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CHINE : LA FETE ET LA LUTTE !

lundi 16 février 2009, par OCL St Nazaire


Chaque nouvel an chinois, la danse du dragon, interprétée par des bénévoles costumés, est sensée porter chance, prospérité et…la pluie dans les régions qui en manquent. La danse est martelée de pétards, de cymbale et de tambours.

A Déjiang, une ville située au nord de la province du Guizhou (Sud de la Chine) ce sont, en général, près de 100 000 personnes qui se rassemblent pour cette festivité. Mais cette année, les autorités locales ont prétexté le risque d’incendie pour interdire le défilé dans le centre de la ville et le cantonner en banlieue. S’il est vrai que les incendies sont fréquents suite aux divers feu d’artifices et pétards lâchés à cette occasion la réelle cause de l’interdiction est ailleurs. Cette danse du dragon a beau avoir été classée par le gouvernement provincial comme « trésor culturel », il n’en demeure pas moins qu’elle est potentiellement une menace contre l’ordre social, comme finalement tous les carnavals dès lors qu’ils ne sont pas entièrement institutionnalisés. Moments privilégiés où l’on peut dire ce qu’on ne dit pas d’habitude, surtout dans les périodes où se développe une certaine instabilité et de nombreuses « incertitudes » économiques. Les autorités l’ont bien compris, mais les danseurs ne l’ont pas entendu de cette oreille. Refusant de suivre la consigne de ne pas aller dans le centre ville, ils sont allés effectuer une « danse de protestation » devant le siège de l’administration en ce 8 février 2009. La police a chargé, détruit des dragon. Une foule évaluée à 3000 personnes par la police, à 10 000 par les observateurs non gouvernementaux s’est agglutinée et solidarisée, et les affrontements ont fait plus de 50 blessés.
L’armé a finalement été appelée pour mettre fin aux troubles.

Il est à noter que cette province du Guizhou (un tiers de la France, 40 millions d’habitants) est essentiellement rurale et paysanne et que les Hans ne constituent que 60 % d’une population composée de nombreuses minorités. Région plutôt pluvieuse elle est un peu moins touchée par la sécheresse, la plus importante depuis 50 ans que connaît la Chine et qui touche durement l’agriculture, surtout dans le centre.

Les incidents dans cette Chine rurale sont d’autant plus fréquents que les possibilités de migrations vers les côtes et les villes pour trouver de l’emploi, se tarissent à grande vitesse et même s’effondrent. On estime, selon les sources étrangères (New herald) à plus de 100 000 les grèves, manifestations ou émeutes (le terme pour « émeutes » utilisé par les pouvoir est « incidents de masse » qui ont eu lieu en Chine l’an dernier. Corruption, confiscation de terres, salaires impayés, sont les principales causes. Peu importe le chiffre exact car même les autorités officielles font état d’une forte augmentation de ces incidents ces dernières années. Elles en miniminent évidemment le sens… Ces « incidents » ne serait qu’un « moyen pour des gens ordinaires de mettre la pression sur les gouvernements locaux pour résoudre leurs problèmes » dans un contexte de difficultés économiques, explique une étude menée par un groupe de sociologues… Cette explication rappelle une stratégie assez fréquemment utilisée en Chine par le Pouvoir central : utiliser les corps intermédiaires comme boucs émissaires afin de redorer l’image du Parti.

(Sources herald Tribune, China worker (trotsk…), chinaview)
Voir en anglais berthoalain.wordpress.com)

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