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Courant Alternatif - Hors-Série N°9
L’arnaque citoyenne

lundi 21 avril 2003, par Courant Alternatif


SOMMAIRE

Édito
Langue et citoyenneté
Historique critique du suffragisme en France
Quelques caractéristiques du suffragisme aux Etats-Unis
Emma Goldman, l’anarcha-féministe et le suffrage des femmes
Suffragisme...Citoyenneté et républicanisme
Comment le citoyennisme traverse le mouvement féministe
Les recherches d’une nouvelle citoyenneté
Citoyenneté : droits et devoirs...mais de quel droit !
L’école de la citoyenneté et vice versa !
Sans la revendication de l’abolition de l’Etat, l’anticapitalisme n’est que du pipeau !
Le citoyennisme comme rempart de l’ordre capitaliste


ÉDITO

Aujourd’hui on nous sert du citoyen à toutes les sauces, du tri des déchets aux merdes de chiens en passant par toutes les normes de comportement individuel. Il faut participer, dans des cadres bien précis, à la société telle qu’elle est afin que celle-ci ne dérive pas trop ! Fini les idées de Révolution, de société communiste. Place à la participation/gestion, à l’intégration/assimilation, au contrôle des excès... de toutes les formes de domination ! “ Les vaches sont bien gardées ” A l’origine être citoyen signifiait appartenir à une collectivité dont on était membre agissant en instituant la loi par des pratiques politiques : Le débat (les palabres) puis le vote. Dès le départ, il y a eu ceux qui étaient citoyens (une infime minorité) et toute une masse d’exclus. Comme ce sont les citoyens titulaires qui décident des critères d’accès à la citoyenneté, son extension fut l’occasion de longues et difficiles luttes. Sur le papier, cela apparaissait comme un projet émancipateur pour tous ceux et toutes celles qui étaient exclus de ces droits civiques qui déterminaient la vie d’une collectivité sous tous ses aspects. En France les hommes de nationalité française ont attendu 1848 pour avoir ces droits, les femmes de nationalité française attendront 1945, quant aux immigrés résidant en France ils et elles attendent toujours... Et alors ? Cela ne change rien au “ Schmilblic ” ! “ Les vaches sont bien gardées ” ! Le suffrage universel, basé sur une délégation de pouvoir totale a été dans l’Histoire une “ victoire ” démobilisatrice pour les mâles non possédants, puis pour les femmes. Il demeure l’instrument de la domination économique et sociale d’une petite minorité sur la grande majorité. Aucune réelle libération n’a pu s’obtenir par les urnes car cette libération implique en fait à la fois la destruction des structures économiques et de l’organisation sociale et politique leur correspondant. Le peuple dit “ souverain ” peut élire autant de prolétaires, autant de femmes qu’il veut, ces élus ne peuvent que gérer toutes les formes de domination existantes (économique, patriarcale, culturelle, ...) et si éventuellement ils et elles dérogeaient à leur fonction de reproduction de cette société en refusant leur intégration/assimilation, ce système a prévu légalement et en dernier ressort de les détruire (pouvoirs spéciaux militaires inscrits dans toutes les constitutions d’Etats démocratiques) car comme chacun et chacune devrait savoir “ l’armée est le dernier rempart de la démocratie ” ! Bien sûr on peut toujours rêver d’une démocratie participative dans le cadre d’une commune, d’un quartier et même prôner un “ municipalisme libertaire ”. A part l’aménagement des chemins communaux, le tri des déchets, l’organisation de fêtes et rencontres culturelles, les moyens matériels de l’école communale quand l’Etat n’a pas imposé sa fermeture... le “ Small is beautiful ” a ses limites définies par l’Etat qui contrôle, via les préfectures, toutes les décisions prises par n’importe quelle commune de France. C’est ainsi qu’un maire, qu’un conseil municipal peut être puni et même démis de ses fonctions et si par “ bonheur ” une collectivité locale quelconque entrave la bonne marche de l’Etat et du capital concernant par exemple l’aménagement du territoire. C’est en toute légalité républicaine que le Préfet peut passer outre en imposant par la force de ses flics et militaires les décisions du pouvoir central. Le renouveau actuel Le citoyennisme n’est pas une idée nouvelle car on la retrouve sur le devant de la scène dans toutes les périodes importantes de la société française depuis de révolution française de 1789. Aujourd’hui nous assistons à un renouveau du citoyennisme. Ce renouveau a correspondu avec l’arrivée et le maintien au pouvoir de la gauche et il a été en grande partie porté, revendiqué par des mouvements de contestation, d’identités particulières (liés à l’immigration, femmes, régionalistes, homo, ...) qui se sont constitués (de 1975 à 1995) doucement, insidieusement, progressivement en mettant de côté jusqu’à les combattre les analyses de classe de la société. Le bicentenaire de 89 a d’ailleurs été le temps fort de la réponse du pouvoir pour finir d’intégrer ces mouvements. Ce renouveau est lié aussi à l’abandon de l’idée de révolution dans l’extrême gauche et chez certains libertaires. La pratique actuelle est une démarche protestataire à l’intérieur du système qu’on veut finalement intégrer. De " citoyen " à " citoyen ", il y a d’ailleurs eu un glissement sémantique où on est passé du nom à l’adjectif jusqu’à des caricatures. On est passé, d’une appartenance collective à un corps politique et social pouvant agir dans des périodes données pour transformer fondamentalement la société, à un processus individuel de personnes isolées qui vont éventuellement exercer, par des mouvements d’opinion, un simili contrôle sous forme de protestation (qui peut avoir des formes radicales), pétition, pratiques de lobbying, sur les travers les plus choquants ou impossible à vivre. A aucun moment il ne s’agit de refaire le monde mais d’atténuer les effets d’une politique qui nous échappe. La société civile est devenue le substitut du prolétariat. Ses instances représentatives sont des associations, O.N.G. sur des thèmes divers qui reproduisent le fonctionnement des syndicats institutionnalisés et en perte de vitesse. Cette montée du citoyennisme correspond donc à un affaiblissement des corps intermédiaires (idéologiques, le syndicalisme classique, tout ce qui est des médiations entre le capital et le travail) et elle joue un rôle très précis dans le redéploiement capitaliste actuel marqué par une formidable offensive de la bourgeoisie. Le citoyennisme réhabilite l’Etat, des tas de mouvements se tournent vers lui comme on se tourne vers un arbitre neutre ; le plus caricatural étant la grande majorité du mouvement voulant aménager la globalisation actuelle du capital. Cela ne fonctionne pas si bien que cela car dans nos sociétés démocratiques un nombre croissant d’exclus ne se sent plus représenté dans ce système politique qui paradoxalement n’a jamais eu autant de prétendants à sa gestion. Il faut dire que la soupe citoyenne est bonne et nourrissante, mais il n’y en aura jamais pour tout le monde ! Mais au-delà des pertes de repère, au-delà de tout ce qui s’écroule, il faut quelque chose qui nous tienne pour nous faire vivre ensemble.
Nécessairement de nouvelles collectivités d’appartenance vont naître qui n’émaneront pas forcément de politiciens machiavéliques.
ALORS ? LA SEULE CHOSE QUE NOUS POUVONS FAIRE C’EST DE CONTRIBUER A LA RENAISSANCE DE L’IDEE DE REVOLUTION !


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