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Courant Alternatif

Le numéro 292 de l’été 2019 est sorti

dimanche 7 juillet 2019, par OCL Reims


Sommaire du n°292

Edito page 3

Notre mémoire
pages 4 à 6 Retour sur la lutte de Plogoff
pages 7 à 10 L’envers de Flins, une féministe révolutionnaire à l’atelier

page 11 L’économie en brèves

Luttes sociales
page 12 Retour sur une année agitée dans l’éducation nationale
page 15 Répression lycéenne : deux affaires exemplaires

Point de vue
page 18 Repenser une critique radicale de l’école capitaliste

Luttes sociales
page 21 Urgences aux urgences !
page 23 Lille : évacuation du squat « 5 étoiles »

Big Brother page 24 et 25

pages 26, 27, 28 et 29 Mobilisation au pays basque contre le G7

Vertement écolo page 29

pages 30 et 31 Rencontres libertaires du Quercy

Répression
pages 32 et 33 Mutilation non létale et peine de prison à la pelle

Mémoire
page 34 Pas toujours welcome les libérateurs

Politicaillerie
pages 35 et 36 De l’imposture démocratique à l’arnaque électorale

EDITO
Il a fait chaud cette année, très chaud…

On peut dire que cette année a été une année riche en événements.

Le rouleau compresseur Macron a fait ce pour quoi il a été élu : réformer en profondeur le système pour liquider ce qui reste d’acquis sociaux et ouvrir de nouveaux marchés en liquidant les services publics. La pilule est enrobée idéologiquement par un marketing bas de gamme d’individualisme d’entreprise et par une en opposition des « nantis » que seraient les gens ordinaires aux plus démunis et fainéants, qui n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du travail. Le tout en multipliant les cadeaux aux plus riches au nom d’un impératif économique imaginaire. Il pensait avoir le champ libre en laminant les étudiants et ce qui reste de syndicats en train de mourir de leurs reculades et compromissions.

Sauf que l’idéologie a peiné à masquer la réalité sociale et qu’il a rencontré une opposition imprévue sous la forme des gilets jaunes, et dans le secteur public au moins en ce qui concerne les hôpitaux et l’éducation nationale, sans parler des EHPAD. Est alors apparu au grand jour ce que nous dénoncions depuis longtemps : le libéralisme s’accompagne forcément d’une gestion de plus en plus autoritaire et demande un déploiement important de forces militaires et policières. La démocrature a montré son vrai visage à travers la répression de plus en plus violente des manifestations. Au point que même les instances internationales s’émeuvent du niveau de répression en France. Au point que le débat sur les armes « non létales », porté jusqu’à récemment par une toute petite minorité très militante, fait maintenant la une des journaux.

Le rôle des médias comme relais de la démocrature et étouffoirs de la liberté d’expression est lui aussi apparu au grand jour. Radio Paris a toujours menti, radio Paris a toujours été nazi. Mais le niveau de fake news qui est déversé quotidiennement est devenu tellement élevé qu’il en perd une partie de son efficacité. Tout le monde a pu percevoir que de samedis en samedis, depuis novembre, le mouvement des gilets jaunes ne faisait que s’affaiblir... On se demande bien pourquoi il fallait encore mobiliser la police... Là où par contre l’efficacité désinformative des medias demeure, c’est pour cacher les mouvements sociaux importants qui ont lieu, par exemple dans l’éducation nationale, que ne peuvent connaître que les enseignant.e.s et les parents d’enfants scolarisé.e.s. Le mouvement des urgences a été tu pendant longtemps mais les medias ont dû finir par en rendre compte. L’apothéose de cette désinformation a été lorsqu’on a annoncé le recul de la date du brevet pour cause de canicule. Quand on sait qu’ordinairement les enseignant.e.s doivent faire grève pour éviter que les enfants soient exposé.e.s à plus de 40° (vu l’état de non isolement des locaux), on peut se demander quelle mouche les a piqué.e.s. Mais quand on sait ce que les medias ont soigneusement caché, à savoir qu’il y avait un mot d’ordre de grève pour le brevet, on comprend mieux...

Alors bien sûr, ces mouvements, que ce soit gilets jaunes ou dans la fonction publique, les grèves pour la régularisation de sans-papiers qui continuent dans le silence médiatique, et on en passe... ont leurs limites. Ce qui est frappant avec les gilets jaunes, c’est qu’autant ce mouvement a déjoué beaucoup de calculs politiciens, autant il s’est affirmé comme une force autonome, des syndicats notamment. Autant il était centré sur des revendications sociales et notamment la question du pouvoir d’achat, autant le c ?ur du problème, à savoir l’exploitation capitaliste et les salaires de misère responsables de cette situation, a été laissé de côté. Les gilets jaunes ont bien vu et proclamé qu’ils s’attaquaient à un système, mais pas le système capitaliste, entendu comme rapport social d’exploitation. Fruit de 40 ans d’atomisation sur le lieu de travail, de recul des syndicats et d’idéologie citoyenniste et populiste. De même, du côté des mouvements plus classiques et encore reliés aux syndicats, ils ont été importants, ils ont obligé les directions syndicales à faire au moins semblant de se ranger derrière eux, mais ils se sont cantonnés à la défense d’acquis sans interroger le rôle réel des services publics. Surtout, ces mouvements n’ont pas été majoritaires et n’ont pas permis de faire reculer le pouvoir. C’est ce qui est frappant depuis les mobilisations contre la loi travail : une minorité agissante de plus en plus importante et déterminée, une répression sans failles, mais on n’arrive toujours pas à inverser le rapport de forces en notre faveur.

L’avenir est donc très incertain. Ce qui est sûr, c’est qu’une période d’agitation sociale a été réouverte depuis disons quatre ans, sur des bases relativement neuves (en vrac et pas homogène : manifs très conflictuelles, prise de distance vis-à-vis de l’agenda et des méthodes des syndicats, rôle des réseaux sociaux, occupation de lieux inhabituels…). Comment cette agitation va-t-elle évoluer ? Que gagnerons-nous ? Allons-nous vers une période de guerre et de dictature, comme le laissent supposer la situation internationale ou la mise en place du Service National Universel, ou au contraire de nouveaux espaces vont-ils continuer de s’ouvrir ? Non seulement la question n’est pas tranchée, mais la réponse tient à la capitalisation des expériences des mouvements précédents et aussi à notre capacité à nous y investir pour y poser les débats permettant d’accentuer la conflictualité sociale.

OCL Paris, 27/06/2019

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