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La lutte des femmes d’Iran est celle de toute l’humanité !

samedi 30 janvier 2010, par OCLibertaire

Le Manifeste de la Libération des Femmes d’Iran indique très justement : « Avec le renversement de la République Islamique, nous tendrons une main solidaire à des millions de femmes dans les pays soumis à l’Islam, qui sont prisonnières des États et des gangs islamistes, des adorateurs de l’honneur et des traditions chauvinistes-mâles islamiques. »


Voir en ligne : source : Stop aux crimes d’honneur

Les révolutions et les contre-révolutions, où qu’elles aient lieu, ont en effet toujours une répercussion internationale. Ce fut le cas pour la révolution française de 1789, la Commune de 1871, la Révolution russe de 1917, comme ce fut le cas pour la contre-révolution islamique de 1979, avec la prise du pouvoir de Khomeini contre l’aspiration populaire à la liberté et à l’égalité. Avec l’instauration de la République Islamique s’est développé un courant réactionnaire, l’Islam politique, qui a frappé l’ensemble du monde dit « arabo-musulman », avec les mêmes slogans misogynes et les mêmes méthodes terroristes contre les femmes. En Iran, le Hezbollah criait, en 1979, « le voile ou les coups », et au fil des jours, les matraques se sont transformées en couteaux, puis les couteaux en fusils. On peut changer les dates et les lieux, ces mêmes slogans ont été hurlé par les islamistes en arabe, en kurde, en dari ou en ourdou. Ils ont d’abord fait des « pressions amicales », puis jeté des pierres, puis menacé, et exclu des écoles pour voiler les femmes dans la bande de Gaza ; organisé des campagnes de terreur pour imposer le hidjab en Algérie ; enfermé les femmes sous la burqa en Afghanistan... Ce voile était un drapeau pour rendre les femmes invisibles, et imposer un véritable apartheid sexiste. Si on trouve dans les courants islamistes des alliés des régimes en place, voire des supplétifs aux armées régulières comme le fut le Hezbollah turc au Kurdistan, et des opposants, des « anti-impérialistes » et des membres de gouvernements au service de l’occident, il y a un point fondamental, essentiel, sur lequel se rejoignent tous les courants de l’Islam politique, leur haine et leur guerre permanente contre les femmes et leur liberté.
Bien sûr, il serait absurde de considérer que l’oppression des femmes est née avec l’islamisme. L’oppression des femmes est la première et la plus ancienne des oppressions qu’a connu l’humanité. Et les femmes subissaient déjà les mariages forcés, les meurtres « d’honneur », l’excision, les violences en tout genre bien avant 1979. Mais, comme s’ils prenaient en compte ce principe que l’on mesure le degrés de liberté d’une société au degrés de liberté des femmes, les islamistes ont toujours d’abord attaqué les femmes pour enfermer toute la société dans une prison médiévale. Au nom de la religion et pour s’appuyer sur tout ce est le plus réactionnaire, les islamistes ont défendu les plus rétrogrades traditions patriarcales, comme l’excision en Egypte, les meurtres d’honneur en Jordanie, les mariages et le viol qui s’en suit de fillettes en Arabie Saoudite, et ont réintroduit des atrocités comme la lapidation en Iran, en Somalie ou au Nigéria. Bien des régimes aussi, sans être officiellement islamiques, se sont appuyés sur ces groupes et partis réactionnaires pour imposer des reculs pour les droits des femmes, comme le code de la famille en Algérie.

Mais depuis juin 2009 et le mouvement révolutionnaire en Iran, les femmes et jeunes filles aux premiers rangs des manifestations, des protestations et des affrontements avec les forces de répression ont montré aux réactionnaires qui les considèrent comme des « moitié d’humains » qu’elles pouvaient les combattre et elles montrent, surtout, aux femmes du mode entier que la résistance et la libération sont possibles. Elles démontrent, non pas sur du papier mais dans les faits, que la soumission et l’esclavage peuvent être brisés. Chaque recul de la République Islamique est un recul des islamistes et des réactionnaires partout dans le monde, et le renversement du régime des mollahs en Iran ouvrira la perspective d’écraser partout ceux qui ne rêvent que de maintenir voir de renforcer l’oppression patriarcale, d’enfermer les femmes sous des voiles, et de barrer la route aux aspirations universelles à la liberté et à l’égalité.

Car, contrairement aux discours des réactionnaires et aux idéologies sur le relativisme culturel et le choc des civilisations, il n’y a pas des femmes « musulmanes » à opposer aux femmes « occidentales », mais uniquement des êtres humains qui aspirent à profiter de la vie, à aimer qui elles veulent, et à profiter de toutes les richesses matérielles, intellectuelles, culturelles et sociales que le 21ème siècle pourrait offrir à l’humanité. Qui peut décemment penser qu’il y aurait des fillettes qui souhaiteraient être excisées ? Des gamines qui rêveraient d’être mariées de force et violée à 9 ou 10 ans ? Des jeunes filles qui voudraient être tuées « pour l’honneur » ? Des femmes qui aimeraient être lapidées ? Qui se réjouissent d’être des citoyennes de seconde zone ? Qui sont heureuses de devoir, même à 40 ou 50 ans passés, demander l’autorisation d’un tuteur masculin, mari, frère, père ou oncle, pour pouvoir se marier, quitter le pays, ou travailler ?

Les défenseurs du relativisme culturel et du choc des civilisations peuvent bien théoriser ce qu’ils veulent, il n’y a pas une femme au monde qui souhaite être battue, violée, ou discriminée. Et c’est bien parce qu’elles n’en peuvent plus de subir toute cette oppression, que tant de jeunes femmes d’Afghanistan ou du Kurdistan s’immolent par le feu pour fuir une vie faite de souffrances. A toutes celles qui ne voyaient pas d’autre alternative que la souffrance ou la mort, la révolution féminine en Iran apporte une voix d’espoir, celle d’une vie meilleure, libérée de l’oppression.

La révolte des femmes d’Iran fait battre le coeur de millions et de millions de femmes qui crèvent des traditions rétrogrades et des pressions réactionnaires. Elle résonne dans les coeurs des Algériennes en lutte contre le code de l’infamie et des Pakistanaises pour l’abrogation des lois Hudood, dans celui des Kurdes révoltées par la barbare mise à mort de Doa Khalil et des Afghanes qui se lèvent contre les lois misogynes du gouvernement Karzaï dignes de celles des Talibans, dans celui des Irakiennes qui refusent la Charria imposée par le gouvernement mis en place par le militarisme US et dans celui des Syriennes qui réclament la criminalisation des meurtres « d’honneur », dans celui des fillettes du Yémen, qui comme Nojoud, refusent d’être mariées à 10 ans et dans celui des Soudanaises et Égyptiennes qui ne veulent plus être mutilées.

En avançant la revendication d’égalité totale entre les femmes et les hommes, de la destruction de l’apartheid sexiste, et de l’abolition de toutes les lois religieuses et codes traditionnels qui enferment les femmes, les Iraniennes ouvrent la perspective d’une formidable et radicale révolution féminine et anti-patriarcale. Ce souffle de la liberté se transformera en une tempête qui balayera non seulement la République Islamique et ses mollahs, mais aussi Karzaï et les Talibans, la dynastie Al Saoud, les émirs et les dictatures policières ou militaires, les prédicateurs qui justifient les violences contre les femmes et plus largement tous les défenseurs de la réaction religieuse et des traditions misogynes. En ce sens, cette révolution ne vengera pas seulement toutes les Neda, Taraneh, Delara et autres iraniennes victimes de trente ans de régime misogyne, mais aussi toutes les Yousra Al-Azam, Nahla Hussain, Aicha Ibrahim Duhulow, et toutes celles qui, d’Algérie au Bangladesh ont été assassinées par les brutes islamistes, ainsi que toutes les Doa Khalil, Banaz Mahmod, Meryem Sökmen, Hatin Surucu, Hamda Abu-Ghanem et autres victimes des traditions patriarcales les plus rétrogrades.

Par leur radicalité et leur combativité, les femmes d’Iran démentent aussi tous les discours des diplomates et intellectuels occidentaux sur les « transformations progressives », la nécessité de changer les choses lentement et « pas à pas », comme si au nom de telle ou telle « culture », « tradition » ou « religion », on pouvait accepter que les droits humains les plus basiques des femmes soient violés. Les Iraniennes ont répondu à ces discours creux et pourraient reprendre ces mots de Nadina El Bedair, journaliste féministe saoudienne : « Les gens disent que les choses vont changer lentement et je leur dis toujours que nous n’avons pas le temps pour que cela change lentement (...). Les gens qui devraient changer sont les gens islamiques et traditionnels, mais je n’ai pas à attendre qu’eux changent leurs idées, je dois changer ma vie parce que je n’ai qu’une vie, qu’une seule chance de vivre ma vie et je veux la vivre comme j’en ai envie et pas comme les islamistes le veulent ». Affrontant la mort par soif de vie, les Iraniennes rappellent face à tous ceux qui ont voulu enterrer cette perspective, que la révolution est la seule voie pour briser l’oppression.

En ouvrant, au coeur d’une région ensanglantée par les guerres, le racisme, le machisme et l’intégrisme religieux, un troisième front, libérateur, féministe et égalitaire, face à l’impérialisme et à l’Islam politique, les femmes d’Iran et les hommes qui luttent à leurs côtés, ouvrent la possibilité d’un Moyen-Orient où il fera bon vivre pour toutes et tous, sans que soient prises en compte les fausses identités religieuses, nationales ou ethniques, où non seulement chaque humain pourra exprimer, sans risque, son opinion mais où les femmes pourront même parler de leurs amants, et pour certaines de leurs amantes, sans aucune crainte. Et bien au-delà du Moyen-Orient, en brisant un régime théocratique et misogyne, la révolution féminine en Iran sera un point d’appui considérable pour celles qui, de Pologne aux Etats-Unis, doivent affronter l’Eglise catholique ou les fondamentalistes protestants pour obtenir ou défendre le droit à l’IVG. Suivant le principe que la liberté des femmes mesure le degrés de liberté de toute la société, les femmes en Iran, en revendiquant aussi l’abolition de la peine de mort, la libération des prisonnier(e)s politique et la liberté d’expression, redonnent y compris espoir à Mumia Abu Jamal et aux enfermés des couloirs de la mort, aux anarchistes emprisonnés de Serbie, aux syndicalistes assassinés de Colombie, et à toutes celles et tous ceux qui, où qu’elles ou ils vivent, subissent le poids de la répression étatique, des discriminations, et de l’exploitation capitaliste.

Si le pouvoir institué par les ayatollahs a lancé dans le monde entier le slogan misogyne « le voile ou les coups », la révolution féminine en cours en lance un autre, doux et tendre comme des mots d’amour, « ni voile ni coups, liberté ! Égalité ! ».

Yasmina17
30 janvier 2010
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P.-S.

Manifeste de la libération des femmes en Iran

L’existence même du régime islamique d’Iran est incompatible avec la liberté des femmes. La République Islamique d’Iran est un État misogyne, l’architecte de l’apartheid entre les sexes et le responsable de trois décennies des plus odieuses formes d’abus, de discriminations et de violences contre les femmes en Iran. Une société ne peut pas être libre si les femmes ne sont pas libres. Sans le renversement du régime islamique misogyne, les femmes n’obtiendront pas leurs droits en Iran. La République Islamique doit s’en aller ! Tel est le message de Neda Agha Soltan, le symbole de la révolution en cours en Iran ; tel est le décret des courageuses femmes qui, en premières lignes des protestations populaires, ont affronté l’ensemble de l’État islamique ces sept derniers mois.

Il y a 30 ans en Iran, le 8 mars 1979, nous, femmes amoureuses de la liberté et hommes épris de liberté, nous nous sommes levé[e]s face aux réactionnaires qui venaient de prendre le pouvoir, et avons crié « non au voile obligatoire ! ». Aujourd’hui, avec derrière nous l’expérience douloureuse et sanglante de trois décennies d’apartheid entre les sexes, d’esclavage de genre et de répression continuelle des femmes, nous déclarons encore plus clairement et encore plus fort, avec la jeune et progressiste génération d’aujourd’hui, que la République Islamique doit être renversée en tant qu’État misogyne et en tant que régime d’apartheid sexiste. Nous disons que les dirigeants de la République Islamique doivent être arrêtés et jugés pour leurs crimes systématiques contre des millions de femmes, ces crimes contre l’humanité. Voilà le décret de la révolution en Iran. Avec le renversement de la République Islamique, nous tendrons une main solidaire à des millions de femmes dans les pays soumis à l’Islam, qui sont prisonnières des États et des gangs islamistes, des adorateurs de l’honneur et des traditions chauvinistes-mâles islamiques.

Aujourd’hui, le soutien à la révolution en cours en Iran peut et doit devenir un vaste mouvement international. Le 8 mars est la journée internationale des femmes, qui cette année porte la marque de la solidarité avec les femmes et le peuple en Iran dans la lutte pour renverser le régime islamique. Nous appelons les militantes et organisations des droits des femmes à affirmer leur solidarité avec le mouvement des femmes en Iran, et à se souvenir de Neda en tant que symbole du mouvement révolutionnaire contre la République Islamique. Cette année le 8 mars est la journée de solidarité avec le mouvement du peuple d’Iran pour la liberté !

Nous publions ce Manifeste de la Libération des Femmes en Iran, et appelons toutes les militantes des droits des femmes et les forces laïques et progressistes à soutenir ce manifeste et à se joindre à la solidarité avec le peuple d’Iran dans la lutte pour le renversement du régime islamique d’apartheid sexiste :

1-Jugement des dirigeants et responsables de la République Islamique pour crimes contre l’humanité, y compris pour les trente années des plus vils abus, de discriminations et de violences contre les femmes en Iran.

2- Abolition de toutes les lois islamiques misogynes discriminatoires contre les femmes, égalité complète entre les femmes et les hommes dans tous les aspects économiques, politiques, culturels, sociaux et familiaux.

3- Séparation complète de la religion de l’État, du système éducatif et de toutes les lois.

4- Abolition de la ségrégation entre les sexes et de l’apartheid sexiste.

5-Interdiction du Sighe [« location de femmes » islamique] et de la polygamie ; droit inconditionnel à la séparation [divorce] pour les femmes et les hommes, abolition de toutes les lois qui soumettent les droits civils des femmes [comme le droit de voyager, aux relations sociales, à la participation aux activités sociales, etc.] à la permission du mari, du père ou d’un autre homme de la famille ; égalité complète entre les femmes et les hommes pour les droits et devoirs dans la garde et le soin des enfants après la séparation.

6- Abolition du voile obligatoire [hidjab] ; interdiction du hidjab pour les enfants ; liberté totale d’habillement.

7- Abolition de toutes les lois barbares comme la lapidation, la peine de mort, la rétribution [Qesas] et des autres punitions islamiques.

8-Liberté inconditionnelle d’expression, de protestation, de grève, d’assemblée, d’organisation et de formation de partis.

9- Libération immédiate de toutes et tous les prisonnier[e]s politiques et de conscience.

10-Liberté de religion et d’athéisme et liberté de critiquer la religion.

Mina Ahadi
Mahin Alipour
Shahla Daneshfar
Maryam Namazie
22 janvier 2010

Pour signer ce manifeste, envoyez un e-mail à
manifestzanan(at)gmail(point)com ou à
iransolidaritynow(at)gmail(point)com
ou appelez le 0049-1775692413 ou le 0044-7719166731.

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4 Messages

  • Avec le renversement de la République Islamique, nous tendrons une main solidaire à des millions de femmes dans les pays soumis à l’Islam, qui sont prisonnières des États et des gangs islamistes, des adorateurs de l’honneur et des traditions chauvinistes-mâles islamiques.

    Certes ! Mais le risque immédiat (et à mon humble avis, c’est plus une certitude qu’un risque), c’est la mise sous tutelle immédiate de l’Iran par les Etats-Unis... Parce qu’en Iran il y a peut-être des femmes, mais il y a surtout beaucoup de gaz et de pétrole... L’Histoire montre quand même, et pas loin de l’Iran, que face à ce type d’enjeux, les individus (hommes, femmes, enfants, vieillards) comptent strictement pour du beurre...
    Qui a dit Charybde et Scylla ?

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  • J’ai oublié de préciser : les individus comptent pour du beurre, surtout les plus pauvres...

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  • et en France défense du voile et critique des ouvrages s’en prenant à l’islam....pas toujours très clair l’ocl !!!!!!!

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    • Ni foi, Ni loi ! 2 février 2010 07:51

      Confronté à l’affligeant « débat » sur l’interdiction ou non de la beurkaaa, il me semble que ce texte, écrit lors d’un autre affligeant débat (sur le « voile islamique ») n’a malheureusement rien perdu de son actualité. Je le remets donc en circulation.
      Gédicus (Janvier 2010)

      Il faut que l’idée de liberté ait perdu bien de sa force pour être menacée par un bout de tissu ; et il faut qu’elle soit bien pervertie pour qu’un emblème de la soumission devienne un étendard de révolte.

      Quand la « liberté » de se soumettre s’affronte à la « liberté » d’interdire, la liberté de n’être l’esclave de personne a du souci à se faire. Dans le choc des intégrismes, laïcards contre bigots, la lucidité est fort malmenée, et la possibilité de ne pas choisir son camp entre deux conneries rivales a du mal à se frayer un chemin. C’est le rêve de ceux qui, des deux côtés, orchestrent cet affrontement spectaculaire : qu’il n’y ait de choix possible qu’entre deux obscurantismes comme il n’y aurait, politiquement, qu’à choisir entre le règne de truands de droâte ou celui de mafias de gôche.

      Ainsi les humiliés et maltraités d’une « république » où certains sont plus égaux que d’autres, courtisés avec habileté par les roublards faux-frères musulmans, croient-ils trouver une identité qui leur a été déniée et la communauté dont ils rêvent dans l’obédience à la bigoterie islamique et le dégradant servage des femmes. Et les laïcs, que cette malsaine croisade inquiète à juste titre, s’imaginent pouvoir combattre la cabale des dévots grâce à une camisole fabriquée par des inquisiteurs hypocrites.

      Mais comment pourrait-il être garant d’une liberté cet État qui s’applique à les réprimer toutes et ne protège que la « liberté » des truands de haut vol de piller à leur gré ? Quand l’hypocrisie fait la morale, ce n’est pas la morale qui progresse, c’est l’hypocrisie. En appeler aux pourris pour défendre la justice ne fera jamais avancer que les mensonges et les haines. En applaudissant un projet de loi censée réprimer le péril fanatique, c’est l’État flashballs et pitbulls qu’on soutient ; l’État copain et valet des négriers ; l’État qui pique aux pauvres pour donner aux riches et cogne sur ceux qui protestent ; l’État qui bannit et expulse ; l’État qui, sous prétexte de lutte contre l’insécurité et le terrorisme, ne cesse de donner aux saigneurs de ce monde toujours plus de moyens de protéger leurs donjons ; l’État dont les petits califes ne cessent d’attiser les peurs afin de pouvoir surfer sur la vague des inquiétudes et se faire élire « protecteurs » (autrefois les serfs se réfugiaient au château du tyranneau local quand les barbares attaquaient. Cette protection se payait en corvées. Rien n’a changé).

      Ainsi, les agressions réciproques se soutiennent-elles dans une spirale du délire qui creuse les haïssables frontières « communautaires » et ethniques où tous les despotes rêvent d’enfermer les prétendus « citoyens », dans la division qui leur permet de mieux régner. Ainsi, la connerie fanatique progresse partout et fait le lit de tous ceux qui misent sur l’obscurcissement des esprits pour instaurer leur royaume, sur la terre plus qu’au ciel.

      Á ce « débat » truqué, il faut prendre la liberté de s’opposer si l’on souhaite que les cris les plus forts en faveur de la liberté ne soient pas poussés que par des fabricants de servitude.

      Ce n’est évidemment pas l’interdiction faite à des connes bigotes d’afficher les signes manifestes de leur connerie qui les rendra plus intelligentes. Les interdictions ont toujours été les meilleures pourvoyeuses de martyrs au service de toutes les croisades. Et les ayatollahs de banlieue se frottent les mains en voyant que l’on va, en bannissant des mômes de lieux publics où elles pourraient être confrontées à des arguments et situations pouvant les inciter à réfléchir, les jeter tout droit dans leurs serres vouées à en faire d’abruties carpettes sur lesquelles les mâles dominants pourront se vautrer et faire leurs besoins au nom de dieu. Tout ce qui permettra à ces mystificateurs de crier à l’inquisition sera pain béni pour eux, en leur assurant des recrues « choisissant » une foi aveugle pour résister à une loi répressive. Il faut être un curé « laïc » pour refuser de le voir. Pour écraser l’infâme, la méthode Jacobine ne marchera pas plus aujourd’hui qu’hier car « Personne n’aime les missionnaires armés » (Robespierre), et on ne libère personne par la contrainte.

      Il est donc hors de question de marcher dans la roublarde combine des pères fouettards de la chambre des députés, allumant et tisonnant le feu pour être plébiscités comme pompiers. Mais, pas plus, de tomber dans le piège qui, au nom de la tolérance, facilite le travail à ceux qui ne l’invoquent que pour parvenir à la supprimer à leur avantage ; à ceux qui ne rêvent que de « liberté » d’imposer des cultes et d’interdire de vivre et penser dignement.

      Il faut donc, encore et toujours, défendre la liberté de ne pas « croire » ; de n’avoir ni foi ni dogmes ; de se moquer des dieux et des êtres suprêmes ; de s’habiller et se dénuder comme on veut ; de fréquenter qui l’on veut comme on veut ; de refuser les uniformes et les drapeaux, les sabres et les goupillons ; de ne pas baisser les yeux ; de n’avoir pas peur. Pour défendre cette liberté, il n’est d’autre moyen que de la pratiquer partout et tous les jours, y compris, s’il le faut, en la pratiquant agressivement contre ceux qui l’agressent. Agissons, non en supplétifs des soudards de la « république » négrière, mais en frères et sœurs du libre esprit, en hommes et femmes librement associés et décidant de leurs actes en totale égalité et liberté. Combattons les mensonges et l’hypocrisie ; défonçons les portes des ghettos ; empêchons les exploiteurs de nuire, les truands de trafiquer, les démagogues de baratiner, les tyrans en tous genres de cogner ; fabriquons un monde plus vivable pour tous, et la bigoterie reculera. Et les voiles ne causeront plus de vapeurs.

      Gédicus (Janvier 2004)

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