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Zanaz, « L’impasse islamique »

lundi 9 novembre 2009

Zanaz, « L'impasse islamique »

Les Éditions libertaires sont souvent mieux inspirées (voir ci-dessous). Sans doute ont-elles senti qu’elles s’aventuraient en terrain glissant quand, avant même la publication de leur livre L’Impasse islamique, elles ont adressé à l’ensemble des éditeurs libertaires ou apparentés une sorte d’appel à soutien préventif. Ce que, à la lecture de l’opuscule, une bonne partie – Libertalia, Le Chien rouge (CQFD), Alternative libertaire, L’Altiplano, Ab Irato, Spartacus, Rue des Cascades, Acratie – ont illico refusé.
D’où une lettre circulaire assez aigre accusant tout ce petit monde d’être « comme par hasard » des adeptes du « marxisme, du néomarxisme, du cryptomarxisme, du postmarxisme, du paramarxisme ». Ah, le grand complot marxiste – on avait failli l’oublier celui-là – explique bien des choses ! Plus sérieusement, les Éditions libertaires peuvent comprendre qu’on n’ait aucune envie de donner l’absolution à un livre confus, préfacé par le gaulliste de gauche Michel Onfray… Expliquons-nous.

AL n’a aucun problème pour faire la critique de l’aliénation religieuse. Mais elle reste improductive si elle ne s’applique pas à l’ensemble non hiérarchisé des religions, et si elle ne prend pas en compte les rapports sociaux. L’Impasse islamique, qui aimerait s’attaquer à la religion musulmane, est un ouvrage idéaliste et islamophobe souffrant de trois problèmes.

D’abord il relève d’un essayisme vulgaire qui préfère substituer l’érudition lyrique à « l’analyse lourdement outillée » (page 4), n’hésitant pas à s’abriter derrière cette militante « de terrain » (sic) que serait la socialo-sarkozyste Fadela Amara.
Ensuite l’auteur développe une vision où priment les abstractions conceptuelles, au détriment d’une analyse matérialiste.
Enfin domine une perspective qui sacralise « l’Occident » et la « modernité » qui va jusqu’à prendre pour exemple des leaders autoritaires du type de Mustapha Kemal.

Le problème est pourtant moins l’islam que l’islamisme. Il n’est donc pas culturel mais politique. AL défend une conception rationnelle et scientifique opposée à la déraison des systèmes de domination existants, mais on ne peut pas empêcher par la contrainte les individus de faire groupe sur des bases religieuses, s’ils le font sans coercition. Or l’auteur fait une équation à la De Villiers, identifiant islam, islamisme et terrorisme.

Préférons les études sérieuses de Georges Corm, de François Burgat et d’Olivier Roy, à ce salmigondis célébrant un Occident fantasmé. C’est surement cette vision fantasmatique et an-historique qui explique que l’auteur oublie opportunément d’en mentionner les tares – génocides, guerres impérialistes, destruction capitaliste des sociétés et de la planète.
Toutes preuves d’une « modernité occidentale » bien réelle celle-là.

Les Éditions Alternative libertaire

* Hamid Zanaz, L’impasse islamique. La religion contre la vie. Préface de Michel Onfray, Éditions libertaires, 2009, 176 pages, 13 euros.

Voir en ligne : Editions AL

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7 Messages

  • Zanaz, « L’impasse islamique »

    29 novembre 2009 15:15

    QUAND LE GRAND PRIX "NI DIEU NI MAITRE" S’INSPIRE DU "CHOC DES CIVILISATIONS"

    Zanaz, l’impasse islamique est donc le livre qui a gagné le Prix ni Dieu ni Maitre..

    Et juste pour le plaisir, une petite vidéo (déjà vue) de celui qui à préfacé le livre, notre cher Michel Onfray, grand adepte de la théorie du choc des civilisations, grand défenseur de l’occident chrétien (trouvez vous la préface, vous verrez..) :

    http://www.wikio.fr/video/769634

    Grand Prix "Ni dieu Ni maître" 2009

    En France, critiquer le christianisme est souvent de bon ton. Voire progressiste. Par contre, dès que l’on touche à l’islam ou à la religion juive, il en va tout autrement. Les accusations pleuvent, alors, drues. Islamophobie ! Racisme ! Antisémitisme !... Ben tiens !

    Dans ce paysage bétonné de la critique à géométrie variable du religieux, les libertaires, ces mécréants qui ont le « Ni dieu, Ni maître » tatoué à l’âme, font une fois de plus, une fois encore, désordre.Pour eux, toutes les religions, sans exceptions aucune, constituent des insultes à l’intelligence qu’il convient de combattre en tant que telles. Disons-le tout net : ce livre assassine l’idéologie islamique comme jamais encore. La critique y est sans insulte, mais radicale, totale, implacable, féroce. Elle a la précision du scalpel d’un médecin légiste autopsiant…un cadavre !

    Certaines bonnes âmes, de celles, « munichoises », qui tentent depuis toujours de passer entre le mur de la collaboration et l’affichette de la Résistance d’avant la 25e heure, ne manqueront pas de trouver le propos excessif. Que le diable les emporte !

    Critiquer l’islam, aujourd’hui, en France, relève du devoir pour tous les esprits libres et pour tous les révolutionnaires. Comme le dit l’auteur, il faut appeler un chameau un chameau, et, donc, ceux qui adhèrent à l’amputation, à la circoncision, à la flagellation, au statut inhumain des femmes…, des obscurantistes religieux fascistes.

    Hamid Zanaz est un citoyen du monde né arabe en Algérie. Il a enseigné la philosophie (en arabe) à la faculté d’Alger jusqu’en 1989. Il a quitté l’enseignement pour travailler dans la presse indépendante naissante. Il vit en France depuis 1993.

    LIBRAIRIE PUBLICO - EDITIONS LIBERTAIRES

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    • L’auto panégyrique des auteurs de la note sur le prix « ni dieu , ni maître » est impressionnant... Ils ne se posent pas de question sur le discours d’Onfray et sur l’auditoire qui boit ses paroles (cf le forum qui suit la vidéo où villepinistes, lepenistes et fafs avérés frétillent d’aise ). Il est sûr que le racisme anti-arabe ou anti-immigré peut se déployer à son aise sous le couvert d’une critique « matérialiste » et athée d’une invasion islamiste imminente phantasmée par de petits blancs frustrés qui trouvent plus facile de cracher sur plus pauvre qu’eux, plutôt que d’analyser la situation et les conditions qui sont faites aux pauvres venus d’ailleurs se faire exploiter dans ce bel « Occident » pour tenter d’échapper à la fatalité de la misère, et à la consolation religieuse...

      Il eut été plus éclairant (encore « les lumières »..!) d’évoquer une problématique historique proche de nous (géographiquement et temporellement) qui pouvait illustrer de façon intelligible la question de l’adhésion supposée spontanée des immigrés de culture musulmane à un islamisme conquérant et obscurantiste (forcément obscurantiste !.. Chers libres penseurs !).

      Je veux parler des conditions faites à la population catholique d’Irlande du Nord dans les années soixante. Citoyens de seconde zone, massivement au chômage ou dans des emplois médiocres en comparaison de la population protestante, avec une police strictement recrutée chez les Unionistes, etc. Bref, au milieu des années soixante, le Mouvement des Droits Civiques rallie les jeunes cathos d’Ulster sur la base suivante : Puisque nous sommes habitants du Royaume Uni, nous exigeons d’avoir les mêmes conditions de vie que le reste de la population britannique, logements, jobs, lois... On connaît la suite, l’apartheid de fait qui régnait était non négociable.
      Les marches pacifistes se font réprimer très violemment, la fin de non recevoir des autorités unionistes de l’Ulster et quelques judicieuses boucheries des paras britanniques (Bloody Sunday) jettent la population catholique d’Irlande du Nord dans les bras de l’IRA, et sur une logique du resserrement de la communauté autour des valeurs traditionnelles de la religion, etc.
      Finalement, après beaucoup de souffrances et d’évènements qui, tel un laboratoire de la répression, préfiguraient ce que l’actualité européenne ou mondiale connaît aujourd’hui (emprisonnement massif et torture, quadrillage militaire, lois d’exception, murs de séparation dans des quartiers de Belfast, entre le Nord et le Sud,...) la « question nord-irlandaise » s’est débloquée politiquement très lentement, Londres, Washington et Dublin soldant économiquement la spécificité irlandaise héritée depuis 1920. Il faut noter que le racisme anti-catholique des protestants de l’Ulster, hérité de siècles de domination coloniale,entretenu et instrumentalisé par Londres, prêtait aux mêmes affabulations apocalyptiques nourries ici même sur le dos des populations d’origine musulmane. Comme si le machisme, l’obscurantisme et la mysoginie, la sauvagerie et l’oppression inique n’étaient pas inscrits dans la belle civilisation matérialiste de l’Occident...

      Pourquoi une telle évocation de l’Ulster à propos du soi-disant islamisme rampant dans nos banlieues ? Pour affirmer que de prétendus clivages religieux et idéologiques immanents entre des populations ne sont que la conséquence de conditions historiques et politiques faites à une des deux populations. Sans remonter au code de l’Indigénat en Algérie française, qui maintenait dans ce beau département français, laïc et républicain (salut les francs-macs !) la population autochtone dans une condition de seconde zone, il y a suffisamment de raisons objectives aujourd’hui pour expliquer les crispations des populations, musulmanes d’origine, autour de l’Islam,à défaut d’un mouvement révolutionnaire émancipateur, et inversement comme pour les unionistes protestants les positions de rejet d’une partie des populations hexagonales. Pour le prix « Ni dieu, Ni maître », un tel sujet eut été plus digne de ses hautes aspirations éthiques et radicales.
      G.- Nantes

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      • A propos du prix « Ni dieu, ni maître » et d’Onfray... 26 décembre 2009 22:50, par Jean-Marc raynaud

        Petit blanc frustré..., et les catholiques d’Irlande du nord..., en cherchant bien on devrait encore en trouver d’autres du même acabit.
        Ce texte est consternant. Tellement consternant qu’il n’est pas signé.
        Je m’appelle Jean-Marc Raynaud. Je suis un des animateurs des éditions Libertaires. Hamid Zanaz est algérien et à du fuir l’Algérie, lui l’athée, parce que... Et donc, parce que nous avons osé critiquer la religion islamique (comme nous critiquons toutes les religions) nous serions des petits blancs frustrés. Mais c’est qui ce courageux anonyme (à l’évidence pas petit blanc) qui ose écrire cela ? Sans doute un grand militant révolutionnaire du samedi soir (tard, après combien de thés à la menthe d’écosse ?)
        Quand à l’Irlande du nord, camarade pas petit blanc et grand révolutionnaire donneur de leçons, sache (mais tu le sais) que moi, qui ne suis pas un adepte des luttes de libération nationale à connotation religieuse ou non, j’ai scolarisé (à Bonaventure) et hébergé (chez moi) pendant trois ans le petit d’un couple de militants d’ETA (une organisation qui me fait vomir), et que j’ai même eut droit à la police anti terrorriste pour cela.
        Je suppose que tu as du faire plus et mieux. Dis-nous !
        Tu l’auras compris je n’apprécie que modérement les chevaliers blancs de l’anonymat et du bla bla (Qu’as-tu fait pour les Irlandais, les basques...?)
        Tu fais partie de ceux là et je te le dis en façe en signant de mon nom.
        Jean-Marc Raynaud

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        • S’il ne s’agissait que de critiquer l’islam comme toute autre religion, monothéiste de surcroît, ce livre n’aurait pas suscité autant de critiques, en particulier dans le courant libertaire et au delà.

          L’éditeur, qui semble-t-il aime bien parler de lui, fanfaronne. Entre le « Disons-le tout net : ce livre assassine l’idéologie islamique comme jamais encore. La critique y est sans insulte, mais radicale, totale, implacable, féroce. Elle a la précision du scalpel d’un médecin légiste autopsiant…un cadavre ! » où l’on sent le plaisir du chevalier, qui pour l’occasion a troqué l’épée pour le scalpel, et le sens du devoir moral un rien emphatique et que l’immodestie ne viendrait pas effleurer une seconde : « Critiquer l’islam, aujourd’hui, en France, relève du devoir pour tous les esprits libres et pour tous les révolutionnaires », le chevalier blanc de la croisade rationaliste fait feu de tout bois.
          En gros : personne n’avait osé (en tous cas pas tous ces « munichois », on a les références qu’on peut !), moi si !

          Il y a au moins deux problèmes de taille que la publication de ce livre pose. Deux séries de problématiques qui se recoupent mais qu’il convient de traiter séparément.
          1. Une dénonciation de la religion islamiste dans un contexte français mais aussi européen et occidental particulier qui ne peut que se couler dans un air du temps nauséabond et l’alimenter, qui est d’abord celui du rejet des populations d’origine étrangère, du « sud », de confession musulmane ou de culture islamique : débat sur l’identité nationale lancé par le gouvernement, refus d’admettre la Turquie dans l’UE au nom de la chrétienté européenne et parce que ce pays est peuplé de musulmans, « petites phrases » racistes qui se multiplient et se banalisent, à droite (Hortefeux) comme à gauche (Valls) contre les « blacks » ou les « auvergnats », surgissement de courants d’opinion se disant de gauche et laïcs menant une véritable campagne nationaliste française contre le péril islamiste (entre autre, la mouvance Riposte Laïque) rejoignant les complaintes sur la décadence de l’Occident et de ses traditions culturelles (dont le héraut est aujourd’hui un Finkielkraut). Climat délétère que vient aggraver l’interdiction des minarets en Suisse.

          2. Une confusion entre une critique de l’islam comme religion et une critique de l’islamisme comme courant politique, confusion dommageable car elle ne semble faire aucune analyse un minimum sérieuse des racines du surgissement et de l’expansion de cet islamisme militant depuis une trentaine d’années, dans ses diverses variantes (les divers courants du sunnisme politique, les dynamiques de mouvements ou régimes/pays chiites…), d’abord et surtout dans les pays et régions d’influence, de culture et de tradition religieuse musulmane.
          La montée en puissance du FIS et ses avatars GIA en Algérie, des Frères musulmans en Egypte et en Palestine (Hamas), les divers courants djihadistes ou salafistes, la force du parti Hezbollah au Liban… Du Maghreb au Moyen Orient, la carte politique de tous ces pays a été complètement bouleversée au cours des trois dernières décennies. Quelles en sont les raisons ? Pourquoi les courants laïcs très présents jusque dans les années 70 ont-il du céder le pas à d’autres courants, d’inspiration plus religieuse c’est-à-dire aussi plus culturelle, faisant appel à d’autres universaux ?

          Dans un texte de présentation du livre, les « éditions libertaires » nous assène que « l’islam est intrinsèquement incompatible avec les valeurs de l’Occident qui sont l’égalité entre les hommes et les femmes, l’égalité entre les croyants et les non-croyants, l’égalité entre les modes de vie sexuels, l’égalité entre les peuples, ce que valide la Déclaration des droits de l’homme à laquelle un musulman ne peut souscrire, non pas conjoncturellement, mais structurellement parce que sa religion ignore la séparation du spirituel et du temporel, qu’elle pose dans le texte même du Coran une inégalité fondamentale entre l’homme et la femme, entre le croyant et le non-croyant, entre le musulman et le non-musulman, entre le fidèle et l’apostat, entre le disciple d’Allah et celui d’un autre Dieu. »

          On est content d’apprendre que des « libertaires » nous enjoignent de nous enrôler dans l’opposition des valeurs de l’Occident à celles de l’Islam… Il y a eu dans le passé encore médiéval de l’Europe quelques croisades à ce propos (grâce auxquelles l’Europe et l’Occident chrétiens ont pris conscience d’eux-mêmes)… et toute la politique étrangère de Bush et des néo-conservateurs étatsuniens était basée là-dessus.

          Sans être spécialiste en religion, en cherchant bien dans la Bible (le Livre commun aux trois monothéismes nés au Proche-orient) et dans la tradition catholique ou chrétienne, on peut faire les mêmes remarques, les mêmes critiques.
          On peut aussi dire, parce que l’on en connaît personnellement, qu’il y a des "chrétiens" et des "musulmans" qui n’accordent plus beaucoup ou plus du tout de crédit à ces thèses. Bref, entre la religion professée dans les textes et celle qui est pratiquée… il y a tout un « jeu » social possible, la possibilité des écarts entre les actes et les mots, entre les mots et les sens qu’on veut bien leur donner. Et que c’est précisément dans ces écarts possibles et avérés, dans ces dissensions entre l’institué et l’instituant, que se jouent et se placent les potentiels d’une libération humaine, d’une capacité de penser et d’agir de concert, loin et contre les vérités établies, préexistantes.

          Il est assez désolant que des « libertaires » enfoncent une série de portes ouvertes, se placent d’emblée dans une logique de la « guerre des civilisations » occidentaliste et fassent preuve d’autant d’ignorance sur ce qu’est une religion : un ensemble, un corpus constitué d’idées sur le sens de la vie et celui de la mort, de croyances sur un au-delà de la vie terrestre, de vénérations collectivement entretenue des porteurs de la parole prophétique et de la puissance divine créatrice de toutes choses, de pratiques profanes, symboliques, culturellement situées autour du sacré, de cérémonies qui mettent en scène et attestent qu’il y a bien une religio, quelque chose de supra humain qui relie entre eux les membres d’une communauté, etc., qu’il faut prendre très au sérieux mais jamais au point de les croire sur parole, surtout s’il on prétend en faire la critique !

          Il y a de nombreuses manières de se réclamer de l’héritage des Lumières. Il y en a au moins deux, que tout oppose. Celle qui en fait un instrument idéologique, normatif et impérial et celle qui renouvelle et approfondit sa fonction critique y compris vis-à-vis de ses propres présupposés et de ses propres conditions d’apparition ou des rôles qu’on veut lui faire endosser. Celle qui se proclame détentrice de vérités universelles, bonnes à être assénées à la manière d’un BHL, tandis que l’autre essaie d’élucider les conditions de possibilité de construction des vérités, qu’elles soient de natures divine, philosophique ou scientifique.

          Ce livre et son éditeur appartiennent de toute évidence à la première catégorie, celle qui se place ouvertement dans la continuité de la IIIème république, laïque, positiviste et coloniale.
          Faisons en sorte que les combats pour l’émancipation, quelque soient leurs origines, leurs références, leurs « sources » (communisme, anarchisme, féminisme, écologie, etc.) conservent au contraire leur capacité critique, celle de ne perde pas le fil de l’exigence d’auto-reflexivité de ses propres discours qu’ils soient affirmatifs ou critiques et dénonciateurs.

          Faute de quoi, le combat pour l’émancipation (y compris intellectuelle), pour l’athéisme, la critique des religions, des croyances et des superstitions rate son objectif proclamé et s’en désigne un tout autre : celui où les chevaliers blancs de la raison rationalisante et occidentale ne sont en définitive rien d’autre que les scribes, les bonimenteurs, les fantassins « petits-blancs » d’une tradition impériale qui a déjà trop duré.

          Francesco

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        • A propos du prix « Ni dieu, ni maître » et d’Onfray... 6 janvier 2010 14:09, par Martial - Lille

          A JM Reynaud

          Je ne comprend pas bien pourquoi vous vous en prenez au fait que l’article que vous critiquez est anonyme... Pas signé dites vous. Il me semble que c’est le contenu qui compte, pas la signature ! Et de toutes les façons vous semblez connaître l’auteur. Pour moi Jean-Marc Reynaud est tout autant anonyme que G. Nantes... Connais pas. Sans doute connaître et situer l’auteur aide à comprendre davantage le point de vue exprimé. Et si je m’en tiens à vos lignes, Monsieur Reynaud j’ai l’impression d’avoir affaire quelqu’un qui a un ego surdimentionné. Vous vous tissez des louanges pour un acte certes généreux, mais finalement très courant et qui mérite la modestie. Si tous les hébergeurs de sans papiers, d’enfant de sp, de poursuivis de divers ordres faisaient comme vous il nous faudrait ériger des monuments et décerner des médailles. On peut critiquer un point de vue sans se mettre ainsi en valeur et sans demander à l’autre s’il a fait mieux ou autant ! C’est un procédé de cour de récréation. Les termes utilisés également dénotent une personnalité haineuse... ETA... pourquoi ne pas dire organisation que vous combattez, dont vous ne partager pas les objectifs, bref qq chose qui ramène à une explication, au lieu de "vomir" qui, encore une fois ne ramène qu’à vous ! Dans le même esprit vous dites avoir "osé" critiquer la religion islamique... encore une fois vous vous tissez des louanges pour pas grand chose... Vous n’êtes pas le seul ni le premier ni le dernier.

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  • Zanaz, « L’impasse islamique »

    7 décembre 2009 22:22, par un lecteur de Courant Alternatif

    Je viens de découvrir ce texte que je trouve intéressant et significatif de la période que l’on vit actuellement. Je trouve qu’en ce moment il y a un climat très malsain autour de l’identité nationale et de l’islam (au delà de l’aspect électoraliste et de la tambouille politicienne), que la votation suisse contre les minarets, vient amplifier. Il est assez dramatique et pathétique que des "anarchistes" se mêlent à ce concert nauséabond.

    Radio libertaire ou "Radio Français d’abord" ? 3 décembre 2009

    PRECISION UTILE : Cet article a été repris - sans mon autorisation - sur plusieurs sites en en FALSIFIANT LE TITRE et en ajoutant entre parenthèses un jugement - "Ca pue le facho à la FA" - sur la Fédération anarchiste, jugement qui n’est pas le mien. Futur Rouge vient de rectifier le tir, pas sûr que tous les sites l’imiteront... (Y.C.)

    Hier, mercredi 2 décembre 2009, j’ai failli m’étouffer d’indignation en écoutant l’émission "Femmes libres" sur les ondes de Radio libertaire aux alentours de 19 heures. J’ai découvert de nouveaux partisans de l’identité nationale en la personne de l’animatrice (ou d’une des animatrices, j’ai pris l’émission en route) et d’une chanteuse de jazz "d’origine algérienne" (sic) mais "citoyenne française" (resic).

    Toutes deux ont harcelé pendant plusieurs minutes et cherché systématiquement à coincer deux jeunes ados, parce que la première s’était présentée à l’antenne comme "Tunisienne" (alors que selon l’animatrice et la chanteuse elle devrait se dire "Française d’origine tunisienne") et un "Egypto Marocain" (même réflexion ridicule à son propos).

    Les deux ados étaient venus parler d’un spectacle qu’ils doivent présenter prochainement, parler de leurs rêves de devenir comique, acteur, footballeuse ou actrice, dire tout le bien qu’ils pensent de ceux (leurs profs du collège) qui les ont poussés à faire du théâtre. Nos deux ados ne savaient pas qu’ils allaient passer devant le Grand Tribunal libertaire de l’identité nationale. En effet ces deux jeunes se sont fait rappeler à l’ordre par la chanteuse et par l’animatrice parce qu’ils ne se disaient pas français.

    Pour les coincer elles leur ont posé des questions à deux balles du genre "Où sont tes amis, où joues-tu au foot", etc., dignes d’un questionnaire bessonien. Ils ont subir des réflexions du type "Un mois de vacances au pays cela compte moins que 11 mois en France". Et cerise sur le gâteau "Vous croyez que dans vos pays d’origine vous pourriez dire ce que vous dites" ? De Villiers a dû se frotter les mains...

    Nos "libertaires" et "féministes" n’ont même pas pris la peine d’écouter ce que disaient maladroitement ces deux jeunes, à savoir que les autres (les Franco-Français et apparemment aussi les libertaires de l’émission) leur renvoyaient tellement à la gueule leurs origines qu’ils avaient décidé de les revendiquer fièrement sans se préoccuper de savoir s’ils avaient ou non la carté d’identité ou le passeport du pays dont ils se réclamaient les ressortissants.

    Le plus choquant dans cette émission, en dehors de l’abus de pouvoir caractérisé commis par ces adultes prétendument libertaires vis-à-vis d’ados invités sans doute pour la première fois dans une radio, ce fut la phrase de la chanteuse "Si je n’accepte pas ma nationalité (sous entendu française, Y.C.) comment pourrais-je revendiquer mes droits" ? Ainsi, en plein débat sur l’identité nationale, des "libertaires" peuvent tranquillement expliquer que en tant que "citoyens" d’un pays (en clair, en tant que personnes reconnaissant l’autorité d’un Etat ! Bakounine a dû se retourner dans sa tombe... s’il écoute Radio libertaire) il est normal qu’ils aient des droits (ce qui est juste) sans ajouter aussitôt que tout individu vivant dans ce pays, ou même y passant quelques jours, devrait avoir LES MEMES DROITS qu’eux, ces braves citoyens et citoyennes français et libertaires ?

    Ne pas dénoncer clairement le mythe de l’identité nationale, lier la jouissance de droits démocratiques comme la liberté d’expression à LA SEULE CITOYENNETE (de surcroît française), culpabiliser ces jeunes, c’est reconnaître implicitement qu’il est normal qu’un prétendu "étranger" ait moins de droits qu’un prétendu "citoyen" d’un pays, ici la France.

    Ce qu’il y a de marrant (en fait de sinistre) c’est qu’à un moment la même chanteuse (ou l’animatrice je ne sais plus) a déclaré "Vous nous apportez ce qu’il y a chez vous", sans se rendre compte qu’ainsi elle donnait raison à ces jeunes qui ne veulent pas se dire Français, même s’ils ont toujours leur carte d’identité en poche pour éviter le prochain contrôle policier au faciès. Preuve qu’effectivement les Franco-quelque chose sont plus "quelque chose" que "franco" pour ces citoyennistes libertaires.

    Cette émission montre que les libertaires (tout comme la gauche ou l’extrême gauche) feraient bien de réfléchir un peu à ce que signifient des termes comme "identité", "nationale", "citoyen" ou "français" avant de sermonner des ados dont les parents viennent d’autres pays et qui se sentent rejetés par la « patrie des droits de l’homme ».

    Et l’allusion des participantes au "retour à la religion" (en clair à l’islam) a bien montré que les adultes libertaires présents n’ont rien compris aux mécanismes de l’exclusion raciste qui fonctionnaient en France bien avant la construction de quelques mosquées, l’ouverture de centaines de salles de prière pour les musulmans ou la progression du port du voile dans les quartiers populaires.

    Avec des adversaires aussi confus, Besson, Hortefeux et Sarko n’ont pas grand-chose à craindre. Leur propagande sur l’identité nationale a un boulevard devant elle....

    Y.C. 3/12/2009

    PS. : L’une des participantes à ce débat faisandé chapitra aussi les ados parce qu’ils confondaient les racines et la citoyenneté. Les racines (sous-entendu les fameuses origines) sont justement ce qui pose problème à toute personne victime du racisme en France : que ce soit le nom ou l’apparence physique supposée non française (ceux que les cons appellent les basanés, les noirs, les jaunes ou les gris...), c’est justement cela qui fait que l’on est un demi-Français ou un quart de Français aux yeux de ceux qui se jugent Français "de souche".

    Il est donc normal que par réaction, ou pour d’autres raisons, qu’il serait trop long d’expliciter des jeunes "d’origine X" préfèrent se dire "X" que français.

    Il est consternant d’avoir à expliquer de telles évidences à des libertaires qui sont traditionnellement plus sensibles aux diverses formes d’oppression que leurs concurrents marxistes....

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    • Malaise dans l’identité 10 décembre 2009 11:23

      Quelques réflexions sur un certain climat...

      Malaise dans l’identité

      A en croire certains, l’affaire serait entendue.

      Le « débat » sur « l’identité nationale française » ne mériterait qu’une répétition ad nauseaum de ce qui est immédiatement apparu évident à tout le monde : l’initiative est dans la continuité des manœuvres électoralistes, sécuritaires et xénophobes du président de la république dont il a fait son fond de commerce depuis ses débuts ; le moment est décidément bien choisi, au moment où s’estompe la fascination malsaine qu’il exerce, à quelques mois des élections régionales ; l’intention est claire, dans une Europe divisée, de plus en plus protéiforme, et en pleine crise économique profonde d’où le discours autoritaire et protectionnisme pourrait bien sortir revivifié. Cela est évident : à la fois symptôme et cause d’un effritement de tout ce à quoi l’on tient, l’issue ne peut qu’en être plus nuisible encore.

      Et pourtant, une fois tout cela affirmée, le malaise persiste. Pire : il s’épaissit.


      D’abord parce que ce « débat national » consiste en un double-bind typique d’une intériorisation des contradictions des mécanismes capitalistes
       : il s’agit pour le gouvernement de rappeler à l’ordre en proclamant les « Valeurs de la République » alors que tout, dans l’évolution des affaires publiques gérée par l’Etat, n’est que viol et exécration de ses principes les plus fondamentaux. La conduite cocaïnomane de M. Sarkozy n’en est pas seulement l’expression la plus pure et la plus ostentatoire : elle est plus simplement, en elle-même, une insulte permanente à la décence la plus élémentaire. Si ce n’est une nette progression dans l’irresponsabilité généralisée, rien de très nouveau là-dedans : tout le mouvement ouvrier du XIXième siècle s’est bâti sur cette hypocrisie fondamentale, et son écrasement en 1848 ou en 1871 est au fondement de l’ordre actuel. Prendre au pied de la lettre les « bonnes réponses officielles » que la maffia au pouvoir donne à ses propres questions revient donc à proclamer haut et fort l’impérieuse nécessité d’un radical bouleversement social et politique - soit renouer avec un héritage révolutionnaire. Liberté, égalité, fraternité : chiche !

      Ensuite le malaise s’épaissit parce que chacun sent très bien que le tiraillement existentielle insoluble se pose aujourd’hui mondialement :
      D’un coté l’occident tel qu’il devient, c’est-à-dire une machinerie extraordinaire qui broie les hommes, les cultures, les écosystèmes, tendanciellement incapable de tenir ses promesses d’émancipation et d’abondance depuis que les luttes pluriséculaires qui la contrôlait se sont évaporées.
      De l’autre, le « repli identitaire », c’est-à-dire la tentative désespérée et offensive de restaurer, sur place ou en exil, des idéologies « traditionnelles » finalement closes sur elles-mêmes puisque refusant l’interrogation et l’auto-détermination, et racistes, puisque fondée sur l’origine et l’exclusion de l’autre. Deux attitudes antagonistes et complémentaires, deux parois d’un même gouffre, deux jambes d’une seule course à la guerre, avec lesquelles jouent dangereusement tous les dominants de tous les pays, y compris la petite clique oligarchique française. Plus que jamais, pourtant, l’ouverture d’un horizon viable nécessite une réelle élaboration d’un projet de civilisation, donc d’une véritable identité collective.

      Enfin le malaise enfle parce qu’il est évident que, excepté en certaines marges, la question de l’identité au sens large ne sera pas posée, alors que s’effondre à un rythme accélérée tout ce qui peut faire l’unité, donc l’existence, d’un peuple. Cette insignifiance croissante des mots, des actes, des valeurs, des règles plonge loin ses racines dans l’échec (nullement définitif) des projets d’émancipation des ouvriers, des femmes, des jeunes, des écologistes, des colonisés à créer et instituer durablement de nouvelles formes sociales viables. En se retirant dans la vie privée, et en cultivant le ressentiment, les populations ont laissée les sociétés aux mains des volontés nihilistes de puissances illimités et du profit sans bornes. C’est ce délabrement généralisé qui laisse apparemment sans recours, et que les gauchismes diffus et plus ou moins dégénérés rationalisent en expliquant que le principe même d’identité serait oppressif. Issu eux-mêmes d’un effroyable bilan qu’ils sont incapables de regarder en face, ils s’enferment dans les apories idéologiques anomiques selon lesquelles il serait impossible de se définir sans exclure. Ils passent ainsi à la trappe tout l’héritage, spécifiquement occidental et notamment français, qui pourrait aider à l’élaboration pratique d’une identité commune. La réinvention de cette dernière est aujourd’hui un véritable enjeu, et en elle-même constitue déjà une libération : là où elle ne se pose pas, il y affrontement généralisé ou ordre indiscuté, qui cohabitent actuellement à travers le morcellement communautaire et l’injonction consumériste.

      Ce malaise ne se dissipera pas avec le fin de la rumeur médiatico-politique qui agite temporairement le petit bocal des gens en vue : nous ne l’affronteront qu’en affirmant haut et fort ce que nous sommes, c’est-à-dire ce que nous voulons, et à lutter, partout, pour que chacun puisse faire de même.

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