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[Grèce] Un manifestant grièvement blessé lors de la huitième grève générale

jeudi 12 mai 2011, par OCLibertaire


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Un manifestant grièvement blessé lors de la huitième grève générale

Mercredi 11 mai, s’est déroulée une nouvelle journée de grève générale dans toute la Grèce. La deuxième de l’année, la huitième depuis le début de la crise. Grève très suivie une fois de plus, tous les secteurs de l’économie, des transports, de l’administration ont été paralysés. De nombreux commerces avaient aussi baissé le rideau.
Cette journée correspondait à la venue dans le pays de représentants de la “Troïka” (UE, BCE et FMI) pour contrôler l’état des finances publiques et surtout imposer un nouveau train de mesures d’austérité et de privatisations visant à financer… le creusement de la dette consécutif des premières mesures prises il y a quelques mois pour officiellement la réduire… C’est l’histoire d’un puit dont le fond s’enfonce à mesure qu’on le remplit…
A Athènes, la manifestation a regroupé 30 000 personnes. Une fois de plus, la police anti-émeutes s’est illustrée par sa brutalité. Mais cette fois, elle s’est vraiment déchaînée en encerclant certains des cortèges parmi les plus combatifs et en procédant à des tabassages en règle y compris de manifestants à terre. Plusieurs d’entre eux ont été gravement blessés dont l’un, militant d’une assemblée de quartier très active à Athènes, a été très grièvement frappé à la tête. Il souffre d’un traumatisme crânien et se trouve dans le coma dans un service de soins intensifs.
Aussitôt la nouvelle connue, des rassemblements et manifestations ont été rapidement organisés dans la soirée à Thessalonique, à Héraklion (Crête). A Athènes, même 200 manifestants du parti communiste (KKE) se sont rassemblés devant le ministère de l’Intérieur.
Une manifestation est appelée dans la soirée de ce jeudi à Athènes.
Dans la matinée de ce jeudi, un bâtiment du Sénat a été occupé.

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Voici quelques documents rapidement traduits : un témoignage de 2 camarades de Ioannis, un communiqué du syndicats des médecins de l’hôpital où il est soigné et l’appel à la manifestation de ce jeudi


Témoignage de camarades de Ioannis

A propos des blessures extrêmement graves du manifestant Ioannis K. et de la tentative par la police de camoufler les faits
Ioannis K., qui est actuellement intubé [coma] dans un état critique à l’unité de soins intensifs de l’hôpital Nikaia d’Athènes après avoir reçu des coups meurtriers à la tête de la part de la police anti-émeute, était un manifestant parmi des milliers d’autres, participant aux manifestations de la grève générale de ce 11 mai. Plus précisément, pendant toute la manifestation – et cela y compris lorsqu’il a été attaqué avenue Panepistimiou – Ioannis était dans le cortège de l’Assemblée de résistance et de solidarité de Kypseli/Patision.
Face aux mensonges et aux tentatives de travestissement des faits de la part de la police, nous déclarons ceci :
Sur l’avenue Panepistimiou, entre Voukourestiou et la rue Amerikis, alors que la manifestation revenait du Parlement, la police a lancé une attaque coordonnée et organisée ayant clairement pour cible les cortèges auto-organisés et contre le consensus : composés par ceux qui luttent “d’en bas”. A ce moment, les assemblées de quartier (Kypseli/Patision, Vyronas/Kaisariani/Pagrati), les syndicats de base des serveurs et cuisiniers, l’Assemblée anarchiste pour l’auto-détermination sociale, des syndicats étudiants et bien d’autres ont été encerclés et frappés par de nombreuses unités de la police anti-émeute (MAT).
Nous qui marchions aux côtés de Ioannis, en tenant la banderole de Kypseli avec lui, nous sommes trouvés pris dans une nasse asphyxiante par des policiers anti-émeutes qui se mirent à frapper les manifestants avec leurs matraques, sur les têtes et sur les corps, laissant de nombreuses personnes à terre. En même temps ils ont lancé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes directement dans la foule. Résultat : des dizaines de personnes ont été grièvement blessées, et pour beaucoup emmenées à l’hôpital. Parmi elles Ioannis K., qui, alors qu’il saignait de la tête, a été extrait du lieu de l’attaque, grâce à l’intervention d’autres manifestants. Il a été réceptionné par le service d’urgence et transféré à l’hôpital Nikaia, où il est entré en chirurgie.
En ce moment, Ioannis combat pour sa vie, car il a choisi la voie de la résistance collective, de la solidarité et du combat, contre l’exploitation, la pauvreté et la peur imposée par les patrons, contre leur terrorisme, contre le défaitisme et la passivité.
La lutte de Ioannis appartient à nous tous !

Ioannis Vidalis
Katerina Sofianou
(membres de l’Assemblée de résistance et de solidarité du quartier Kypseli/Patision)

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Communiqué du Syndicat des Médecins Hospitaliers (section locale de l’Hôpital général Nikaia)
Jeudi 12 mai 2011

Ce communiqué a été réalisé hier alors que Ioannis K. subissait une opération dans l’hôpital général de Nikaia

Section locale de EINAP [Syndicat des Médecins Hospitaliers d’Athènes et du Pirée] Hôpital Général de Nikaia
le 11/05/2011

Aujourd’hui, nous avons été les témoins de la brutalité profonde et sans limite utilisée par le gouvernement grec du Mémorandum d’Austérité, dans ses efforts pour supprimer toutes les saines réactions des citoyens qui résistent aux mesures prévues par le capital étranger et local.
Des dizaines de manifestants blessés – battus par la police anti-émeute – ont été transférés par ambulance ou sont venus d’eux-mêmes dans notre hôpital. La plupart d’entre eux avaient des blessures à la tête. Parmi eux, il y a un manifestant de 30 ans qui a été transféré à l’hôpital dans un état grave ante-mortem, anisocorie [dilatation d’une pupille] et un énorme hématome épidural. En ce moment, le manifestant est en train de subir une opération par nos collègues qui tentent de sauver sa vie.
Nous condamnons la brutalité policière. Nous condamnons tous les membres du gouvernement grec et le Premier ministre pour la tentative d’assassinat de notre compatriote, qui est dans un état grave et dont la vie est en danger, mais aussi contre le reste des manifestants.
La violence et la répression contre le peuple qui résiste n’ont pas d’avenir.
Le gouvernement en violant les droits du peuple, qui sont indispensables pour sa survie, mais aussi par la violence brutale qui menace directement la vie des gens, augmentera notre obstination et notre détermination à nous battre jusqu’à la fin pour que le peuple obtienne le pain, l’éducation et de la liberté [“Pain-Education-Liberté” était un slogan contre la dictature]

Nous n’arrêterons pas tant que les coupables de la tentative d’assassinat ne seront pas punis.
Nous n’arrêterons pas jusqu’à la victoire du peuple !

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L’état du manifestant de 30 ans attaqué par la police reste critique, sa vie est toujours en danger.
Appel pour une manifestation d’urgence le 12 mai à Athènes.

Le manifestant de 30 ans qui a été attaqué par la police durant la manifestation de la grève générale du 11 mai reste entre la vie et la mort. Il a été placé dans un coma artificiel. Les prochaines 48h sont cruciales quant à son sort. Il était membre de l’Assemblée de Solidarité et de Résistance du Parc de Kyprou et de la Rue Patision à Athènes. Le cortège où il se trouvait, tout comme de nombreux autres, a été victime d’une attaque délibérée de la police. Les coups qu’il a reçu étaient létaux : d’après le rapport médical, il a été frappé par un objet qui n’était pas une matraque de la police, probablement un extincteur.
Les groupes d’extrême gauche et anarchistes ont appelé à une manifestation contre la répression de l’État pour ce jeudi 12 mai à 18h, au Propylea à Athènes.

Voici cet appel :

Dans la rue, pour briser la peur !
Le gouvernement du FMI et du Mémorandum recourent à la barbarie policière et favorise la violence fasciste afin d’imposer leur agenda anti-populaire.
A bas les politiques meurtrières du gouvernement PASOK.
Durant la manifestation interprofessionnelle du 11 mai, des hordes de policiers ont lancé une attaque injustifiée, blessant des dizaines de manifestants, et précipitant Y.K. au bord de la mort.
(Nous exigeons)
• Police, hors des manifestations
• Interdiction du gaz lacrymogène chimique
• Dissolution de la police anti-émeute (MAT) et des forces spéciales de police
• La punition pour les policiers assassins
Nous, travailleurs, chômeurs et jeunes, nous résistons à l’attaque du gouvernement par nos luttes coordonnées.
Le terrorisme ne nous arrêtera pas.
Manifestation jeudi 12 mai à 18h au Propylea à Athènes.

Signataires :

AKOA - Mouvement Anti-autoritaire – ANTARSIA – ARAN - Réseau pour les droits sociaux et politiques - KKE (ML) – KOKKINO - NAR (Libération de la Jeunesse Communiste) – Jeunesses de Synaspismos – Xekinima – OKDE - OKDE-Spartacus – SEK - Synaspismos

Informations également ici : http://fr.contrainfo.espiv.net/

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1 Message

  • Sur les violences policières du 11 mai

    • Le nombre de manifestants hospitalisés est de 97.
    • En plus de Ioannis Kaftas, toujours dans le coma suite à des coups reçus à la tête, un autre manifestant a été grièvement blessé d’après le site http://www.europazapatista.org/ . Agé de 29 ans, il a été hospitalisé à Evaggelismos, où les médecins auraient procédé rapidement à l’amputation d’un bras afin de lui sauver la vie.
    • D’après les agences de presse : Le ministre de la justice a officiellement condamné les violences policières et « quatre policiers ont été sanctionnés jeudi en Grèce à la suite de brutalités sur un manifestant mercredi dévoilées sur Internet […] Les hommes mis en disponibilité, dont un officier, membres des forces anti-émeutes (MAT) ont été identifiés sur une vidéo postée sur Youtube, montrant au moins quatre d’entre eux s’acharnant à coups de matraque et de pieds sur la tête d’un manifestant à terre, a précisé la police ».
    • La manifestation appelée jeudi soir par la “scène antagoniste” athénienne (divers mouvements de quartier et syndicats de base, groupes de la gauche extra parlementaire, anarchistes/anti-autoritaires…) a rassemblé plus de 5 000 personnes dans les rues centrales d’Athènes. Pas d’incidents majeurs.

    Comme si cela ne suffisait pas, un autre « front » a été ouvert au même moment : de multiples attaques racistes contre les étrangers au centre d’Athènes.

    Déchaînement de violence raciste, la police laisse faire

    À l’aube du 10 mai, un citoyen grec de 44 ans a été poignardé à mort par trois inconnus. Les faits se sont produits alors qu’il s’apprêtait à emmener sa femme enceinte à la maternité. Les journaux étant en grève totale le lendemain, les rumeurs n’ont cessé d’enfler dans le quartier : trois Pakistanais auraient été vus et sont accusés de l’homicide, apparemment pour voler sa caméra destinée à enregistrer la naissance de son enfant

    En pleine journée de grève générale, des activistes d’extrême droite et néonazis ont profité de ces rumeurs pour se lancer dans une série d’attaques racistes contre les étrangers, visant surtout les Pakistanais et les Subsahariens et en appelant à un rassemblement à un carrefour situé seulement à quelques mètres d’Exarchia.

    Une centaine de personnes se sont rassemblées, y compris des gens qui ne partagent pas nécessairement des idées racistes. C’était une manifestation en partie spontanée contre les problèmes du quartier : criminalité, drogue, prostitution… Au maximum, il y eut 300 personnes, habitants du quartier et militants d’extrême droite. Mais rapidement, dès les premiers moments du rassemblement, les fascistes et néonazis ont commencé à chasser tous les immigrés qui passaient à cet endroit, y compris en utilisant des armes blanches (bâtons, couteaux, billes d’acier…), provoquant de nombreux blessés (au moins 17 hospitalisés dont 12 dans un état grave). D’après des témoins, une grande partie des manifestants s’est dissocié de l’extrême droite, ne les ont pas suivi dans leurs attaques physiques contre les étrangers.

    Pendant la soirée, ils se sont regroupés sur la place centrale d’Omonia. Deux nuits consécutives, ils ont essayé d’attaquer le célèbre Centre Social Okupé de Villa Amalia, mais ont été repoussé par les occupants une première fois et empêchés par un cordon de flics la seconde fois. Mais surtout, ils s’en sont pris à de nombreuses boutiques tenues par les immigrants dans ce quartier populaire, provoquant d’importants dégâts. Par ailleurs, un centre de distribution de repas pour sans abris d’Athènes a été envahi par des hooligans et saccagé. Toutes ces attaques ont duré plusieurs heures.

    D’après les agences de presse, la police a interpellé 47 personnes, surtout manifestants d’extrême droite et les a tous relâché, sauf un, qui a le tort d’être étranger et qui a été placé en garde à vue !

    Dans la matinée, une autre attaque meurtrière a eu lieu. Trois cocktails Molotov ont été lancés dans la cour d’une maison de Renti (Athènes), qui est habitée par un étranger. Le feu a brûlé des meubles et a été éteint par les sapeurs-pompiers.

    Rappelons que quelques jours auparavant, le dimanche 8 mai pendant la nuit, une maison particulière servant de mosquée a été incendiée à Athènes, des croix gammées ont été trouvées sur les murs.

    Les attaques contre les étrangers ne se limitent pas à Athènes. Le même jour, deux immigrants albanais ont été sauvagement tabassés par cinq néo-nazis dans la ville de Rethymnon (Crète). L’un d’entre eux a été hospitalisé pour blessure au crâne et fracture du nez, tandis que les blessures de l’autre semblent moins sévères. Cette attaque a eu lieu dans une aire de stationnement appelée les “Quatre Martyrs”, qui est situé près du centre-ville de Rethymnon, à un moment où les immigrants allaient récupérer leur voiture.

    Dans la soirée, une manifestation de protestation de 150 personnes a eu lieu dans les rues du centre-ville.

    A Athènes, en réponse à ces progroms, une manifestation est appelée aujourd’hui vendredi 13 par tout un ensemble de forces politiques, sociales, associatives, etc.

    D’après le site http://www.occupiedlondon.org/blog/, un jeune immigrant de 21 ans, citoyen du Bengladesh, a succombé aux coups de poignard reçus dans la nuit du 11 au 12 mai par deux motards semble-t-il…

    Sans vouloir ici faire une analyse globale, il est utile de rappeler rapidement que :

    • la Grèce est l’État d’Europe qui subi le plus durement les effets de la crise capitaliste, à tous les niveaux : baisses des salaires et des revenus, licenciements (fonction publique et secteur privé) et montée du chômage, privatisations, augmentations de tous les tarifs publics (transports, santé…) et des prix des produits de la consommation courante (suite, entre autre, à la hausse de la TVA)…
    • C’est aussi pour de nombreux réfugiés et immigrés, une des principales porte d’entrée dans l’UE. Dans ce contexte de crise économique, le nombre croissant d’étrangers a provoqué des tensions croissantes avec une partie des “citoyens grecs” et les attaques violentes contre les étrangers se sont multipliées. Politique d’État de criminalisation des demandeurs d’asile (avec rappelons-le un gouvernement socialiste à sa tête) relayée par un regain d’activisme de l’extrême droite raciste.
    • D’ailleurs, le 21 septembre 2010, la Haut-Commissaire pour les Réfugiés des Nations Unies a déclaré que la situation de l’asile en Grèce était celle d’“une crise humanitaire”. Amnesty International a prié instamment la Grèce d’arrêter de traiter les demandeurs d’asile comme des criminels et de les maintenir dans des centres de détention. On se souvient qu’il a fallu une longue de grève de la faim de 300 immigrants début 2011 pour que ceux-ci obtiennent un minimum de droits.
    • Lors des dernières élections municipales de novembre 2010, dans la course à la mairie d’Athènes, pour la première fois, un dirigeant fasciste a remporté un siège au conseil municipal. Nikolaos Michaloliakos, leader du parti néonazi Chryssi Avyi (“Aube dorée”) a rassemblé plus de 5% du total des voix (dans certains quartiers, les scores du Chryssi Avgi ont atteint 22%). Des votes qui ont été multiplié par 4 depuis les précédentes élections de 2006.

    Le 13 / 05

    Sources :

    http://www.occupiedlondon.org/blog/

    http://www.europazapatista.org/

    http://eagainst.com/our-views/

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