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Edito 189 avril 2009

mardi 14 avril 2009, par Courant Alternatif


Grèce, Italie, Islande…partout les luttes accompagnent
la résistance des travailleurs, avec ou sans
emploi, étudiants ou lycéens précarisés refusant
de subir et payer les conséquences de la crise provoquée
par les gestionnaires du capital.
En France, cette volonté de résister a éclaté aux
Antilles où les guadeloupéens puis martiniquais ont
montré la voie à suivre. La grève générale assumée par
la population a assuré la victoire.
Partout, le climat social est tendu. Il n’y a pas une
journée sans annonce de plan social ou de licenciements
massifs. Lorsque les résistances surgissent et perdurent
contre les différentes réformes (chercheurs, facs, éducation
nationale…), leur ténacité oblige alors nos managers
à devoir les désamorcer en tentant de gagner du
temps, et de les reporter.
La bourgeoisie française se crispe et use du bâton,
n’ayant plus de carottes sociales. Sans solution à « sa
crise » elle craint que la solidarité entre travailleurs et
étudiants, ne s’étende, ne se rejoigne par les luttes et
n’en fasse plus qu’une généralisée.
Effectivement la combativité ouvrière se développe
et met à l’ordre du jour la nécessaire convergence des
luttes et des solidarités de classes. Le ras le bol d’être des
Kleenex jetables après usage provoque une radicalisation.
Ainsi apparaissent les réflexes de piquets de grèves,
d’occupations voire de séquestration de responsables
comme dans les Landes ou le Loiret à l’usine 3M. Au ras
le bol des uns, s’ajoute l’écoeurement des autres d’entendre
les annonces de ces milliards de d’euros, sortis
de caisses de l’état, sensées être vides, pour aller au
secours des gestionnaires du capital responsables de
cette crise. Patrons de banques et d’industries aidés par
les finances publiques, continuent avec cynisme à
engranger les sur- primes et autres stocks options …
tandis que le nombre de chômeurs ne cesse de croître et
la misère de s’étendre.
C’est ce sentiment d’être tous et toutes dans la même
galère qui marque le succès des mobilisations du 29 janvier
et cinquante jours plus tard, celle du 19 mars, qui
non seulement a vu plus de monde dans la rue, mais
était soutenue par 75% de la population.
La participation record a démontré la volonté de ne
pas rester isolé, de ne plus rester chacun dans notre
usine, hosto, fac, bahut…un désir de se retrouver tous
ensemble, tous unis pour gagner. Hélas, malgré
quelques trop rares appels à des assemblées générales
de ville après la manif, cette volonté d’aller plus loin n’a
pas aboutie encore.
La bourgeoisie au pouvoir craint la dégradation du
climat social et applique déjà son arsenal juridico-policier
répressif avec une brutalité de plus en plus provocatrice,
pour criminaliser toute velléité de contestation
(ST Nazaire, Paris ou Lyon) ou inventer des coupables
d’état (Colonna, Coupat…) Son personnel politique et
les chefs syndicaux ne sont pas plus sereins. Ils appréhendent
tout autant les convulsions sociales et les
redoutent.
Ainsi a-t-on entendu Martine Aubry du parti socialiste
s’inquiéter de ce que « le sentiment de ras le bol des
guadeloupéens et martiniquais se diffuse ici…Il faut tout
faire pour que cela n’arrive pas. » Côté syndical, pendant
que B.Thibault leader de la CGT laissant transparaître
une détermination et une énergie sans faille face
au patronat, fait diversion en contrant la méchante
patronne du MEDEF : L. Parisot, son comparse F. Chérèque
de la CFDT sonne la charge contre le N.P.A et O.
Besancenot traité de « rapace », qu’il voit derrière chaque
conflit ou action de salariés.
Cette crainte d’être débordés les a obligés à retrouver
leur unité et pour ne pas perdre la face à mobiliser
plus fortement public et privé en même temps. Ce que
traduisent chacun dans leur rôle : la représentante de
la CFTC au nom de l’intersyndicale : « Nous sommes
tous unis et allons tous dans le même sens. » et des
conseillers élyséens soulagés « les centrales syndicales
ont bordé l’événement ».
Ne nous laissons pas duper : c’est la colère, la rage
et l’exaspération montante y compris dans leurs rangs
syndicaux qui les obligent à cette unité de circonstance.
Unité qui ne sert qu’à temporiser, étouffer et canaliser
l’échéance de la révolte. Si après le succès de la journée
19 janvier N. Sarkozy, tout aussi inquiet, leur avait
tendu la main en proposant le sommet social du 10
février et avait permis de gagner du temps, après ce 19
mars : le vide. A la charge des bureaucraties de faire
valoir cette « unité syndicale retrouvée » pour mieux faire
oublier leur politique attentiste et d’accompagnement
du système qui les nourrit.
Cette UNITE est-elle le nouveau cordon sanitaire qui
limitera les révoltes à venir aux seuls éléments radicaux
et irresponsables que le pouvoir saura réprimer et criminaliser
 ? Nous pouvons déjà avancer, que pour masquer
ce vide et leur immobilisme, les bureaucraties sauront
nous préparer un premier mai combatif et
revendicatif. Après, sans doute compteront-elles sur les
transhumances estivales pour souffler.
Que la crise s’aggrave (c’est inéluctable) et avec elle,
se développeront les conditions de luttes solidaires de
grande ampleur. Auront-elles la forme de la révolte
grecque ? Auront-elles l’aspect des puissants mouvements
des Antilles ? Au-delà de l’incantatoire « grève
générale », nous devons préparer cette riposte. C’est à
nous dans nos lieux de travail et de vie de précipiter des
rencontres, des A.G, de développer notre solidarité et
notre unité dont les buts n’ont rien à voir avec ceux des
bureaucraties politiques et syndicales.
Nous devons nous réapproprier les armes de la critique
et en faire partager la conscience au plus grand
nombre, pour en finir avec l’individualisme et l’attentisme
qui nous étouffe, pour souffler sur l’étincelle qui
mettra le feu à la plaine. Sarkozy et la bourgeoisie en
appellent à l’unité nationale pour la France ; répondons
par une solidarité de classe pour leur crier que nous ne
payerons pas leur crise.

Caen le 25 03 2009

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