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Petit coup de chaud social en Catalogne

mercredi 7 août 2013


Le FMI vient de publier un rapport sur la situation espagnole où il recommande, entre autre, de baisser les salaires de 10% sur deux ans. Mais les coupes sociales déjà décidées et appliquées en ce moment dans les secteurs comme la santé provoquent des réductions du même niveau… immédiatement


Cinq ambulances incendiées en plein conflit social dans le secteur

Les entreprises concessionnaires du service sanitaire en Catalogne viennent d’appliquer une diminution immédiate de 9.2% du salaire aux 4.800 travailleurs de ce secteur dans cette Communauté autonome.

Le conflit social provoqué par la décision des employeurs de réduire de plus de 9% les salaires des travailleurs des entreprises d’ambulances se durcit. La police catalane a ouvert hier une enquête sur l’incendie intentionnel survenu à l’aube de deux ambulances à Arenys de Munt (Maresme) et Cervello (Baix Llobregat). Cinq ambulances ont été incendiées au cours des cinq derniers jours et trois véhicules ont été sabotés selon des sources du secteur.

La police catalane a refusé de confirmer ces chiffres, de même que le la Système des urgences médicales (SEM), qui a signalé que les véhicules appartenaient à des entreprises privées tout en travaillant pour le Service Catalan de la Santé. Les incidents n’ont pas fait de blessés.

Les flammes du premier des deux véhicules calcinés ont commencé hier vers deux heures du matin, alors qu’il était stationné à sa base dans le centre de première urgence d’Arenys de Munt. Peu de temps après, un autre véhicule a brûlé, pendant le service, dans une rue de Cervelló.

Les trois autres ambulances ont été incendiées dans la nuit de jeudi à Sant Boi de Llobregat et à Badia del Vallès. En outre, trois autres véhicules ont eu les serrures endommagées et des pneus crevés.

Les principaux syndicats du secteur se sont désolidarisés des incidents. « Nous sommes contre ces actions, qui représentent un risque pour les travailleurs eux-mêmes », a déclaré Garcia Venanci, responsable des Commissions Ouvrières (CCOO) – secteur ambulances. Les 4.800 salariés de la trentaine d’entreprises du secteur ont subi une réduction de salaire de 9,2% en juillet, après l’échec des négociations entre les employeurs – l’Association Catalane des Propriétaires d’Ambulances – et les syndicats. Le ministère de la Santé a appliqué au service une réduction des tarifs 4,6%, la même que pour les hôpitaux sous contrats.

Les travailleurs de la société Ambulancias Domingo Ambulance ont décidé dimanche de camper devant le siège de leur entreprise, à Barcelone pour protester contre les coupes salariales.

Le 5 août 2013

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Le conflit de travail dans le secteur de l'ambulance s'étend avec de nouveaux campements et des manifestations

L’indignation s’est cristallisée samedi grâce au service de messagerie instantanée WhatsApp. Les travailleurs de l’entreprise Ambulancias Domingo, réunis dans un cours de formation, ont commencé à lancer une série de messages afin d’organiser un campement en pleine rue à Barcelone pour protester contre la réduction de 9,2% de leur paie en juillet. La même baisse que les 4800 employés du secteur, à l’initiative du patronat et cela de manière indéfinie. Le syndicat USOC, l’un des trois majoritaires, a demandé que la protestation s’organise dans les bases opérationnelles des entreprises de transport sanitaire.
Les employés de l’entreprise TSC Ambulancias Condal ont été les premiers à se rassembler et ont commencé hier [mardi 6 août] deux campements aux sièges de Viladencans et de l’Hospitalet. Les travailleurs de la société Egara se sont regroupés à Sabadell, tandis qu’une autre manifestation était prévue aujourd’hui à l’hôpital d’El Vendrell.

« Nous n’en pouvons plus », résume un chauffeur d’Ambulancias Domingo avec une mine renfrognée. En face du siège de l’entreprise, dans la rue Pere IV, les travailleurs ont planté huit tentes de camping. Une sorte d’épouvantail vêtu comme un technicien ambulancier regarde la scène, est perché sur un poteau électrique, alors que plusieurs employés recueillent des signatures. « Vous savez la pression que nous subissons ? », demande l’un d’eux.

Le Tribunal du travail de Catalogne a convoqué les parties en septembre

« Je perçois 130 euros de moins par mois », se plaint un chauffeur qui travaille dans la société depuis sept ans. Les croissants qui restent du petit déjeuner se réchauffent dans une boîte sous un soleil de plomb. Il est trois heures et c’est l’heure de partir pour les travailleurs de l’équipe de six heures et demie.

Les syndicats dénoncent que le patronat du secteur – l’Association Catalane des Entrepreneurs d’Ambulances, ACEA – a appliqué une réduction de salaire ‟abusive” car ils ont transféré sur les salariés l’ensemble de la baisse des prix que le Service Catalan de la Santé, CatSalut, [qui dépend du ministère catalan de la Santé] a décidé d’appliquer aux concessionnaires (4,6%), avec effet rétroactif à partir de janvier, de sorte que la baisse finale est de 9,2%. « Le patronat a appliqué unilatéralement la baisse le 31 juillet, après nous avoir convoqué la veille » dénonce María José Molina, responsable de la santé du syndicat UGT. Ce quotidien a essayé de connaître la version de l’ACEA, sans obtenir de réponse.

La coupe dans les salaires a provoqué un tel émoi que les syndicats ont dénoncé la violation de la convention collective, qui expire en décembre 2015 et ont demandé la médiation du Tribunal du Travail, qui a convoqué les parties le 6 septembre. S’il n’y a aucun progrès, ils appelleront à une grève dans les jours suivants.

Un malheur ne vient jamais seul

Les travailleurs dénoncent que leurs conditions de travail étaient déjà mauvaises avant la baisse des salaires et que la qualité du service s’est détériorée avec les coupes. « Nous faisons des temps de travail d’équipe de 12 heures et nous ne sommes payés que dix heures », explique Hector Español, travailleur de Ambulancias Domingo et représentant de l’USOC. Ils critiquent le fait que le matériel de travail est devenu rare et que le Système des Urgences Médicales (SEM) les met pression avec des temps au-delà du raisonnable. « Nous ne mettons pas la pression sur les heures d’arrivée, mais on demande bien que la mise en service de l’unité soit rapide », affirme un porte-parole du SEM. « On leur demande la même chose qu’à nos propres employés ».

Les représentants des trois principaux syndicats, CCOO, UGT, USOC-se réunissent aujourd’hui pour discuter des prochaines étapes. Certains syndicalistes appellent que l’on économise des forces avant un mois de septembre qui peut être très chaud. « Nous devons nous coordonner », dit Garcia Venanci, responsable des Ambulances des CCOO. Une des idées est d’organiser un sifflement de klaxons le 11 septembre prochain, date de la Diada [fête nationale de la Catalogne], au Parlement.

Mais les esprits s’échauffent. Cinq véhicules ont brûlé ces derniers jours après avoir été incendiés intentionnellement, ce qui a conduit à la police catalane à ouvrir une enquête. Au moins trois autres ont subi des actes de sabotage comme la fracture des serrures ou des crevaisons. Les syndicats n’ont pas tardé à se démarquer des faits, mais personne dans le secteur n’écarte l’idée que des événements comme ceux-ci peuvent se reproduire.

Le 7 août 2013

El País, des 5 et 7 août 2013


Un sixième véhicule, une fourgonnette, a été brûlé à l’aube du mardi 6 août.
Un des campements, celui de l’entreprise Ambulancias Domingo, a été levé mercredi matin sur pression de la police qui a menacé les occupants de poursuites car le campement était « sans permission ».

Le mouvement de protestation continue avec d’autre campements devant le siège d’autres sociétés concessionnaires, comme dans le cas d’Ambulancias Condal, dans la rue Pi i Maragall de L’Hospitalet de Llobregat (Barcelone), ou à la base de Viladecans (Barcelone), lui aussi de Condal.

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