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CAMARADES OU COMPAGNONS ?

mercredi 30 septembre 2009, par OCLibertaire

Ce texte est publié dans le dernier numéro d’Offensive ; trimestriel de l’OLS, qui consacre un dossier au thème "construire l’anarchie"


Voir en ligne : Offensive libertaire et sociale

L’unité des anarchistes (ou des libertaires) est un thème récurrent au sein d’un supposé mouvement du même nom. Que ce soit sous la forme d’appels généralistes pour le moyen ou le long terme (voir en mars 2001 « Unité ! – Pour un mouvement libertaire. Le chemin se trace en marchant ! »), ou en vue d’une campagne commune pour un événement précis (CLAAC pour le sommet d’Evian en 2003, affirmation antiélectorale, etc.), cela ne débouche en général que sur assez peu de choses, en tout cas par rapport à l’énergie dépensée et aux attentes espérées. Au mieux une signature commune ou une liste d’organisations spécifiques au bas d’une affiche ou d’un tract, un cortège commun au sein d’une manif, parfois un rassemblement autonome ; bref, des « apparitions » communes mais sans lendemain, qui permettent surtout de rassurer celles et ceux que la faiblesse de chaque composante inquiète, mais rien de pérenne qui puisse tracer un chemin d’ordre tactique ou stratégique et constituer, à terme, une réelle force politique dans une période et dans un contexte précis. De plus, ces apparitions communes naissent le plus souvent en contrepoint des autres forces du spectre de la gauche ou de l’extrême gauche, et non de manière autonome.

Pourquoi ces échecs ou ces demi-échecs ? Sont mis le plus souvent en accusation l’« esprit de chapelle » et le sectarisme des unes et des uns. Sans négliger cet aspect qui, bien sûr, existe, il ne me paraît pas qu’il s’agit de l’explication principale.

Les tentatives des anarchistes pour s’unir impliquent le postulat selon lequel il y aurait suffisamment d’éléments communs entre eux pour constituer une spécificité distincte et durable au sein d’une aire politique plus large, « révolutionnaire », « contestataire », constituée de toutes celles et tous ceux avec qui nous luttons partiellement en maintes occasions.

Cela implique aussi que, si ces éléments communs existent, ils doivent être les plus opératoires possible en vue du but poursuivi : l’existence d’un pôle politique clair et identifié. L’unité n’ayant de sens que pour mettre en place des pratiques, même limitées, et ne pas se réduire à une offre idéologique ; elle ne peut se borner à accumuler des éléments secondaires que sont une simple appartenance à une vague conception anti-autoritaire du monde, à un « isme », à une communion philosophique, à un drapeau, à un look, à quelques « héros », à une Histoire (souvent mythifiée), etc. Sinon, nous serions alors très proches d’une religion. Elle ne peut se borner non plus à quelques recettes communes à celles et ceux que la question sociale préoccupe et pour qui le « collectif » l’emporte sur l’individuel : privilégier et lutter dans les mouvements pour une certaine conception de la démocratie : assemblées de base, le moins possible de délégation, prise en main par tous et toutes, combattre l’ensemble des aspects de la domination et pas seulement économique, dénoncer la hiérarchie et la bureaucratie, etc.

Il me semble que derrière ces éléments communs existent des incompatibilités rédhibitoires qui les rendent secondaires et futiles.
Ce n’est pas au nom d’un vrai ou d’un faux anarchisme que je me situe. Je considère comme anarchiste ou libertaire toute personne qui se prétend telle (à de rares exceptions près). Les discussions ou les invectives (comme c’est si souvent le cas, et internet en a multiplié les occasions et les dégâts) destinées à savoir quels sont les « vrais anarchistes » (à coups de jugements sur le comportement, l’idéologie, les positions prises ici ou là, en somme la mise en scène d’un « prêt-à-penser anar ») ne m’intéressent guère dans la mesure où le seul fait d’être anarchiste ne constitue pas, à mes yeux, un élément suffisant pour me sentir « de la même famille » et prendre le risque d’une apparition spécifique [1].

Pour ce qui me concerne, l’anarchisme c’est en premier lieu une tendance politique du mouvement ouvrier révolutionnaire né au milieu du XIXe siècle et qui se poursuit actuellement. Cela implique, et en cela je suis d’accord avec R. Rocker, que c’est une théorie sociale, et que l’être humain est avant tout un être social qui vit et lutte dans la société qui est l’élément constitutif de son existence individuelle. C’est l’œuvre des philosophes « tournant en rond dans le cercle magique des représentations abstraites » (Rocker) que de vouloir séparer l’individu de ses rapports multiples au monde. La domination est alors entendue comme un obstacle à l’extension de rapports sociaux égalitaires, et la liberté comme la multiplication de ces rapports possibles.

Cela entraîne (ou présuppose) une multiplicité d’éléments éthiques et philosophiques, mais aucun d’entre eux n’est, à mes yeux, un constituant anarchiste en soi (heureusement !)… à moins de s’approprier toute pensée qui semble en développer un ou plusieurs (ce que beaucoup font et refont à l’envi… en proclamant anarchistes des Nietzsche, Sade, Spinoza, Camus et, pourquoi pas ? le Christ !), ainsi que toutes les révoltes de l’Histoire, de Spartacus aux jacqueries du Moyen Age, des « sociétés sans Etat » aux Icaries de toutes les espèces. En les revisitant la plupart du temps de manière très approximative, et en s’appuyant sur de temporaires connaissances scientifiques et des données souvent invérifiables, et finalement en trouvant bonheur et justification dans le passé.
C’est donc la rencontre entre des éléments éthiques [2] et le mouvement ouvrier révolutionnaire qui constitue l’anarchisme dont je peux me réclamer.

Selon d’autres, l’anarchisme existe en dehors de ce contexte historique précis. Je ne parle pas, là, de certains individualistes qui professaient (et professent toujours) un certain mépris pour la « masse », les « moutons se rendant à l’abattoir », les « collectivistes », et qui cultivaient le « culte de l’individu », considérant le mouvement socialiste et ouvrier comme une aliénation de plus. Ou comme un certain F. Fortin qui, en 1935 dans La Revue anarchiste, expliquait qu’on ne devenait pas anarchiste, mais qu’on naissait tel, et que c’était une question de tempérament beaucoup plus que de raison. Si on ne peut le devenir, alors exit le projet d’une société anarchiste, n’est-il pas ?... A moins de ne la construire qu’avec ses semblables, en dehors de la société… une idée assez répandue de nos jours.
Non, je fais allusion à un courant qui s’est retrouvé dans le mouvement ouvrier mais qui estime que l’anarchisme s’est simplement nourri de ce moment historique et de la rencontre avec le développement d’une classe sociale issue d’un moment particulier du développement des sociétés. Cette rencontre fut un moment dans l’Histoire – elle fut certes riche et déterminante, mais fortuite. L’anarchisme, par conséquent, existerait en dehors ou malgré cette période.

Or, parmi ceux qui défendent cette conception d’un anarchisme « éternelle incarnation de l’esprit de révolte et de liberté » (en plus, « inaliénable » , comme le proclamait M. Joyeux), il en est qui, depuis une trentaine d’années, considèrent qu’il n’y a plus de mouvement ouvrier, que les classes sociales ne sont plus ce qu’elles étaient ou étaient supposées avoir été, que la lutte des classes ne permettait pas de « lire l’Histoire » et même que la révolution est un projet à mettre au rancart. Il s’agissait là d’un fonds commun idéologique largement répandu dans l’intelligentsia et les allées du pouvoir sur la fin de la classe ouvrière, de la lutte des classes et même de l’Histoire. Prophéties largement balayées aujourd’hui.

L’anarchisme comme ontologie

Exemple : dans un article « Pour un bilan historique et idéologique de l’anarchisme » (in L’Etat et l’Anarchie, actes du colloque de Venise en 1984 sur l’« anarchisme contemporain », éd. ACL, 1985), Nico Berti considérait que « les forces [le mouvement ouvrier révolutionnaire] qui avaient donné naissance [à l’anarchisme] et avaient permis son développement se sont désormais évanouies, et il faut considérer cette disparition comme irréversible... »

A partir de là, on pourrait conclure que l’anarchisme a disparu et qu’il n’y a plus lieu d’en parler autrement que comme historien. Ce n’est pourtant pas le point de vue de Berti qui pense « qu’il y va de l’avenir de l’anarchisme » si on ne se livre pas à de sérieuses remises en cause, à des révisions sans doute déchirantes mais nécessaires. Ainsi, l’important ce n’est plus la transformation révolutionnaire du monde mais la survie de l’anarchisme comme lecture du monde. Il est donc pris comme un « être en soi », objet d’attraction et d’amour atemporel, universel, qui s’incarne tantôt de telle manière, tantôt de telle autre. Il convient alors d’opérer une coupure nette entre anarchisme et mouvement anarchiste, entre réalité historique et modèle idéologique. Et si on considère que le mouvement anarchiste dans sa grande majorité, tel que nous le connaissions jusqu’à présent, est lié à l’apparition du mouvement socialiste, au développement de la classe ouvrière, à l’extension du prolétariat, à la lutte des classes, et que ces éléments sont « désormais évanouis », c’est donc que l’anarchisme en lui-même n’a aucune racine de classe... Et c’est ce qu’affirme Nico Berti. Simplement, cet anarchisme ontologique s’est, à un moment de l’Histoire, incarné dans ce mouvement de classe, et si nous y prêtons attention, il peut renaître de nouveau ailleurs.

Dès lors vont s’engouffrer toute une série d’études et d’interprétations, menées surtout par des universitaires et des doctorants anarchistes, cherchant à savoir quels sont les fondements et les points communs de la doctrine. L’anarchisme est alors un objet d’étude, un but en soi, une sorte de religion, une essence qu’il s’agit de préserver. Il est un être déifié (l’Idée !, « Anarchie, ô ma maîtresse ! » disait un rigolo un peu poète qui, pour l’occasion, féminisait la belle). On y retrouve des accents stirnériens ou métaphysiques, comme dans l’anarchisme ontologique d’Akim Bey.

Le concept de culture libertaire ne sert à rien

On commence à voir que derrière le bagage commun évoqué au début de l’article (qui constitue en quelque sorte la « culture libertaire » intemporelle) existent des divergences de fond qui, elles, ont beaucoup plus d’incidences sur la possibilité de cimenter des interventions politiques communes. Dès que l’on confronte ces « points communs » à une situation dans un lieu et à un moment précis, il y a problème.

Prenons un exemple emblématique, celui du second tour de l’élection présidentielle de 2002. Il est des anarchistes (tous partageaient nos points communs) qui ont appelé à voter Chirac pour barrer la route à Le Pen et au fascisme.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que les divergences, celles qui comptent vraiment, se situaient ailleurs :

1. Sur ce qu’est ou n’est pas le fascisme.

2. Sur l’état de la société française et les lignes de force qui la traversaient à l’époque.

3. Par une conception différente de ce qu’est ou n’est pas un mouvement.

Ce dernier point est certainement le plus important, celui qui rend plus problématiques des unions plus ou moins durables.
En effet, des positions prises ou des idées émises ne peuvent être jugées seulement in abstracto, en dehors d’une situation donnée. Pour prendre tout leur sens, elles doivent être mises en rapport avec cette situation en examinant les effets qu’elles peuvent avoir sur cette situation et, en retour, les effets que peut avoir cette situation sur ces positions et idées émises. Tout cela forme un tout, et c’est cela la politique dans le sens plein du terme. Et dans ce cas-là, c’est la notion de dynamique qui entre en jeu. Dynamique, cela veut dire que des flux circulent, que des échanges s’opèrent, que des positions tranchées deviennent poreuses, qu’une évolution des uns et des autres se dessine. Autrement dit, nous sommes là au cœur d’une problématique s’exprimant en termes de mouvement, de dynamique, de collectif, et non d’idéologie et de principes de base.

Or, en 2002, s’insérer ainsi dans le débat électoral du second tour, c’était à mon sens raisonner en terme statique, figé, institutionnel, dans un espace clos et contrôlé par le pouvoir. Aucune dynamique, aucun mouvement, fût-il antifasciste, ne pouvait en ressortir. Et c’est en fonction de cela que la divergence est capitale, et non en fonction d’un anti-électoralisme atemporel et idéologique (que je ne partage d’ailleurs pas) sur lequel certains anars se sont adossés.

Autre point clé : la défense de la démocratie. Il y eut le grand tournant de l’« Union sacrée » en 1914 de la plus grande partie du mouvement socialiste mais aussi des anarchistes. Il y eut après la Seconde Guerre mondiale le choix « du « parti américain », celui de la démocratie (!), contre le communisme soviétique, et l’appui apporté à la création de FO par l’AFL-CIO. Il y eut également, mais dans des circonstances autrement plus tragiques et « explicables », la participation de la CNT à un gouvernement républicain d’union sacrée contre le fascisme. Cela n’est pas nouveau, il est bon quand même de le rappeler. Mais, surtout, il faut bien comprendre que ces épisodes ne sont pas des « accidents » de l’Histoire », et qu’ils trouvent aujourd’hui encore des résonances importantes chez les anarchistes.
L’exemple précédent en est une illustration de ce qui peut se résumer ainsi : « La tâche, maintenant, consiste à poursuivre, compléter, approfondir et améliorer l’évolution de la société démocratique » ; « L’idée de révolution doit être abandonnée au profit de la création d’espaces culturels démocratiques et de liberté ».

Évidemment ces clivages-là ont des conséquences bien visibles et déterminantes dans la posture que nous adoptons dans les mouvements sociaux ou dans les regroupements spécifiques. Deux exemples que j’ai vécus de près : l’adhésion ou non au Réseau pour un avenir sans nucléaire (lequel appela aussi à voter Chirac en 2002) aux côtés des Verts et de Greenpeace, et la participation ou non au collectif pour la Marche mondiale des femmes au côté du PS. Dans les deux cas, le choix est déterminé par une analyse de ce qui apparaît important dans le moment et sur les conséquences qu’aura le choix fait : faut-il ou non isoler le PS, peut-on ou non infléchir les bureaucraties syndicales, le FN est-il un réel danger, devons-nous défendre la laïcité à la française, etc. ? J’en passe des stocks. Et là, évidemment, notre bagage culturel commun est bien maigre pour répondre !

Donc, plutôt que se bagarrer sur qui est anarchiste ou ne l’est pas, mieux vaut accepter la réalité : tous les anarchistes ne sont pas de la même « famille ». Ainsi, du point de vue de l’objectif que peut représenter un regroupement spécifique, idéologique, je n’ai absolument rien à voir avec les individualistes. Nous divergeons considérablement sur ce qu’est un individu dans une société, sur les analyses de classes, sur le changement social, et probablement sur la société que nous désirons.

Je me sens plus d’affinités politiques et idéologiques avec des conseillistes, des marxistes anti-léninistes, et même des trotskystes pas trop sectaires, ayant une bonne connaissance du mouvement ouvrier, férus de surréalisme ou de littérature en général, qu’avec certains anarchistes. Je préfère cent fois L’Histoire de la Révolution russe ou Leur morale et la nôtre de Trotsky à certains écrits libertaires méprisant le « commun ».

Cela étant posé clairement, il m’est possible maintenant de considérer la manière dont je peux agir avec les tenants d’un anarchisme radicalement différent du mien, et là, certainement, beaucoup de choses sont possibles, mais de la même manière qu’avec des milliers d’êtres humains que je peux côtoyer dans ma vie, y compris de lutte. Au même titre que des chrétiens, des socialistes, des « je ne sais quoi ».

Dans mes relations affinitaires, je choisis de préférence la personne qui cache le sans-papiers à celle qui le dénonce ! Je fais le croc-en-jambe au pandore pour qu’il n’attrape pas le voleur de pomme ! Je préfère le gentil au méchant, au raciste ou au beauf, le libertaire à l’autoritaire.
Il est toute une palette de gens avec lesquels je peux partager des luttes si je travaille avec eux ou si nous partageons un espace commun. Je peux développer de multiples relations d’agréable voisinage avec bien des gens, boire des coups au bistrot, faire la fête, discuter, etc. C’est avec ces gens-là que nous vivons, que nous partageons, que nous baisons, que nous plaisantons… et que nous agissons, parfois. Mais cela ne signifie nullement une appartenance à un projet politique ou à une référence idéologique ou philosophique communes ! (ou alors simplement, peut-être, à ce qu’on appelle souvent des « valeurs de gauche », faute de mieux, mais ce n’est pas là notre propos).

Si je suis dans un comité de soutien à un sans-papiers, dans un comité de quartier ou un collectif antinucléaire, la pratique pourra être efficace (ou non) avec ces gens de formations diverses. Mais de là à se sentir une affinité pouvant ouvrir la porte à une appartenance et à une apparition idéologique commune, voire à une organisation, non ! Il n’y a aucun intérêt à cela ! Pourquoi ? Tout simplement parce que n’étant pas léniniste, j’ai une tout autre conception de l’organisation que celle qui consiste à penser qu’il faut être le plus nombreux possible pour être le plus efficace possible afin d’infléchir les mouvements sociaux. [3]

JPD

Notes

[1Car il y a toujours un risque, celui de dévier, volontairement ou non, vers une sorte de « soft avant-garde » (reconnue par personne, satan soit loué !) qui s’auto-alimente dans le vide. Toute apparition spécifique est donc une chose sérieuse qui doit intégrer ce risque dans sa problématique quotidienne et de manière permanente, même dans un regroupement minuscule et temporaire. La non-reproduction de la domination ne doit pas être incrite au frontispice de la maison commune pour être aussi vite oubliée, mais bel et bien être un élément méthodologique pour comprendre et appréhender chaque intervention… Un peu comme la lutte des classes pour comprendre le monde comme il va !
Il faudrait traiter ici du rôle d’un regroupement ou d’une organisation spécifique. On se rendrait compte alors que le traditionnel découpage entre individualistes, anarcho-syndicalistes et communistes libertaires est plus que dépassé. Et celui proposé par Manfredonia entre syndicalistes, insurrectionnalistes et éducationnistes ne me paraît pas non plus correspondre à la description de « ce qui fait problème » entre les anars. Mais c’est une autre question que la surface prévue dans Offensive ne permet pas d’aborder maintenant

[2L’éthique n’est pas la morale ! La première s’applique d’abord à soi-même, la seconde c’est « faire faire aux autres ». L’éthique est une création collective humaine ; la morale est transcendante, extérieure aux Hommes. Evidemment, le moraliste ne sait pas qu’il est lui-même le créateur de cette transcendance. Un peu comme l’être occidental considère son bagage culturel, fût-il libertaire et émancipateur, comme universel et moderne.

[3Là encore il faudrait un développement explicatif, j’en conviens.

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