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Bain de sang dans l’Amazonie péruvienne (jeudi11/06/09)

jeudi 11 juin 2009, par OCL St Nazaire


Voir en ligne : appel de l’Unión Socialista Libertaria (Lima - Perú)

traduction en français de l’Appel de l’USL ici

Mise à jour : jeudi 11 juin (11H00 ici, 4H au Pérou) : ici

Mise à jour : Dimanche 6 juin, 13 heures ici (6 h au Pérou)

Inquiétude pour les Amérindiens arrêtés

Shapion Nomingo dirigeant amérindien a révélé que plus de150 habitants sont détenus dans la caserne militaire “El Milagro” de Bagua (Amazonas) et que vingt autres ont été conduits à la ville de Chiclayo et a déclaré que le gouvernement est entièrement responsable de ce qui pourrait arriver à propos de leur vie.
Dans une conférence de presse donnée dans le local de l’AIDESEP (Association Interethnique de Développement de la Forêt Péruvienne), Nomingo a informé que les forces de l’ordre maintiennent les prisonniers à genou et menacent de les tuer. “Nous rendons responsable le gouvernement pour les éventuels crimes de lèse humanité” a-t-il déclaré.

Hommage et veillées aux morts

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A Tarapoto, dans le département voisin de San Martín, a été organisée une soirée de solidarité et d’hommage à ceux qui sont morts sous les balles de la police lors de l’opération de déblocage le matin du vendredi 5 juin. La population s’est rassemblée sur la plaza de Armas à partir 19h jusqu’à minuit. Banderoles et bougies ont exprimé la protestation devant les actes commis par le gouvernement et son refus de revenir sur les décrets, jugés pourtant inconstitutionnels, qui visent à spolier la terre et les ressources naturelles de la zone amazonienne.

« Deux manières de voir le monde »

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La directrice du Centre d’Amazonien d’Anthropologie et d’Application Pratique (CAAP), Ada Chuecas, a dénoncé la manière dont l’Etat continue de maintenir les populations originaires dans la discrimination et que c’est cette attitude qui le rend aveugle devant les demandes de ces habitants.
Ada Chuecas a rappelé que au siècle dernier, les amazoniens ont été l’objet de massacres et de tortures à cause de la vision occidentale et citadine du développement en se référant à la “fièvre du caoutchouc” qui s’est produite aux début du XXème siècle, quand des aventuriers et des hommes d’affaires ont détruits les communautés de la forêt pour exploiter la caoutchouc qui se trouvait sur leurs territoires. Pour la représentante du CAAP, le conflit entre la Forêt et les gouvernements ont lieu "parce qu’il y a deux manière de voir le monde, de voir le développement et la manière dans laquelle la vie des peuples amazoniens est comprises par les gouvernants."

Faire taire les témoins ?

Les radios locales et les informations qu’elles diffusent sont apparemment les cibles du gouvernement et de sa police. Déjà, le 5 juin, radio La Voz de Bagua a vu son signal coupé. C’est maintenant Radio Oriente de Yurimaguas qui doit faire face à des menaces policières de fermeture.
La militarisation de la zone : déploiement de l’armée, couvre-feu, multiplication des patrouilles mixtes police-armée… rendent de plus en plus problématiques l’information sur ce qu’il se passe et notamment le recoupement concernant les disparus (morts, prisonniers…).

La rhétorique du gouvernement

Face à la montée des protestations et dénonciations, le gouvernement péruvien fait monter les enchères.
Pour, les policiers ont été agressés, les morts sont surtout de ce côté là, et l’action des populations amazoniennes depuis plusieurs semaines. « C’est une agression minutieusement préparée contre le Pérou, une conspiration qui a interrompu la production et le transport du pétrole et l’acheminement du gaz vers les villes de la côte et pour laquelle il a été dit qu’il s’agissait d’une insurrection et d’un soulèvement ces dernières semaines », déclare un communiqué de la présidence.
La lutte des amérindiens serait une manipulation de politiciens utilisant « des formules extrémistes » pour satisfaire leurs « appétits électoraux ».
Le gouvernement a toujours voulu dialoguer avec les représentants des amazoniens mais ceux-ci n’ont jamais pu démontrer en quoi les décrets qu’ils refusent porteraient atteinte aux populations de la région.
Le communiqué se conclut ainsi : « Je suis sûr que la population de l’ensemble du Pérou qui dans son immense majorité sait que le pays doit poursuivre sa voie vers le développement, l’emploi et l’investissement, soutiendra les actions contre l’agression subversive et le terrorisme »

Par ailleurs le gouvernement a décrété un jour de deuil national pour les policiers tués au cours des opérations ce dimanche 7 juin.

L'action policière continue

D’après radio La Voz et répercuté par le site de la CNR (coordination des radios), les policiers auraient emmené des blessés soignés dans deux hôpitaux sans qu’il soit possible de savoir où.

Journée de mobilisation le 11 juin

Après une première manifestation vendredi soir dans les rues de Lima, de Arequipa, et d’autres villes, les différents secteurs sociaux, associatifs, politiques se mobilisent. 
Comme l’avait déjà annoncé l’ AIDESEP et son porte-parole Alberto Pizango (en fuite et recherché par la police), un ensemble d’organisations sociales et politiques dont la CGTP ont annoncé que le 11 juin serait une journée de mobilisation générale dans le pays pour exiger l’abrogation des décrets pris par le gouvernement.

De leur côté, des associations de la société civiles se mobilisent également et demande au gouvernement de cesser ses actions dans la zone en conflit. Elles rappellent que le gouvernement est responsable car ce sont les députés apristes (parti gouvernemental) qui ont repoussé une nouvelle fois l’examen de la demande d’abrogation du décret contesté et dont la constitutionalité a été reconnue par Commission constitutionnelle du congrès.

Enfin, les appels au Pérou et en dehors se multiplient contre l’action du gouvernement péruvien

Solidarité internationale

De leur côté, les anarchistes péruviens de l’ Unión Socialista Libertaria appellent à la solidarité internationale « avec les peuples originaires et amazoniens du Pérou dans leur lutte en défense de leurs terres et culture ancestrale. Celle-ci est atteinte et menacée par le gouvernement péruvien en alliance avec l’impérialisme, les multinationales et la droite (principalement l’APRA, l’Union nationales et le fujimorisme), à travers des décrets législatifs inconstitutionnels et violateurs, dans le cadre de la signature du Traité de Libre Commerce avec les Etats-Unis. ».
Ils appellent leurs camarades a cosigner cet appel et à le relayer dans tous les espaces de diffusion possible « listes e-mail, journaux, revues, bulletins, communiqués, affiches, forum, action publiques, culturelles, politiques, etc…[…] Pour cela nous appelons les camarades libertaires à organiser, en relation avec d’autres secteurs proches et en lutte, des mobilisations et des rassemblements devant les ambassades du Pérou dans chaque pays, pour dénoncer les actions de l’Etat et des multinationales dans notre pays.
Nous en appelons à la solidarité qui nous caractérise comme révolutionnaires libertaires pour faire cause commune, pour nos frères amérindiens et pour leur faire savoir qu’ils ne sont pas seuls, que leurs luttes sont les nôtres, jusqu’à parvenir à la véritable société de pleine liberté, autonomie, progrès humain, sans exploités ni exploiteurs ».

Premiers signataires : Unión Socialista Libertaria (Lima - Perú), Red Libertaria Popular Mateo Kramer (Colombia), Journal Barrikada (Uruguay), Convergencia Anarquista Específica (Chile), Corriente Acción Libertaria (Chile)...

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Mise à jour : Dimanche 6 juin, 20 heures ici (13 h au Pérou)

La campagne d'intoxication du gouvernement et des médias proche de lui

a) Les policiers sont intervenus pour débloquer une route dont la coupure représentait un dommage pour l’économie du pays. Cette intervention a été réalisée selon les règles et ce sont les policiers qui ont été attaqués. Le plus important a été réalisé : la reprise du trafic routier.
b) Cela fait deux semaines que les amérindiens ont obtenus des armes et ont préparé leur coup.
c) Des agents vénézueliens, boliviens, colombiens, équatoriens ont infiltrés la zone et ont poussé les habitants à se soulever contre le gouvernement.
d) Les leaders des organisations indiennes sont responsables des violences, à commencer par le président de la Aidesep, Alberto Pizango. Les ministres de la Justice et de l’Intérieur répètent en boucle que tous les responsables seront poursuivis et pas seulement lui.
e) Alberto Pizango aurait été vu traverser la frontière avec la Bolivie, preuve l’implication de ce pays dans les violences.

Vers une grève générale

Dimanche 7 juin a été créé le Front de Défense de la Vie et de la Souveraineté Nationale à l’initiative des principales organisations syndicales et politique du pays.
Ces organisations appellent à une grève générale si d’ici le 11 juin, jour de mobilisation et de solidarité avec les populations amazoniennes, le gouvernement n’a pas retiré les décrets refusés par les amérindiens, décrets qui s’appellent maintenant “décrets de la mort”.
Le Front demande l’arrêt des poursuites contre le président de la Aidesep, Alberto Pizango. Il demande la démission du gouvernement car celui-ci ne cesse « de jeter de l’huile sur le feu » en poursuivant « l’escalade de la violence » et qu’il a perdu toute légitimité car il a « les mains tâchées de sang ».

Les membres du Front de Défense de la Vie et de la Souveraineté Nationale sont la Asociación Interétnica de Desarrollo de la Selva Peruana (Aidesep), la Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas (CAOI), le Confederación General de Trabajadores del Perú (CGTP) la Central Unitaria de Trabajadores (CUT), la Confederación Nacional Agraria (CNA), la Confederación Campesina del Perú (CCP), la Coordinadora Político Social (CPS) et divers fronts régionaux de défense.

Soldats déserteurs

Information qui n’a, a priori, rien à voir avec les évènements de la région amazonienne puisque ce la se passe dans une toute autre région, plus au sud.
Un total de 22 soldats ont déserté du service militaire obligatoire de la base de contre-insurrection de Calliramayo, à Huanta, province d’Ayacucho et ont porté plainte au commissariat de Cobrisa pour abus et mauvais traitements physiques et psychologiques.
Les soldats, tous originaires de la ville de Puccallpa, se sont évadés en cachette de la base avec leur affaires mais pas leurs armes.
Il semble toutefois qu’ils auraient abandonné deux caisses de cartouches de dynamite dans le canal situé au nord-ouest de la ville.

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La date du jeudi 11 juin prochain semble être une échéance cruciale pour les mouvements amérindiens et sociaux du Pérou contre le gouvernement sanguinaire d’Alan Garcia et les multinationales qui veulent faire main basse sur les territoires de la zone amazonienne du pays.

Il doit être possible d’ici là de mobiliser devant les ambassades (Paris) et les consulats de Bordeaux, Le Havre, Marseille, Nice et Toulouse comme cela est demandé tant par les organisations des amérindiens du Pérou, les organisations sociales et syndicales qui les soutiennent que par nos camarades de l’Union Socialiste Libertaire

Evidemment, rien n’empêche d’agir avant car dans ce type de situation, chaque action, chaque jour compte.

A organiser bien sûr localement.

dernières infos (lundi 8 juin 2009)

http://oclibertaire.free.fr/spip.ph...
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Autres sources d’information indépendantes de l’oligarchie :

Red Autónoma de Comunicación - Ucayal

AIDESEP

Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas – CAOI

Coordinadora Nacional de Radio

P.-S.

Pour intervenir en solidarité avec les populations de l’Amazonie péruvienne en lutte

Ambassade du Pérou en France (infos reprises de son propre site Internet)

L’Ambassade du Pérou est l’interlocuteur officiel des autorités et des institutions françaises. Elle représente l’Etat péruvien en France, et a pour mission de participer activement au développement des échanges politiques , économiques et culturels entre le Pérou et la France .

Ambassade du Pérou en France
Ambassadeur : Harry Belevan-Mc Bride
50, avenue Kléber - 75016 PARIS
Tél : 01.53.70.42.00 Fax : 01.47.04.32.55
Mail : perou.ambassade@amb-perou.fr
Web : www.amb-perou.fr

Consulat Général du Pérou
Consul Général : José Alberto Carrión Tejada
25, rue de l’Arcade
75008 PARIS
Tél : 01.42.65.25.10
Mail : conperparis@wanadoo.fr

En Province

Bordeaux
Pierre Vallies, Consul honoraire
Juan Vilches, Vice-Consul Honoraire
20-22 rue Saint Rémi - 33000 Bordeaux
Tel : 05 56 52 13 10 - Fax : 08 71 16 33 46
Mail : conperburdeos@wanadoo.fr

Le Havre
M. Philippe Guian, Consul Honoraire
4, Quai Guillaume-Le-Testu – 76600 Le Havre
Tel : 02 35 19 21 00 - Fax : 02 35 21 42 79
Mail : conperlehavre@guian.fr

Marseille
Mme Danièle Prieur, Consul Honoraire
1, Place Félix Baret
13006 Marseille
Tel : 04 91 04 03 86 - Fax : 04 91 54 36 18
Mail : d.prieur@psavocats.com

Monaco
M. Michel Pastor, Consul Honoraire
Europa Résidence
Place des Moulins - Monte Carlo
98000 MONACO
Tel : (00-377)92 16 58 88 - Fax : (00-377)93 25 76 57
Mail : cip@imcn.mc

Nice
M. Philippe Rudolph, Consul Honoraire
23 chemin de la Baronne - 06110 Le Cannet
tel. : 06 07 77 25 00 - fax : 04 93 68 61 70
Mail : philipperudolph@wanadoo.fr

Toulouse
M. Jean Henry Farné, Consul Honoraire
8, avenue Frizac - 31400 Toulouse
Tel : 05 61 14 66 77 - Fax : 05 61 14 66 78
Mail : consul_perou_tlse@yahoo.fr

Multinationales

Rappelons que la politique du gouvernement péruvien d’Alan García est de livrer la plus grande partie du territoire aux intérêts des multinationales, en particuliers les sociétés pétrolières et minières.

Entreprises concernées par le décret-loi permettant de créer des concessions minières et de forage et de livrer ainsi les ressources naturelles aux appétits capitalistes.
La franco-britanique Perenco, dirigée par François Perrodo, l’une des plus grandes fortunes de France, très en pointe dans les forages pétroliers dans cette zone du nord du Pérou comme elle est déjà très installée en Equateur.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Perenco
http://www.survivalfrance.org/actu/4532
http://www.perenco.com/home.html
Addresse : 25 Rue Dumont D’urville, Paris, 75116, France Tel : 33 01 53 57 66 00

Il y a aussi la compagnie canadienne Petrolifera
http://www.survivalfrance.org/actu/4554
http://www.petrolifera.ca/

Enfin, signalons aussi une compagnie argentine Pluspetrol et une autre, étatsunienne, BPZ ENERGY, qui sont sur les rangs pour investir dans la région grâce au décret contesté par les populations originaires de cette partie amazonienne du Pérou.

A noter que ces entreprises collaborent sur des programmes de recherche-développement avec l’IRD Français.

http://www.peru.ird.fr/spip.php?pag...

D’autres entreprises sont sans doute sur les rangs. On vous tiendra informés dès que l’on en saura plus.

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1 Message

  •  

    Soirée de diffusion et de soutien aux prisonniers de la grève amazonienne du Pérou de 2009. Projection du documentaire "La curva del Diablo" – témoignage – débat – repas le jeudi 5 juin à 19h au Transfo (prix libre).

     

    La tierra ne se vende - La tierra se defiende [1]

     

    Entre août 2008 et juin 2009, une insurrection secoue l’Amazonie péruvienne. Des milliers d’indiens délaissent leurs villages pour bloquer, pendant des mois, les plus importantes routes de la région, mais aussi des stations d’extraction de gaz et de pétrole et des centrales hydroélectriques. Ils protestent contre la politique de pillage capitaliste du gouvernement péruvien et contre un projet de loi qui vise à annuler les droits territoriaux de ces populations. Face à une résistance si déterminée, le 5 juin 2009, les forces d’opérations spéciales interviennent avec des fusils AKM pour débloquer la route de Bagua. Une grande révolte se déclenche, avec des dizaines des morts des deux cotés. Aujourd’hui, 5 ans après, trois manifestants restent en prison et un nouveau procès s’ouvre contre une cinquantaine d’autres personnes.

    Jeudi 5 juin, 19h au Transfo

    57, av. de la République, Bagnolet, Métro Gallieni ou Robespierre
    _

    Notes

    [1] La terre ne se vend pas - La terre se défend

    repondre message


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