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Informations supplémentaire sur la situation sociale en Grèce

vendredi 12 mars 2010

Autour de la situation sociale en Grèce, quelques informations supplémentaires

Lors de la précédente journée de grève générale et de manifestations, qui avait rassemblé moins de monde, selon un camarade sur place : « l’événement le plus important eut lieu immédiatement : le président de la GSEE (le syndicat du privé dont le bâtiment avait été occupé en décembre 2008 et membre du Pasok, le parti au pouvoir) n’eut que le temps de prononcer deux phrases avant que des centaines de gens ne se dirigent vers lui, depuis toutes les directions. Quelqu’un l’entarta, puis on lui lança de l’eau et il fut pourchassé tant et si bien qu’il dut se réfugier, d’abord derrière les flics, puis ensuite dans le Parlement. Cette situation souligne le fait que la GSEE est activement dénoncée et qu’il lui est devenu très difficile de jouer son rôle de syndicat réformiste dorénavant »

Afin de bien comprendre le climat général du pays, dans un courrier du 8 février, ce camarade expliquait également le mouvement d’occupation des travailleurs de l’imprimerie nationale et ajoutait un commentaire général sur ce que le mouvement actuel peut demander et obtenir.

« Un autre groupe de travailleurs, de ceux qui travaillent à l’Imprimerie nationale, en occupait le bâtiment et les machines d’impression afin d’empêcher la publication sur papier de la nouvelle loi ! En lisant le texte de loi, ils avaient découvert que la baisse de salaire dans leur cas était plus importante que celle qui était officiellement annoncée, d’où leur grève et l’occupation qu’ils avaient démarrée. Ainsi, en « défendant leurs propres intérêts », ils bloquaient l’impression de la loi et défendaient objectivement les intérêts de tous ceux qui étaient concernés par la situation.
La tendance à ce que les différentes luttes fragmentées convergent indirectement du fait d’intérêts objectivement communs s’intensifiera peut-être et même s’accélèrera dans un futur proche. Après le mouvement étudiant, massif et violent, de 2006-2007, qui avait des revendications spécifiques et les émeutes de décembre qui n’avaient aucune revendication, ce mouvement semble ne pas savoir quoi demander, dans la mesure où l’impasse dans laquelle se trouve la reproduction capitaliste est patente partout et que l’alternative proposée est entre les mesures de la Banque centrale européenne et les mesures draconiennes du FMI. »

Information complémentaire

Dans un commentaire en date du 4 mars dernier, suite à la 1ère journée de grève générale, un camarade écrivait sur le site communiste libertaire Libcom [ http://libcom.org/news/mass-strikes... ] :
Précisons que l’on n’est pas nécessairement d’accord avec tout ce qu’il dit et qu’il s’agit surtout d’un commentaire à chaud, dans une situation mouvante… où donc les coordonnées peuvent vite évoluer.

« Le KKE (PC) a mené récemment des initiatives audacieuses qui, jusqu’à présent, étaient seulement employées par les mouvements anarchistes - occupations de bâtiments publics et interventions directes dans des stations de TV / radio. Nous savons qu’ils sont soumis à une forte pression de la police à l’occasion de ces actions, mais le plus important est que signaler que de tels mouvements peuvent sans doute indiquer un changement des équilibres internes au parti.
Comme vous le savez probablement, la situation interne du PC grec (KKE) est notoirement secrète et on ne peut que deviner ce qui se produit à l’intérieur de cet énorme machine. Le KKE est le meilleur appareil organisé en dehors de l’Etat en Grèce, et, en dépit de son éternelle troisième position au parlement, il jouit d’une influence énorme sur une bonne partie des ouvriers et de l’opinion publique dans son ensemble

Quant à l’activité indépendante de grandes organisations, il y a les syndicats autonomes.
Le syndicat de papier et du livre est un exemple et leur lutte en cours en soutien à Ntinos Palestidis (voir plus bas) est devenue une histoire très connue nationalement, forçant toute la gauche et une grande partie des universitaires et des intellectuels à prendre faits et cause à leurs côtés, ce qui a un effet de grande importance dans la situation actuelle.
Un autre exemple est l’union syndicale du nettoyage (PEKOP) qui après le cas de Kouneva a acquis une force unique et un grand poids moral dans l’ensemble du contexte grec.
Mais aucune organisation autonome de travailleurs n’a une quelconque force dans la rue.

Là les forces principales dans la bataille sont :
a) les anarchistes,
b) jusqu’à un certain degré quelques groupes gauchistes,
c) les travailleurs communiste (KKE) du secteur de la construction qui s’engagent rarement dans la bataille mais quand ils le font, les résultats sont dramatiques.
Le facteur le plus important est la cohésion de lutte dans la rue, c.-à-d. comment la tolérance entre les différents blocs permette vers des mouvements plus dynamiques. La lutte actuelle est l’une de celle où une telle tolérance est particulièrement présente, plus qu’à n’importe quelle autre moment de l’histoire du pays..
De façon générale et naturellement ni le PC ni la coalition de la gauche radicale (CGR) ne veulent d’une insurrection sociale. Le PC veut conquérir le pouvoir comme toujours et la CGR veut une part de ce pouvoir comme toujours. Cependant, en raison des mesures incroyables qui ont été prises par le gouvernement, ils sont mis sous l’immense pression de prouver l’efficacité de leur action militante à la base. Ceci crée un environnement où ils sont forcés d’effectuer des actions dynamiques qui créent un climat de tension, qui ont pour conséquence de disperser les forces de l’état et légitiment des actions (auto-organisées en ce qui nous concerne) plus dynamiques de notre part.
Il semble que l’Etat soit peu disposés à utiliser la main lourde, car il sait que cela mènera à de plus en plus de violence. Ce qu’il veut, c’est un consensus national pour favoriser son désir d’être entendu-rapidement-à-ce-sujet par l’UE. C’est pourquoi aujourd’hui [le 4 mars] les flics ont se sont mangé des pierres et des bâtons et n’ont pas exercé des représailles. Ils savent que briser les rotules mènera à une spirale de situations incontrôlables comme en décembre 2008 (beaucoup de slogans dans la rue parlent d’un décembre prolétaire à venir). Et ils ont également une peur mortelle de leur propre cohésion : ils ont peur que la base syndicaliste du PASOK soit amenée à abandonner la partie en cas de répression importante des luttes sociales et que, dans ce cas, elle emmènerait avec elle assez de députés pour faire tomber le gouvernement.
Somme toute les équilibres en Grèce sont en ce moment tellement serrés et précaires que peu de choses suffiraient à retourner le contrat social dans sa totalité – une insurrection sociale qu’aucune partie ne veut vraiment mais qu’aucune partie ne sait exactement comment éviter. »
= = = =

Une lutte victorieuse contre un licenciement !

Le coup de massue des mesures gouvernementales n’éclipse pas de nombreux conflits locaux. Et c’est pargois dans de petites entreprises, que des combats acharnés sont menés.

Grande victoire pour l’Association des Employés du Livre et de la Presse dans la province de l’Attique. La lutte qu’ils ont mené ces dernières semaines contre le licenciement de N. Palestídis, travailleur de la maison d’édition Agra a eu finalement un bon résultat. Le camarade a été réembauché.

Le 13 janvier, cet employé a été licencié, sous le prétexte d’un “comportement non conventionnel” : il s’était adressé à l’Inspection du travail (IT) pour traiter de questions qui avaient à voir avec les conditions de travail sur son lieu de travail. Le licenciement a eu lieu trois jours seulement après la réunion avec l’IT, qui avait déclaré : “La maison d’édition pourrait reconsidérer les demandes de l’employé afin de résoudre le problème en cours ”

Dès que le licenciement a été effectif, l’Association des Employés du Livre et de la Presse de la province de l’Attique, a commencé des mobilisations permanentes, avec des grèves des salariés des éditions Agra, par des rassemblements, des interventions multiples avec prises de paroles. Des interventions dans les librairies les plus centrales ont également été entreprises dans la ville de Thessalonique.

Ensuite, a été formé un large front de solidarité par diverses personnes, des collectifs ouvriers, de petits syndicats de base, libertaires, d’associations de solidarité (SETTEA, SEFK, Association Wind, Mouvement international des résistants à la guerre, ESE de Thessalonique, ESE Ioannina, Action Commune de solidarité). Des centaines d’employés ont signé les pétitions pour la réembauche de Ntinos Palestídis.

La maison d’édition Agra, a tenté de répondre à cette vague de solidarité en s’adressant à une quarantaine d’intellectuels du monde des « lettres et des arts » qui ont écrit et publiés plusieurs livres chez Agra, dans le but de défendre l’employeur. A cette occasion, on a appris que les revendications des travailleurs sont des questions qui doivent être traitées par la justice et non par ces mêmes luttes ouvrières !
Avec la publication de la déclaration des 40 dans les médias, ils ont clairement tentés d’isoler les grévistes et de dénigrer leur lutte.
Cette déclaration, à laquelle les employés-grévistes comme l’Association des Employés du Livre et de la Presse ont répondu, ainsi que d’autres personnes connues, a permis au contraire de faire connaître cette lutte au niveau national et l’a encouragé à se poursuivre avec occupation des locaux, rassemblements et assemblées ouvertes de solidarité, jusqu’à ce recul de l’employeur.

La lutte paie.

Et les luttes menées à la base, auto organisées, avec la solidarité directe comme arme, comme ce fut le cas pour Konstatina Kouneva (travailleuse migrante bulgare blessée grièvement à l’acide en décembre 2008 pour ce qu’elle représentait) dans le nettoyage, comme c’est le cas dans le secteur de la restauration, des coursiers, où des organisations autonomes de (jeunes) salariés se multiplient et mènent des luttes, sont une des conditions de la victoire.

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