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Pas de MINATEC, ni ici, ni ailleurs !

jeudi 20 février 2014

Ce samedi 15 février, le maire de Caen, Duron, organisait une réunion avec en vedette le député-maire de Grenoble Destot, l’un des fondateurs du campus spécialisé dans les nanotechnologies MINATEC.

Cette réunion était l’occasion de lancer le projet d’un MINATEC caennais, autour du campus Effiscience (sur deux sites, le campus 2 avec l’accélérateur de particules au GANIL et l’école d’ingénieurs, ainsi que l’ex bastion ouvrier SMN réhabilité en « pépinière » d’entreprises des nouvelles technologies, avec Webhelp et NXP notamment) spécialisé dans le nucléaire, les nanotechnologies et autres technologies sans contact. Une petite poignée d’opposant-es s’y sont invités, ont distribué le tract ci-joint et exprimé leur opposition avant de partir, non sans avoir éclaté quelques boules malodorantes…

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« Notre volonté à terme : faire du Plateau Nord un MINATEC caennais, à l’image du célèbre campus d’innovation grenoblois. »
Philippe Duron

 

Ce samedi, le maire de Caen Philippe Duron nous invite à écouter le technocrate Michel Destot, actuel député-maire de Grenoble et artisan de MINATEC. Le but ? Promouvoir un projet avec ses ravages industriels annoncés, et une liberté toujours plus réduite, au profit d’entreprises « innovantes ». Innovantes, surtout pour développer de la merde.

MINATEC, qu’est-ce que c’est ?

MINATEC, c’est un « campus d’innovation pour les micro et les nanotechnologies » basé à Grenoble, un lieu où des chercheurs travaillent à rendre plus efficaces et invisibles les appareils de contrôle : caméras intelligentes, drones de surveillance, ou encore puces RFID. Ces puces minuscules contiennent des informations lisibles à distance et sont de plus en plus présentes dans tous les objets, et bientôt sous notre peau. Nous ne voulons pas être contrôlés à chaque moment de notre vie. C’est avec le même zèle et porté par la même pensée policière que Destot soutient le délire sécuritaire qui s’empare de la technopole grenobloise après des émeutes en 2010. C’est dans cette ambiance que Sarkozy livre son discours ouvertement raciste et anti-roms quelques semaines plus tard. Nous ne voulons pas non plus de l’être humain amélioré ou augmenté que nous promettent les nouvelles technologies. Nous n’avons que faire des textiles intelligents et autres nouveaux gadgets inutiles qui réduisent toujours plus notre autonomie.

MINATEC, fondé par des chercheurs du Commissariat à l’Énergie Atomique, c’est un lieu où des chercheurs financés par un mix public-privé se proposent de résoudre les désastres générés par ceux qui les ont précédés avec conviction dans le développement d’innovations capitalistes et industrielles. C’est visiblement un lieu où le bon sens n’a sa place que s’il peut générer de nouveaux profits : dépolluer, soigner à l’aide de nanoparticules, apprendre à vivre en zone contaminée etc. Bien sûr, hors de question de s’attaquer au nucléaire, à l’agrochimie, aux industries, au capitalisme, bref tout ce qui est au cœur du redressement productif à la sauce sociale-libérale.
MINATEC, c’est surtout un lieu où s’échangent les bons plans pour se faire du fric, un lieu où se mêlent État, chercheurs, industriels et politiciens. Un lieu qui participe à l’exploitation capitaliste, aux ravages industriels et à la réduction de notre liberté au profit de quelques patrons et technocrates.

Le campus Effiscience, qu’est-ce que c’est ?

Les élus de Caen veulent faire de Caen une capitale, une métropole, ils ont des envies de grandeur. Ils ont choisi des secteurs stratégiques (nucléaire, nanotechnologies et numérique) « comme fers de lance de leur stratégie de développement » (dixit Duron). Le campus Effiscience est l’incarnation de cette stratégie.

Effiscience n’est pas un campus comme les autres, bien qu’ils soient tous bientôt appelés à lui ressembler. C’est un campus au profit du capitalisme, avec ses 80 start-ups, c’est-à-dire de notre exploitation. Recherche et science y sont soumises aux intérêts du capital. Etat, collectivités locales, industriels et chercheurs s’y croisent, voire se confondent, comme ce Michel Destot, député et maire de Grenoble depuis 19 ans, lui-même ex-ingénieur au Commissariat à l’Energie Atomique et créateur d’entreprise.

Les emplois et le médical pour justifier les désastres

On ne compte plus les désastres politiques, sociaux, sanitaires et environnementaux créés par les nouvelles technologies. Etat, chercheurs, industriels et politiciens le savent bien, c’est pour ça qu’ils cherchent des moyens de faire passer la pilule. L’acceptabilité, c’est l’avenir. C’est d’ores et déjà ce qu’on propose aux chercheurs en sciences sociales, appelés à devenir des spécialistes de l’acceptabilité d’un monde toujours plus merdique et chargés d’étudier les oppositions pour mieux les contrôler.

L’acceptabilité, c’est aussi essayer de faire accepter n’importe quoi en promettant des emplois. Ou comment se foutre de la vie au profit de l’économie. Ça devrait nous faire oublier les désastres industriels, la radioactivité, les appareils de contrôle etc. Obsédés par la croissance, ces apôtres du progrès préfèrent l’alimenter plutôt que d’interroger le mode de fonctionnement de nos sociétés. Il ne faut pas s’attendre à ce que ceux qui gagnent à prolonger le désastre veuillent y mettre un terme.

L’acceptabilité, c’est aussi sortir l’argument médical à tout va. Les technosciences, après avoir développé vos cancers, se proposent de les soigner. C’est ainsi qu’AREVA, multinationale du nucléaire et propagateur de radioactivité en masse, va investir 200 millions d’euros à Effiscience pour « lutter contre le cancer », et bien évidemment au passage se faire du fric. On hésite entre le rire et la baffe. Apparemment, eux ont choisi le cynisme… La recherche fondamentale et les applications médicales sont toujours le cheval de Troie de l’industrie nucléaire et du développement des nécrotechnologies dans leur ensemble.

Plus que le médical, ces campus d’innovation servent d’appui à des industriels avides de profit et à des technocrates qui ont pour obsession de programmer un monde à leur convenance et protégeant leurs intérêts. En outre, derrière le médical se cache parfois des vérités moins reluisantes. MINATEC travaille aussi pour le militaire. Un rapport publié en juin 2006 par l’Observatoire des transferts d’armements met le doigt dessus. Comme on peut le lire sur le site de Pièces et main d’œuvre, « les ‟communicants” ont beau exhiber les blouses blanches des chercheurs du CEA, c’est d’un kaki tout militaire que s’habillent leurs recherches. Nano-drones espions ’Libellule’ et Fantassin à liaisons intégrées ’FELIN’ sortent aujourd’hui des nano-labs et viennent agrandir le bestiaire militaire. Quand les batteries de ces machines de guerre ne sortent pas directement du CEA, il ne faut pas chercher plus loin qu’à Minalogic, où start-up et spin-off du CEA, sous contrat avec la DGA (Délégation Générale pour l’Armement), travaillent pour le progrès. »

Et l’écologie dans tout ça ?

Ça fait bien longtemps qu’elle ne combat plus les logiques des industriels pas plus qu’elle ne les entrave. Pire, elle les sert en renvoyant la culpabilité à un niveau individuel. Si tout est affaire de comportements, tout devient traçable : de la viande aux communications en passant par les déplacements, les poubelles mais aussi les consommations électriques. Contrôle du vivant, pistable en permanence… L’écologie devient alors le meilleur allié de ce socialisme technocratique et technophile défendu de concert par Destot, Duron et leurs complices. Avec la collaboration d’EELV au gouvernement et à la municipalité, seuls sont servis les intérêts du capital. Pour eux, il ne s’agit plus tant de sauver la planète que de sauver un monde, celui de la consommation, des écrans plats, des boulots absurdes, des conforts factices, des besoins créés, des objets inutiles, etc.

De la même manière qu’à Grenoble une opposition s’est constituée contre les délires techno-scientistes et les appétits capitalistes, nous entendons bien à Caen ne pas laisser ce projet se réaliser en silence. Leur détermination à faire un monde de merde n’est pas à la hauteur de notre rage !

Des réfractaires

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