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Edito 179 Avril 2008

jeudi 3 avril 2008, par Courant Alternatif


Edito CA 179. Avril 2008

Ils ont voté et puis après chantait le poète en 68. Les élections municipales du 9 et 16 mars ont une fois encore illustré la force idéologique de la bourgeoisie à faire cautionner sa démocratie.
Plus que pour la présidentielle, cette idéologie électoraliste a été portée par les organisations dites révolutionnaires, qui ont présenté des listes. Réconfortée dans sa dynamique présidentielle, la LCR en a fait un tremplin vers la construction de son parti « anti-capitaliste ». LO sa rivale, à opté d’emblée pour des listes communes avec cette gauche qu’elle dénonce régulièrement.
Au bonheur des urnes, les politiques municipales, même si elles ont un enjeu local (crèches, logements…) restent, elles aussi, soumises au pouvoir économique. Les élus ne pourront que gérer localement les conséquences néfastes du capitalisme, dans sa course aux profits
Au sortir de 68, alors que les syndicats étaient vomis par les travailleurs, pour trahison et compromission avec le pouvoir, ces héritiers du léninisme prônaient l’entrisme dans les syndicats pour influer sur leur orientation et en prendre le pouvoir. Avoir des délégués, puis des élus, tant dans les entreprises, que dans l’appareil syndical. Pour quel bilan ?
Le projet EPR se poursuit avec ses kilomètres des lignes à Très Haute Tension dans la Manche. Seul le village de Chevreville boycotte et refuse d’organiser les élections municipales. Nos anti et autres alter-mondialistes courent après des élus. A Notre Dame des Landes, un aéroport international voit hélas le jour. Malgré le refus, les protestations et la résistance locale au projet, nos adeptes du scrutin électoral de proximité : Verts et Alternatifs, n’hésitent pas à enfourcher les listes communes avec Ayrault le maire PS de Nantes.
Aujourd’hui, il leur faut se présenter pour ne pas perdre un électorat, avoir des élus quitte à se vautrer dans les plus viles combinaisons politiciennes. Il semble loin le temps où ces héritiers de Lénine et Trotsky nous expliquaient que les élections bourgeoises ne sont qu’un moment, une tribune pour porter et faire entendre la parole révolutionnaire. Quelque soit la place ou le pouvoir octroyé, une fois élus, ils ne peuvent être que des co-gestionnaires actifs ou passifs dans le système de représentation étatique. Dans les luttes sociales, leur rôle est limité à être un porte voix sans suite dans une assemblée ou un cénacle et, s’autoproclamer représentant d’une lutte le temps d’une interview médiatisée.
Des caissières de Carrefour à Marseille aux dizaines de milliers de licenciements dans le public comme dans le privé, du démantèlement des services publics, à l’augmentation des produits alimentaires ou au énième plan banlieue : en quoi ce mandat électif est-il le contre-pouvoir dont peuvent user les travailleurs ? En quoi ces élus renforcent-ils la prise de conscience émancipatrice de la classe ouvrière ?
Souvent leur rôle consiste, avec les organisations syndicales, à accompagner les restructurations en cours dans leur ville, leur région. Gestionnaires institutionnels, ils distillent la résignation et l’acceptation du réalisme capitaliste, comme mode de gestion de la lutte. D’échéance en échéance les conditions de vie et de travail se dégradent au fil des illusions électorales.
L’irruption de plus en plus de luttes, salariales ou contre les plans sociaux, traduit directement l’expression et le sentiment de classe. Ce sont ces luttes qui restent le plus sûr moyen de stopper patrons et gouvernements et non d’hypothétiques sauveurs élus par des citoyens. C’est de ces luttes qu’émergera la solidarité de classe et la maturité politique d’émancipation sociale.
En Espagne, au sortir du franquisme, le roi a légitimé la Démocratie bourgeoise. Devant les aspirations du peuple basque à l’indépendance, la bourgeoisie espagnole a durant ces dernières décennies, amené les forces radicales politiques et sociales à inscrire leurs revendications et leur actions dans le cadre institutionnel et démocratique. La force de ces revendications s’est émoussée au fil des séances et atermoiements politiciens. Le temps a fait son œuvre, en anesthésiant les uns dans un réalisme pragmatique de co-gestion et d’intégration, pendant que la répression, toujours plus féroce ; se charge des autres.
Ce combat de classe doit nous conduire vers une solidarité internationaliste, avec ses exigences anti-impérialistes. La bourgeoisie fait appel à notre civisme, mais n’hésite pas abuser en toute impunité, de la force pour défendre ses intérêts ; telles les exactions commises au Tchad ou à Gaza, dont les réactions ont été étouffées sous les bulletins de vote, dans le silence des urnes.
Election piège à cons, entendait-on en 68….

Ocl Boulogne & Caen

P.-S.

téléchargez l’édito en pdf ci dessous

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