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Edito 193 Octobre 2009

vendredi 2 octobre 2009, par Courant Alternatif


Pandémies et lutte de classe

Ces histoires de pandémies réelles, en devenir et le plus souvent digne « d’une boule de cristal » ont, bien évidemment, comme premier effet souhaité de nous foutre la trouille. La peur inculquée à toute une population a toujours été un moyen efficace, un atout majeur, des pouvoirs afin de nous asservir.

Une première remarque s’impose : Les maladies respiratoires tuent silencieusement chaque année des certaines de milliers de personnes à travers le monde ; quant aux maladies tropicales, dont le paludisme, elles tuent plusieurs millions de personnes par an mais ... l’immense majorité de ces victimes n’étaient pas
solvable de leur vivant.

Les grands médias jouent leur rôle et nous risquons de perdre nos défenses immunitaires rien qu’en regardant les infos à la télé ! A les entendre, la grippe H1N1, dite A, va faire plusieurs centaines
de milliers de morts rien qu’en France. Nous sommes tous et toutes concernés... puisqu’un sujet non à risque, vient d’en mourir ! Comme si un cas ou des cas particuliers pouvaient prouver
une généralité ! Heureusement, l’Etat est là pour nous protéger.
Son commis voyageur actuel a, dès novembre 2007, signé un accord pour la construction d’une nouvelle usine de vaccins antigrippaux en Chine. Il a récidivé en mars 2009, au Mexique, pour un investissement de 100 millions d’euros.
C’est tout bon pour les labos qui se frottent les mains. La France a commandé, cet été, 94 mil-
lions de doses (il en faudra 2 par personne)pour 1 milliard d’euros et les 9 millions de vaccins pour la grippe annuelle traditionnelle. Pourcette dernière, il va falloir que les vieux et les vieilles ne l’oublient pas, eux et elles qui ne sont que 54%, entre 65 et 70 ans, à se faire vacciner chaque année. La vaccination
n’est pas encore obligatoire... mais le pouvoir y pense. Dans la circulaire ministérielle « Planification logistique d’une campagne de vaccination contre le nouveau virus » du 24 août 09, l’Etat parle de « la nécessité d’une traçabilité individuelle systématique liée aux exigences de la pharmacovigilannce" ! L’Etat ne recense
pas les vaccinés mais les trace comme de la viande à consommer ! Il faut dire que ses gestionnaires actuels ont, eux aussi la trouille, non pas de la grippe mais qu’une affaire du type « sang contaminé » viennent à les éclabousser.

La maladie est un créneau industriel où se multiplient de nouvelles productions de masse comme les gels mains désinfectants qui détruisent « 99,9% des virus, bactéries et autres champignons » et les masques dont le stockage et la distribution devraient être faites par ... l’armée.

La présence de l’armée nous fait penser à un Etat d’exception où toutes les décisions seraient prises par décrets ou ordonnances par le pouvoir exécutif. Nous n’en sommes pas encore là mais, cet été, le pouvoir a émis une circulaire relative à la pandémie grippale. Il n’y est pas seulement question de santé et de masques
mais surtout d’adaptation du travail des salariés. C’est ainsi que les patrons pourraient augmenter par décision unilatérale le volume horaire de travail et le nombre de tâches à effectuer ; tout refus du salarié, sauf s’il est protégé, constituant une faute pouvant justifier le licenciement. Le droit du travail pourrait être ainsi
une autre victime de la grippe porcine. De même, un projet gouvernemental (un « document de travail »...) envisageant de bouleverser la procédure pénale en cas de pandémie a été rendu public. Il s’agit ni plus ni moins de mesures que le pouvoir a dans ses cartons : suppression de la justice des mineurs, prolongation du délai de détention provisoire, un seul magistrat au pénal, pas d’avocat avant la 24ème heure de détention, ... Si nous subissons une véritable pandémie, soyons assuré que le Pouvoir voudra nous imposer des mesures comme, par exemple l’interdiction de manifester et plus généralement l’interdiction de tout regroupement public.

Nous pouvons donc facilement répondre à la question : A qui profitent les pandémies ? Nous pouvons même nous interroger si ces profiteurs ne peuvent pas être non plus à l’origine des pandémies. C’est ainsi que de telles thèses circulent ... mais nous n’avons aucun moyen de vérifier ces informations. Néanmoins, les grippes sont une arme pour l’Etat et un créneau pour l’industrie pharmaceutique.

Dans ce contexte peu réjouissant où en plus des salariés et des producteurs de lait broyés par la machine infernale sont amenés à se suicider, il y a tout de même des raisons d’espérer. Si ces derniers mois, plus de 400 000 salariés ont été licenciés pour « cause économique », la résistance fut importante et souvent spectaculaire. Ces résistances reçoivent très rarement le soutien des dirigeants syndicaux qui préparent les congrès de leurs centrales syndicales. Le nez dans le guidon, il est souvent difficile pour ces salariés qui luttent de se coordonner. Mais petit à petit, cela se fait. Les New Fabris de Châtellerault ont lancé une première pierre en initiant une manifestation nationale le 30 juillet. Début septembre, c’était les ex-Ford qui organisaient une journée « Tous ensemble » à Blanquefort. Mi-septembre, les salariés de l’automobile se retrouvaient devant la Bourse à Paris... où permanents fédéraux de la CGT ont été peu écouté et débordé.
On voit aussi l’apparition de regroupements, tels les collectifs de résistance ouvrière ou le Front syndical de classe, qui, contrairement à ce qui se passe habituellement avant les congrès syndicaux, ne se forment pas pour apparaître comme oppositionnels aux directions. L’heure est à la réflexion, à une tentative de s’organiser eux-mêmes, à fixer leur propre calendrier, sans attendre celui des grandes centrales. Même si cela reste encore minoritaire, c’est une avancée. Comme le dit le collectif de résistance ouvrière de McCormick Saint-Dizier, « Il faut passer de colère de classe à la conscience politique de classe ! Notre collectif, nous le voulons indépendant afin de décider nous-mêmes de nos actions et de la façon de les mener. Notre but : organiser des actions fortes et visibles qui redonnent confiance aux travailleurs de ce pays, et leur donnent envie de rejoindre le mouvement, de l’amplifier et de le généraliser. Le pire serait de ne rien faire ! Le patronat et le gouvernement sont nos seuls adversaires et ils ne comprennent qu’un seul langage : celui du rapport de force ! ».

Reims, le 20 septembre 2009

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