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Italie - Réforme de l’emploi Renzi : flexibilité/précarité toute !

mardi 1er avril 2014

Parmi les principales mesures adoptées immédiatement après la nomination de Renzi comme chef du gouvernement, figure le Jobs Act (ou loi sur le marché du travail) appelé aussi ‟Plan pour l’emploi”. Il consiste ni plus ni moins à étendre considérablement sinon à généraliser les « emplois jetables » (précarité et flexibilité), en particulier chez les jeunes, avec deux éléments principaux :

1) la possibilité d’utiliser encore plus massivement les pseudos contrats de formation et d’apprentissage et d’en faire la norme salariale dans l’utilisation productive de la force de travail, avec la baisse de 35% de la rémunération et aucune obligation d’embaucher un stagiaire sur trois comme auparavant, faisant de la grande masse des jeunes (officiellement 42,4% d’entre eux sont sans emploi) une armée de réserve de la surexploitation ;

2) l’extension – en durée et en nombre de renouvellements – de l’acasualità (l’utilisation sans justification) des CDD (8 renouvellements contre 2, jusqu’à 36 mois consécutifs contre 12).

Ces mesures seront vite adoptées par des décrets lois, avec l’approbation des ‟grands syndicats”, c’est-à-dire en urgence et sans laisser de temps pour que s’ébauchent des mobilisations.

Pour faire passer la pilule, Renzi promet de verser 80 euros aux contribuables les plus modestes (ceux gagnant moins de 15 000 € par an), ces allègements d’impôts étant financés par un plan drastique de réduction des dépenses de l’État, se traduisant en grande partie par des coupes dans les services publics.

La politique de « relance de l’activité » et de la « croissance » telle qu’elle se dessine, en Italie et ailleurs dans toute l’UE, comme deuxième phase de la résolution de la « crise » (la première ayant constitué principalement à sauver le système financier et bancaire par l’endettement public des États et de l’UE) passe donc aujourd’hui prioritairement par la recherche d’un accroissement rapide et brutal de l’exploitation, encouragé et validé par la poursuite du démantèlement du welfare (salaires indirects, santé, éducation...)

La baisse du ‟coût du travail” et de celle de la ‟pression fiscale” vont donc bien de pair et obéissent à une même logique : l’accroissement des taux de profits et plus particulièrement du taux d’exploitation (et de la plus-value relative en termes marxistes) par la transformation du marché du travail et du rapport salarial ; et secondairement, la poursuite de privatisations, c’est-à-dire l’expansion du champ direct de l’appropriation/accumulation capitaliste à de nouveaux segments de la production marchande de biens matériels et surtout immatériels (services).

XYZ, le 31 mars

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Le gouvernement Renzi réforme l’emploi et réduit les droits

28 mars 2014

À première vue, Giuliano Poletti, le ministre du Travail et de la Politique sociale du gouvernement Renzi, pourrait ressembler à un politicien de gauche à l’ancienne : né dans une famille d’agriculteurs dans la région ‟rouge” de l’Emilie-Romagne, il s’est hissé dans le Parti communiste et est devenu le président de la Legacoop, la principale organisation nationale des coopératives. Il pourrait être quelqu’un qui contraste avec l’attitude du premier ministre envers l’emploi (modelé sur les figures motivantes de Margaret Thatcher et de Tony Blair). Mais les apparences peuvent être trompeuses.

En Italie, le système des coopératives est l’une des principales forces – avec la Confindustria représentant les employeurs – qui fait pression pour encore plus de déréglementation des emplois. L’Italie est un des pays européens où la réglementation de l’emploi favorise particulièrement les employeurs, conséquence d’un processus qui a commencé il y a environ 20 ans et qui a été principalement effectué par le Parti Démocrate (PD, de centre-gauche) et ses incarnations antérieures – le Parti Démocratique de la Gauche (PDS) et les Démocrates de Gauche (DS) – avec la plus récente contribution importante de la part d’Elsa Fornero, ministre ‟technique” du Travail de Mario Monti. Mais l’action de Poletti va plus loin.

Le système de l’emploi en Italie est maintenant extrêmement déréglementé. Certains types de contrats, comme les célèbres contrats de projets (contratti a progetto), ne procurent presque rien : aucune couverture en matière de soins médicaux ou de congé de maternité, aucun congés payés, aucune sécurité de l’emploi (les employeurs peuvent licencier les travailleurs pour une raison quelconque ou sans raison) et même aucune explication claire de ce que fait un travailleur car ils sont tout simplement classés comme ‟freelance”, avec en conséquence aucune protection juridique. Mais, pour Poletti, la Confindustria et la Legacoop, ce n’était pas assez.

La nouvelle loi étend cette absence de protection à un autre type de contrat, les contrats à durée déterminée, où, jusqu’à présent, les travailleurs avaient conservé un peu de protection juridique, au moins sur le fait d’être mis à pied sans raison. Le Statut italien des Droits des Travailleurs – en termes de droits légaux et de protection, la plus importante victoire des luttes ouvrières de 1969 [connues comme celles de l’‟automne chaud”], protégeait les travailleurs contre les licenciements sans aucune raison, leur donnait des droits syndicaux, leur donnait de la sécurité et de la prospérité qui ont fait de l’Italie un pays riche pendant des décennies – est désormais largement suspendu pour un nombre croissant de travailleurs. Cela est particulièrement vrai de l’article 18, l’article le plus important car il établit que les employeurs ne peuvent pas licencier quelqu’un sans raison valable (comme le vol, la fraude, un comportement criminel, la violence, etc.), et que si cela se produit, un juge peut (et généralement il l’a fait dans le passé) ordonner la réintégration du travailleur.

La réforme de Poletti permet aux employeurs de licencier les jeunes travailleurs sans raison jusqu’à trois ans après avoir été embauchés. Les employeurs pourront faire appel à un grand nombre de travailleurs jusqu’à l’âge de 30 ans sur des contrats d’apprentissage (qui sont moins coûteux et offrent moins de protection) et pourront ensuite tout simplement les renvoyer à la fin de la période d’apprentissage, pour embaucher de nouveaux employés.

La nouvelle loi ne concerne pas seulement les jeunes travailleurs. Maintenant les employeurs seront autorisés à renouveler les contrats à durée déterminée huit fois de suite pour chaque travailleur, dans une période totale maximale de 36 mois. Même la loi Fornero était plus restrictive car elle établissait qu’après deux CDD, les employeurs devaient embaucher en contrat à durée indéterminée.

La loi Poletti donne aux employeurs encore plus de liberté de faire ce qu’ils veulent, dans un pays où, après 20 ans d’attaques contre les droits des travailleurs, ils avaient déjà largement les mains libres. Et ceci alors que les syndicats italiens sont plus collaborateurs que jamais.

[ Traduction : XYZ pour OCLibertaire ]
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Source : ici

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