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Courant alternatif 305 décembre 2020

Marche des sans papiers

Garder la dynamique, coûte que coûte !

lundi 14 décembre 2020, par admi2


{{Garder la dynamique, coûte que coûte !

Le 18 décembre aura lieu l’acte 4 d’une dynamique entamée en mars 2020 au cœur du premier confinement. Hé oui malgré le COVID, les flics, la menace des expulsions, les sans papiers battront encore le pavé à Paris à l’occasion de la journée internationale des migrants. 

La marche qui a sillonné la France et qui a réuni des dizaines de milliers de personnes à Paris le 17 octobre n’a pas eu les retombées escomptées. Aucun rendez vous n’a été pris avec un quelconque intermédiaire de l’État. Plus grave encore : la bataille médiatique a été perdue. Très peu d’articles sont sortis et la manifestation, pourtant énorme, a été victime d’un black out médiatique le lendemain de l’assassinat de Samuel Paty. Il en faudrait néanmoins plus pour décourager les collectifs de sans-papiers qui repartent au combat. La date du 18 décembre est traditionnelle. Ces dernières années, cette date a coïncidé avec des manifestations, plus ou moins massives en soirée. On se souvient d’une superbe manifestation le 18 décembre 2018 qui avait réuni environ 10000 personnes dans une très bonne ambiance. 
Cette fois ci la mobilisation est très différente et ressemble plus à la manifestation du 30 mai. Le 30 mai la manifestation s’est déroulée alors même que le confinement n’était fini que depuis deux semaines. La mobilisation s’est faite principalement chez les sans papiers par le bouche à oreille. On peut imaginer que les ressorts de la manifestation seront un peu du même acabit vu le contexte sanitaire qui muselle toute contestation à grand coup d’amendes. 

Une marche plus que jamais nécessaire

Le 13 novembre, à la date symbolique de l’anniversaire des 5 ans des attentats de Paris, Gérald Darmanin a offert un entretien particulièrement dégueulasse au Parisien, se vantant d’une « politique tout sauf laxiste » et vantant les 100 000 expulsions à l’année. Le tout alors même que la Méditerranée est toujours un cimetière. L’ONU comptait fin octobre près de 500 morts sur « nos » rivages. Ces chiffres sont sans doute sous estimés. Début novembre c’est encore une centaine de personnes qui sont mortes sur les bateaux, là encore selon les autorités. Ces assassinats massifs et cyniques n’émeuvent personne. Qui plus est, la montée du racisme d’État force les sans papiers en France à réagir car ils sentent bien qu’il faut réagir pour répondre politiquement à cet état de fait insupportable. 

Les risques d’un essoufflement

Néanmoins le risque d’un essoufflement est très présent. La dynamique, très porteuse jusqu’à présent, se maintient malgré le confinement au prix d’un volontarisme de tout instant. Mais il est clair que la multiplication des modes d’actions (des marches plus ou moins massives), si elle reste sans résultats, c’est évidemment compliqué. Il faut dire que le contexte répressif n’aide pas et oblige à des manifestation déclarées. L’idée d’une occupation est envisagée mais les gens ont la trouille et on les comprend. 
Les contacts également sont en cours avec les syndicats afin de mener une grève massive de travailleurs sans papiers. C’est une première mais cela reste pour l’instant embryonnaire. Idée également de créer un campement et de venir s’installer sur la place publique. 

On reste donc pour l’instant a minima sur une manifestation. Le départ parisien se fera Place de l’opéra à 18h et on espère être nombreux·ses ! Des événement auront lieu bien sûr dans toute la France. Nous vous appelons évidemment à les rejoindre !

Groupe OCL Ile-de-France

Texte de l’appel

Acte 4 des Sans-Papiers : Egalité, Liberté… Papiers !

Malgré les centaines de kms parcourus par les Sans-Papiers lors de l’Acte 3, la Marche nationale des Sans-Papiers du 19 septembre au 17 octobre, les milliers de villes et villages traversés, les centaines de réseaux mobilisés en solidarité, les multiples rencontres et les dizaines de milliers de participantEs à la manifestation du 17 octobre à Paris… rien. Macron n’a pas eu un mot pour les Sans-Papiers.
Macron et ce pouvoir méprisent les habitantEs de ce pays, avec ou sans papiers.

Ils parlent de liberté. Mais après avoir refusé la liberté de circuler pour les migrantEs ils la limitent pour toute la population.
Le dimanche 18 octobre les membres du gouvernement prétendaient défendre la liberté d’expression sur la place de la République à Paris après l’avoir interdite, la veille, au même endroit pour les Sans-papiers.

Ils parlent d’égalité mais la refusent aux Sans-Papiers et les inégalités explosent dans toute la société.

Ils disent agir pour la santé mais n’ont en tête que la défense des profits des plus riches. C’est ce qu’ils appellent l’économie mails ils refusent de donner les moyens nécessaires à l’hôpital ou à l’école, mettent des migrantEs à la rue, continuent d’expulser des pauvres de leur logement, laissent des Sans-Papiers sans protection en première ligne et remplissent les centres de rétention.

Le pouvoir fait partie du problème des crises de ce pays et les amplifie, semant la misère, le désespoir, le racisme et la haine là où il faut plus de solidarité, de liberté et d’égalité. 

Lors de la Marche nationale des Sans-Papiers nous avons montré que nous étions la solution.
Le 17 octobre malgré le couvre-feu, malgré l’assassinat d’un professeur la veille, malgré le black-out médiatique sur notre mouvement et malgré l’interdiction de tout l’Ouest parisien nous étions des dizaines de milliers, ensemble, FrançaisES et étrangerEs, avec et sans papiers, musulmanEs et non-musulmanEs, venuEs de tout le pays contre le racisme, pour la liberté et l’égalité des droits.

Alors nous appelons à renforcer encore ce mouvement avec l’Acte 4.

De nouveaux collectifs de Sans-Papiers se sont construits. Il faut les développer et en faire naître dans chaque ville, chaque quartier, chaque foyer et centre d’hébergement.
Des collectifs de solidarité existent sur tout le territoire. Sans eux la marche aurait été impossible. Là où ils n’existent pas encore il faut les construire. Là où ils existent les développer et multiplier les actions.
Syndicalistes et syndicats se sont mobilisés auprès des Sans-Papiers. Nous appelons les Sans-Papiers qui travaillent à rejoindre un syndicat et les syndicats à porter haut la lutte pour la régularisation des Sans-Papiers. Ce n’est pas l’immigration qui crée un dumping social, ce sont les inégalités et la précarisation de toute la main d’œuvre.

Nous appelons à participer aux actions qui seront organisées par les sections syndicales et syndicats pour lutter contre les attaques dans les entreprises et les différents secteurs, notamment la santé et l’enseignement et dans la lutte contre la précarité.
Nous appelons à préparer, dès maintenant, les conditions d’une journée de grève interprofessionnelle pour l’égalité et la régularisation des sans-papiers.

Nous appelons à participer aux luttes contre les centres de rétention, pour un logement décent pour tous et toutes et contre les expulsions.

Nous appelons à faire converger tous ces efforts en une journée de manifestations dans toutes les villes et les villages, sur tout le territoire le vendredi 18 décembre à 18H00 à l’occasion de la Journée internationale des migrants pour la régularisation de tous les Sans-Papiers, la fermeture des Centres de rétention, le logement pour tous.

Nous appelons à faire triompher la liberté, l’égalité et la solidarité.

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