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Plainte contre indymedia grenoble

samedi 10 avril 2010

Indymedia Grenoble : des journalistes portent plainte pour diffamation et la justice s'emballe.

Une plainte pour injures et diffamation contre Indymedia Grenoble

Il y a plus d’un an, Indymedia Grenoble apprend qu’une plainte pour
« injure et diffamation », concernant des articles publiés sur le site, a
été déposée à l’automne 2008. Une plainte pour délit de presse donc. Et
cette plainte, le Parquet a décidé de l’instruire en mettant
d’impressionnants moyens de police pour enquêter sur l’identité des
animateur-ice-s du site. Objectif : trouver le « directeur de
publication » du site pour qu’il endosse la responsabilité du contenu
publié sur Indymedia Grenoble et qu’il puisse ainsi en répondre devant la
justice. Un gendarme spécialisé dans « la recherche à personne » a tenté
de contacter le collectif à ce sujet. Il a reçu une réponse polie lui
indiquant que, malheureusement pour son enquête, il n’y avait pas de
directeur de publication à Indymedia. Ce que ce gendarme aurait dû savoir
s’il avait pris le temps de lire la charte du collectif.

Il n’est d’ailleurs pas inutile de rappeler qu’Indymedia est un média
alternatif qui fonctionne sur le principe de la publication ouverte. Il
permet ainsi à toutes et tous d’être acteur-rices de l’information : il
n’y a, à Indymedia Grenoble, ni journaliste ni directeur de publication.
Tout le monde peut publier, tout le monde peut réagir à un article et
contacter le collectif, notamment pour prétexter du caractère diffamatoire
d’un article. Dans le cas présent, personne ne s’est manifesté. Ni
l’auteur (ou les auteurs) de la plainte, ni le gendarme n’ont voulu nous
dire de quels articles il s’agissait. Les échanges de mails se sont
arrêtés là...et les emmerdements ont commencé.

En décembre 2009, l’association Antigone (café-bibliothèque-librairie) a été le théâtre d’une spectaculaire opération de gendarmerie liée à cette affaire de diffamation. Des perquisitions ont eu lieu au local d’Antigone ainsi qu’au domicile des personnes membres du bureau de l’association. Un coup pour rien ! Les gendarmes sont repartis bredouilles. Ou presque. Ils ont quand même appris une chose. Les membres d’Antigone utilisent, comme tant d’autres personnes, le site Indymedia Grenoble. Mais Antigone n’est pas la première victime collatérale de cet acharnement contre Indymedia.

Depuis le début de l’enquête, plusieurs personnes et plusieurs structures
ont été ennuyées. Une personne ayant été par le passé impliquée dans le
projet Indymedia Grenoble a été auditionnée. Des pressions ont été
exercées sur un lieu que le collectif a fréquenté et qui a lui aussi été
perquisitionné. Enfin, une coupure suspecte du serveur d’Indymedia a
révélé que la machine qui héberge le site avait été visitée.

Mais qui veut la peau d'Indymedia Grenoble ?

Des journalistes...

La plainte à l’origine de cette enquête émanerait de deux journalistes du
canard local en situation de monopole dans la région, et connu de tous
sous le doux nom de « Daubé ». Denis Masliah et Vanessa Laime n’auraient
pas apprécié que l’on fasse mention de leurs noms et de leurs glorieux
états de service dans deux articles publiés sur le site et datés de mai
2008. Que ces journalistes qui servent au quotidien la soupe aux puissants
et suppléent aux tâches de communication de la police jalousent
l’indépendance d’un média comme Indymedia, on le comprend bien. Qu’illes
soient allergiques à la critique, on peut l’entendre. Mais qu’illes
aillent jusqu’à porter plainte contre l’auteur d’un texte bien senti et
contre un media non aligné relève d’un degré de mesquinerie rarement
égalé.

...mais pas que !

Autant de personnes auditionnées, autant de lieux perquisitionnés, autant
d’énergie déployée, autant de personnel mobilisé, autant de temps et
d’argent public dépensés... pour quoi ? Pour laver l’honneur de deux
journalistes et apaiser leur susceptibilité ?! Ce n’est pas sérieux ! On a
en effet de bonnes raisons de craindre qu’il ne s’agisse là que d’un
prétexte. Un prétexte pour faire taire la critique ! Un prétexte pour
nuire à l’un des espaces où s’exprime la contestation, à l’échelle locale
(notamment contre la technopole et l’urbanisme mégalo de la municipalité :
stade des Alpes, Minatec, rocade nord, Giant, etc.).

Dans un contexte de répression et de criminalisation croissantes de
certaines pratiques et opinions politiques, il n’est pas étonnant qu’on
veuille s’en prendre à un média de lutte et à un espace de parole
indépendant des pouvoirs. La liberté d’expression et de critique dont tant
se gaussent n’est tolérée que quand elle ne conteste pas trop les pouvoirs
en place et ne remet pas en question l’ordre établi. Dans les faits, cette
liberté est réduite à peau de chagrin. Ce n’est pas la première fois, en
France, qu’un site Indymedia connaît des ennuis judiciaires.

  • A Paris, plusieurs procès pour diffamation ont été intentées à la
    personne considérée par la justice comme "responsable" du site Indymedia.
    Plusieurs condamnations ont été prononcées à son encontre. `
  • En 2005, à Lille, une plainte pour diffamation contre Indymedia Lille est
    déposée par le ministre de l’intérieur lui-même pour défendre l’honneur de
    sa police impliquée dans les rafles de sans-papiers. Le procès contre un
    ancien membre du collectif aboutit heureusement à une relaxe.
  • En juin prochain, à Paris se tiendra un procès intenté par Bouygues aux
    administrateurs techniques de sites internet - dont Indymedia Paris - pour
    "provocation à la commission d’actes de destruction".

Au delà de ces affaires, la répression se déploie et frappe tous azimuts.
Lorsque des témoins d’une bavure policière sont poursuivis pour
diffamation par le ministre de l’intérieur, pour avoir osé dire ce qu’ils
ont vu à des journalistes, comme c’est arrivé cet été à Bagnolet ; lorsque
que même des journalistes de médias mainstream sont mis en examen ou
traités comme des criminels, comme c’est arrivé à de Filipis, ex directeur
de publication de Libération... plus rien ne devrait nous étonner.

D’autre part, nous savons que nos gouvernements et les majors du
divertissement ne supportent plus la liberté et l’horizontalité qui
existent encore sur Internet. C’est la raison pour laquelle on voit se
multiplier les lois qui en restreignent l’usage et encadre sa surveillance
(loi LCEN, loi DADVSI, LOPPSI 2, HADOPI, et tant d’autres).

Autant d’ardeur à la tâche ne suffira pas à bâillonner nos voix
discordantes et nos pratiques subversives.

Grenoble, le 7 avril 2010

Voir en ligne : indymedia grenoble

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