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appel à la solidarité ouvrière

Haïti : Une catastrophe pas naturelle !

La solidarité des peuples contre l’humanitarisme

samedi 16 janvier 2010, par OCLibertaire

Une catastrophe naturelle vient de s’abattre sur Haïti, dont nous ne percevons en ce moment que la surface.

Les haïtiens vont se battre pour reconstruire leurs vies et leurs maisons, probablement pendant des décennies à la lumière de cet effondrement sans précédent, à la fois physique et social. Pourtant, en dépit de l’imprévisibilité des tremblements de terre, cette catastrophe est artificielle, elle est une monstruosité de notre époque.


Voir en ligne : Batay Ouvriye

L’ampleur des dégâts du tremblement de terre fait partie du coût de l’exploitation effrénée qui, à tous les niveaux, met le profit au-dessus de la santé, de la sécurité et du bien-être du peuple haïtien. Sous les yeux du monde entier prêt à aider, le pouvoir est en train d’en faire une opportunité. Les travailleurs haïtiens et les paysans se battent pour leurs droits, même au niveau le plus élémentaire de l’existence depuis des décennies, tandis que les forces d’occupation de l’ONU, l’État et les élites dirigeantes maintiennent la misère sociale sans fléchir. Maintenant que Port-au-Prince est en ruine, de nouvelles opportunités apparaissent pour les dirigeants qui aspirent à la reconstruction d’Haïti selon leurs propres intérêts. Il en va de même pour les travailleurs et paysans haïtiens de faire valoir leur droit à leur propre pays, Haïti, dans lequel ils ne seront pas forcés de vivre dans des bâtiments dangereux ni de ne travailler que pour remplir les poches des élites, étrangère ou locale.

Quand nous cessons de regarder l’horreur pour prendre des actions décisives, les progressistes peuvent offrir une alternative. Il y a un désir fort et beau de faire quelque chose, d’aider les autres en ces temps de besoin. Nos actions sont plus fortes lorsque nous nous organisons nous-mêmes et faisons un effort concerté dans l’unité. En ce moment même, nous pouvons avoir plus d’impact en nous engageant à agir directement en solidarité avec les mouvements sociaux autonomes d’Haïti. Ils présentent la meilleure option possible pour le peuple haïtien, et sont dans le plus grand besoin. Dans le même temps, nous sommes les mieux placés pour les aider du fait de notre intérêt commun comme personnes engagées dans le combat contre un système qui travaille à nous exploiter tous.
Nous appelons à la solidarité de peuple à peuple, engagée dans une lutte commune.
Ce n’est pas seulement une question d’argent pour l’aide, mais aussi un acte autonome et indépendant de solidarité internationale qui met en lumière la faillite des forces d’occupation, les sociétés multinationales et les élites haïtiennes qui sont les principaux responsables de l’état de délabrement de Haïti.
Il va couler des flots d’aide et de l’argent sera donné comme une forme de charité jusqu’à la prochaine catastrophe. Notre action de solidarité doit, en aucune manière, rester exclusivement un acte d’aide humanitaire. Elle ne doit pas non plus être un acte apolitique, et nous ne devons pas donner le feu vert à ceux qui souhaitent tirer profit de la souffrance des autres. Cette démarche doit être un acte de solidarité envers les personnes qui se battent en Haïti et leurs organisations, et dans le même temps rejette les élites haïtiennes totalement ineptes et leur appareil d’État responsables de la faillite en Haïti. Le tremblement de terre est peut-être une catastrophe naturelle, mais l’État d’Haïti, la pauvreté abjecte des masses et l’injustice ignoble de l’ordre social sont, eux, artificiels.

Nous sommes en relation avec une organisation, Batay Ouvriye [Bataille Ouvrière], et nous mettons nos moyens et notre temps à les aider à reconstruire après la catastrophe et à poursuivre la lutte pour un Haïti et un monde meilleurs.
Batay Ouvriye est une organisation combative ouvrière et paysanne de base avec des travailleurs organisés un peu partout en Haïti, en particulier les travailleurs surexploités dans les ateliers industriels clandestins et les zones franches de libre échange.
Le collectif « Autonomie et Solidarité Miami » a mis en place un moyen d’envoyer de l’argent à Batay Ourviye. Si d’autres souhaitent envoyer de l’argent à Batay Ouvriye, s’il vous plaît envoyez un courrier électronique à :

miamiautonomyandsolidarity(at)yahoo.com

Le Réseau de Solidarité avec Batay Ouvriye Haïti appelle tous les progressistes à se joindre à lui au lendemain de la catastrophe du séisme pour l’aider à organiser un soutien en faveur des divers syndicats et associations de travailleurs, mouvements paysans, réseaux militants dans le mouvement Batay Ouvriye en Haïti.

Nous tenons à différencier notre orientation pour les efforts de secours aux sinistrés des autres organisations et institutions impérialistes sur le terrain.

Nous voulons renforcer le camp populaire dans la prise en charge de la reconstruction de leur vie avec dignité, indépendamment du contrôle réactionnaire et impérialiste.

Salutations,
Mario
Pour le Réseau de Solidarité avec Batay Ouvriye Haïti [Batay Ouvriye Haiti Solidarity Network]

Traduction OCL / Courant Alternatif

BATAY OUVRIYE (Bataille Ouvrière) est un mouvement haïtien de lutte ouvrière qui permet aux membres de cette classe de participer aux luttes démocratiques de ce pays. Il s’oppose nettement à la collaboration de classe avec les exploiteurs et leur appareil de domination - l’Etat - et se solidarise avec l’ensemble des couches dominées et exploitées de ce pays, ainsi qu’internationalement, en participant à leur travail d’organisation et de lutte.
Notre combat continue, par ailleurs :

  • contre les zones franches et les conditions d’exploitation extrême dans les usines de soustraitance
  • contre le métayage et formes de production archaïques prévalant à travers les campagnes.
  • pour l’instauration de conditions de travail et de vie dignes de toute personne humaine dans le cadre d’une société participative déterminée par la justice sociale et l’accès universel aux biens et services du monde actuel.
    BATAY OUVRIYE salue le courage et la constance de nos camarades du Haïti Support Group (Angleterre), de Réseau-Solidarité Peuples Solidaires (France), du Batay Ouvriye Solidarity Network (New York) et de Grassroots Haiti.

Présentation de Batay Ouvriye « Qui sommes-nous ? »

BATAY OUVRIYE est une organisation qui regroupe syndicats d’entreprise, comités d’usine, associations de travailleurs et militants.
Tous œuvrent en Haïti à la construction d’un mouvement syndical autonome, combatif et démocratique, et organisent ouvriers, travailleurs et chômeurs pour la défense de leurs droits. L’organisation se veut une alternative au mouvement syndical traditionnel à tendance bureaucratique et représentatif des classes dominantes au sein des masses exploitées en Haïti. Nous prenons non seulement l’initiative de développer les luttes revendicatives, mais aussi d’inciter les ouvriers et travailleurs à se battre et s’organiser pour défendre leurs intérêts propres. Batay Ouvriye établit également les liaisons de ces luttes particulières avec celles, plus générales, du peuple. En ce sens, nous prenons part à toutes les formes de luttes démocratiques populaires en y encourageant la participation des ouvriers et travailleurs.
Batay Ouvriye s’est engagée dans la lutte contre la compagnie Disney et d’autres grandes multinationales exploitant les peuples travailleurs de la terre. Dans cette lutte, nous avons pu trouver la collaboration de plusieurs organisations de solidarité mondiale avec les luttes des travailleurs en général et des ouvriers haïtiens en particulier. Les représentants de Batay Ouvriye participent à divers forums organisés en protestation contre les violations et abus endurés par les ouvriers du monde entier. Récemment, par exemple, nous avons apporté notre contribution :
• à l’organisation hémisphérique des travailleurs de l’habillement des zones franches pour l’exportation (ZFE) en République Dominicaine ;
• aux débats sur les stratégies d’organisation en zone franches des pays de l’Amérique Centrale, du Mexique et de la Caraïbe ;
• au Guatemala, sur la question de la problématique de « genre » dans le travail d’organisation des ouvrières de la sous-traitance internationale ;
• en Belgique, au Tribunal des Peuples contre diverses compagnies multinationales tels Adidas, Disney, Levi Strauss, C&A et H&M ;
• aux U.S.A., à la conférence sur le AIndependant Monitoring@ accusant Disney, Nike, Walmart, Keymart ;
• et à plusieurs tournées d’information sur la lutte contre Disney.
Car nous sommes conscients que dans le contexte actuel de développement du capitalisme mondial, les luttes des ouvriers haïtiens ne peuvent être détachées de l’ensemble de celles qui se mènent dans d’autres pays. Nous avons apporté et continuons d’apporter notre support militant à toutes les revendications concernant la défense des droits syndicaux et démocratiques des peuples.

En Haïti, Batay Ouvriye favorise la diffusion d’informations ainsi que la formation des ouvriers et travailleurs à travers des conférences-débats, des séminaires ou des ateliers de formation syndicale, la préparation et distribution de matériels didactiques sur les droits des travailleurs, les conventions internationales de travail et des stratégies de luttes appropriées en vue de contrecarrer le patronat local ou étranger.
Nos interventions portent sur :
1) Le non-respect des droits syndicaux des travailleurs, notamment la liberté syndicale et le droit à la négociation collective ;
2) La nécessité d’augmentation du salaire minimum journalier, tout en insistant sur le droit des travailleurs à avoir un salaire qui tient compte du coût de la vie et de la dévaluation continue de la gourde, notre monnaie nationale ;
3) La nécessité d’une baisse progressive jusqu’à l’élimination des quotas de production dans le cadre du travail au rendement dans les usines d’assemblage ;
4) L’amélioration des conditions de travail et le respect de la personne des travailleurs ;
5) L’impunité des patrons qui jouissent de la complicité du Ministère des Affaires Sociales ou du Tribunal du travail en entravant les droits légaux des travailleurs ;
6) Le harcèlement sexuel des travailleuses ;
7) Le despotisme généralisé en milieu de travail ;
8) Les révocations et/ou suspensions illégales ou toutes formes d’arbitraires dont les travailleurs sont victimes ;
9) La sensibilisation des ouvriers sur la nécessité d’un nouveau Code du Travail et sur l’absence d’un plan de sécurité sociale en Haïti ainsi que les pratiques douteuses des institutions de l’état comme l’ONA (Office National d’Assurance-Vieillesse) ;
10) Les réformes obligatoires à faire au sein du Ministère des Affaires Sociales mais aussi notre appui aux employés de l’administration publique en lutte contre l’application du programme d’ajustement structurel imposé par les institutions financières internationales à notre pays ;
11) La répression policière ou celle pratiquée par des élus locaux tels les C.a.s.e.c.s. (Conseil d’Administration des Sections Communales) contre les membres de nos organisations paysannes ou par certains employés du Bureau du Travail du Ministère des Affaires Sociales ;
12) Les mesures économiques ou politiques qui ne permettent pas un développement réel et soutenu de nos ressources naturelles et humaines ;
13) La nécessité d’un autre type d’Etat capable de mettre les intérêts des travailleurs et des masses populaires au premier plan.

Batay Ouvriye intervient sur tous ces points en distribuant des tracts, des brochures et des bulletins, en organisant des conférences de presse, en passant des notes de presse à la radio, en distribuant ou en collant des affiches dans les zones industrielles ou dans les quartiers ou résident les travailleurs. De plus, nous organisons des piquets à l’entrée des usines, devant les bureaux du Ministère des Affaires Sociales et du Parlement pour faire entendre nos doléances et revendications autour des nombreux problèmes auxquels nous faisons face.
Nous menons une lutte continue pour un changement réel de nos conditions de travail et de vie en tant que travailleurs de Port-au-Prince, du haut Artibonite, du bas Plateau Central et du Nord, ainsi que des luttes ponctuelles à travers tout le pays sur des problèmes qui surgissent de notre quotidien. Ceci, également, à travers des campagnes : sur 1’augmentation de salaires des *vann jounen+ (journaliers) dans le secteur agricole ; leur droit à l’organisation ; la baisse des quotas de production dans les usines textiles ; le respect des droits des ouvrières ayant des responsabilités familiales...
Grâce à ces pratiques et en dépit des difficultés résultant des effets de domination en jeu dans la formation sociale haïtienne, nous avons pu mettre sur pied un bon nombre de syndicats d’entreprise ou des comités d’usines, d’hôtels, de magasins ou de petits ateliers de travailleurs, des associations de petits artisans et de professeurs dans des zones urbaines et des organisations paysannes ou de travailleurs agricoles dans les zones rurales.
Ce travail d’organisation nous donne aussi l’occasion de nous adresser aux jeunes, fils et filles d’ouvriers ou de travailleurs avec lesquels nous sommes en contact. Nous sommes engagés dans la construction d’un mouvement de jeunes déterminé par le développement des luttes pour satisfaire leurs revendications. Du même coup, nous nous adressons à leurs parents et à leurs professeurs. Ceci nous a permis de bâtir une coalition entre organisations ouvrières, organisations d’élèves et organisations de professeurs afin de poser les questions d’éducation, de l’enseignement à partir des intérêts de la classe ouvrière et des travailleurs en général.
Notre travail avec les jeunes est axé autour de trois grands points : les luttes concrètes, le développement de leurs connaissances, et des loisirs instructifs. Dans le cadre de certaines de ces activités, ces fils et filles de travailleurs peuvent apprendre déjà les premières notions d’informatique et d’électricité, de cuisine et de pâtisserie...Ce travail s’accompagne du développement d’une bibliothèque comprenant entre autres des livres scolaires ou de références et de la publication d’un journal de jeunes.
Batay Ouvriye, par conséquent, articule pratiques sur les lieux de travail avec celles ayant trait aux conditions de changement de la vie des travailleurs en général, contre les diverses formes d’oppression qui jalonnent leur existence.

Pour plus d’informations, contactez-nous : Boîte Postale 13326, Delmas. Port-au-Prince, Haïti, Grandes Antilles. Tel : (509) 226719.

Informations complémentaires (pas récentes) en français sur Batay Ouvriye sur son propre site.

Ni larmes de crocodile, ni silence <br> Solidarité avec le peuple haïtien

La tragédie à nouveau frappé aux portes d’Haïti. Cette fois-ci, sous la forme d’un terrible tremblement de terre de niveau 7 qui a dévasté le pays et l’a transformé en champ de ruines. Il n’y a pas encore de chiffres exacts concernant les victimes, mais la Croix-Rouge parle de 3 millions de personnes touchées et le nombre de morts pourrait même atteindre les 100.000, chiffre terrible quand on sait que ce pays ne comporte que 8 millions d’habitants. Les images qui nous parviennent de survivants ensevelis sous les ruines appelant à l’aide, d’enfants blessés, de familles s’étranglant en larmes devant la mort de leurs proches dépeignent mieux que mille paroles l’horreur de cette tragédie.

Dans ce moment si terrible, nous nous situons comme toujours aux côtés du peuple haïtien. Toute notre solidarité est pour eux, leur douleur est notre douleur, et depuis ce support de communication nous appelons nos lecteurs et toutes les personnes conscientes de répondre à l’appel à l’aide lancé par diverses organisations humanitaires qui tentent d’apporter un certain soulagement dans une situation si dramatique.

Ainsi, on ne peut s’empêcher de ressentir une juste sentiment de dégoût devant l’hypocrisie d’une « communauté internationale », qui verse une fois de plus des larmes de crocodile sur la « tragédie incompréhensible » subie par le peuple haïtien (en empruntant les propres mots d’Obama), mais qui ne reconnaît pas l’énorme responsabilité qui est la sienne dans cette tragédie : l’impact de ce tremblement de terre a pu être aussi dévastateur parce que nous sommes face à un peuple déjà dévasté par un siècle d’interventions militaires, par le pillage éhonté, par des régimes autocratiques soutenus par la France et les Etats-Unis et par la politique des organisations financières internationales destinées à ruiner le peuple haïtien pour le plus grand profit de quelques uns. Un pays devenu un immense atelier clandestin de misère, où la majorité de la population subsiste à peine grâce à la charité. Ici nous ne sommes pas en face d’une simple catastrophe naturelle, comme les médias voudraient nous le faire croire : nous avons affaire à une tragédie répondant à des causes sociales. Le séisme vient simplement terminer le travail commencé par les États-Unis, la France, le Canada, la MINUSTAH (les troupes d’occupation de l’ONU), le Fonds monétaire international et les organisations de faux développement comme l’USAID.

Aucun d’entre eux ne s’est soucié du peuple haïtien quand celui-ci se noyait dans la dette externe contractée de manière complètement frauduleuse par la dictature des Duvalier, et ils n’ont jamais ressentis la moindre « angoisse » pour extraire jusqu’au dernier misérable centime d’un pays en ruines et avec une population affamée ;

Aucun d’entre eux ne s’est soucié du peuple haïtien quand il a “fallu” imposer des programmes d’ajustement structurel dans les années 90 qui ont produit des conséquences catastrophiques pour la population, comme la réduction des tarifs douaniers sur les importations de denrées alimentaires comme le riz, ce qui a entraîné la destruction totale de la paysannerie, laquelle a été poussée dans les bidonvilles de Port-au-Prince, laissant un pays, jusque-là capable de se nourrir lui-même, dans la faim la plus brutale comme en ont témoigné les révoltes de la faim d’avril 2008 ;

Aucun d’entre eux ne s’est soucié du peuple haïtien lorsque, sous les dictatures des Duvalier, Namphy, Avril, Cédras et Latortue (qui ont toutes pu compter avec l’approbation de Washington et de Paris) des milliers de Haïtiens ont été violés, mutilés, massacrés, ont “disparus”. Certains, comme Jean-Claude Duvalier, vivent dans le luxe en France. Ou, comme Raoul Cédras, qui, grâce à l’argent reçu dans le cadre d’un accord avec les États-Unis pour quitter le pouvoir, est devenu un homme d’affaires respectable au Panama ;

Aucun d’entre eux ne s’est soucié du peuple haïtien quand sont apparues des milliers de plaintes pour abus sexuels commis par les troupes de la mission « civilisatrice » de la MINUSTAH, qui, aujourd’hui, continuent d’occuper, de violer et d’assassiner en toute impunité en Haïti, comme en témoigne le rapatriement au Sri Lanka de plus d’une centaine de casques bleus de ce pays, en novembre 2007, qui, lors de leur service se sont rendus coupables de plusieurs centaines de viols et qui, une fois dans leur pays, n’ont jamais eu affaire même à un simulacre de justice ;

Aucun d’entre eux ne s’est soucié du peuple haïtien, lorsque les ateliers clandestins ont grandement altéré l’économie de ce pays, en payant les travailleurs avec des salaires de misère tandis que des abus de toutes sortes sont devenus les règles du quotidien ;

La liste des raisons d’être scandalisés par les déclarations de chagrin hypocrites d’un Sarkozy, d’un Obama, d’un Ban Ki-Moon, d’un Lula, est trop longue pour continuer. Mais nous disons simplement que plus un peuple est misérable, plus il est lourdement frappé par les vicissitudes de la nature. Et que cette misère est causée par les forces qui ont imposé le model social actuel au moyen de dictatures et des pressions internationales : si les trois quarts de la population de Port-au-Prince vit dans des bidonvilles qui ont surgi de l’effondrement de la structure économique d’Haïti (principalement de la campagne), avec autant de taudis, comment peut-on être surpris que les morts se comptent par milliers ?

Nous espérons que la solidarité des peuples du monde avec Haïti sera massive. Comme cela a déjà été dit, la solidarité est la tendresse du peuple. Et nous espérons que cette solidarité, dont des milliers de vies dépendent aujourd’hui, parviendra bien à destination et ne sera pas prise au piège dans la toile d’araignée des ONG et d’agence humanitaires. Sans aucun doute, de nombreuses organisations de renom incontestable comme la Croix-Rouge accompliront un travail d’assistance appréciable, mais à leurs côtés, apparaîtront aussi des requins profitant de cette tragédie. Nous devrons surveiller tout cela de près et le mouvement populaire haïtien devra être vigilant pour s’assurer que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin et soit distribué de façon efficace. Nous espérons également qu’il n’y aura pas une invasion d’« hommes blancs » apportés par certaines ONG dans le but de réaliser des travaux comme la construction de maisons, que les Haïtiens eux-mêmes peuvent parfaitement remplir d’autant qu’avec un taux de chômage oscillant autour des 80%, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne puissent le faire.

Enfin, nous appelons à la solidarité. Non seulement face à cette tragédie particulière qui touche tous ceux qui ont un cœur dans la poitrine, mais la solidarité maintenant et toujours, un type de solidarité qui creuse sous les ruines de la dévastation pour comprendre les racines profondes de la tragédie d’Haïti. Racines qui sont, dans tous les cas, beaucoup plus profondes qu’un tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter. En bref, une solidarité qui nous oblige à repenser les relations que les grandes puissances mondiales ont dans notre région, dont Haïti est seulement le pire exemple.
Une solidarité qui devrait nous amener à questionner de plus en plus le rôle que jouent, par exemple, les troupes de la plupart des pays latino-américains dans une occupation militaire qui a eu un effet si dévastateur comme ce tremblement de terre, chose difficile à nier malgré les photos montrant les soldats de la MINUSTAH distribuant des sacs de riz aux sans-abris.

José Antonio Gutierrez D.
13 janvier 2010

sources :
en castillan
en anglais

Traduction : OCL/Courant Alternatif]

P.-S.

Pour contribuer à l’appel du Réseau de Solidarité avec Batay Ouvriye Haïti directement (par carte bancaire)

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