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Courant alternatif été 2017 est sorti

Sommaire et édito

vendredi 14 juillet 2017, par admi2


{{{SOMMAIRE}

social
page 4-5 Un front social en devenir ?
social en suisse
page 6-7 Comment les chemins de fer suisses exploitent les travailleurs
Humeur
page 8 Quand étudier n’est plus un droit mais une chance
Aménagement du territoire
page 9 La nouvelle France industrielle ?
page 10-11 Contre l’aéroport et son monde
page 11 CIGEO-Bure en brèves
page 12-13 Lutte contre CIGEO et son monde
vertement écolo page 14-15
L’mouv’ment
page 135 Faire vivre ou survivre des lieux militants
big brother page 16 à 17
Notre mémoire
page 18-19 Sénégal, le massacre de THiaroye en 1944
page 20 Les Vietnamiens aussi ont subi l’arbitraire
L’économie en brèves page 21
palestine
page 22-23 Il y a 100 ans la déclaration Balfour
qui sommes-nous page 24
rencontres libertaires du quercy (16-26 juillet)  page 25
Notre mémoire : la révolution russe a 100 ans (5)
page 26-27 Kronstadt avant l’insurrection (Ida Mett)
page 28-29 La troisième révolution
page 36-32 L’insurrection de Kronstadt
et la destinée de la révolution russe (Ante Ciliga)
International
page 33 à 36 Mexique : autour des communautés zapatistes

 {{EDITO}}

S’UNIR POUR NE PAS SUBIR

On vit une époque formidable ! Les godillots du président qui ont su prendre le train en marche ont trouvé un siège…
Un concept, à faire jouir les journalistes moyens, est apparu : « La société civile » !
La classe politique au pouvoir par alternance depuis des décennies étant complètement discréditée, il était temps de la faire, non pas disparaître, mais immerger dans un nouveau concept : la société civile. Quèsaco ? En fait, il ne s’agit pas d’une nouveauté car cette notion est très ancienne et n’a pas de définition fixe. Elle permet aujourd’hui à Macron de promettre un renouvellement » de la classe politique mais ne génère évidemment pas une quelconque mixité sociale.

Selon le parti macronien, ce sont tout simplement les « personnes n’ayant jamais effectué de mandat politique ». Une définition large, qui pourrait laisser croire que la porte est ouverte aussi bien aux patrons qu’aux salariés, aux actionnaires qu’aux chômeurs…
Comme vient de l’écrire Gautier Pirotte, professeur à l’université de Liège (1) : ,« Sa société civile, c’est une société dynamique, jeune, avec un esprit d’entreprendre, c’est la société des yuppies cool et des fondateurs de start-up, pour schématiser. Ce sont des gens qui sont non pas une contre-élite mais une élite alternative. » Autrement dit, « ce sont des gens qui n’ont peut-être pas de casseroles, mais qui ne vont pas nécessairement agir différemment de la façon dont la classe politique fonctionnait jusqu’à présent, tout simplement parce qu’ils sont souvent issus des mêmes milieux, qu’ils ont fait même école. Donc des conflits d’intérêts, s’il n’y en a pas maintenant, il risque d’y en avoir à un moment donné ».
Dans cette société civile nouvellement élue, on trouve des figures médiatiques comme le mathématicien Cédric Villani, des patrons comme Mounir Mahjoubi ou encore des hauts fonctionnaires comme l’ancien patron du Raid Jean-Michel Fauvergue. Et comme Mounir Mahjoubi au Conseil national du numérique, ils ont pu frayer avec les milieux politiques, voire carrément avoir été conseillers régionaux, comme la magistrate Laurence Vichnievsky. Nous noterons tout de même que Laurence Vichnievsky est une ancienne leader et élue de Europe Ecologie Les Verts. Ce n’est d’ailleurs pas la seule de cette fameuse « société civile » à être passée par la case « classe politique ». Ce qui est sûr c’est que tous ces gens-là font partie au minimum de la classe moyenne supérieure. Nous en saurons plus lorsqu’ils/elles devront déclarer leur patrimoine…
E. Macron a publiquement bénéficié de l’intense soutien pour sa campagne de Serge Weinberg, président de Sanofi, principal producteur français de vaccins ! A peine élu, Macron lance une opération se présentant comme motivée par la santé du public. Dans la foulée une certaine Agnès Buzyn est nommée ministre de la santé, elle est issue évidemment de la société civile puisqu’elle a été payée longtemps par les géants de la pharmacie mondiale (Sanofi, Novartis, Bristol Myers-Squibbs). Résultat : Ce ne sera plus 3 vaccins obligatoires pour les nouveau-nés mais 11 ! C’est autant de doses et de rappels qui devront être achetés pour les 800 000 enfants qui naissent chaque année en France.
On parle de 110 millions d’euros chaque année qui tomberont dans la poche de l’industrie pharmaceutique, via nos cotisations obligatoires. Une pétition a été lancée pour dénoncer cette ignoble magouille mais cela ne suffira pas il va falloir nous mobiliser car en plus de ce conflit d’intérêts qui saute aux yeux, ces 11 vaccins obligatoires sont surtout une menace d’Etat sur la santé des enfants !

Comme prévu, ce nouveau pouvoir va procéder par « ordonnances ». La Constitution française donne la possibilité au gouvernement de faire passer ses réformes par ce processus. Le 14 juin, le gouvernement a transmis au Conseil d’Etat, pour avis, le projet de loi d’habilitation. Ce projet de loi qui sera examiné en conseil des ministres le 28 juin, fixe les domaines et la durée où le gouvernement pourra prendre les ordonnances, sous peine d’être sanctionné par le Conseil constitutionnel. Entre le 24 et le 28 juillet, ce projet de loi d’habilitation sera mis au vote devant le parlement. Il y a, dans cette nouvelle assemblée, suffisamment de godillots pour qu’il soit voté sans problème. Le 28 août, au plus tard, les ordonnances rédigées par le gouvernement seront envoyées au Conseil d’Etat pour avis. Le 20 septembre, les ordonnances seront adoptées en Conseil des ministres. Dès la promulgation des ordonnances, leur application est immédiate. Quel temps gagné pour légiférer ! À l’automne au plus tard : pour chacune des ordonnances, un projet de loi de ratification sera déposé devant le Parlement dans un délai de six mois à compter de sa publication. Apres la ratification de la loi , l’ordonnance devient de nature législative ce qui signifie qu’elle ne peut être modifiée que par une loi.
La première ordonnance Macron est à ce jour quasi-prête. Son contenu probable serait :
• - L’extension de la priorité aux accords d’entreprise. La loi El Khomri (dite Travail) les réservait au temps de travail. Emploi, salaire et conditions de travail seront concernés.
• - La fusion des institutions représentatives du personnel (CE, DP, CHSCT).
• - Le plafonnement des dommages et intérêts en cas de licenciement abusif. Un coup mortel porté aux Prud’hommes, une garantie offerte aux employeurs de licencier vite.

Beaucoup d’autres sujets pouvant donner lieu à des ordonnances ont été listés.
Le MEDEF est bien quasiment directement au pouvoir.
Alors, en plein été, il va falloir s’unir pour ne pas subir. Un outil, bien fragile, existe : Le Front Social (voir article dans ce numéro) mais, attention, pour être efficace, il va falloir rompre avec les stratégies et les pratiques politiciennes du passé qui ont miné tous les mouvements sociaux depuis plus de 20 ans.

OCL REIMS le 23 juin 2017

(1) auteur de la Notion de société civile (éditions La Découverte, 2008)

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