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Edito 164 Decembre 2006

vendredi 1er décembre 2006, par Courant Alternatif


Le capitalisme est une guerre permanente

Chaque jour qui passe nous rappelle que le capitalisme est une guerre sans fin. Les guerres inter-états du siècle passé sont (un peu) moins nombreuses, sais toujours meurtrières, comme par exemple l’attaque du Liban par l’armée israélienne cet été. En revanche, les guerres que les états mènent contre leurs "propres" populations, ou plus précisément contre les populations sous leur contrôle, s’intensifient. Par ailleurs, l’existence de mouvements armés visant à récupérer tout ou partie du pouvoir d’état place les populations entre le marteau et l’enclume, ou plutôt entre le char et la mitraillette. Participant eux aussi, tel le Hezbollah au Liban (voir page 8), à la destruction des mouvements populaires, ils ne sont pas du même côté que nous.
Mais la révolte des opprimés se fait entendre. A Oaxaca (Mexique) l’insurrection dure depuis plusieurs mois (détails de cette lutte populaire en page 4). Les centaines de policiers et militaires envoyés sur les lieux n’ont pu reprendre réellement le contrôle de la ville. En Italie, la lutte contre le train à grande vitesse entre Lyon et Turin, qui dure depuis plus de dix ans, ne faiblit pas, et une grande partie de la population s’y est investie (infos en page 15).
En France aussi, les luttes sociales se poursuivent : contre les attaques des capitalistes, comme à Thomé Génot dans les Ardennes (page 12), mais aussi face à la barbarie de l’Etat. Les rassemblements, manifestations, solidarités en tout genre, sporadiques mais incessantes contre les rafles et les déportations ont ainsi empêché quelques milliers d’expulsions Cela nous rappelle que la multiplication des relations sur la volonté d’une émancipation réelle est le terreau de la résistance aux attaques contre les humains et le reste du vivant.
Car si l’on en doutait encore, la grippe aviaire est là pour témoigner que le vrai combat, la guerre totale, est celle que mène la marchandise sur la vie. Déjà oubliée par l’incessante agitation médiatique, aujourd’hui centrée sur les élections à venir, la grippe aviaire (page 16) montre une fois encore que c’est l’activité humaine irréfléchie qui met en danger la nature et la détruit. Alors que les élevages industriels de volailles portent la plus grande responsabilité dans cette maladie, les instances internationales -fers de lance de l’idéologie marchande- programment la disparition des élevages de basses-cours au profit des élevages concentrationnaires de dimension industrielle. A elle seule, l’affaire de la grippe aviaire témoigne de l’aveuglement d’un système accumulateur de capital qui, ignorant les liens entre l’activité techno-économique et les transformations d’ordre environnementaux à la surface de la Terre joue au serpent qui se mord la queue… Qu’il s’agisse de l’Homme ou de l’ensemble des ressources terrestres, le capitalisme a réduit le vivant à une force de travail.
Pour autant, miser sur le pourrissement d’une économie autiste ne saurait garantir son effondrement, de la même façon que jamais un combat social n’a été gagné en restant assis sur ses chaînes ; le capitalisme est tenu à bout de bras par la servitude volontaire des peuples et c’est seulement avec la volonté ferme (les moyens suivant la fin) de briser sa dynamique mortifère, pour vivre en dehors du fétichisme de l’argent, que nous le feront choir.
C’est à nous de briser la mainmise des agioteurs sur nos existences, et à ce titre, la réaction de certain(e)s à la vue des dernières élection professionnelles au sein des forces de l’ordre bourgeois est révélatrice d’un accommodement avec le mépris dans lequel nous tiennent les suppôts du capital. Quel sens cela a-t-il de se réjouir du fait que la majorité des policiers ait voté "contre" leur ministre, en choisissant un syndicat moins orienté à droite quant il semblerait que la bleusaille soit plus intéressée par l’âge de son départ à la retraite et sa prime mensuelle que par le délire sécuritaire ou le nettoyage au Kärcher ? Que la matraque soit étiquetée UNSA, Alliance, SNOP, Synergie, SGPFO, FPIP ou SCHFPN, elle cogne toujours aussi fort ! Et au-delà de son arrogance, de sa brutalité, de son racisme, de son sexisme, directement visibles, la police est là plus insidieusement pour perpétuer les conditions objectives et subjectives qui justifient son existence. La sécurité ne viendra pas de la répression, mais des avancées de la conscience humaine.
Notre revendication est simple : nous ne voulons plus de police du tout, condition indispensable pour vivre enfin libres et égaux.

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