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Courant Alternatif

Le numéro 293 d’octobre 2019 est sorti

mercredi 2 octobre 2019, par OCL Reims


page 3 édito
SOMMAIRE
Social
pages 4-5 Hôpital, pas de trêve estivale
pages 6-7 Rentrée morose dans l’éducation nationale
pages 8 à 10 Un automne bien jaune ?

G7 et anti-G7 – bilan
pages 11 à 15 Police partout, anti-sommet nulle part
page 16 La « semaine intergalactique » à Hendaye
pages 17-18 Contre-G7 au Pays Basque : une contribution de l’intérieur

page 19 l’économie en brèves
pages 20-21 sans frontières
pages 22-23 Big Brother

dossier : Où va le féminisme ?
pages 24 à 28 Quarante ans après le MLF... (première partie)

page 29 Vertement écolo

International
pages 30 à 32 Contre la construction du métro à Saint-Sébastien
pages 33 à 36 Libye, état de siège

EDITO

Vers quel mouvement social ?

Il y a plusieurs ingrédients qui ne peuvent que nous donner de l’espoir dans la naissance d’un mouvement social d’ampleur ! Toutes les luttes qui ont eu lieu en 2018-2019 se poursuivent comme par exemple dans les urgences des hôpitaux, d’autres comme dans l’éducation par exemple le feu couve ; quant au mouvement social des gilets jaunes, qui a repris dans sa forme une partie de l’héritage du mouvement ouvrier révolutionnaire (recours à l’action directe, démocratie assembléiste, refus de négocier quoi que ce soit, …), personne ne peut prédire si les braises qui existent encore bel et bien vont de nouveau s’enflammer. Cette révolte sociale brutalement réprimée demeure à ce jour invaincue ! Le Pouvoir d’Etat n’a rien résolu, la seule chose qu’il a su gérer cet été, grâce essentiellement à un niveau de répression et de quadrillage policier rarement atteint, c’est le contre-sommet du G7 au Pays Basque Nord (voir dans ce numéro le bilan de l’échec de ce contre-sommet).

Comme c’était prévu lors de sa campagne électorale et ce sera parait-il la réforme phare de la deuxième moitié du quinquennat, Macron va s’attaquer aux retraites. Son objectif est de remplacer le système par répartition actuel par un système universel par point dans lequel les 42 régimes particuliers existants vont fusionner. L’idée centrale de ce système par point est de cotiser pour sa propre retraite, surfant ainsi sur l’individualisme ambiant. Le système actuel où l’on sait quelques années avant son départ en retraite le montant de celle-ci sera remplacé par une pension dont la valeur du point sera connue au moment où l’on fait valoir ses droits à la retraite. Ce montant du point sera fixé par l’Etat très certainement chaque année. Il va sans dire que ce système par point est l’occasion rêvée par l’Etat de raboter le niveau des pensions quand il en a besoin. Ce système est en gestation, attendons donc d’en connaître exactement son contenu car le Pouvoir d’Etat sait pertinemment que ce terrain est glissant. Pour tenter de réduire les risques d’un mouvement social d’ampleur, la traditionnelle trahison de la CFDT ne suffira pas, alors le pouvoir s’apprête à organiser ces prochains mois des « concertations citoyennes » en public (de bonnes occasions pour les GJ d’intervenir sur le terrain !) bien relayées par les médias, sans oublier Internet.

Rappelons que le système de retraite par répartition a connu des coups de rabot importants depuis ces 26 dernières années. En 1993, Edouard Balladur, 1er ministre, réforme le régime général (celui des salariés du privé) ; trois grandes mesures sont prises : l’allongement de la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein passe progressivement de 37,5 années à 40 années. Le salaire moyen de référence, base du calcul de la pension est calculé sur les 25 meilleures années et non plus sur les 10 meilleures. Peu de réactions dans les entreprises encore moins dans la rue, quant aux fonctionnaires des services publics, ils ne se sentent pas concernés. Deux ans plus tard, en 1995, Juppé tente d’étendre à la fonction publique les réformes de Balladur. Un important mouvement social (plus de 2 millions de salariés vont alors faire grève) vient à bout du plan Juppé qui s’attaquait à l’Assurance maladie, la politique familiale, le financement de la sécurité sociale et la retraite des fonctionnaires. En 2003, Fillon, 1er ministre, impose malgré un mouvement social important dans la fonction publique l’allongement de la durée de cotisation soit 40 ans en 2008 pour les fonctionnaires qui se retrouvent ainsi alignés, sur ce point, sur le régime général. La durée de cotisation va s’allonger progressivement pour l’ensemble des actifs à 41 ans en 2012. De plus, la loi lie cette durée aux gains d’espérance de vie dans les prochaines années. Puis, la réforme des régimes spéciaux de retraite (SNCF, RATP, Banque de France, etc.) a été menée à bien dès l’automne 2007. Et enfin la loi du 20 janvier 2014 qui inscrit dans la durée le principe de l’allongement au fil des générations de la durée d’assurance nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein. Cette durée sera relevée d’un trimestre tous les trois ans de 2020 à 2035 pour atteindre 172 trimestres (43 ans) pour les générations 1973 et suivantes…

Ces luttes défensives ont toujours été des échecs exceptée celles de 1995 qui ne concernaient pas, loin de là, que les retraites des fonctionnaires. Le terrain des retraites est, par lui-même, assez miné par les corporatismes où par exemple la dissolution des régimes spéciaux dans un régime universel entraîne en cette rentrée de septembre 2019 des dates de mobilisations sectorielles les unes derrière les autres. Il va falloir donner un contenu à la convergence des luttes et au fameux « tous ensemble ! »
Aujourd’hui, avec le projet de Macron, qui, rappelons-le a été ralenti par les gilets jaunes, il s’agit d’une réforme fondamentale qui vise à nous inciter à travailler le plus longtemps possible… jusqu’à la mort car la survie ne sera plus assurée pour le plus grand nombre dont les précaires de toutes sortes et une majorité des femmes d’autant plus si les pensions de reconversion sont réduites. Face à cette nouvelle attaque du pouvoir néolibéral dont les méthodes répressives sont proches d’une dictature, il va falloir autre chose que des journées d’action espacées dans le temps, négociées par les centrales syndicales avec les forces de répression dans des actions déclarées en Préfecture… Le mouvement des Gilets Jaunes peut apporter un peu de folie dans le train-train syndical habituel !

Mais n’oublions jamais que la naissance d’un mouvement social est imprévisible, la « mayonnaise peut prendre » ou ne pas prendre même si tous les ingrédients sont là, ce qui est actuellement le cas.

OCL Reims, le 25 septembre 2019

titre documents joints

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