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BB 181, juin 2008

jeudi 19 juin 2008, par OCL St Nazaire

base élève - boitier anti-jeune - croisement des fichiers nationaux - échanges internationaux de données policières - EPM


Résistance passive dans l'Éducation nationale <br>

Un inspecteur de l’Éducation nationale envoie le 24 avril un mail aux instits de Cours Préparatoire du département du Var : « Comme suite à notre réunion du 26 mars dernier, vous voudrez bien me faire parvenir par mail la copie du tableau récapitulatif des évaluations CP de votre classe. Afin d’assurer le suivi des enfants dès le début du CE1, ce tableau sera nécessairement nominatif. Vous signalerez par un astérisque les élèves entrant dans le dispositif d’aide. Une réunion du RASED permettra de faire le point sur l’évolution des résultats de ces élèves. Délai de rigueur : 2 mai 2008. »
Rappelons que le RASED est le Réseau d’Aide et de Soutien pour Elèves en Difficulté.
Quelques jours plus tard, cet inspecteur insistait :
« RAPPEL URGENT : La date du 2 mai est passée. Vous voudrez bien m’adresser ces documents par mail pour le vendredi 9 mai prochain au matin (délai de rigueur) ».
L’absence de confidentialité d’Internet ne perturbe pas ce cadre de l’Education nationale.

Résistance active à « Base élèves »<br>

Le Collectif isérois pour le retrait de Base Elèves (CIRBE) appelle à la tenue d’actions pour obtenir le retrait de Base élèves (1er et 2nd degré) partout en France le 14 juin. Une manifestation est d’ores et déjà prévue ce samedi 14 juin à Grenoble. Ce collectif appelle les collectifs, réseaux, associations, organisations luttant pour le retrait de Base Elèves et l’ouverture d’un débat national sur le fichage et le contrôle des populations à se joindre à eux pour faire du 14 juin une journée d’action commune.
Ce collectif propose la mise en place d’une coordination nationale ouverte et formalisée autour d’un blog commun regroupant les contributions des unes et des autres.
Contact : baseeleves@gmail.com
Site : http://baseeleves38.wordpress.com

 Le boîtier « anti-jeunes »<br>

Ce boîtier émet des sons ultra aigus inaudibles pour les plus de 25 ans mais insoutenables pour ceux et celles qui en ont moins. Son but ? Repousser les jeunes. En Grande Bretagne, des milliers de commerçants en ont un ; aux Pays Bas et en Suisse, ce sont des municipalités ; en France, le tribunal de Saint Brieuc a interdit à un particulier d’en faire usage pour préserver la tranquillité de sa résidence secondaire dans une station balnéaire. Mais cette décision de justice s’appuie sur le fait que ce boîtier serait dangereux pour les jeunes animaux, les enfants et les femmes enceintes… On est donc pas à l’abri d’une pose dans une zone où il n’y aurait que des jeunes. Reste à fixer leur âge !

 Croisement de fichiers nationaux<br>

Lors du conseil des ministres du 16 avril, le ministre du Budget a présenté un décret créant la Délégation nationale de lutte contre la fraude (DNLF) qui doit notamment permettre une coordination des actions menées par les services de l’Etat et par les organismes sociaux. Il s’agit par exemple de croiser les fichiers des Rmistes des conseils généraux avec ceux des impôts sur la taxe d’habitation pour empêcher les adresses fictives. La DNLF devra permettre une collaboration entre des organismes sociaux comme les URSAFF, la caisse nationale d’assurance vieillesse et la direction générale des impôts. L’une des missions de la DNLF sera de favoriser le développement des échanges d’informations et l’interconnexion des fichiers… dans « les conditions prévues par la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés »… Nous voilà rassurés !
Enquête auprès de 20 000 enfants … pendant 20 ans !
Une vaste enquête, « Elfe : Grandir en France » a été conçue en 2007. Cette enquête sera lancée dans toute la France en 2009. Elle a pour objectif d’analyser le développement de l’enfant dès que la grossesse de sa mère est déclarée jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge de 20 ans. Cette analyse tiendra compte de son milieu familial, des facteurs sociaux, environnementaux, sanitaires, scolaires, comportementaux, nutritionnels… Il faudra donc une totale adhésion des parents… qui subiront des tas de questionnaires pendant … 20 ans ! Cette enquête a été décidée par l’Institut national d’études démographiques, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, l’Insee, La Caisse nationale des allocations familiales, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, etc.
Toutes ces belles institutions savent qu’elles marchent sur des œufs, surtout depuis que la Mutuelle Générale de l’Education Nationale a été contrainte d’interrompre en mai 2007 son « étude longitudinale sur la santé mentale et physique des enfants scolarisés dans les écoles primaires de la ville de Paris » devant la mobilisation de parents et de diverses associations. Faisons en sorte qu’il en soit de même !
Ce programme ELFE ressemble beaucoup au programme ELDEQ développé il y a 20 ans au Québec et dont les promoteurs ont constitué la cheville ouvrière du fameux rapport de l’Inserm sur le trouble des conduites de l’enfant et de l’adolescent. Souvenons-nous que ce rapport proposait d’organiser le dépistage à 3 ans des futurs délinquants et qu’un certain Sarkozy voulait intégrer ce dépistage dans sa loi sur la prévention de la délinquance…
Pour avoir plus d’informations officielles sur cette nième enquête concernant la jeunesse : https://www.elfe2009.fr.

 Échange de données policières<br>

L’Union européenne a donné, vendredi 18 avril, son feu vert à l’ouverture de négociations avec les Etats-Unis pour leur donner l’autorisation d’accès aux banques de données des polices de l’Europe. Le but : permettre en contre partie à tous les ressortissants des 27 pays européens de se rendre aux USA sans avoir besoin d’un visa (actuellement 12 pays de l’Union restent soumis au régime des visas). En fait les Américains veulent avoir un accès aux données du système d’information Schengen.

Que se passe-t-il dans les prisons pour mineurs ?<br>

Le projet d’établissement pénitentiaire pour mineurs (E.P.M.) avait été lancé par Perben en septembre 2002. Six ont déjà ouvert leurs portes. La septième prison de ce type ouvre en septembre à Chauconin (77, Seine-et-Marne). Rappelons que le pouvoir voulait ainsi trouver une parade à la délinquance des mineurs en accomplissant « une mission d’éducation par des activités pédagogiques, éducatives et sportives menées de manière soutenue » … dans un milieu carcéral placé sous contrôle de l’administration pénitentiaire. Chacun de ces EPM comporte 60 cellules individuelles … mais apparemment aussi un cachot de un mètre sur un si l’on en croit des familles de mineurs de l’E.P.M. de Meyzieu. Rappelons que dans cet établissement, il y a eu une émeute dans les jours qui ont suivi son ouverture, un jeune détenu s’est suicidé en février 2008 et un autre vient de faire une tentative. L’utilisation du mitard est extrêmement fréquente et l’administration pénitentiaire impose le silence absolu aux personnels sous peine de sanction. Ceux et celles qui ont essayé de contacter les familles sont menacées par la police… La sixième prison pour mineurs à Porcheville a ouvert ses portes le 14 avril 2008. Douze jours après, six jeunes détenus sur les treize incarcérés ont sérieusement dégradé leurs cellules, l’administration pénitentiaire a porté plainte contre 3 des 6 jeunes impliqués. Malgré l’omerta de l’administration pénitentiaire, certaines infos arrivent à sortir.
Rappelons que le groupe départemental 44 de « l’Emancipation » a lancé un manifeste en novembre 2007 : « Nous ne travaillerons pas en E.P.M. » (voir C.A. de février 08). Cette campagne se poursuit et c’est ainsi que ce manifeste a atteint le 17 mai 550 signatures (contact : http://pays-de-la-loire.emancipation.fr).

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