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Il n’y a pas eu plus d’émeute à Poitiers le 10 octobre, que de socialisme en France en mai 1981

dimanche 11 octobre 2009, par OCLibertaire


Il n'y a pas eu plus d'émeute à Poitiers le 10 octobre que de socialisme en France en mai 1981

Quelques poubelles qui brûlent, quelques vitrines brisées (celles de banques essentiellement, ainsi que de Bouygues Télécom – le maître d’œuvre de la nouvelle prison à Vivonne –, et d’un journal local), quelques fumigènes, le tout mettant aux prises quelques dizaines de personnes avec la police pendant une petite heure, cela ne fait pas encore une émeute !

Une émeute, c’est, rappelons-le, un soulèvement populaire mis en œuvre par une partie importante et significative de la population dans un espace politique donné.

En revanche, l’intrusion policière couverte par le procureur de la République, à huit heures du soir, dans un lieu privé, bien après et loin du lieu de la manifestation, pour procéder au contrôle d’identité des 100 personnes présentes pour un débat, un repas et un concert (toutes choses qui ne purent avoir lieu de ce fait), cela ressemble fort à un état de siège interdisant toute réunion la nuit venue ! Tous et toutes au sol, mains sur la tête en plein air pendant cinq heures, cela n’est pas encore si banal que l’on ne puisse en faire grand état.

La journée anticarcérale du 10 devait être l’occasion – en profitant du transfert, prévu le lendemain, des prisonniers de la vieille prison de Poitiers vers la neuve de Vivonne, à quelques kilomètres – de poser la question cruciale de la prison dans une société où le sécuritaire et l’enfermement sont les deux pivots du maintien de l’ordre capitaliste.

Un premier débat s’est tenu en début d’après-midi, parfaitement introduit par une militante de l’Association pour le respect des proches des personnes incarcérées (ARPI). Il fut l’occasion d’aborder de multiples questions dans une ambiance d’écoute et de réflexion assez rare sur ces sujets particulièrement sensibles. Quel sens donner à l’abolitionnisme ? Quelle population croupit dans les prisons ? Dans une société « libertaire », quel sens aura la déviance ; faudra-t-il ou non « punir », pourquoi, comment ? Bref, autant de questions guère débattues en public. Une réussite.

Ensuite, départ pour la manif « festive ». Mais s’il y a eu problème alors, ce n’est pas tant dans les événements décrits succinctement plus haut – qui, répétons-le, ne furent en rien une émeute, et dont la responsabilité revient essentiellement aux forces de l’ordre – que dans l’ambiance qui y régnait. Des groupes de militants, ceux que nous appelons « hors-sol », ont, de fait, pris le contrôle de la manifestation, qui regroupait environ 300 personnes, imprimant leurs décisions, leur rythme, leur manière d’agir et leurs fantasmes à l’ensemble des manifestants (sans se préoccuper des retombées sur l’environnement local). A disparu alors tout souci d’expliquer le pourquoi de cette manifestation – pas de tract clair, pas de slogans lancés, des banderoles vides de toute inscription (!). Or, quand de tels messages sont absents, il ne reste plus que celui des vitrines brisées comme but en soi et unique non-message ! Comme si l’objectif de la journée, qui était de sensibiliser un peu une frange de la population à l’absurdité de la prison, devenait secondaire par rapport à, par exemple, l’inscription du slogan le plus imbécile de l’année : « La plus belle jeunesse est celle qui est en prison », ou encore à s’affronter avec la police. Bref, une ambiance pas trop démocratique (il n’est pas de démocratie que bourgeoise !) et un avant-gardisme rappelant de sinistres heures du gauchisme militaro que l’on croyait renvoyé aux poubelles de l’Histoire. Une manifestation où la peur et l’angoisse devant des visages figés par des masques et des uniformes sombres nous plaçaient aux antipodes des yeux dans les yeux et de la communication colorée et festive prévue.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, et il est urgent que les pendules soient remises à l’heure, afin que le sens des mobilisations en cours ne passe pas au second plan en nous faisant entrer dans un cycle permanent de violence-répression où notre énergie s’usera au nom de la solidarité (« malgré tout », puisque ce sera un choix forcé). Autrement, les sempiternelles obligations antirépressives risquent de devenir pour nous le pendant des journées d’action rituelles de la CGT.

OCL-Poitou

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29 Messages

  • vous etes vraiment des abrutis ! commencez deja par casser et bruler vos affaires personnelles avant de le faire aux autres.!

    allez vous faire enculer !!!!

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    • On se fait enculer où on veut, quand on veut, et par qui on veut...
      Non mais !

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      • En tout cas ce sera pas par le premier copmmentateur

        merci de ce texte, salutaire et qui remet les points sur les i !

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      • Vive la sodomie pour ceux qui veulent, et le droit au brisage de vitre pour ce qui peuvent :)

        Article très sympa.

        Amistats d’Occitania.

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      • NPA/OCL c’est pareil ? 12 octobre 2009 17:28, par Marco Polo

        Pour celles et ceux qui estiment que le communiqué de l’OCL c’est comme le NPA, voici celui du NPA Poitiers. Si vous ne voyez pas de différences fondamentales c’est à désespérer

        Communiqué NPA86 sur les faits de samedi

        dimanche 11 octobre 2009 par redac-npa86

        Communiqué de presse du 11/10/09

        La manifestation contre la prison de Vivonne, contre le système carcéral, contre les structures répressives était justifiée. Plus personne n’ignore l’état ignoble de nos prisons dénoncé par des rapports parlementaires nationaux et par des études européennes.

        Une partie des manifestants, visiblement venus à Poitiers pour en découdre, ont cassé des vitrines de banques et de magasins et ont tagué des slogans anti-système.

        Le NPA86 condamne sans réserve ce vandalisme et les violences physiques commises, en plus en plein milieu de la foule venue au festival « des Expressifs ». La portée politique nous échappe.

        Cette violence nous inquiète. Elle est le symptôme d’une société bloquée, qui n’offre aucun espoir. Comment en est-on arrivé à ce qu’une partie de la jeunesse ne voie plus que la violence comme mode d’action politique ?

        Les actes de samedi soir ne changeront rien, ni au système capitaliste ni au sort des prisonniers. Il sont dangereux et ont empêché les poitevins de faire la fête en ville.

        La révolte ne doit pas aller dans des voies sans issue. Le NPA86 continue de penser que la seule force pour lutter contre le système capitaliste, c’est le nombre, pas la violence minoritaire.

        Nous demandons que la justice n’utilisent pas ces faits pour condamner au hasard des jeunes militants qui ne partagent pas ces méthodes injustifiables.

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        • NPA/OCL c’est pareil ? 15 octobre 2009 12:50, par langue-rouge

          Ce message du NPA86 est assez catastrophique. Il reflète peut-être une position locale particulière (je ne connais pas les camarades de Poitiers mais ils semblent avoir pour certains assez mauvaise réputation au sein même du NPA) mais en aucun cas une position nationale et certainement pas la position d’une majorité de militants du NPA.
          Signé un militant NPA

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          • NPA/OCL c’est pareil ? 16 octobre 2009 10:58, par jackaren

            je ne comprend pas en quoi le communiqué du NPa est catastrophique , tu n’argumentes pas
            je suis aussi au NPA a rennes , et je considére que cette déclaration est bien équilibrée
            j’ai défendue exactement la meme
            aupres d’un journaliste, a titre personnel
            alors dis nous le
            jackaren

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    • 117 morts déjà cet année dans les prisons françaises, les cadavres ont du mal à sortir comme un slogan bien .
      tartagueule dans la cour !!!
      c’est étrange il y a immédiatement les connotations sexuelles quand on parle de manifestation sauvage.
      Lorsque la lutte anticarcèrale sort de la réserve du débat poli et organisé, l’indignation frappe à la porte.
      Face à la torture carcérale , ce n’est pas des slogans , des banderolles, qui puissent laisser éclater la rage.

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  • on dirait un communiqué du npa. solidarité avec toutes les formes d’actions

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  • Poitiers : Eclaircissements récents sur l’impossibilité de quelques affinités

    Si nous prenons ici l’exemple de la manifestation contre la nouvelle prison de Vivonne à Poitiers (ou plutôt contre le transfert de ses nouveaux détenus), ce n’est pas que celui-ci soit particulièrement emblématique ni parce qu’il fait couler tant de boue parmi les habituels chieurs d’encre militants et/ou journalistes ; il y a juste ce petit quelque chose qui vous fait prendre la plume à des instants où la connerie semble vouloir concurrencer l’espace-temps, et c’est bien le cas peu après cette manifestation, et sans même avoir besoin de mentionner le tourbillon mediatico-policier qui l’enserre.

    Bris de vitrines de banques, de commerces, de locaux journalistiques, de magasins Bouygues (entreprise participant à la construction des prisons) et d’autres collabos, tags dans tout le centre ville, et notamment contre des monuments religieux, des magasins, affrontements avec les flics etc. Bref, le classique d’une manif qui, si elle n’offrait que peu de contenu, n’aura pas servi à rien d’autre qu’à balader son chien.

    Si l’appel à cette manifestation était loin de pouvoir convaincre des sensibilités anarchistes de rupture (notamment avec le gauchisme), et si l’aspect spectaculaire qui ne cesse d’enjoliver cette tendance actuelle du gauchisme radical (et politique) à suivre des maitres à penser (quelques livres à la mode), voire des maitres tout court (comme les Partis, mêmes imaginaires) était si présent dans l’esthétisme qui auréolait cette journée anti-carcérale, ou encore si les bases de cette lutte, qui mettra en avant les aspects les plus superficiels de l’univers carcéral [1] plutôt que l’administration pénitentiaire de nos vies elles-mêmes ; il nous importe quand bien même de défendre la destruction des outils de la domination (peu importe l’échelle de cette destruction) en ce qu’elle dépasse largement les cadres symboliques et spectaculaires pour contribuer par de réels dégâts physiques et matériels à la guerre sociale.

    C’est que souvent, le dégât matériel est méprisé par le militant moyen, qui pense lui, que seule la conscientisation des « masses » peut venir à bout de ce monde, et que donc il faut l’attendre pour agir. Il faudrait, pour que ce dégât porté à l’ennemi soit moralement approuvé, qu’il lui soit infligé par tous les exploités, et au même instant T. Ce qui équivaut, à la lumière du passé, à ne porter aucun dommage au système, à attendre et à crever en n’ayant rien été d’autre que le spectateur pacifié de sa propre vie. Et ils sont nombreux, par exemple, les anarcho-flics, ces éternels commentateurs, à nous délivrer leurs messages de paix tandis que nos cœurs bouillonnent vers la guerre. L’apocalypse qu’ils nous promettent n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle que nous promettent les nouveaux leaders philosophiques du gauchisme tacticien post-gauchiste, à la seule différence comptable que celle-ci viendrait plus tard que l’autre. Par ailleurs, comme l’avaient fait remarquer quelques compagnons italiens [2] préoccupés par les tournures tacticiennes et politiciennes de la défense des inculpés de Tarnac et notamment des comités de soutien , « l’insurrection qui vient ne lit pas Libé », il est temps de rajouter que l’insurrection qui vient ne lit pas non plus L’Insurrection qui vient, ni d’ailleurs les communiqués officiels des organisations politiques.

    La « section Poitou » de l’Organisation Communiste Libertaire (OCL) s’indigne du déroulement de cette petite manifestation dans son communiqué nommé avec ce gout de la phrase qu’ont ceux qui veulent rentrer dans les musées : Il n’y a pas eu plus d’émeute à Poitiers le 10 octobre que de socialisme en France en mai 1981 [3]. Ils nous expliquent du haut de leur sagesse d’anciens (il semble devenir de plus en plus difficile de ne pas imaginer de longues barbes blanches à nos sages libertaires), ce qu’est l’émeute, la vraie. « Une émeute, c’est, rappelons-le, un soulèvement populaire mis en œuvre par une partie importante et significative de la population dans un espace politique donné. » Celle-ci est très jolie, nous vous l’accordons, elle contient en elle tout ce que la politique et le démocratisme ont gangréné du cadavre encore chaud de la révolte des résignés. Populaire, populaire... cet adjectif singulier invariant en genre qui fut si longtemps l’apanage des maoïstes et des léninistes, qui le sera encore et toujours des franges les plus réactionnaires et fascistes du spectre de la politique, peut prendre plusieurs sens, tous complémentaires : issu du peuple, appartenant au peuple, destiné au peuple, très connu et apprécié du plus grand nombre, et donc du peuple. Nous ne reviendrons pas encore sur la notion de peuple, qui ne finira jamais de provoquer notre colère contre toute forme de négation de l’individu, qu’elle soit nationaliste, patriotique ou démocratique. Nous espérons aussi ne pas avoir à revenir sur la politique et ses mécanismes de représentation, de séparation, de médiation et de respectabilité. C’est que pour l’OCL du Poitou, l’heure n’est pas à l’attaque et à la destruction de toutes les prisons, il y aurait à régler en premier lieux quelques questions « cruciales » à leurs yeux, assez cruciales en tout cas pour devenir de bons prétextes à la passivité active qui les caractérisent : « Quel sens donner à l’abolitionnisme ? Quelle population croupit dans les prisons ? Dans une société « libertaire », quel sens aura la déviance ? » ; Et pour clôturer le joyeux bal du statu quo social : « faudra-t-il ou non « punir », pourquoi, comment ? ». Le « Pourquoi » et le « Comment » étant déjà la réponse à la question « faudra-t-il punir ? ». Pas besoin de revenir non plus sur les éternelles théories du complot des anarchistes organisés et des trotskistes sur la main de l’Etat derrière chaque offensive contre ses infrastructures ou celles du Capital (« […] les événements décrits succinctement plus haut - qui, répétons-le, ne furent en rien une émeute, et dont la responsabilité revient essentiellement aux forces de l’ordre »). En bref, nous pouvons remercier l’OCL-Poitou pour son expertise révolutionnaire.

    « On parle toujours de la violence du fleuve, jamais de celle des rives qui l’enserrent. »

    Mais au-delà de cette anecdotique organisation permanente à la prétention de représenter autre chose qu’elle même, on a tous pu entendre ici ou là les fonctionnaires de la pacification sociale habillés en révolutionnaires pointer leurs sales gueules, comme toujours. A travestir ce que nous vivons comme des contributions à la création autonome de nos vies, à la libération d’espaces de créativité sociaux comme individuels en un spectacle morbide, au nihilisme, à l’action de sombres desperados romantiques, à une violence aussi systématisée que la non-violence systématisée (le pacifisme) de certains d’entre-eux. Si il serait justifié de pointer du doigt les mécanismes activistes derrières ces rassemblements sans contenu (ou trop peu), rassembleurs, et qui sous prétexte de vouloir parler à un maximum de gens (on en revient à l’adjectif populaire) devront nécessairement passer par les plus petits dénominateurs communs, cette même logique manipulatoire propre à l’intégration des réflexes démocratiques et du catéchisme des foules (qui ont toujours raison) ; Il convient toutefois de rappeler aux politiciens et autres « grands-frères » bien intentionnés, que lorsque qu’éclate notre rage, tout ce qui nous oppresse et se trouve sur notre route à un moment donné mérite de subir nos foudres, qu’il soit vêtu de bleu ou de tracts, et que nous ne tolérons pas les arbitres.

    Le Collectif Contre la Prison de Vivonne, de qui serait venue l’initiative de cette manif (dans le cadre d’une « journée anti-carcérale ») se fend, lui, d’un communiqué [4], le jour d’après, pour y affirmer « que les pratiques utilisées ne correspondaient pas à leurs attentes et qu’un bilan de la stratégie politique émanera de ces événements », tout cela avant d’agiter l’éternel spectre de l’état d’exception, des méthodes policières pourtant si banales (arrestations, fichage, contrôles d’identité…), mais qui seraient « dignes d’une ère ancienne »... Tout cela pour finir par demander la libération des manifestants encore en garde-à-vue. Autant de choses qui de notre coté ne peuvent résonner qu’autrement, puisqu’il y aurait à se dissocier de tout sauf des pratiques ici remises en question dans ce communiqué défaitiste. Mais le non-sens guette toujours l’avidité de reconnaissance des autorités et de la normalité.

    Nous n’étions pas à Poitiers le 10 octobre 2009 parce que nous nous méfions de la forme sans fond et des logiques (ré)activistes, nous ne serons jamais aux cotés de ceux qui assument l’autoritarisme de la condamnation des actes de révoltes, des arbitres politiques qui départagent les bonnes émeutes anti-autoritaires des mauvaises.

    Au plaisir de détruire ce qui nous détruit, ailleurs, sans attendre et tout le temps.

    Quelques anarchistes précipités, Le Dimanche 11 Octobre 2009
    .....................................
    quelle lecon !!

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    • Poitiers le 10 octobre... source 12 octobre 2009 20:02, par ocl st-naz

      le message précédent est en fait un texte publié par non-fides, voir le lien

      http://www.non-fides.fr/spip.php?ar...

      sur lequel vous trouverez les notes et les référérences...

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    • Individu(s) auteur(s) de ce message !
      Vous êtes des imbéciles !
      Et si vous soutenez la rage, à vous lire, la votre semble bien éteinte !

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    • donc si j’ai bien compris on ouvre les prisons , on supprime tous les symboles du capitalisme et de la société de consommation , on détruit tout le système policier , l’armée évidemment .
      qu’est ce qu’on fait des serviteurs du pouvoir et du fric : on les fusille ? on les met dans les prisons qu’on vient de vider ?
      on retourne à la campagne comme pendant la révolution culturelle ?
      et nous les esclaves exploités par les riches , libérés des contraintes du système précédent on se fait prendre en main par vos penseurs éclairés ?
      je le sens mal votre grand soir !
      je préfère encore me nourrir sur la bête comme vous d’ailleurs.

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    • A propos des « quelques anarchistes précipités »

      Je n’étais pas à Poitiers et je ne réagis donc qu’à ce que j’ai pu lire ici ou là, en particulier sur Internet.
      Je réagis ici à ce texte incroyable, signé par des "anarchistes précipités" parce qu’il me semble proprement délirant, irréel et dangereux.

      La première chose vécue a été le déferlement d’une information en boucle tout le week-end, sur les radios et les JT des grandes chaînes de TV. Des scènes d’émeutes, des hordes de casseurs, déferlement de violence, des groupes très organisés se réclamant de l’ultra-gauche s’en sont pris à des dizaines de boutiques du centre-ville, le centre ville de Poitiers saccagé et les habitants sous le choc…

      Bref, une bonne grosse campagne sécuritaire des médias qui fait monter la pression sur l’opinion mais à travers ça, sur le pouvoir politique pour qu’il s’“explique” : comment est-ce possible ? Comment vous, les tenants de la sécurité, n’êtes vous pas capable d’empêcher cela ? De surveiller tous ces mouvements ultra-gauche ? etc.

      La surenchère sécuritaire est en place. Visite de Hortefeux, etc...

      Les mots sont importants

      Et une émeute et le saccage d’un centre ville, c’est pas quelques vitrines cassées, taggées, quelques fumigènes balancés.

      La dessus, les camarades de l’OCL ont eu raison d’essayer de rétablir les ordres de grandeurs et donc de signification. Quelques vitrines cassées, ça ne fait pas une émeute. « Une émeute, c’est, rappelons-le, un soulèvement populaire mis en œuvre par une partie importante et significative de la population dans un espace politique donné. » (Communiqué OCL du 11 octobre).
      Sauf à vouloir travestir la réalité et la faire correspondre à ses fantasmes. Fantasme sécuritaire de ceux qui veulent toujours justifier plus de répression, de vidéosurveillance, de contrôles de toutes sortes, qui défendent et veulent convaincre du bien fondé de la mise en place d’un état d’exception permanent, au nom de la sécurité “qui est la première des liberté” n’est-ce pas ?

      Fantasme qui est apparemment aussi celui des « Quelques anarchistes précipités » qui ne voient pas de raison de critiquer la redoutable machine sécuritaire, trouvant « banales » les méthodes policières et préférant manier l’insulte contre l’OCL et les mièvres organisateurs de cette journée anti-carcérale qui mettaient « en avant les aspects les plus superficiels de l’univers carcéral ». Bref de pauvres militant-e-s illusionnistes, qui participent au spectacle au lieu de la combattre parce qu’ils n’ont pas compris qu’il faut « contribuer par de réels dégâts physiques et matériels à la guerre sociale. »
      Mais c’est vrai, à quoi bon lutter contre l’incarcération, contre la logique de l’enfermement alors qu’il faut s’en prendre à « l’administration pénitentiaire de nos vies ». Si la société est une prison, évidemment, à quoi bon lutter contre une prison ou l’ensemble de la logique carcérale ? Comme les méthodes policières « banales » ne méritent pas qu’on les conteste.

      Toujours, partout, en toute circonstance, dans n’importe quel contexte... parce que, n’est-ce pas, « nos cœurs bouillonnent vers la guerre ».
      Il n’y a pas ici de raisonnement, de réflexion sur les moyens et les fins, non. « Nos cœurs » nous poussent à la guerre ! Alors, s’il s’agit d’aimer la guerre, d’en avoir envie, d’en être attiré et en attendre du plaisir, il est clair que l’on ne navigue pas du tout dans les mêmes eaux !

      Et là, les références négatives de notre soit disant « anarchistes » envers la « population », envers le « peuple » en dit long sur la vacuité politique totale de ces crétins individualistes, qui se gargarisent de mots creux quand ce n’est pas la pire conception libérale de la liberté : l’illimitation des jouissances privées de l’individu contrariée par l’Etat.
      Inutile d’aller chercher « l’apanage des maoïstes et des léninistes », historiquement l’anarchisme dans ses différentes variantes appartient au combat prolétarien, aux luttes paysannes, aux combats du mouvement ouvrier, du peuple contre les injustices et pour sa liberté (1). Le terme de peuple est certes polémique et problématique mais c’est précisément en cela qu’il est intéressant : il n’autorise pas de dogmatisme. Et puis, quels concepts ne sont pas polémiques : l’anarchie, la démocratie, la révolution, le ”système”, la capitalisme ?
      Cette manière de dénigrer le « peuple », le « populaire » en dit long de leur appartenance à une tradition fondamentalement élitiste, celle des savants, de ceux qui se pensent supérieurs car ils possèdent plus et mieux la science qui délivre la vérité.

      Qu’ils ne supportent pas le « démocratisme » et la politique est d’ailleurs cohérent. Chez ceux qui rejettent la politique et l’idée démocratique, c’est toujours au nom d’une vérité supérieure (de l’être, du social, de la pensée) mais évidemment cachée, que seuls les esprits malins, mais peu nombreux, savent débusquer.
      C’est une très vieille histoire qu’ils nous racontent là, qui remonte au moins à Platon. Chez les stals, les léninistes, dans le marxisme positiviste, c’était au nom de la science du prolétariat, chez nos anarchistes insurrectionnalistes, ça doit être au nom de la vérité des exigences de la vraie vie et de la “vraie” subversion menées par des « individus » contre tout ce qui peut les menacer, des êtres posés comme purs absolus, séparés, déliés de toute socialité.
      La politique que ne supportent pas ces « anarchistes précipités » c’est précisément ce qui permet de fabriquer du commun, de donner sens à des communautés humaines concrètes, des espaces à l’intérieur desquels il est possible pour des êtres singuliers, sans qualité particulière, de problématiser, de mettre en discussion, d’élaborer des formes nouvelles de voir le monde et de le transformer.

      Pour nos « précipités » et autres insurrectionnalistes, l’action, l’acte, le cassage de vitrine ou autre, n’est pas un acte calculé, situé dans un contexte, de le cadre d’une lutte sociale et politique, car on est là encore dans le domaine de l’insuffisance, du faux, de l’illusionnisme ; l’acte destructeur est le signe existentiel, et non politique, sensé exprimer la vérité de la révolte de son auteur.
      Et les “émeutes” à 200, largement dramatisées et surmédiatisées, ne sont en aucun cas à critiquer, peuvent et doivent se faire partout, en toute circonstance, dans n’importe condition, sans tenir compte de l’avis de ceux qui organisent une manifestation, qui essaient de sensibiliser la “population” (beurk !).

      Il est piquant que de lire que les « éternels commentateurs » poitevins mis en cause étaient pourtant sur place et participaient à l’organisation de cette mobilisation anti-carcérale tandis que nos “anarchistes précipités”, absents de cette journée, ne se gênent pas pour commenter... les commentaires et les points de vues.

      Ce n’est pas la première fois que des individus voulant faire assaut de radicalité, d’engagement total et d’intransigeance, non seulement traitent par le mépris tous ceux et celles qui n’optent pas pour leurs positions mais en plus en viennent à donner raison à l’Etat, aux campagnes médiatiques sur la sécurité, au quadrillage militaro-policier du territoire : c’est du « banal », c’est logique puisque le monde est une prison.

      La répression est « si banale », la société une prison, les luttes « populaires » sont à chier, les initiatives organisées par des « chieurs d’encres militants » ne servent à rien ou ne font que créer des illusions et le « militant moyen » qui s’y consacre ne fait que participer à la « pacification sociale » car, selon lui, « il faut l’attendre pour agir. »

      Malgré leur tonalité anti-politique, ces propos s’inscrivent dans une démarche politique, non seulement erronée et à combattre parce qu’avant-gardiste, mais dangereuse car elle referme tous les espaces de la conflictualité sociale et politique et ne privilégie que l’action "militaire" (c’est la guerre !).
      Les réunions publiques ne servent à rien, ni les « rassemblements sans contenu (ou trop peu), rassembleurs ». Essayer de diffuser des idées, des arguments, s’adresser à la population, avoir une expression collective (contre la prison, mais cela serait la même chose sur d’autres sujets), s’opposer à la politique sécuritaire, carcérale, du gouvernement et derrière la logique de tous les Etats, tout cela ne sert à rien. Organiser une manifestation qui se passe sans casse, pour dénoncer la construction d’une nouvelle prison, ne sert à « rien d’autre qu’à balader son chien » et « à crever en n’ayant rien été d’autre que le spectateur pacifié de sa propre vie. »

      Par contre, « nos cœurs bouillonnent vers la guerre », et il faut « contribuer par de réels dégâts physiques et matériels à la guerre sociale ».
      C’est un discours de la militarisation de l’affrontement. Comme si la révolution, les luttes sociales, la “guerre sociale”, était une guerre entre deux armées, où il faudrait infliger des « dégâts physiques et matériels » à l’adversaire. Comme si la domination du capital était la domination d’une dictature militaire et qu’il fallait mener une lutte/guerre dans une face à face avec l’Etat, un Etat toujours conçu exclusivement comme un instrument de répression que d’infâmes collabos (« anarcho-flics ») légitimeraient en n’osant pas l’attaquer directement, dès aujourd’hui, sans doute à coup d’explosifs ou de pelleteuses (« C’est que pour l’OCL du Poitou, l’heure n’est pas à l’attaque et à la destruction de toutes les prisons ») !

      On croit rêver en lisant un tel tissu d’âneries.
      On a l’impression que, banalement, l’histoire se répète et que des leçons n’ont pas été tirées.

      D’autant que la justification des actions “hors sol” est celle où l’on présuppose une situation globale et intemporelle (« l’administration pénitentiaire de nos vies ») pour les appliquer localement, quel que soit le contexte (« ailleurs, sans attendre et tout le temps ») et surtout sans tenir compte du moindre avis de ceux et celles qui luttes localement.
      Mais c’est vrai qu’il y a clairement « l’impossibilité de quelques affinités » avec ce petit monde des « chieurs d’encre militants », « les anarcho-flics », ces « fonctionnaires de la pacification sociale habillés en révolutionnaires » avec « leurs sales gueules ».

      Malheureusement, ce n’est pas la première fois que des révoltés, des “radicaux”, ou même des anarchistes empruntent ce type de trajectoire, cette fuite en avant du face-à-face paranoïaque avec l’Etat dans lequel c’est toujours l’Etat qui gagne. Fuite en avant et renoncement : plutôt que d’affronter le monde avec sa complexité et ses contradictions, il est en effet plus “simple” de le découper en deux camps : eux et tous les autres désignés indistinctement comme des ennemis. En réduisant l’espace de la lutte à l’affirmation d’une identité haineuse, à une rhétorique sans idées et sans arguments, basée sur un degré zéro de la réflexion politique, qui semble fonctionner quasi exclusivement sur le ressentiment, sur l’insulte, les menaces (2), sur des postures obsessionnelles et un mental limite psychopathe, qu’un rien irrite (3) et où se manifeste la négation de toute altérité, de toute pluralité.

      Le monde est surpeuplé de salauds, de traîtres et d’ennemis. On est dans un film très très noir. La mort sera-t-elle au rendez-vous ?

      Les affinités sont effectivement impossibles. Nous ne sommes pas dans le même monde.

      .
      Un communiste libertaire

      le 14 octobre 2009

      Notes

      1. Les journaux auxquels ont participé des anarchistes en témoignent, depuis la “Voix du peuple” de Proudhon, le “Cri du peuple” de la Commune, le “Journal du peuple” pendant l’affaire Dreyfus. Sans même parler d’Emma Godmann qui publia une “Manifeste au peuple américain” ou de l’hymne des anars espagnols qui s’appelle “Hijos del Pueblo”… On n’évacue pas le peuple comme cela !

      2. « Il convient toutefois de rappeler aux politiciens et autres « grands-frères » bien intentionnés, que lorsque qu’éclate notre rage, tout ce qui nous oppresse et se trouve sur notre route à un moment donné mérite de subir nos foudres, qu’il soit vêtu de bleu ou de tracts, et que nous ne tolérons pas les arbitres. »

      3. « Nous espérons aussi ne pas avoir à revenir sur la politique et ses mécanismes de … » : ne nous obligez surtout pas à revenir sur ce qui est dit, hein ?!

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      • Au communiste libertaire, à l’OCL, à celles et ceux qui se retrouvent dans leur discours

        Hahahaha, et non tu ne nous auras pas comme ça ! En blablatant sur les raisons qui te pousses à t’auto-castrer, à refouler tes désirs, et en essayant de nous faire avaler ta résignation !

        Oui nous ne pouvons que prendre du plaisir à la guerre qui nous oppose à tout ce qui nous empêche de vivre pleinement. Dans une vie aussi aseptisée, noyée dans les dispositifs qui en atténuent toute intensité, dans le décor triste et uniforme qui se déploie indépendamment et contre nous, quelle réaction plus spontanée que celle de détruire tout ça ? Vouloir vivre sur un mode qualitatif supérieur ? Et quelle meilleure manière de jouir qu’en détruisant ce qui nous empêche de le faire habituellement ? Nous avons des désirs, nous voulons tout simplement les réaliser tout de suite.

        Et merde à tout ceux qui du haut de leur idéologie nous conseillent d’attendre le grand soir ! Le peuple, la nation, la race, le prolétariat (au sens marxiste), autant de notion désormais vide de sens. Nous sommes des HUMAINS, ou du moins nous sommes des êtres qui essayent de le devenir, envers et contre tout.

        Vous êtes les derniers représentants de ce vieil anarchisme ouvrier et moraliste, qui, si il a effectivement été la plus haute expression révolutionnaire de son époque, n’est plus qu’un résidu anachronique. Il serait tant de cesser de se masturber sur la révolution espagnole et la commune de Paris et lire autre chose que Bakounine : ces 50 dernières années ont tout de même été riches en productions pertinentes, intelligentes, révolutionnaires, même si souvent contradictoires, ça va de l’IS à Tiqqun pour les plus connus. L’époque ne s’appréhende plus selon vos anciennes grilles de lecture, elle a évoluée, la domination a modifié ses modalités d’exercice. L’anarchisme traditionnel aurait du mourir à la naissance de l’internationale situationniste car cette dernière l’englobait et le dépassait. Seul la part d’idéologie que contient l’anarchisme a fait subsister ces modes périmés de la contestation. Voici une nouvelle occasion d’aller faire un tour au cimetière et enterrer définitivement le cadavre : la renaissance d’une théorie et d’une pratique critiques qui ne s’encombrent plus des aliénations révolutionnaires du passé. L’occasion vous est donnée de participer positivement à son élaboration et à son développement et de rattraper les 70 ans de retard.

        Critiquons tout, critiquons-nous ! Mais sur des bases valables !

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        • C’est rigolo cette critique de notre archaïsme de la part d’une sensibilité dont une des activité semble être d’exhumer des texte d’Albert Libertad (mort en 1908) pour les proposer comme référence théorique.
          Finalement avec seulement 70 ans de retard (1939) nous ne sommes peut-être pas les plus anachronique...

          Mais question Culte de la charogne, c’est sûr que nous ne sommes pas de taille...

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          • Il est surtout risible de lire quelque chose qui se targue de modernité et qui nous refile non seulement le situationnisme (qui est quand même une référence assez datée) mais aussi une sorte d’humanisme ranci, ahistorique, (« nous sommes des humains », la belle affaire !), extraordinairement individualiste.
            Et qui, en toute logique, nous ressort de derrière les fagots la vieille scie de l’“aliénation” : c’est quoi un être non aliéné ? c’est quoi donc qu’un être pur et vierge de toute altération ? qui décide de la pureté de l’être ? n’y a-t-il rien de suspect et de religieux dans toute idée de pureté ? comment se libère-t-on de l’aliénation, petit docteur libéré ? On est là en plein dans le domaine du divin. Bonjour la modernité !

            « Nous avons des désirs ». Et alors ? La pub, la consommation, le marketing travaillent ardemment aussi sur les désirs : c’est même ce qui fait marcher toute la machine de l’économie. Le désir est un concept très très faible, mais aussi un puissant moyen de manipulation, assez conforme avec l’environnement social et économique dominant.

            La domination a évolué ? Bien évidemment. Mais au lieu de proposer le début de quelque chose de neuf et d’adapté, tu nous sors comme réponses, celles les plus intemporelles qui soient : « vivre pleinement », « nous avons des désirs », « vivre sur un mode qualitatif supérieur »… ça se disait déjà dans les années 60… et la revendication d’une vie supérieure, on la retrouve chez Nietzsche, et même chez les romantiques qui l’ont précédé, ce qui n’est pas non plus très nouveau.

            Quand à la critique de l’anarchisme traditionnel, là tu te trompes de crèmerie. L’OCL n’est peut-être pas un groupe très théorique (encore qu’on nous accuse de trop couper les cheveux en quatre et de ne pas être trop dans les clous de la tradition) mais il suffit de lire un peu ce qu’elle dit (son journal, son site, ses quelques ouvrages) pour se rendre à l’évidence qu’elle ne ressasse qu’assez peu de vieilleries.

            Il faut en finir avec cette idée que l’état du monde et sa nécessaire transformation ne sont que des questions de conscience, de volonté, de désir (que nos héroïques combattants se donnent généreusement comme mission de délivrer aux incultes et résignés qui peuplent ce monde) ? Si c’était si simple, on s’en serait aperçu !

            Il faut peut-être en finir avec la pensée magique (et enfantine) qui croit qu’en désignant les choses on les fait exister.

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      • salut à tous,

        Durruti avait fait des banques et "dégommé" quelques têtes (archeveques, pistoléros, patrons...) avant de revenir parler sans les meetings et de préparer l’insurrection du Peuple.

        Pourtant après de tels coups de main la répression d’Etat se faisait plus dure...et elle touchait tous les militants.

        Mais les CNTistes espagnols étaient surement plus tolérants et ne passaient pas leur temps à se donner des leçons.

        Autre exemple : quand les résistants en france faisaient des "coups de main".
        S’il leur avait fallu attendre que la Majorité adhère...à ce compte là ils n’auraient rien fait .

        Pas de groupe Manouchian.

        Heureusement que là à Poitiers il ne s’agit que de quelques vitrines cassées...

        Bon les divergences exprimées ici résument bien toute l’incapacité des anarchistes français à se regrouper dans une même organisation. Et parfois à s’organiser tout court.

        Il y a 3 suicides par jour dans les prisons françaises, et on ne comprendrait pas pourquoi "leur sang bouillonne"...

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        • (message aux modérateurs : cela remplace le texte mis précédemment : vers 21 h 30 je crois)

          La discussion n’a jamais porté sur le bien ou mal fondé des actions directes de type sabotage, ou même attaques de banques ou autre… en général. Et de défendre le légalisme…
          Je ne crois pas que l’OCL défende jamais l’idée de luttes “majoritaires” qu’il faudrait opposer aux actions “minoritaires”.

          1. Les luttes minoritaires sont complètement défendables (et ce sont souvent celles qui annoncent ou provoquent des changements importants). Ce tropisme de la « majorité » ou des luttes de « masse » n’a jamais appartenu au positionnement de l’OCL depuis qu’elle existe. Et d’ailleurs, on ne peut qu’être minoritaire si l’on défend des positions anticapitalistes et révolutionnaires (en dehors de moments plus révolutionnaires, quand ces idées et aspirations acquièrent une dimension de masse).

          2. La question des actions de sabotages (réels ou symboliques) ne se pose pas en soi mais dans le type d’action (tout n’est pas équivalent) et dans la relation qui peut se faire, ou pas, ou mal, entre ce type d’actes et des formes de mobilisation plus ouvertes, au grand jour, où on ne demande pas aux gens que l’on tente de mobiliser d’être des héros, d’être prêts à en découdre physiquement avec la police alors qu’ils ne l’ont pas choisi et que peut-être ils ne le souhaitent pas. Des actions de sabotage pourquoi pas, mais qui renforcent les mouvements et non qui aident l’Etat à les réduire, à les étouffer, à dégoûter définitivement des personnes révoltées mais non-violentes a priori, ou peu violentes, de s’engager dans les luttes radicales.

          Personne n’a non plus critiqué le fait de traduire la révolte dans des actes dans les communiqués de l’OCL ou le texte du camarade communiste libertaire.

          Il a été critiqué un discours qui ne fait que valoriser des actions dites violentes et qui assimile toute critique à une position de “flic”. Il a été exprimé le désaccord avec ceux qui proclament aujourd’hui que seules des actions violentes sont valables. Ce point de vue est non seulement critiquable mais doit être critiqué surtout quand des gens déclarent « aimer » la guerre. On ne peut pas se déclarer anarchiste et/ou révolutionnaire et « aimer la guerre ». Toutes les guerres sont détestables. Et si on doit prendre des armes, ce sera toujours en détestant le faire, comme un mal nécessaire et pas comme un plaisir ! Une politique révolutionnaire, ce n’est pas laisser libre cours à des désirs de guerre, de feu et de fureur.

          La position « violentiste » doit aussi être critiquée parce qu’elle semble par trop satisfaire une logique spectaculaire, entièrement maîtrisé par les médias et par l’Etat qui se font fort non seulement de rajouter toujours plus de répression mais de lancer des lynchages politiques contre les forces organisées, les collectifs et les mouvements de résistance sociale qui tentent de se battre à visage découvert sur des positions de rupture, avec des vrais gens, dans des vrais rapports de forces, dans des tentatives de donner corps et visibilité à des mouvements sociaux, à des contestations politiques (nucléaire, nanotechnologie, voies à grandes vitesse…) qui peuvent gagner, qui peuvent faire reculer l’Etat sur des questions essentielles. Ou du moins qui peuvent le mettre sur la défensive. Ce qui n’est pas rien !

          Faire n’importe quoi au nom de la juste révolte des révoltés peut aussi conduire à aider l’Etat à mettre de l’antiterrorisme et de la criminalisation là où il n’y avait pas lieu d’en mettre. En tout cas lui donner un prétexte. Et ce n’est pas aider les mouvements de lutte que d’aider l’Etat à les annihiler politiquement.
          Enfin, nous ne sommes pas sous Pétain et sous l’occupation, toute comparaison me semble hors de propos.

          Unité et solidarité dans la lutte !

          Un sympathisant de l’OCL

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  • Pas très productif, ce type de manif…

    13 octobre 2009 09:11, par Françoise

    Pas très productif, ce type de manif…

    Quand on manifeste, c’est toujours pour quelque chose. Sur le terrain politique, c’est pour faire avancer une lutte ou populariser une idée – en adressant un message à la fois au pouvoir (c’est ça qu’on veut et on est déterminé à l’avoir) et aux gens qui nous entourent (voici de quoi il s’agit, rejoignez-nous ou soutenez-nous).
    Pour faire connaître la finalité d’une manifestation, il existe un certain nombre de moyens (prises de parole, slogans… banderoles, tracts, journaux, affiches, tags… parcours vers un lieu symbolique ou action symbolique durant le parcours…) ainsi que des signes distinctifs dans le cortège (badges, autocollants, drapeaux…) favorisant une identification et une adhésion à la lutte menée.
    Lorsque l’objectif de la lutte n’est pas clairement énoncé (pas de banderole, pas ou peu de tracts…), ce sont les moyens mis en œuvre qui ressortent au détriment de son enjeu. En particulier, les effets de l’action violente, qui peut devenir rapidement une fin en soi, ou du moins apparaître comme telle – non seulement pour le pouvoir (ce qui en soit n’est pas tellement grave, car personne ne cherche vraiment à le convaincre du bien-fondé d’une mobilisation) mais aussi pour le public… et pour les acteurs et actrices de cette action (ce qui l’est bien davantage).
    En ce qui concerne les spectateurs et spectatrices, l’emploi d’une violence apparaissant totalement injustifiée, « gratuite », parce que son enjeu n’est pas assez clair, va avoir un effet à rebrousse-poil. D’une part, la grande majorité, déjà peu acquise à nos mobilisations, se tournera vers les « forces de l’ordre » pour réclamer qu’elles rétablissent celui-ci. D’autre part, la minorité susceptible de se reconnaître dans une de nos causes s’en détournera par dégoût, peur de prendre des coups, crainte d’être manipulée si elle rejoint les rangs… ce qui contribue à enterrer une lutte bien davantage qu’à la développer.
    En ce qui concerne les acteurs et actrices de l’action violente, le risque est grand de les voir perdre très vite de vue le sens de la mobilisation en cours, en recourant à de tels moyens. Car ceux-ci deviennent facilement un but en soi – la baston pour la baston –, ce qui réduit l’affrontement avec le pouvoir à un face-à-face avec les flics et un saccage des représentations du capitalisme marchand ou financier. Mais, de plus, pareille dérive s’accompagne souvent d’autres effets pervers :

    • convaincre les partisans de la violence (sinon les renforcer dans l’idée) qu’ils et elles sont les seuls détenteurs de la démarche à impulser – donc de la « vérité » –, un premier pas vers l’avant-garde éclairée (si celle-ci n’était pas déjà pensée en ces termes) ;
    • les entraîner, en conséquence, à organiser le « spectacle » de cette violence comme un bataillon militaire n’obéissant qu’à ses propres lois, sans se préoccuper des retombées sur leur environnement immédiat ni des conséquences sur la mobilisation initiale (avec une caricature des services d’ordre partidaires et syndicaux ordinairement dénoncé) – un choix qui attirera dans les rangs de l’ « élite activiste » d’autres activistes obéissant à une logique identique, mais pas forcément à ses motivations ;
    • piéger plus ou moins les personnes engagées dans la lutte d’origine en les faisant entrer dans un cycle permanent de violence-répression où elles useront leur énergie au nom de la solidarité (« malgré tout », puisque ce sera un choix forcé) et au détriment de l’efficacité pour cette lutte, qui y perdra une bonne part de son sens.

    Françoise

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    • Pas très productif, ce type de manif… 13 octobre 2009 12:11, par Anarchia

      Que peut on foutre de savoir si ce qui s’est passé à Poitiers peut-être ou non qualifié d’émeute ? Quelle énergie perdue à polémiquer sur une telle définition ! Energie qui, il me semble aurait été plus judicieusement utilisée à assurer leur soutien aux personnes arrêtées ! Mais non ! La solidarité, même écrite, celle qui coute le moins, ne semble pas être la réaction spontanée des libertaires (ou soi-disant) de l’OCL !

      Leur condamnation des actes de destruction est la preuve éclatante de leur incompréhension. Le sens de ce genre d’événement leur échappe, comme toujours et comme tout ce qui peut se produire d’ailleurs, et ils nous ressortent naturellement leurs explications et leurs catégories qui vident le vécu de son contenu, la révolte de sa subversion, qui nient finalement la vie qui s’est exprimée là.

      Ce texte a le mérite de nous montrer de quel coté ils se placent : celui du spectacle, celui de la médiation. Ils rejoignent par là la fonction répressive du système. Leur indignation est compréhensible : à leur conception biaisée de la contestation s’est opposé hier une conception antagoniste, celle de la contestation immédiate (sans médiation), sans jolie image ni logo flamboyant. Oui les affiches annonçaient une journée festive, il n’y a que les journaleux, les flics-citoyens et maintenant ceux et celles de l’OCL pour ne pas comprendre que l’émeute ne se distingue en rien de la fête, une fête vécue sur un degré supérieur.

      D’ailleurs, et pour finir, il est très significatif qu’ils cherchent à rebondir sur la répression dont ont été victimes les occupants et visiteurs présents du 23 : celle-ci est le seul fond de commerce qui leur reste pour mobiliser.

      ALLEZ AU DIABLE FOSSOYEURS DE LA RÉVOLTE !!!!

      IL EST TANT QUE LE MOUVEMENT LIBERTAIRE SE DÉBARRASSE DE SES RÉSIDUS DU PASSE !!! DE TOUTES CES ORGAS QUI ONT SUCCOMBE AUX SIRÈNES DU SPECTACLE !!! L’OCL, LA CNT, LA FA ET J’EN PASSE !!!

      SOLIDARITÉ AVEC LES PERSONNES INTERPELLÉES !!! (...)

      Des Anarchistes du sud & d’aillieurs

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  • Nouveau Communiqué OCL Poitou – Mardi 13 octobre

    Le Monde du 12 octobre citant de façon partielle et orientée notre communiqué relatif à la Journée anticarcérale qui a été organisée le 10 à Poitiers, nous tenons à repréciser ici notre position.
    La critique que nous avons portée – et qui a seule retenu l’attention du Monde – sur la façon dont s’était déroulée la manifestation de l’après-midi avait pour unique finalité de discuter entre camarades d’un certain néo-avant-gardisme. Nous n’avons pas « condamné les casseurs », et avons même dit explicitement que la responsabilité de la casse revenait à la police.

    De plus, nous avons dénoncé d’entrée le montage en épingle médiatique des incidents survenus, qualifiés à tort – mais non gratuitement – d’« émeute » par le pouvoir ; et nous avons fait état des violences exercées quant à elles dans un lieu privé par sa police, violences qui ont été beaucoup moins rapportées par la presse…
    L’irruption à la Rambo que les « forces de l’ordre » ont réalisée dans le local où devaient se dérouler un débat sur la prison, un repas puis un concert au cours de la soirée, ce même jour, s’est en effet traduite par des coups de matraque donnés à plusieurs personnes, parmi la centaine qui eurent droit à un traitement très spécial (assises par terre dehors, mains sur la tête, pendant cinq heures pour un contrôle d’identité avec prise de photo…), et par la destruction de tout le matériel de sono qui avait été prêté ou loué afin de permettre à des groupes musicaux d’assurer leur prestation.

    Transformer le bris de quelques vitrines dans une rue et le taggage de quelques monuments dans d’autres lieux en un « saccage du centre-ville » prêterait à rire si, répercuté par les médias à aussi grande échelle, cette désinformation ne revenait à servir sur un plateau au gouvernement une nouvelle occasion d’utiliser sa panoplie sécuritaire et répressive. Après le quasi-couvre-feu qui a été instauré à Poitiers le soir du 10 pour jouer sur la peur des « bons citoyens » contre les « voyous », Hortefeu en visite le 12 dans cette ville sous haute surveillance a recommandé des peines exemplaires pour les huit personnes qui passaient en comparution immédiate – et il a bien sûr été entendu.

    Quant à nous, nous affirmons l’urgence d’une solidarité envers ces personnes ainsi qu’envers le Collectif contre la prison de Vivonne, confronté aujourd’hui au remboursement de dettes importantes dues à une agression policière de plus (pour infos et soutien : collectifvivonne@gmail.com).

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    • JE CROIS QUE VOUS N’ETES TOUS BONS QU’A CAUSER DISSERTER ALIGNER DES PHRASES CREUSES DE PETITS BOURGEOIS QUI IGNORENT LA REALITE DE LA SOCIETE . LES CITOYENS SONT DE GRE OU DE FORCE LIES A CE SYSTEME ET CE N’EST PAS EN POLEMIQUANT A LONGUEUR DE JOURNEE QUE VOUS NOUS CONVAINCREZ DE VOUS ACCOMPAGNER : VOUS VOUS ENGUEULEZ ENTRE DIVERSES TENDANCES AUX NOMS PLUS OU MOINS RONFLANTS ; ON NE SAIT PAS QUI EST QUI ; TOUT CA AVEC QUELQUES INDIVIDUS DISPERSES A TRAVERS LE PAYS !
      QUELS SONT VOS PROJETS CONCRETS DE SOCIETE AU NIVEAU LOCAL REGIONAL MONDIAL ? A PARTIR DE LA ON PEUT COMMENCER A FAIRE QQ CHOSE .

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      • Polémique futile.
        La période actuelle nous pousse de façons récurrente a nous positionner face a la violence des exploités .

        La critique (de l’OCL mais plus généralement) que fait le vieux mouvement communiste, aujourd’hui tombé a diverses échelles dans le culte de la démocratie, de l’usage de la violence par les exploités, est qu’il n’est ni revendicatif ( c’est a dire en direction de l’État ou du patronat) ni "unifiant", la perspective défendue étant celle de l’unification préalable de la classe.

        I)L’unification de la classe est une vieille blague, dont la chute ne peut être que dans un retournement : abolir les classes, pas "unir le prolétariat", qui ne veut absolument pas s’unir : il faut être prof pour vouloir ca...

        II) L’abolition des classes, le communisme, nécessite la violence collective.

        II) Tout acte de violence collective n’est est ne seras issue que d’une fraction.

        Maintenant, revenons a nos brebis :
        Pourquoi polémiquer sur cette tactique en déplorant le fait qu’il s’agit uniquement d’une fraction , non démocratique, etc ?
        Nous n’avons pas de boule de cristal nous permettant a priori de définir quelle action d’une fraction de la classe s’inscrit dans la perspective du communisme, alors fermons la a ce sujet.

        On peut en revanche critiquer, voire se foutre de la gueule des petits malins qui pensent que la multiplication d’actions déclencheras un processus insurrectionnel... C’est du mauvais blanquisme.

        Mais la multiplication d’action fait partie du courant de la lutte des classes a un moment donné, et n’a pas a etre condamné par de doctes expert es revolution.

        Aprés, et pour finir sur une note plus sympa, je comprend qu’on puisse etre énervé face a la suffisance romantique de certains... Mais on n’est pas obligé de le dire a la presse bourgeoise !

        Et pis dsl pour la formulation lapidaire, je m’entraine pour un pastiche de l’insurection qui redémarre...

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  • les jeunes veulent des entreprises pour avoir de l emploi mais pas des prisons
    aulieu de casser les entreprises et pousser les salariés au sucuide, et ouvrir les prisons
    faites l inverse casser les prisons , ouvrer les entreprises , aimer et aider les jeunes à s’installer , pousser dans la vie
    pour leur bonheur que d ’offrir l injustice, les privations, le chomage,la galere aux jeunes
    LA SOCIETE DOIT AVOIR HONTE ET ELLE DOIT CHANGER
    Je suis un non violent mais on pousse trop les jeunes à la violence manifestants et policiers
    les vieux ont pouvoir partout , ils doivent partager *
    un retraité non violent de 58 ans qui soutient la révolte des jeunes .
    changeons LA SOCIETE ensemble
    Karma ocean de sagesse

    Voir en ligne : CHANGEONS LA SOCIETE

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  • No Tiqqun

    15 octobre 2009 11:05

    Quand on aura compris quels effets politiques désatreux produisent les Tiqqounneries (cad tout se qui tourne de plus ou moins près à l’idéologie délirante des "invisibles" et autres "insurrectionnalistes"), on aura fait un grand pas...
    L’État est en recherche constante de "terroristes" d’ultragauche ou d’ailleurs ; les émeutiers, avec des relents de sectes, cherchent des martyrs. Alpha et oméga d’un affrontement qui ;ne satisfait que ces 2 camps. Basta !

    Voir ce texte ici qui en dit beaucoup : http://nantes.indymedia.org/article...

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    • No Tiqqun 16 octobre 2009 17:40

      Ce qui est patent ici ; c’est que le sort la population carcérale ; ceux qui y sont, ceux qui en sortent et vont y retourner, ceux qui y iront ; n’est que prétexte. A des journée branchées ; a des défoulements surmédiatisés ; a des concurences "entre bandes rivales", a des essais polémiques.
      A la globalité des rapports d’exploitations subie par la population carcérale il faut y rajouter celle des"révolutionnaires", qui faute de mieux se rabattent sur l’exploitation de la misere

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  • Critique du radicalisme

    16 octobre 2009 12:48

    A quand une critique en règle de ce "radicalisme" qui ne soit pas un renoncement à la lucidité ?

    Quelques éléments ici : http://www.magmaweb.fr/spip/spip.ph...

    Bon courage, à tous

    Q.

    Voir en ligne : http://www.magmaweb.fr/spip/

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  • Super, le communiqué, c’est clair, c’est net. En effet, il y a un problème de la prison, de la "délinquance", et du système, et pas seulement une question de "l’état des prisons" - qui sont de toute façon vétustes et tout, mais ce n’est qu’un tout petit aspect du débat, le seul visiblement auquel s’intéresse le NPA.
    Au niveau des manifs, c’est comme si on avait les manifs style Colmar, impossible de sortir du périmètre, et les médias n’en disent rien parce que c’est tout calme, forcément ( ! ), ou alors les provocs et les délires style Poitiers (et en effet, délirant ce slogan, là, on tombe dans une sorte d’angélisme qui est surtout une absence totale de vision politique de la prison), avec dans ce cas un acharnement médiatique ahurissant.
    En fait, l’Etat joue sur du billard pour le moment. A nous de construire la réponse, et qu’elle soit à la fois politique et intelligente, et ne joue pas seulement sur une pseudo-radicalité de bon aloi...
    PG

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