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Edito 209, avril 2011

mercredi 13 avril 2011, par Courant Alternatif


Que l'espoir dans des révolutions perdure et naisse ici et maintenant !

Le "printemps arabe" n’en finit pas, suscitant un traitement politique et journalistique différent selon le pays, qu’il soit puissance pétrolière ou régionale. Pas de réaction à l’intervention de l’Arabie Saoudite et du Qatar venus en aide aux dirigeants du Bahreïn (tous sunnites) contre les manifestants (majoritairement chiites) : ce serait faire le jeu de l’Iran... Par contre, une intervention militaire pour "aider" les révoltés libyens avec au premier la France qui veut se refaire une virginité après "le syndrome MAM" en Tunisie. Avec un BHL qui se prend pour un ministre des affaires étrangères et un Glucksmann qui déclare qu’il ne faut pas recommencer l’erreur de la guerre d’Espagne et qu’il faut que les Etats démocratiques aident les "révolutionnaires" libyens. L’humanitarisme affiché pour « venir en aide » au peuple libyen à travers l’opération « Aube de l’Odyssée » n’est qu’hypocrisie et cynisme. La militarisation forcée de la révolution libyenne a exclu de fait la majorité de la population empêchée d’agir et a transformé une contestation populaire en un affrontement armé. (Lire à ce sujet dans ce numéro Une révolution confisquée et Non à l’intervention militaire en Libye).

Si la Tunisie fut, en 1991, le premier pays africain connecté au réseau Internet, l’Egypte le premier Etat à se doter d’un ministère des Technologies de l’Information, et même s’il ne s’agit pourtant pas de nier ici qu’Internet ait pu jouer un rôle dans les révoltes arabes, ce n’est pas Internet qui a déclenché les révolutions, mais les "peuples" qui sont capables d’agir d’eux-mêmes (Révoltes arabes, Révolution internet mon cul ! à lire dans ce numéro).

Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon en faisant des dizaines de milliers de morts ont eu pour conséquence l’une des plus importantes catastrophes du nucléaire civil dont beaucoup d’autres développements sont encore inconnus à ce jour. Comme d’habitude, c’est l’opacité sur ce qui se passe réellement dans les 6 réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi. En France de nombreux réacteurs sont construits en zone sismique (Fessenheim par exemple) et pourraient donc très bien connaître une panne de circuit de refroidissement après un tremblement de terre. Une situation semblable est tout à fait possible dans notre pays. La cuve du réacteur n°1 de la centrale du Tricastin est gravement fissurée, et pourtant il a reçu l’autorisation de l’ASN de pouvoir fonctionner encore 10 ans de plus ! Cette catastrophe vient rappeler de quoi est faite la logique productiviste sous-tendue par les choix économiques ayant présidés au développement de cette filière. Le débat sur le nucléaire est relancé, la colère contre les nucléocrates, doit pouvoir rencontrer d’autres colères et s’inscrire dans la durée. La seule solution acceptable est la sortie immédiate du nucléaire, définitive et sans condition, ce qui nécessite une réelle mobilisation (voir à ce sujet Fukushima partout ! Arrêt immédiat, sans condition et définitif du nucléaire !, dont vous pouvez nous commander des exemplaires à l’adresse de CA).

Régulièrement, le conflit entre la Corée du Nord et son homologue du Sud resurgit à la Une des médias. Cela nous rappelle qu’il y a tout juste 60 ans débutait la « Guerre de Corée » qui, au lendemain du second conflit mondial, manqua de peu de transformer une « guerre froide » en troisième conflagration planétaire. Comme en Libye aujourd’hui, les libéraux et les sociaux-démocrates appuyèrent en général le camp américain, en acceptant l’argument fallacieux selon lequel il s’agissait une « action de police » de l’ONU. Si la plupart des anarchistes, des trotskystes dissidents, des pacifistes radicaux et quelques autres rejetèrent à la fois le stalinisme et le capitalisme occidental, ils auraient dû exprimer leur solidarité avec le peuple opprimé de Corée – qui voulait être uni et libéré des Japonais comme de l’impérialisme américain et de ses laquais. (La guerre de Corée 60 ans plus tard).

Faut-il laisser une mémoire officielle envahir l’espace public, ou montrer comment l’histoire détermine pour partie notre présent, et les combats d’aujourd’hui ? L’Etat français doit reconnaître sa responsabilité dans les drames, les humiliations, les souffrances engendrées par le système colonial. Il est temps qu’enfin la France reconnaisse que la colonisation, en Algérie comme ailleurs, était faite pour dominer et exploiter. La prétendue « œuvre civilisatrice » de la République n’étant qu’un prétexte raciste pour justifier cette domination. Il faut être solidaire de la double lutte mouvement mondial des peuples, qui notamment au Maghreb, se soulèvent pour leur dignité, leur liberté et leur indépendance : contre leurs dictatures et contre la main mise des puissances impériales... (Guerre d’Algérie, reconnaître le fait Colonial).

A l’approche de la présidentielle française de 2012, et alors que le chant des sirènes émanant de la « gauche » et l’extrême gauche va bientôt nous assourdir afin de nous convaincre qu’en votant pour leurs candidats nous pourrons faire de l’appareil d’Etat une arme soit de défense soit d’attaque contre le système économique dominant, il n’est peut-être pas mal de rappeler brièvement certaines réalités le concernant (L’Etat, un outil possible contre le capitalisme ?). Un Etat qui joue à fond son pouvoir régalien (Frénésie répressive au Pays Basque). A tous les niveaux (revendicatif, social, projet de société, et, sur un terrain qui ne nous concerne pas, le terrain électoral …) il y a de la place à Gauche du P.S. ! Mais il y a beaucoup de monde dans cet espace ! Alors, autant essayer de comprendre et d’analyser ce qui se trame, se construit et se déconstruit dans ce milieu que nous pouvons côtoyer quotidiennement… (Recomposition ou décomposition). Les théories post-modernes doivent être critiquées, pas uniquement pour le plaisir de la joute intellectuelle. Ses idées à la mode exercent une réelle capacité d’influence dans les milieux altermondialistes, autonomes et alternatifs (Une critique du Post-Anarchisme).

Le problème du handicap étant trop rarement abordé au sein du monde militant, il est temps de brosser un état des lieux de la militance sur le terrain du handicap. Une analyse à travers une lutte, celle de la Ferme des Vignes du Bersac.

Au travers de Les nettoyeuses de Jussieu : les oubliés de la lutte de classe, la lutte de celles qui nettoient la merde laissée par tous les autres, celles que l’on baptise pompeusement « techniciennes de surface » sans que cela leur vaille plus de considération et d’avantages matériels, on redécouvre le dépassement des craintes légitimes liées à la précarité et la force de leur unité a fait céder les déterminations patronales les plus affirmées. Même si un résultat certain peut être bien éphémère, pour celui qui a pu vivre des luttes, il n’y a pas de « petites luttes » pas plus qu’il n’y a pas de « victoires » et chaque lutte porte une leçon, d’abord pour tous ceux et toutes celles qui y ont participé.

Reims le 26 mars 2011

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