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En Palestine occupée… Journal

mercredi 1er juillet 2009, par OCL St Nazaire


27 avril 2009, Tulkarem.

Après deux jours à Amman, en Jordanie, je commence par la partie « utile » ou encore « militante », la Palestine. Il existe trois points de passage terrestre entre la Jordanie et Israël : par le pont King Hussein, le pont Cheik Hussein pour entrer en Cisjordanie et Akaba, tout au sud, pour passer à Eilat. Je passe par le pont King Hussein, appelé aussi Allenby qui est le plus proche d’Amman. Il franchit le Jourdain qui est ici un ruisseau ridicule, Israël détournant la majeure partie de l’eau en amont.
Côté jordanien, les formalités se passent en une heure environ, puis nous embarquons dans une navette qui nous fait traverser quelques kilomètres de « no man’s land » et le fameux pont Allenby.

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Côté Palestine, miradors, bunkers et drapeaux israéliens. Ceux qui ignorent la géopolitique subiront le choc d’entrer dans un pays occupé. Nous descendons et le bus est inspecté par l’armée. Je voyage avec deux Italiennes et des Palestiniens de Jordanie. L’une des Italiennes vit à Amman et fait le trajet chaque semaine. Elle me dit que selon le bon vouloir des Israéliens le passage prend entre deux et cinq heures et que la meilleure attitude est de prendre sur soi et de rester calme. Nos bagages passent dans une machine pour une première détection (au cas où on cacherait une bombe A ?).
On récupère seulement nos passeports et les récépissés des bagages.

Puis la police : 6 comptoirs ouverts, 4 pour tout le monde, 1 pour les VIP (Very Important Person) et 1 pour les visiteurs, vers lequel je me dirige. Les policières sont des jeunes femmes parfaitement trilingues (hébreu, arabe, anglais). Elles sont rompues aux méthodes d’interrogatoire les plus sophistiquées. J’observe celle qui s’occupe de notre file. C’est une inquisitrice. Même pour l’Italienne qui passe chaque semaine, beaucoup de questions. Quant à l’autre Italienne, chaque tampon du passeport est épluché. Devant moi, un couple de touristes âgés. La femme dit vouloir aller à Jéricho et à Jérusalem. La flic zélée lui dit : « Si vous allez à Jéricho, la police le saura et vous ne pourrez plus jamais revenir en Israël. » C’est archi-faux et malhonnête. Simplement pour priver les Palestiniens du peu de touristes qui osent aller chez eux (à part les chrétiens qui vont à Bethléem). La femme s’aplatit : « Non, non, nous n’irons pas à Jéricho... »

Cela fait maintenant une heure qu’on piétine. La fille qui s’occupait des VIP vient de fermer son guichet pour le casse-croûte. Chaque VIP accompagné d’un flic vient en priorité à notre guichet. Je demande si les autres guichets nous sont ouverts et je change de file pour me retrouver très vite face à une flic cool qui vient de reprendre son service.

– Combien de temps restez vous en Israël ?

– Deux semaines. Je partage mes vacances entre Israël et la Jordanie, j’ai un billet de retour à partir d’Amman. Vous voulez le voir ?

– Oui. Combien d’argent avez-vous ? Une carte de crédit ?

– 1000 euros.

– Où irez-vous en Israël ?

– Jérusalem, Haïfa, Akko (Saint-Jean-d’Acre)

Paf, tampon d’entrée...

A Tel-Aviv, en 2003, j’en avais eu pour une bonne heure, plusieurs flics et la vérification de mon contact : un militant d’un kibboutz à qui ils avaient téléphoné...

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Chacun récupère ses bagages et on les repasse dans une machine (cette fois pour la détection des bombes H ?). En fait c’est pour la douane, et le bagagiste me fait signe de passer à côté. Avec mon sac à dos je ne suis pas un bon client…

A la sortie, je m’engouffre dans un minibus pour Jérusalem. Chauffeur et voyageurs, tous sont Palestiniens. J’explique que je veux aller à Jéricho et les passagers transmettent au chauffeur en arabe. Jéricho est très proche et on me laissera au carrefour où nos routes se séparent. Après une tentative de stop infructueuse, un taxi me dépose au Hisham Palace qui n’a de palace que le nom. C’est en travaux, sale et bruyant, mais les gens sont charmants. Le dernier check point israélien est à quelques kilomètres. Jéricho est une « ville test » complètement sous administration palestinienne. Jusqu’à mon départ, je ne verrai pas l’occupant.

Je rencontre par hasard le seul Français de Jéricho qui me dit son pessimisme, et je visite un site archéologique de l’époque des Omeyades...
Le traité de paix entre l’Egypte et la Jordanie d’une part et Israël d’autre part a été une trahison pour les Palestiniens. La pression sur Israël aurait été plus efficace si la paix avait été négociée par les quatre voisins en échange de l’évacuation totale des Territoires occupés dans les frontières de 1967.

Cependant l’ouverture du pont Allenby permet aujourd’hui à des milliers de Palestiniens de passer de Jordanie (où ils représentent au moins la moitié de la population) en Palestine et vice-versa. Par contre aucune marchandise ne passe. C’est encore un tour de force spectaculaire d’Israël : contrôle total de la population, enfermement, humiliations quotidiennes, mais aussi de gros bénéfices sur TOUT ce qui est importé par les 3 800 000 Palestiniens !

2 mai, Ramallah.

A Jéricho, je prends un « service », ou taxi collectif, pour Ramallah, capitale politique de la Cisjordanie. Je veux rencontrer les gens qui travaillent à Addameer, une ONG qui soutient les prisonniers palestiniens en Israël. C’est par le couple qui les représente en France que nous avons formé notre petit groupe de quatre personnes en Auvergne. Ce qui nous est demandé n’est pas très contraignant mais frustrant dans la mesure où nous n’avons jamais eu de réponse bien que nous ayons joint des timbres israéliens pour la réponse ! Chaque personne s’engage à écrire une lettre ou une carte par mois. Ce qui fait que la prisonnière est censée recevoir quatre lettres par mois. (C’est le choix d’Addameer d’écrire aux femmes.)

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La première fut Yasmina de Tulkarem qui a passé quatre ans en prison. Elle n’a reçu que deux lettres qui lui ont été confisquées à sa libération, l’an passé, ultime brimade. Ensuite nous avons écrit à une autre prisonnière, Malika, qui elle aussi n’a reçu que deux lettres et qui vient d’être libérée après deux ans de détention.

A Addameer, une francophone me dresse le bilan de la situation aujourd’hui : 8 400 prisonnier(e)s, dont 61 femmes et 423 mineurs de moins de 18 ans. 550 prisonnier(e)s administratifs dont 2 femmes, 2 mineurs et 8 députés de Gaza (et dire qu’Israël se vante d’être LA démocratie de la région !).

Ces prisonnier(e)s administratifs n’ont pas de motif officiel d’inculpation. Ils sont jetés en prison sur dossier secret établi par les services secrets. Il est intéressant de noter qu’Israël fait beaucoup de tapage pour son seul prisonnier, un soldat franco-israélien (que son opération militaire dans la bande de Gaza n’a pas permis de libérer).

Le lendemain, taxi collectif pour Tulkarem. Yasmina habite le camp de réfugiés qui jouxte la ville. C’est un quartier en dur, bien délimité, sur un terrain loué par l’ONU. Je suis reçu par la famille. Une sœur parle bien l’anglais. Hospitalité orientale. Je redécouvre la nourriture simple et saine des Palestiniens : pain rond qu’on déchire, qu’on trempe dans l’huile d’olive puis le zaatar, un mélange de poudre de thym et d’autres herbes séchées.
A 4 h, c’est le muezzin qui sonne le réveil. Je rêve d’un muezzin qui aurait lu “Deux Heures de travail par jour” ou “Le droit à la paresse” et qui ferait son premier appel vers 8 h pour le petit-déjeuner !

Un jeune frère de 18 ans, Omar, me guide et m’accompagne partout.
Le dernier soir, je visite la famille et la conversation vient sur le narghilé. Omar me dit qu’il y a un coffee shop à Tulkarem. Je sens les sœurs tentées et Omar se raidir. Puis il m’accompagne dans une autre maison où vit Yasmina.

On reparle du coffee shop et Omar me dit que ce n’est pas un lieu pour une femme. Je réponds que si en France un lieu était interdit aux femmes, je n’y mettrais pas les pieds et demande à Yasmina de traduire. J’ajoute que l’égalité entre hommes et femmes devrait être l’avenir de la Palestine.
Yasmina est la sœur aînée, et de plus... policière. Omar n’a plus d’arguments, et nous partons pour le coffee shop. Yasmina est en effet la seule femme, mais très bien reçue. La soirée se terminera par la visite du commissariat où l’on m’offrira le thé et un brin de causette avec le chef !
Omar voudrait aller en France ou en Angleterre. Mais à part le foot... (Il me fait penser au héros du film “Welcome” que j’ai vu en Belgique avant de partir.)

7 mai, Naplouse.

Avant de reprendre la suite du récit, reprécisons qu’actuellement n’importe qui peut venir en Palestine – même le pape, comme chacun sait...
Quand les Palestiniens apprennent que je suis Français, c’est une avalanche de Welcome !... J’en suis même parfois gêné et me sens obligé de leur dire que la France est bien mal représentée par Sarkozy ! Certains me parlent de Chirac, un autre de De Gaulle

Il faut suivre l’actualité bien sûr. Tout est calme, ce qui veut dire que les incursions de l’armée se font de nuit, de même que les arrestations...
Les déplacements sont plus faciles qu’en 2003 mais l’horizon est plus bouché aussi. On y reviendra. Ce sera le plat de résistance, si j’ose dire ! Le seul danger ressenti tient au fait que les chauffeurs de minibus conduisent comme des dingues...

Après Tulkarem, j’arrive à Naplouse où je contacte le Centre culturel Darna et rencontre Saïd, étudiant qui va beaucoup m’aider dans mes démarches. Il y a trois camps de réfugiés dans les faubourgs de Naplouse. Je vais visiter celui de Balata (25 000 personnes sur 1 km2), et je passe à Yala, le centre culturel du camp. Je suis invité à profiter d’une conférence donnée à onze militants Italiens, et je dormirai dans le camp.

Saïd m’accompagne à Jénine. Nous allons à Darna II et sommes reçus par Nadia, une franco-tunisienne très active qui nous explique le fonctionnement du centre : aide aux étudiant(e)s, rédaction de CV, cours de langues (anglais, français et occasionnellement espagnol et italien).

Je lui raconte l’histoire du coffee shop. Elle me dit qu’à Darna, quand elle a démarré les cours de langues, elle a imposé la mixité, d’autant plus que les fonds viennent d’un ministère français. Et aussi que dans les réunions, elle a toujours su imposer le respect en ne se montrant jamais inférieure aux hommes. A méditer…

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Saïd rencontre un ami qui nous conduit chez sa mère dans le camp de Jénine, où eut lieu une bataille acharnée avec l’armée israélienne. Je fais des photos de la mère exhibant les documents officiels et la clé de la maison familiale près de Haïfa, confisquée en 1948.

L’après-midi nous allons visiter Malika, la deuxième prisonnière à qui nous écrivions et qui nous attend. Elle vit à 15 km : trajet compliqué avant d’atteindre une grande maison isolée.

Malika refuse de me serrer la main et je comprends très vite que nous sommes dans une famille pro-Hamas. C’est plus rigide que chez Yasmina. Mais nous sommes bien reçus et un repas de fête nous attend. La mère et tous les frères et sœurs sont là – en fait je n’apercevrai l’une des sœurs que très furtivement car elle se cachera tout le temps de la visite. Malika a été abandonnée par son mari pendant sa détention. Elle a deux enfants. Elle a reçu une carte que je lui avais envoyée d’Australie l’an passé, et aussi une photo d’enfant, mais sans la lettre qui l’accompagnait.

L'arbitraire habituel.

On me montre la photo d’un frère tue par l’armée et celle d’un autre emprisonné à vie. Puis échange de cadeaux et nous sommes invités a rester – mais nous avons deux chambres déjà réservées dans une pension de Jénine. Photos avant le départ. L’atmosphère est chaleureuse.
Le lendemain, nous rentrons à Naplouse. Saïd apprend qu’il a l’autorisation de poursuivre ses études en Angleterre.

Je rentre à Ramallah et retourne à Addameer. J’ai besoin de précisions sur les 8 députés en détention administrative, c’est-à-dire en fait emprisonnés sur la base d’un dossier des services secrets. En réalité ils sont 41 députés du Hamas et du FPLP emprisonnés, certains depuis 2006. Des négociations avaient eu lieu en Égypte entre le Hamas et Israël pour un échange de prisonniers. Israël voulait récupérer Shalit, son soldat franco-israélien retenu à Gaza. Échec. En représailles les services secrets arrêtent 8 députés du Hamas. Pas facile de tenir tête à « la seule démocratie de la région ».

Hier soir, je suis allé sur Google pour vérifier les infos données sur “Palestine, bataille de Jénine”, et ainsi pouvoir vous donner la date exacte : tous les sites sont bloqués ! Pour en avoir le cœur net, j’ai tapé “EuroPalestine” : non seulement le site officiel est bloqué mais les Israéliens ont fait un contre-site de propagande, sur lequel j’ai cherché le mot “Boycott”. Là, on peut voir, en substance : Boycott ? Chiche ! Jetez tous vos ordinateurs et portables – et ils vous expliquent que tous les ordinateurs contiennent des composants fabriqués en Israël ! Ça permet de comprendre le lavage de cerveau auquel sont soumis les Israéliens... Qui d’ailleurs ne connaissent pas la Palestine puisque seuls la police, l’armée et les colons y vont (et quelques militants à qui on fait signer une décharge).
Les Occidentaux s’indignent avec raison de la censure sur des sites en Chine, mais pourquoi ne le font-ils pas pour Israël ? Un pays sans cesse à part ? Un peuple élu, comme le définissent les religieux ? Je me considérerais comme raciste si je voyais les Israéliens ou les Juifs comme différents des autres. Et nous verrons qu’ils ont non seulement leur extrême droite mais aussi leurs néo-nazis !

15 mai, Amman.

C’est le jour de la Nakba, la catastrophe pour les Palestiniens , l’expulsion de 1948.

Je suis de retour en Jordanie pour aller voir l’incontournable site de Petra... Immense... Beaucoup de marche sur deux jours. Du haut d’une falaise, j’admire les temples creusés dans le grès rouge par les Nabatéens, un peuple pacifique, et je ne peux m’empêcher de penser à un autre peuple, victime voici peu, oppresseur aujourd’hui et qui bâtit aussi un ouvrage monumental : le mur qui étouffe la Cisjordanie, mur de béton, de barbelés et de miradors.

Ce conflit dépasse largement les petits territoires d’Israël et de Palestine. Il affecte tout le Moyen-Orient et a des répercussions planétaires. Il nous démontre que nous sommes toujours dans un monde dominé par la force, qui prime sur le droit. Il nous démontre que les différents gouvernements israéliens peuvent faire ce qu’ils veulent aussi longtemps qu’ils veulent, et que les puissants de ce monde l’acceptent malgré leurs beaux discours et les résolutions de l’ONU.

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Deux anecdotes...

Quand l’Autriche a élu Haider, ce fut un tollé en Europe...
Quand Israël nomme Lieberman ministre des Affaires étrangères, rien !
Quand des militaires israéliens ont occupé l’appartement du consul de France à Gaza en janvier, ils l’ont saccagé et ont déféqué dedans : c’est l’ordinaire de la soldatesque, me direz-vous... Mais le Quai d’Orsay s’est engagé à réparer les dégâts. Et croyez-vous qu’ils présenteraient la note à Israël ? Non, c’est vous qui paierez ! C’est le Canard enchaîné qui nous l’a dévoilé. De même vous aviez payé l’aéroport de Gaza qu’Israël s’est empressé de détruire... La liste serait longue...

Gaza n’a pas été la goutte d’eau qui fait déborder le vase mais un raz de marée. Ce massacre m’a immédiatement fait penser à Guernica. Y aura-t-il un Picasso pour le fixer dans les mémoires ?

Israël possède les armes les plus sophistiquées et les plus précises. Quand son armée a bombardé des bâtiments de l’ONU et des hôpitaux, c’était DÉLIBÉRÉ. Vingt-deux jours de crimes que nous ne pardonnerons pas, parce que si nous pardonnions nous serions complices.

Les Israéliens veulent la paix, entendez-vous parfois... Non, ils veulent la terre, la Cisjordanie et ils la grignotent tous les jours un peu plus...
A Jérusalem, j’achète le Jérusalem Post et regarde la carte météo :la Cisjordanie n’y figure pas mais la seule ville à l’est est... Ariel, la plus grosse colonie. On me dit que c’est un journal de droite alors j’achète le Haaretz, journal de gauche... mais la seule ville à l’est c’est encore Ariel, toujours pas de Cisjordanie...

Ce que j’ai vu en dix-sept jours et en allant dans toutes les villes importantes, c’est la multiplication des colonies qui occupent peu a peu toutes les hauteurs.

En fait une partie des Israéliens se contenterait de (ne pas) voir les Palestiniens derrière le mur. Une autre partie préfère que la pression soit telle qu’ils partent peu à peu vers la Jordanie. Le Mouvement de la paix est vide de tout contenu. On ne les a pas entendus pendant le massacre de Gaza. Une infime minorité d’activistes – au sens anglo-saxon de militants –, de libertaires et quelques intellectuels soutient les Palestiniens. Le pays est divisé certes (certains juifs religieux sont antisionistes), mais l’unité se fait contre les Palestiniens.

Les différents gouvernements ont toujours criminalisé leurs interlocuteurs. L’OLP d’abord, dans toutes ses composantes, Arafat... Les services secrets ont favorisé l’émergence du Hamas pour affaiblir l’OLP puis ils ont criminalisé le Hamas. Les Palestiniens ont fait toutes les concessions possibles et ils ont gagné... l’apartheid !

Il est vrai qu’Israël a des connaissances en la matière. Son armée et le Mossad ont soutenu le régime raciste d’Afrique du Sud jusqu’à sa chute, et toutes les dictatures d’Amérique latine des années 1970.
Et quand Ahmadinejad vint à Genève, tout était prêt pour le boycotter quels que soient ses propos. C’est le genre d’excité gesticulateur qui me fait penser à Sarkozy. (tiens apres Carla je les verrais bien maries ces deux-la...un scoop pour la presse people...).Treve de plaisanterie pour une fois le bonhomme n’a pas commis d’impair. Mais le bonhomme n’a pas commis d’impair. Israël est bel et bien un État raciste. Et le troupeau d’imbéciles européen s’est levé comme un seul homme. Ce qui assombrit un peu plus l’avenir.

Et le fasciste Lieberman vient de trouver encore une saloperie de plus : ceux qui célébreront la Nakba seront passibles de trois ans de prison... Mais ils y sont déjà !

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Revenons en Palestine…

Au petit village de Yannoun d’abord. Il est situé dans une vallée que surplombe une colline en fer à cheval où des colons se sont installés. Les sabotages, la destruction des citernes d’eau et du transformateur électrique, les menaces et violences physiques ont fait fuir les paysans qui sont revenus quand les militants internationaux leur ont promis d’assurer une présence permanente par rotations. J’y suis venu en 2003 avec une organisation francophone et j’y reviens donc avec Saïd. Je suis accueilli fraîchement par les militants chrétiens anglophones qui ont pris le relais. « Vous n’avez pas téléphoné, notre siège a Jérusalem ne nous a pas prévenus, ce n’est pas un hôtel ici... ». Je me demande si je suis chez des puritains... Avec Saïd je vais saluer deux familles que j’ai connues et prendre des nouvelles... Mais le constat peut se faire d’un regard circulaire : les colons ont agrandi leur colonie, le grignotage des terres continue lentement mais sûrement, on sent l’encerclement....

Au siège du Centre d’informations alternatives à Jérusalem Ouest (les deux heures que j’ai passées en Israël), j’apprends que chaque vendredi les militants se retrouvent face au mur dans le village de Bilin, près de Ramallah. Israéliens, Palestiniens et “internationaux” se retrouvent et la manif démarre... Nous sommes accueillis par une volée de lacrymogènes en arrivant près du grillage...

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Un Palestinien du village a été tué par une grenade lacrymo tirée à bout portant deux semaines plus tôt. Les jeunes lancent des pierres. Geste dérisoire face aux soldats surarmés. C’est plutôt au niveau du symbole de résistance qu’il faut voir cette action hebdomadaire. Ça n’enlève rien à ce que je vous disais au début : on peut voyager actuellement en toute sécurité dans les Territoires, et on n’est pas obligé de venir à Bilin.

Si les Israéliens ont tort à 100 %, ça ne veut pas dire que les Palestiniens ont raison à 100 %. Ce ne sont pas des vases communicants. Précisément pas ! [ ???] Et si j’étais un responsable palestinien, je ne ferai pas perdurer ce jeu de dupes, faire semblant de négocier... Depuis les accords d’Oslo – que Netanyahou a dénoncé en 1996 –, les Palestiniens n’ont fait que subir les outrages de terres volées, des maisons détruites, des assassinats, et j’en passe...

Ce serait donc à la Communauté internationale de prendre le relais. C’est Netanyahou qui a signé les accords de Wye Plantation sous l’amicale pression de Clinton et qui s’est empressé de les trahir. Cette fois l’administration Obama semble plus ferme. Ne voila-t-il pas qu’elle met dans le même lot Israël, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord pour qu’ils signent le Traité de Non-Proliferation nucléaire ! Alors quoi, on nous traite comme les autres, nous qui sommes toujours à part ? Israël qui a mis en prison pendant dix-huit ans un ingénieur qui avait été le premier à prouver qu’Israël avait la bombe !

Dans le Jordan Times, l’analyste Michael Jensen revient sur le voyage du pape et les démolitions à Jérusalem-Est. Dans un premier temps, 5000 Palestiniens vont se retrouver sans logis sous prétexte que leurs maisons ont été bâties sans permis. En fait il s’agit d’un vaste plan de nettoyage (ethnique, dit Jensen), puisque 28 % des maisons ont été bâties sans permis et que cela permettra de rejeter 60 000 Palestiniens hors de Jérusalem. 35 % de Jérusalem-Est a déjà exproprié pour construire des colonies qui abritent 195 000 colons ! Et quand un immeuble de deux étages appartenant à l’Eglise catholique arménienne fait partie du plan de démolition, Jensen se demande pourquoi le pape n’est pas allé le visiter alors qu’il est parfaitement informé.

Devant tant de mauvaise foi je fais deux rêves.

Le premier, c’est que tous les pays rompent leurs relations avec Israël, que l’ONU envoie une force de protection des Palestiniens , démolisse le mur et leur offre l’indépendance !!!

Le deuxième vient du constat qu’Israël est un pays malade, autiste (la plupart des Premiers ministres sont des généraux, Itzak Rabin a été assassiné par l’extrême-droite, de Russie sont venus les néo-nazis, on garde Sharon dans son coma, l’ancien président est poursuivi pour harcèlement sexuel…). Alors, que la maladie l’emporte ! Parce que 60 ans de guerres, ça suffit ! Et il vaudrait mieux que le peuple iranien ne fasse pas les frais de son prochain délire...

Des drapeaux israéliens jalonnent l’axe principal du pays, Naplouse-Ramallah...Voyez la carte : nous sommes en plein centre de la Cisjordanie. Je le ressens comme une provocation. Dans le minibus, j’en parle à mon voisin palestinien qui travaille pour les Nations Unies. Il hausse les épaules et me dit : « On ne les voit pas ». Il a raison. Les drapeaux, les jeeps, les check points, c’est la surface. Le mal est plus profond, ancré au cœur des Palestiniens.

J’entends souvent : « Mais que peut-on faire ? » Peu et beaucoup à la fois : ce que nous avons fait pendant l’apartheid en Afrique du Sud… LE BOYCOTT DES PRODUITS ISRAÉLIENS : avocats “Carmel”, jus de fruits “Jaffa” qui remplissent les rayons des Leclerc, médicaments génériques Teva, etc. Il suffit d’aller sur Internet sur les sites consacrés à la Palestine...

Et si quelqu’un voyait là quelque exagération, je lui propose d’aller en Palestine occupée…

G.

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