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Courant Alternatif 306 janvier 2021

Vaccins anti COVID : qui va gagner les millions ?

mardi 19 janvier 2021, par OCL Reims


Une annonce à... qui dit mieux
Le 9 novembre 2020, le laboratoire « Pfizer » annonçait en fanfare, sans qu’aucune étude scientifique n’étaye sa découverte, que son futur vaccin était efficace à 90 %. Aussitôt après c’est l’institut russe Gamaléïa qui rappelle que le sien - spoutnik V - l’est à 92 %. Revenant dans la course, la firme biotech américaine « Moderna » précise alors que son vaccin est efficace à 94 %, tandis que notre fleuron « Sanofi » associé à l’institut Pasteur se traîne. Il sera prêt en juin 2021. Mais qu’en revanche, il pourra se garder dans un frigo normal contrairement aux produits concurrents qui demanderont une logistique plus contraignante. La France tentait de revenir dans le peloton de tête.
Or, dès le mois d’août 2020, le président russe, V. Poutine annonçait la mise au point d’un vaccin : « Spoutnik V ». Une information incertaine, prématurée car sans recul scientifique, à l’égal des autres concurrents d’ailleurs. Mais peu importe, avec cette affirmation, la Russie prenait la tête médiatique de la course au vaccin affirmant sa suprématie. L’appellation de ce vaccin : « Spoutnik V » ne tient pas du hasard. Elle rappelle le premier engin spatial mis sur orbite par l’URSS pendant la guerre froide en octobre 1957. Cette dernière prenait alors le pas, dans sa confrontation politico-idéologique contre les USA et le bloc européen de l’Ouest. C’était nous disait-on : « la guerre froide ».
Avec la Covid, cette confrontation n’a plus pour objet : l’espace, mais notre quotidien : la Santé.

L’art de communiquer sur des données virtuelles
Chez Pfizer, le jour même de l’annonce d’un vaccin efficace à 90 %, son directeur vendait pour une valeur de 5,6 millions de titres. Moderna, autre firme, qui n’avait rien produit depuis 2010, date de sa création, a vu son titre « Santé » bondir de 19 à 90 dollars. Il est vrai que le gouvernement US s’était engagé à lui verser 2,5 milliards de dollars d’argent public.
Novavax à vendu 4,8 millions de dollars d’actions en août 2020. Notons que c’est en toute légalité que ces dirigeants ont vendu une centaine de millions de titres ces derniers mois. La bourse ou la vie ! Les capitalistes choisissent la bourse contre nos vies.
La guerre étant la continuité de la politique, aujourd’hui elle se joue aussi sur le terrain sanitaire et médical et l’arme de la « communication » rend le pas sur le bien fondé scientifique. Vu les enjeux économiques, les trusts pharmaceutiques, délimitent chacun leurs territoires, préparent leurs marchés futurs et se cherchent des souteneurs parmi les États qui se rendent complices. Dans ce monde où tout n’est plus que marchés et marchandises, la Santé des populations n’a d’intérêt pour ces parasites que si elle peut se mesurer en profit.

L’argent public pour les actionnaires privés
Dans cette guerre des trusts, les gouvernements français et européens ont opté pour un vaccin venant des États Unis, à défaut pour l’instant de français ou d’européen.
Les patrons de la « Big Pharma » US, ont touché un premier « Jack Pot ». Grâce au futur vaccin, ils ont vendu au prix fort leurs actions - 145 millions de dollars d’actions ont été vendues entre le 15 mai et le 31 août 2020. Ce qui devrait être un enjeu sanitaire avec une priorité pour les populations, n’est qu’un business qui doit être avant tout rentable pour ces patrons capitalistes et leurs actionnaires. C’est pourtant bien avec de l’argent public - des milliards sans contrepartie aucune de leur part - que nombre de ces labos pharmaceutiques : Pfizer, Moderna, Novavax... ont développé leurs recherches. Pour faire passer cette politique des cadeaux aux patrons de la « Big Pharma », gouvernements, politiciens et éditocrates nous expliquent qu’il faut bien aider « nos » laboratoires face à la concurrence internationale. Il en va de l’intérêt national dans cette guerre contre la Covid : dixit E. Macron en novembre 2020. Les bourgeoisies soutiennent leurs champions : face à la Chine ou la Russie, la France se range avec l’Europe, derrière Pfizer. Ce que traduira O. Véran le ministre de la Santé concernant « spoutnik V » : « Je n’ai pas à donner ma confiance à ce vaccin russe ». Mais alors pourquoi une telle confiance sur son rival américain qui à ce moment là n’offre guère plus de garantie ? Nous n’évoquerons pas plus l’anti-viral chinois... Pourquoi au moment où le virus ne connaît pas de frontière, le ministre de la Santé qui devrait, être soucieux du bien être de la population s’arrête à : Made in… ? Une précipitation qui doit faire oublier le manque de masques, de tests etc. Ainsi donc, l’anti-viral « élu et imposé » reste Pfizer l’américain associé à l’allemand BioNtech.

Les licenciements boursiers de SANOFI
La firme affichait 36 milliards d’euro de chiffre d’affaire en 2019. La hausse de 7 % du chiffre d’affaire au premier trimestre 2020, s’explique pour moitié par l’effet coronavirus. Les ventes de Doliprane ont notamment flambé de 20 %. Les ventes de médicaments atteignent 1,3 milliard d’euros, une hausse de 4,2 % sur la période. On peut y rajouter une aide de 200 millions d’euros d’argent public, annoncée par le président E. Macron pour soutenir ce « Big Pharma » français. Selon « Médiapart », SANOFI aurait reçu au titre du « crédit impôt recherche » 1,6 milliard d’euro sur 10 ans. Malgré des profits records, la firme transnationale annonce la suppression de 1700 postes, dont 1000 en France. C’est le 5ème plan social en 6 ans avec déjà plus de 5000 licenciements. Il est vrai que l’on assiste à la fin d’une logique de rentabilité qui date, celle du long terme : la firme mettait en vente des médicaments, tel le Doliprane crée en 1964, qui rapportait aux actionnaires sur du long terme. Confrontés à la concurrence, aux marchés saturés, à la baisse des prix, aux médicaments moins, voire déremboursés, les firmes se tournent vers des start-Tech-bio-médicales qui demandent des investissements plus lourds... Dans ces conditions, ces vampires, actionnaires et fonds de pension, toujours avides de profits, veulent du cash et tout de suite.
Pour rappel, Sanofi c’est aussi le scandale de la « Dépakine » en France, de la « dengue » aux Philippines, d’une amende de 25 millions de dollars aux USA pour corruption etc.

« Remdésivir » ou qui perd gagne
Ce 20 novembre 2020, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), recommandait de ne plus administrer le « Remdésivir » aux malades atteints de la Covid 19. Mettant en cause son efficacité, l’organisme onusien soulignait sa toxicité. Ce médicament était commercialisé par la « Big Pharma » américaine « Gilead ». Alors que l’hydroxychloroquine du professeur D. Raoult était condamnée et rejetée, au même moment, le Remdésivir (un concurrent), qui n’offrait pas plus de garantie, était salué par les médias français comme une lueur d’espoir. Du mois de février au mois de mai, aucun résultat ne viendra confirmer la qualité de cet anti-viral si ce n’est un rétablissement plus rapide de patients atteints de la forme grave de la covid 19. Donc une sortie plus rapide de l’hôpital : une perspective qui pouvait faire saliver ministres et directeurs d’hôpitaux en manque de lits et en mal d’économies. Évidemment après l’annonce de résultats « in vitro », le cours de l’action grimpera de 64,5 à 84 dollars, puis redescendra en novembre après la recommandation négative de l’OMS.
Informé du jugement à venir et encore non public de l’OMS, le trust Gilead négocie avec la commission européenne une option sur 3 millions de doses soit 500 000 traitements à 390 dollars la dose, ou 2340 dollars (1290 euros) le traitement de 6 doses. Le coût de fabrication du Remdésivir revient à moins d’1 dollar la dose. À ce jour, Gilead a touché 250 000 euros de l’Europe, laissant le reste à payer par les pays concernés, pour un médicament sans effet contre la Covid. À ces 250 000 euros déjà empochés, se rajoutent les 70 millions de dollars d’aide publique de l’État américain.

« Big Pharma » dicte la loi
Dans cette course aux profits, basée sur des annonces et prévisions de futurs vaccins, où les essais cliniques sont limités et où l’opacité règne, l’entre soi devient la norme. Un entre soi où labos, lobbies membres de commissions d’experts et ministres s’arrogent tous les droits entre copains et coquins. C’est ainsi que se détermine notre politique de Santé.
L’ UFC que Choisir de novembre, rapporte qu’en 2016, 405 médicaments étaient en pénurie. Ils sont 2400 en 2020. Ce sont ces mêmes trusts qui sont responsables des pénuries dans les pharmacies. Ces médicaments utiles aux patient-es, ne sont plus assez rentables pour le confort des actionnaires. Il en est ainsi du vaccin anti-grippal cette année. Alors que la caisse d’assurance maladie conviait à se faire vacciner, les rayons des pharmacies se trouvaient vides : 80 % des pharmacies en Indre et Loire. Certes, cette pénurie peut être imputée à une ruée suscitée par l’angoisse de l’épidémie du coronavirus, pourtant, comme pour les masques, les tests et le manque de lits dans les hôpitaux, gouverner n’est-ce pas prévoir ?
On mesure encore une fois la puissance des « Big Pharma » qui imposent leurs politiques du « profit », quoi qu’il en coûte aux populations. Des transnationales qui dictent aux gouvernements complices les politiques de Santé à mener.
Le capitalisme nuit gravement à la Santé des peuples ! Aussi, il n’y aura d’autres remèdes pour le bien être des populations que de se débarrasser de ces parasites et du système qui les gave.

MZ 10 12 2020 Caen

Encart.
Doit-on achever les vieux ?
« Il faudra savoir si le vaccin peut, d’une part, protéger l’individu vacciné contre l’infection, mais aussi protéger contre la transmission, ce qui permettrait de briser la chaîne et de voir plus vite la pandémie se résoudre. Il faudra plusieurs mois pour avoir ce dernier type d’information » : nous dit A. Fischer, responsable de la campagne de vaccination.
Étonnant que ce gouvernement, veuille sans attendre, « ...plusieurs mois pour connaître son efficacité... », vacciner les résidents des EHPAD. Il est vrai que les vieux, les vieilles en EHPAD sont des retraité-es improductifs.
Étonnant ! Car souvenons-nous, que lors de la précédente crise Covid, ces mêmes personnes âgées : fragiles, étaient les dernières à être admises aux urgences et à avoir accès au matériels respiratoires. Interdites, elles, étaient rejetées, triées, enfermés et consignées avec les personnels dans leur EHPAD, leurs mouroirs vu la vétusté de certains établissements. Elles ont été aussi les dernières à être « déconfinées ».
Sous ce même président, certes avec un autre premier ministre, une circulaire datée du 19 mars 2020, révélée par le Canard Enchaîné, suggérait de limiter fortement l’admission en réanimation des personnes les plus fragiles. Il s’agissait d’après la directive : « de leur éviter un acharnement thérapeutique ». En vérité, il s’agissait alors, de masquer le manque programmé de personnels, de matériels et de lits dans les hôpitaux. Une pénurie sciemment organisée par les mêmes « responsables sanitaires ». Dépassés par l’hécatombe, ceux-ci omettaient de comptabiliser les mort-es des EHPAD pour cacher la vague qui touchaient ces lieux d’exclusion sociale !
Hier triées et exclus ! Demain, « élues d’office » pour une vaccination. Alors se pose une question légitime : est-ce que les résident-es d’EHPAD serviront de cobayes au vaccin ?
Quand au personnel de ces établissements - autre heureux élu, ayant la primeur de la vaccination - il attend toujours des matériels pour soigner et prendre en charge correctement les résident-es. Il attend toujours des renforts, des embauches de personnels pour souffler ou s’arrêter pour ne pas contaminer les résident-es. Il attend toujours des revalorisations salariales justifiées.

Mz 15 12 2020

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