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[Mexique] Attaque paramilitaire sanglante contre une caravane de solidarité avec Oaxaca

mercredi 28 avril 2010, par OCLibertaire

Au moins deux personnes ont été assassinées et une troisième blessée par balles par un commando paramilitaire.
Il y a plusieurs disparus.
Dernier épisode d’une longue lutte de la communauté Triqui, qui, depuis plusieurs années, a décidé de créer cette nouvelle commune autonome.


Voir en ligne : source : centro de medios libres

Communiqué de VOCAL (Voix de Oaxaca Construisant l'Autonomie et de la Liberté)

Aux moyens de communication
Aux peuples du Mexique
Aux peuples du monde
Aux peuples d’Oaxaca

Agression armée contre la Caravane d'Appui et de Solidarité avec la Commune Autonome du San Juan Copala, Oaxaca

.

CONTEXTE :

Depuis la journée d’hier, il avait été préalablement annoncé devant les médias la réalisation de cette caravane en direction à la région Triqui, à l’intérieur de notre état de Oaxaca. À cette caravane participent des camarades membres de l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO), de la Section 22 du magistère [syndicat des enseignants], de Voces Oaxaqueñas Construyendo la Autonomía y la Libertad (VOCAL), de CACTUS (Centro de Apoyo Comunitario Trabajando Unidos), des membres du MULTI (le Mouvement d’Unification et de Lutte Triqui - Indépendant), ainsi que des camarades observateurs internationaux.

Comme il avait été annoncé, la caravane est partie aujourd’hui le 27 avril 2010, à environ 11 heures du matin depuis la ville de Huajuapan de Léon (Oaxaca). Avec comme objectif de briser l’encerclement dans lequel se trouve cette Communauté Autonome Triqui par le fait de la répression paramilitaire et de l’Etat contre le processus d’autonomie en cours de construction dans cette communauté. De violentes agressions paramilitaires sont survenues à différents moments du processus autonome de San Juan Copala et ont été dirigées par l’organisation paramilitaire appelée UBISORT (Union de Bien-être Social de la Région Triqui) qui est actuellement présidée par Rufino Juárez Hernández et le MULT (Mouvement Unification et Lutte Triqui).

Préalablement à la sortie de la caravane, le président autonome de San Juan Copala, Jesus Martínez Flores a rendu responsable de toute agression Evencio Nicolás Martínez, Procureur Général de Justice, Jorge Franco Vargas “el chuky”, Secrétaire du Gouvernement de l’État et Carlos Martínez candidat pour la députation locale pour le PRI. De même ils ont exigé que UBISORT et le MULT agissent avec responsabilité et sérieux avec la conférence de PAIX pour le peuple Triqui.

LES FAITS :

A environ 100 kilomètres avant d’arriver à la Sabana, la route était bloquée avec des pierres, et c’est là où a commencé la lâche agression avec des armes de feu, de la part d’une quinzaine de paramilitaires au service de gouvernement de l’assassin Ulises Ruiz Ortiz (on ne connaît pas le calibre), laissant les véhicules détruits, blessant une camarade, et on rapporte la mort de deux personnes.

Pendant l’attaque quelques camarades se sont échappés en gagnant la montagne, mais on ne sait pas où ils se trouvent : nous sommes inquiets qu’ils aient pu être capturés par les paramilitaires. Les camarades qui jusqu’à présent sont portés disparus sont NOE BAUTISTA JIMENEZ, DAVID VENEGAS ROIS et DANIEL ARELLANO CHAVEZ, tous membres de VOCAL.

Malheureusement, selon l’information mise à jour nous savons que deux camarades ont perdu la vie dans cette agression paramilitaire, ce sont : BEATRÌZ ALBERTA AFFECTION TRUJILLO membre CACTUS et de JYRI ANTERO JAAKKOLA, camarade observateur international originaire de Finlande. Tous les deux sont morts par des tirs d’armes à feu.
Au cours de cet évènement, la camarade MONICA CITLALI SANTIAGO ORTIZ, a été blessée dans le dos par un tir d’arme à feu et a été soignée par des médecins à Juxtlahuaca.

Ceux qui sont restés sur les lieux des tirs, ont été sortis des véhicules et emmenés dans la montagne pour les interroger, certains ont été menacés de mort et ensuite ont été relâchés sur la route. Le camarade RUBÈN VALENCIA NUÑEZ, membre de VOCAL, a été arrêté par des paramilitaires qui lui ont enlevé sa carte d’électeur, son téléphone portable et menacé de mort, puis ils l’ont libéré.

Une ambulance a pu se rendre sur les lieux pour s’occuper des blessés, mais elle a été aussi lâchement prise pour cible par les paramilitaires, ce qui explique pourquoi elle a quitté les lieux. Au moment de son retrait ils ont trouvé à une camarade blessée dont ils se sont occupés et à qui elle a pu confirmer le décès des camarades mentionnés.

Étant donné la confusion et l’incertitude devant les faits, on ne connaît pas l’endroit où les camarades précédemment mentionnés ont pu trouver refuge, ainsi que les conditions physiques et psychologiques dans lesquelles ils se trouvent.

NOUS DÉNONÇONS ÉNERGIQUEMENT :

Que cette agression armée est le produit des conditions de la violence institutionnelle et de l’impunité dont jouissent les groupes paramilitaires dans cette région de notre État. Violence institutionnelle visant les différentes expressions de la lutte sociale dans l’Etat de Oaxaca et spécifiquement contre la construction de processus autonomes.

Cette agression s’est déroulée dans le contexte marqué par des circonstances d’isolement et l’état de siège imposé dans la commune de San Juan Copala, où depuis le mois de janvier les enfants se trouvent sans classe, et aussi que dans cette Communauté se trouve sans lumière électrique, sans eau potable, sans médecin et où elle subit un harcèlement paramilitaire permanent étant donné qu’un poste de contrôle se trouve dans le lieu.

NOUS EXIGEONS :

Au gouvernement de l’assassin Ulises Ruiz, la cessation des attaques de la part des paramilitaires dans la région Triqui. Ainsi que l’arrêt du financement, de l’armement et de l’impunité dont jouissent ces groupes paramilitaires en notre État.
La présentation immédiate de nos camarades disparus.

NOUS LANÇONS UN APPEL :

Au peuple d’Oaxaca, du Mexique, à la Communauté internationale et aux différentes organisations sociales, collectifs et groupes, à rendre visible leur solidarité et leur appui pour exiger la présentation en vie de nos frères disparus et la punition des responsables.
Nous les appelons aussi fraternellement à exiger un arrêt des conditions de violence contre la Commune Autonome de San Juan Copala.

Présentation en vie des camarades disparus !
Punition pour les assassins de nos camarades !
Halte à l’agression contre la commune autonome de San Juan Copala !
Retrait du blocus paramilitaire dans lequel se trouve cette communauté autonome triqui !

Voix de Oaxaca Construisant l’Autonomie et de la Liberté
[traduction rapide par nos soins (OCL)]
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Deux reporters portés disparus

Érika Ramírez reporter et David Cilia de la revue "Contralínea" sont semble-t-il les deux seuls reporters présents dans la caravane qui se dirigeait vers San Juan Copala.

* * *

La caravane avait pour but de fournir de la nourriture, des vêtements et des couvertures à la communauté de la municipalité autonome, car depuis deux semaines, la UBISORT (liée au PRI) a fermé le seul accès à San Juan Copala. Les observateurs de cette caravane avaient aussi pour but de superviser le retour des enseignants de la section 22 du SNTE, qui ont quitté le village pendant quatre mois en raison de la violence, et devaient enquêter sur les atrocités commises contre la population.
Lundi dernier, le chef de la UBISORT, Rufino Juárez, avait déclaré devant des reporters qu’ « en aucun cas » il ne permettra l’entrée de la caravane et qu’il ne répondra pas « de ce qui pourrait arriver. » (La Jornada)

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1 Message

  • APPEL À UN RASSEMBLEMENT EN SOLIDARITÉ AVEC LES COMPAGNONS D’OAXACA

    VENDREDI 30 AVRIL À 17 HEURES

    PLACE IÉNA À PARIS

    Au Mexique la répression à l’encontre de ceux qui s’efforcent de construire leur autonomie et luttent pour de meilleures conditions de vie s’abat sans vergogne. Dans l’État d’Oaxaca, le 27 avril 2010, une caravane de solidarité avec la communauté autonome de San Juan Copala, caravane formée d’une centaine de membres de diverses organisations sociales et de lutte pour les droits de l’homme (Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca - APPO, Voix d’Oaxaca construisant l’autonomie et la Liberté - VOCAL, CACTUS, Coordination nationale des travailleurs de l’enseignement, etc.) a été prise pour cible par des paramilitaires soutenus par le PRI, parti politique au pouvoir dans l’État d’Oaxaca. Cette attaque préméditée a fait au moins deux morts, Beatriz Alberta Cariño, du collectif CACTUS, et Tyri Antero Jaakkola, observateur international de nationalité finlandaise, une quinzaine de blessés et un nombre encore indéterminé de disparus, dont on ne sait pas à cette heure s’ils ont pu s’enfuir ou s’ils ont été capturés.

    L’organisation paramilitaire UBISORT responsable de ces crimes bloque depuis plusieurs mois l’accès à la communauté indienne et s’est déjà rendue coupable de plusieurs assassinats. Elle avait annoncée son intention d’empêcher le passage de la caravane qui avait justement pour intention de sortir la communauté de l’isolement, d’aider les professeurs à retourner en classe, d’apporter des vivres. L’impunité avec laquelle les paramilitaires tuent et font régner la terreur au vu de tous dans divers lieux du Mexique révèle la stratégie mise en œuvre non seulement par le PRI à Oaxaca, encore taché du sang de la répression du mouvement de l’APPO en 2006, mais globalement par le gouvernement mexicain dans divers lieux du pays : venir à bout des résistances des communautés indiennes qui gênent les projets de développement économique, détruire toute forme de mouvement social qui prétend préserver sa culture et construire son autonomie.

    Il n’est plus possible de tolérer que se poursuive cette violence d’État dans un pays soi-disant démocratique, il faut crier notre indignation face à ces assassinats et exactions honteuses.
    Nous vous invitons urgemment à manifester votre solidarité avec les communautés et les personnes qui se battent à Oaxaca ce vendredi 30 avril devant l’ambassade du Mexique, de 17 heures à 19 heures, place Iéna, métro Iéna.

    — 
    Diffusé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL, Paris) - 33, rue des Vignoles - 75020 Paris – France - assemblée (hebdomadaire et ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30

    http://cspcl.ouvaton.org

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