injustes du tribunal.
Le 1er juin 2018, l’Audience nationale finit par écarter l’accusation de "terrorisme" mais impose les peines maximales pour délit "d’attentat" : 7 jeunes sont condamnés de 9 à 13 ans de prison pour « attaque envers des agents d’autorité et blessures, troubles à l’ordre public » et une jeune à 2 ans de prison pour "menaces". Le Tribunal a appliqué les circonstances aggravantes d’« abus de supériorité et de haine », et a considéré que les actes « ont été commis pour des raisons idéologiques et d’hostilité à l’encontre de la Garde civile". Les condamnations à la prison ont en outre été assorties de lourdes amendes.
Face à l’intransigeance de la justice espagole, les familles des jeunes condamné.es se sont organisées en Comité pour réclamer justice. Elles ont récemment demandé au Gouvernement de la Communauté autonome basque une proposition de loi qui les protège "face à la violation des droits subis aux différentes étapes de cette affaire disproportionnée et semée d’irrégularités". Elles continuent, appuyées par un soutien populaire fort, à dénoncer publiquement l’absence d’impartialité du jugement et l’injustice flagrante du verdict. Et elles demandent la libération des jeunes emprisonné.es.

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