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Répression en Russie

lundi 25 février 2013

Nous venons de recevoir cet appel par nos amis de Praxis, groupe qui anime la bibliothèque Victor Serge à Moscou (il s’agit d’un groupe à la fois activiste, participant au mouvement, et de réflexion politique réunissant écologistes, anarchistes et marxistes)

APPEL A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Le « Comité de 6 Mai » crée par les activistes du mouvement civil russe souhaite attirer l’attention de la communauté internationale sur la répression à l’encontre de l’opposition politique, de plus en plus fréquente en Russie depuis l’année 2012.

Face au mouvement contestataire contre les falsifications massives lors des élections parlementaires en décembre 2011 et présidentielles en mars 2012, le régime autoritaire de Poutine est passé à l’attaque contre ses propres citoyens, violant ainsi toutes les normes du droit constitutionnel, les obligations vis-à-vis de la communauté internationale en matière de respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Cette attaque s’exprime par l’adoption de lois qui touchent la liberté de manifester, par la campagne contre les organisations non gouvernementales et par la vengeance dissimulée exercée sur les membres du groupe « Pussy Riot », dont deux ont été condamnés à deux ans de prison pour avoir dénoncé Poutine et le soutien de son régime par le patriarche de l’église orthodoxe.

Mais peut-être l’expression la plus extrême de la politique répressive des autorités russes était la dispersion brutale de la manifestation pacifique à Moscou le 6 mai 2012, et la persécution policière ultérieure de ses participants.
Plus de cent milliers des moscovites et des habitants de toutes les régions de la Russie se sont unis dans les rues de la capitale ce jour pour exprimer leur indignation suite à la suppression effective des élections démocratiques en Russie, la corruption omniprésente et le pouvoir arbitraire des fonctionnaires. Défendant leur dignité humaine, les manifestants réclamaient de rendre au peuple ses droits et libertés. La réponse des autorités n’était que violence brutale. La police et les unités des forces spéciales, rassemblés la veille dans la capitale, ont barré la route menant au lieu de la manifestation autorisée à la Bolotnaya, déclenchant une débandade.

Puis la police a annoncé l’annulation de la manifestation et a commencé une dispersion des plus brutales en se servant de matraques et d’armes d’assaut, et ce malgré la présence de personnes âgées, de femmes et d’enfants dans la foule.

600 personnes environ ont été arrêtées, beaucoup d’entre elles ont passé la nuit en cellule, quelques dizaines ont été blessées et des milliers ont été choquées par ce qui se passait.

Cependant, la cible d’une procédure pénale ouverte peu de temps après les événements, ne sont pas les fonctionnaires qui ont ordonné de bloquer le chemin aux manifestants, et ainsi provoqué le conflit, et non la police anti-émeute qui a brutalement battu le peuple sans défense, mais les participants de la manifestation qui auraient, soi-disant, mis en scène une « émeute ».
L’accusation a été portée conte 20 participants de la manifestation, tirés au hasard dans la foule par la police. Douze de ces personnes ont été jetées en prison.

Leur seule faute est la volonté d’exercer leur droit à la participation au mouvement contestataire et de protéger leurs voisins de la violence policière.
De même, les victimes présumées de ces émeutes du 6 mai sont les agents de l’unité anti-émeute : l’un qui a perdu sa matraque, l’autre qui a subi des dommages à l’émail dentaire. Aucun manifestant, si l’on croit la police, n’a été touché.

Et ce, malgré de nombreux témoignages, des photos et des enregistrements vidéo, démontrant les agents des forces spéciales en pleine action, qui pourchassaient et battaient des civils pacifiques et non armés.
Ainsi, pour répondre aux accusations de fraude politique, les autorités ont choisi un mensonge grossier : faire passer des persécuteurs pour des victimes et des vraies victimes pour des criminels.

Avec un cynisme hors pair, le régime a récompensé des policiers se montrant particulièrement zélés lors de la dispersion de la manifestation du 6 mai, avec des primes et même des appartements à Moscou, alors que leurs victimes sont toujours en prison, attendant leurs peines. (L’un des manifestants, Maxime Louzianin déjà été condamné à 4 ans de prison).

Dans la préparation des procès pour l’Affaire du 6 mai , les autorités russes empruntent sans scrupules tout l’arsenal des techniques staliniennes : les activistes du mouvement contestataire sont désignés comme agents des pays étrangers, ce qui, en Russie veut dire espions, on les force à avouer des crimes imaginaires. Les tortures sont de mise : le refus de soins médicaux à V. Akimenkov, qui perd progressivement la vue en prison, la violence physique utilisée lors des interrogatoires de Leonid Razvozjaev, qui, quant à lui, a été enlevé en Ukraine et transféré secrètement à Moscou, après quoi on prétend qu’il a fait une confession volontaire.

Il n’est pas étonnant que l’on parle aujourd’hui d’un nouveau 1937 en Russie, l’année de pic des répressions staliniennes.

Les répressions démonstratives dans le cadre de l’enquête sur l’affaire du 6 mai ne servent qu’un but précis : terroriser la société civile russe qui se lève pour défendre ses droits après une longue période de passivité. Le régime autoritaire tente de faire passer le message : toute résistance, même pacifique et légale sera sévèrement punie.

Inutile d’espérer un jugement impartial des tribunaux russes ; le système judiciaire est détruit depuis longtemps, les condamnations prononcées sont le plus souvent dictées par ceux qui monopolisent le pouvoir politique.
Le début des procès de l’Affaire du 6 mai est attendu fin mars- début avril. Il n’y a pas de doute que les procureurs vont juste donner une forme juridique à la décision déjà prise au Kremlin.

Dans cette situation critique, les forces démocratiques en Russie ont besoin plus que jamais de solidarité politique.

Nous nous adressons aux membres des organisations de défenseurs des droits de l’homme et d’autres organismes publics, aux partis politiques progressistes et à des personnalités de la culture française, aux journalistes, aux militants de la société civile et à tous ceux qui chérissent les idéaux de la liberté, de la démocratie, des droits de l’homme.

Nous vous demandons de soutenir le mouvement de protestation russe et ses membres, qui sont persécutés par les autorités. Nous sommes convaincus que ce n’est pas seulement un problème interne de la Russie. Il s’agit d’une violation par l’Etat russe des lois démocratiques fondamentales, des valeurs reconnues au niveau international, ce qui pourrait avoir de graves conséquences et une incidence sur la politique étrangère de la Fédération de Russie.

Le Comité du 6 mai appelle les représentants de la communauté internationale à exprimer leur opinion sur les répressions politiques et la violation des droits de l’homme en Russie.

Il faut réclamer au pouvoir russe :

  • L’arrêt de la persécution politique et du harcèlement judiciaire des dissidents
  • La libération et la réhabilitation définitive de tous les accusés de l’Affaire du 6 mai avec la réparation du préjudice moral et matériel ;
  • la punition des responsables de la répression de l’opposition ;
  • le respect des articles de la Constitution de la Fédération de la Russie et des actes internationaux défendant les droits de l’homme et les libertés civiles et politiques des citoyens russes.

Une position claire de la société civile mondiale peut être d’une grande aide pour ceux qui sont engagés dans la lutte pour la liberté de la Russie, un acte de justice nécessaire pour une vie humaine décente.

Comité de 6 Mai

http://6may.org

Voir en ligne : [http://6may.org->http://6may.org]

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