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Iran : Déclaration du Conseil Ad Hoc des Ouvriers de l’Acier d’Ispahan, janvier 2010

vendredi 12 février 2010

La Compagnie de l’Acier d’Ispahan (Isfahan Steel Company, ISC) est une des
plus grande entreprise industrielle d¹Iran. Pourtant, malgré de nombreux
efforts petits et grands des travailleurs pendant des années pour améliorer
leurs conditions de travail, ils ont été fortement privé du droit d¹avoir
une organisation dirigée par les travailleurs eux-mêmes pour défendre leurs
droits et leurs justes revendications.

Aussi, face à un avenir incertain et à la dégradation générale des
conditions de travail et compte tenu du poids écrasant de la crise
économique sur les épaules des travailleurs, nous, groupe d’ouvrier d’ISC,
avons décidé de former le « Conseil Ad Hoc des Ouvriers de l’Acier d’Ispahan
 », dont la mission est d’unifier les rangs ouvriers et de défendre leurs
droits.

De toute évidence, comme le Conseil a commencé son travail dans les
conditions de l’activité clandestine et que ses membres, par nécessité,
n’ont pas été publiquement élus par les travailleurs, il a décidé de se
qualifier lui-même d’Ad Hoc. Cependant, le Conseil s’engage à mettre en
place une élection libre et ouverte impliquant l’ensemble des salarié dès
que les conditions permettront une activité au grand jour. Jusqu’à ce jour,
le Conseil, en tant que seul représentant existant des travailleurs d’ISC,
ne ménagera pas ses efforts pour défendre les droits de chacun et de tous
les travailleurs, tout en informant tout le monde de ses décisions avec des
communiqués périodiques. Les positions, la perspective générale et la
direction du Conseil sont :

1.Le Conseil estime que tous les travailleurs doivent être sur un pied
d’égalité et que les discriminations flagrantes ou subtiles entre les
travailleurs permanents et les travailleurs temporaires ou de la
sous-traitance sont des divisions artificielles crées non pas par les
travailleurs mais par les dirigeants du pays. Ces gens sont les seuls
responsables de ces problèmes et sont ceux qui doivent en répondre. En
conséquence, le Conseil considère que les politiques discriminatoires
servent le but précis de diviser les rangs ouvriers.

2. Le Conseil est d’avis que la grève est un droit inaliénable de chaque
travailleur. Dans la situation où des travailleurs ne sont pas payés depuis
6 ou 8 mois, la grève est la seule arme entre leurs mains. Le Conseil
déclare sa solidarité inconditionnelle avec les courageux travailleurs de
Shoja Ehia Gostaran Espadan, Nasooz Azar, Isargaran Hadid, Nasir Bonyad, et
de toutes les autres entreprises où des grèves ont eu lieu.

3. Le Conseil tient à alerter tous les travailleurs permanents du danger des
décisions de la direction sur le retard ou l’oubli de paiement des salaires
dus, des heures supplémentaires et des primes. Aussi, le Conseil appelle
tous les travailleurs à recourir à la grève de la faim, à la « grève blanche
 » (telles que des ralentissements ou des perturbations limitées sur une
ligne de production) et enfin à une grève totale comme initiatives à la fois
défendables et légitimes.

4. Le Conseil considère la politique de l’entreprise de blâmer les
travailleurs pour tous les problèmes de sécurité dans et autour de l’usine
(en particulier ceux qui entraînent la mort ou des infirmités permanentes)
comme cruelle et inhumaine. Il considère que les principales causes des
accidents sont les dures conditions de travail, le matériel vieillissant et
les pressions constantes de la direction sur les ouvriers pour qu’ils
produisent plus et plus rapidement.

5. Le Conseil considère le salaire minimum de 400.000 Tomans (400 $) pour
les travailleurs de l’entreprise et de la sous-traitance, alors que le seuil
de pauvreté pour une famille urbaine est officiellement de 800.000 Tomans
(800 $) par mois, comme une injustice manifeste contre les ouvriers et leurs
familles.

Le Conseil appelle en plus à l’élimination progressive des discriminations
entre les travailleurs permanents et les travailleurs temporaires.

6. Le Conseil croit fermement que la privatisation de la sidérurgie
d’Ispahan aura des conséquences désastreuses et longues sur les vies et les
conditions de vie des ouvriers. Les conséquences désastreuses de la période
de reconstruction nous le rappelle constamment à tous. Les sidérurgistes
d’Ispahan en sont les témoins chaque jour aux premières loges.

7. Le Conseil condamne fermement l’investissement de plusieurs millions de
Tomans de la compagnie dans l’équipe de football alors que les salaires et
primes des travailleurs permanents ont été payés en retard et que les
salaires des travailleurs temporaires et contractuels sombrent sous le seuil
de pauvreté. Le Conseil considère que c’est là une injustice flagrante à
l’encontre de tous les travailleurs.

8. Le Conseil estime qu’ « Atashkar », le journal hebdomadaire interne de la
direction, est un simple forum pour l’auto-satisfaction et la publication
des revendications ridicules de la direction, comme l’article sur la
production et la livraison de rails aux chemins de fer iraniens, dont
absolument personne n’est dupe. Aussi, le Conseil demande la publication de
rapports sur les salaires des ouvriers, les actions de grève des
travailleurs, une couverture complète des accidents causant la mort ou des
handicaps, la publication des noms des ouvriers qui ont perdu leur vie dans
des accidents et enfin un décompte mensuel de tous les accidents de travail
dans « Atashkar ».

9. Considérant l’absence totale des conditions pour une activité publique,
le Conseil appelle tous les travailleurs à constituer des cellules ouvrières
autonomes au sein de la sidérurgie d’Ispahan. C’est notre forte conviction
que sans la formation de ces cellules, les travailleurs ne seront pas en
mesure de faire avancer leurs objectifs de façon significative. Les premiers
buts de ces cellules seront de diffuser les nouvelles et informations,
d’unifier les rangs des travailleurs, et d’élire des personnes qui peuvent
les représenter et assurer une direction à leurs mouvements. Ces cellules
peuvent se former sur la base de réseaux d’amitié, de liens sportifs ou de
loisirs, d¹associations de prêts pour le logement, etc.

Nous vous serrons les mains en solidarité,

Le Conseil Ad Hoc des Ouvriers de l’Acier d’Ispahan

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