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[Grèce] Suspension de l’occupation de l’hôpital de Kilkis et questions sur ce mouvement

mardi 13 mars 2012

L’occupation de l’hôpital de Kilkis a été suspendue il y a quelques jours. Pour semble-t-il toute une série de raisons : absence momentanée d’une partie des travailleurs les plus combatifs, intimidations et menaces de poursuites disciplinaires et judiciaires contre certains participants aux assemblées générales, ordre de mutation d’au moins deux membres du personnel dans un autre hôpital.
A cela il convient d’ajouter le blocus médiatique et l’hostilité ouverte de l’appareil syndical ; ce qui pose évidemment au minimum la question de l’organisation de la solidarité et de l’extension du mouvement en contournant la verticalité des appareils et en misant sur des coordinations de base (entre travailleurs, entre travailleurs et usagers, habitants solidaires…).
Pour Leta Zotaki, du Syndicat des Médecins Hospitaliers de Kilkis (ENIK), ce n’est que partie remise.
Le texte qui suit est issu d’un échange de courriels avec elle.

Ces dernières semaines, l’hôpital de Kilkis en Grèce a été occupé par les travailleurs (infirmières, médecins, autres membres du personnel) qui ont publié un certain nombre de communiqués et d’appels exprimant à la fois leurs exigences et leurs aspirations.

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve419
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve428

J’ai commencé à réfléchir sur comment pourrait être un hôpital à la fois avant et après la fin du capitalisme et de l’État. L’instigateur de certaines de ces réflexions a été Alex Bradshaw dans son article « Prefiguring Real Universal Health Care » [« Préfiguration d’un réel système de santé universel »] publié dans le numéro de 2009 de Perspectives in Anarchist Theory (http://www.anarchiststudies.org/node/325).

J’ai envoyé une liste de questions auxquelles Leta a répondu qui peuvent, je pense, intéresser des gens. Les questions et réponses se trouvent ci-dessous.

Malheureusement, l’occupation a été suspendue en raison de l’oligarchie qui a cherché à éteindre la volonté populaire des occupants de l’hôpital. Mais cette suspension, comme on peut le voir par les réponses ci-après, n’est qu’une bosse sur la route et n’arrêtera pas les dominos de l’occupation ou de la révolution de tomber les uns après les autres.

UNE PARTIE DE MON EMAIL ORIGINAL

Selon le premier communiqué, les travailleurs – médecins, infirmières et autres membres du personnel – ont décidé d’occuper l’hôpital et que les décisions émanaient des assemblées générales quotidiennes.

Quel est le nombre de travailleurs de l’hôpital, combien de personnes participent aux assemblées ?

Combien de temps durent les assemblées générales ?

Y a-t-il d’autres réunions comme par exemple par département, lingerie, infirmières, etc., qui se déroulent séparément de l’assemblée générale ? Si oui, de quelle façon leurs décisions affectent l’assemblée générale ?

Quelle est la durée moyenne d’une journée pour les travailleurs de l’hôpital occupé ?

Comment la communauté a-t-elle été impliquée dans l’occupation hôpital ?

Quels types de résistance avez-vous rencontré de la part de la police et de l’État ?

Ma deuxième série de questions portent sur l’avant et le pendant de l’occupation. Il a été dit que vous n’assuriez que les soins d’urgence tant que vos salaires n’étaient pas payés intégralement et remis à leurs niveaux d’avant la troïka. Quel type d’opérations ou de traitements l’hôpital était-il en mesure d’effectuer avant l’occupation ?

Qu’est-ce que vous avez été tous en mesure de réaliser depuis le début d’occupation ?

Comment avez-vous obtenu les fournitures médicales, etc. ?

Merci encore de nous avoir montré la voie des barricades.

RÉPONSE DES CAMARADES DE KILKIS

Malheureusement, notre occupation a été suspendue.

Cela s’est produit alors que certains d’entre nous étaient absents à cause de la préparation d’une action pour l’occupation, et tandis que les partisans les plus actifs de l’occupation (médecins, infirmières et autres travailleurs) étaient pris par le devoir professionnel et donc ne pouvaient pas défendre la poursuite de l’occupation.

Nos camarades ont été menacés et certains ont même été soumis à un chantage par l’oligarchie et la hiérarchie. En outre, certains des dirigeants syndicaux à l’échelle de la Fédération [du syndicat] ont été dès le début contre l’occupation car ils agissent selon les instructions des partis politiques auxquels ils sont rattachés.

La suspension a été le résultat concret de la conduite de cette oligarchie et a eu lieu malgré la décision de notre dernière assemblée générale qui était favorable à la poursuite de l’occupation !

Cela montre que la panique qui s’empare des syndicalistes et des politiciens les plus conservateurs confrontés à la colère du peuple et à ses initiatives est en train de grandir.

Nous n’abandonnerons jamais !

Le soutien que nous avons reçu de vous et des gens de partout dans le monde entier a été pour nous ici une grande source de force et de courage, de sorte que nous reviendrons plus forts, plus organisés et plus déterminés que jamais. Notre victoire pour l’instant, c’est qu’un nombre croissant d’hôpitaux et d’autres institutions envisagent d’adopter des pratiques similaires et nous demandent notre aide et notre expérience.

L’effet domino des occupations vient de commencer. Et ils n’ont aucun moyen de l’arrêter. Du fait que les salaires, les pensions et les garanties sociales sont en train d’être mis en pièces, de plus en plus de gens dans la plupart des pays vont être obligés de passer à l’action. Nous ne parlons pas ici de probabilité. C’est une certitude.

Nous sommes tous ensemble dans cette situation et nos gouvernements vont bientôt voir l’échec de leurs projets.

À propos de tes questions maintenant :

1. le nombre de travailleurs au sein de l’hôpital ainsi que les 3 centres de santé de la région de Kilkis, est d’environ 600 en comptant les médecins, les infirmières et tous les autres travailleurs. Environ 250 ont participé aux assemblées.

2. Chaque assemblée générale durait 2-3 heures et nous étions toujours tous ensemble-Il n’y avait pas d’assemblées séparées.

3. Une journée moyenne pour les travailleurs de l’hôpital occupé était exactement comme celle d’une journée ordinaire avant l’occupation, mais nous avons dû aussi rester plus d’heures à l’hôpital pour garder vivante l’occupation.

4. La communauté de Kilkis était à nos côtés.

À propos de ta deuxième série de questions, nous traitions seulement les cas d’urgence. L’hôpital de Kilkis est grand. Nous avons toutes sortes de cliniques et nous sommes réputés pour nos départements d’orthopédie et d’ultrasons. Malheureusement nous subissons maintenant la pénurie matérielle et technique.

Quoi qu’il en soit, nous ne céderons jamais. Donc, nous serons bientôt prêts à recommencer de nouveaux combats.

En attendant, restez en contact avec nous via notre page Facebook qui peut être trouvé ici :

http://www.facebook.com/pages/Kilkis-Hospital-Occupation/155328111255590?bookmark_t=page

La plupart des textes et des messages seront probablement en grec et en anglais.

Je vous remercie une fois de plus pour votre solidarité.

Leta et les camarades de Kilkis.


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[ Traduction : OCLibertaire. Source : Infoshop News http://news.infoshop.org/article.ph... ]

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