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Courant alternatif 270 - mai 2017

Pays Basque “Si le désarmement permet la paix, ce n’est pas encore la paix”

ETA, près de 50 ans qui ont marqué la vie politique du Pays Basque

samedi 27 mai 2017, par admi2

L’initiative de Louhossoa (1), le 16 décembre 2016, était une opération embryonnaire de neutralisation d’une partie des armes d’ETA  ; elle avait été interrompue par la police. Les cinq protagonistes de cette action menée en collaboration avec ETA avaient été mis en examen, inculpés, puis relâchés.
Face au refus de tout dialogue et de toute négociation avec ETA de la part des Etats français et espagnol, cette initiative voulait ouvrir de nouvelles perspectives sur le désarmement de l’organisation armée et le développement du processus de paix en Pays Basque.

Cette action avait relancé une dynamique au Pays Basque, réussissant non seulement à fédérer une diversité d’opinions autour de la résolution du conflit mais obligeant aussi des responsables politiques à s’impliquer à différents niveaux, des deux côtés des Pyrénées. L’engagement pris alors était d’aller jusqu’au bout de la démarche du désarmement.


Pays Basque
“Si le désarmement permet la paix, ce n’est pas encore la paix”

{{"ETA, à ce jour, est une organisation désarmée"

C’est ce qui s’est fait, le 8 avril, jour du désarmement intégral d’ETA, sous l’impulsion de trois des protagonistes de l’opération de Louhossoa (2). “Louhossoa aura été une rencontre entre une action et l’attente des gens. Nous avons maintenant l’obligation d’aller plus loin (…) Nous sommes partisans d’un désarmement total, vérifié, sans contreparties politiques, ce qui ne veut pas dire que les prisonniers, les réfugiés et les victimes seront passés en pertes et profits. Louhossoa a bénéficié d’un soutien très fort, d’où l’encouragement à poursuivre dans la même direction pour aller jusqu’au bout du processus de désarmement"(M. Berhocoirigoin).

L’appel (3) pour la journée du 8 avril a été mûrement et solidement préparé  : annonce anticipée dans le journal Le Monde, signatures de 53 noms d’élus locaux, de syndicalistes, de membres d’associations, d’artistes, écrivains ou journalistes (la fameuse "société civile").

Le positionnement des autorités françaises et espagnoles

Pour cette journée du 8 avril, des contacts préalables très discrets ont eu lieu avec le gouvernement français. Mais les différentes requêtes, dont celle de plus de 700 élus, qui lui ont été adressées pour qu’il s’implique dans "un processus de désarmement de l’ETA ordonné et supervisé par des experts internationaux", sont restées lettre morte. Il n’a donné aucune réponse politique, aucune garantie quant au rôle qu’il entendait jouer dans cette livraison d’armes. Il s’est contenté de rappeler que seule l’autorité judiciaire est habilitée à se saisir des armes et des explosifs qui constituent des éléments de preuve dans le cadre d’enquêtes en cours. En soulignant que la question de la restitution de l’arsenal d’ETA est d’abord une question judiciaire, le gouvernement français prend soin de ne pas heurter les autorités espagnoles qui refusent tout traitement politique de ce dossier.
Cependant, la volonté des autorités françaises était de ne pas "faire de problème". Le préfet des Pyrénées-Atlantiques et ses services ont accompagné la journée du désarmement de A à Z, en toute discrétion (4). C’est un changement de posture du gouvernement, par rapport à décembre dernier où les protagonistes de Louhossoa se faisaient arrêter et inculper. La fin du quinquennat a certainement favorisé cette attitude de neutralité, ainsi sans doute que le choix du gouvernement espagnol de laisser faire. Pourtant le scénario de l’auto-désarmement d’ETA n’a pas plu aux autorités espagnoles  ; elles voient d’un mauvais oeil les indépendantistes présenter la restitution de leurs armes comme un acte volontaire, et préfèreraient qu’on retienne qu’ils ont été piégés par la police ("L’unique désarmement est celui qu’ont obtenu les forces de l’ordre espagnoles et françaises"- Rajoy, 22 mars). Elles campent sur leurs positions et appellent ETA à "annoncer sa dissolution définitive, demander pardon à ses victimes et disparaître, au lieu de monter des opérations médiatiques pour dissimuler sa défaite".

Une forte mobilisation populaire et un après 8 avril
qui reste à construire

La mobilisation pour accompagner l’opération de désarmement et en assurer en quelque sorte la couverture a été impressionnante. Près de 20 000 personnes ont répondu à l’appel à se mobiliser (5) à Bayonne, pour couvrir l’événement.
Cette action du 8 avril a été fortement médiatisée. Elle était spectaculaire et inédite  : le désarmement d’une organisation de lutte armée impulsé par la "société civile", accompagné par les institutions basques (6), aidé par la communauté internationale et consenti dans son acte ultime par les autorités françaises.
Avec cette journée du 8 avril se dessine une vision optimiste selon laquelle le désarmement total d’ETA permettrait, de façon incontournable, de faire tomber le mur du statu quo érigé par les Etats français et espagnol, et de "réarmer" le processus de résolution du conflit dans sa globalité.
En effet, l’espoir est que le désarmement serve de levier pour faire avancer l’ensemble des autres éléments de la résolution du conflit, en priorité celui de la situation des prisonnier-es et des exilé-es  ; or tout changement de conditions d’incarcération passe forcément aujourd’hui par les Etats.
Et l’équilibre fragile obtenu pour le 8 avril, fruit d’un travail de longue haleine, n’est pas acquis pour la suite. Le président du gouvernement basque, Iñigo Urkullu (PNV) n’a pas adhéré entièrement à la démarche de la société civile qui le privait de la centralité à laquelle il aspire depuis la Conférence d’Aiete (qui signe l’abandon de la lutte armée par ETA, en octobre 2011). Le gouvernement français n’a pris aucun engagement ferme vis-à-vis des points fondamentaux, tels le sort des prisonnier-es, qui restent à traiter. Les autorités espagnoles répètent qu’il ne peut "y avoir ni transactions ni concessions" avec la "banda terrorista" et ses soutiens  ; elles veulent une reddition pure et simple d’ETA, avec humiliation des perdants et reniement de leur engagement.
Donc espoir, certes, mais aussi lucidité. Le conflit que vit le Pays Basque n’a pas commencé avec la création d’ETA et ne se termine avec son désarmement. Et celui-ci ne fait pas disparaître la complexité des problèmes. Chacun-e est conscient que ce sera long et difficile d’ obtenir la résolution intégrale et définitive des conséquences du conflit  ; et que sera également longue et difficile la lutte qui permettra de traiter non plus seulement les conséquences du conflit mais aussi ses causes. On est encore loin de la paix...
L’après 8 avril reste à construire. Enjeu d’envergure, puisqu’il déterminera la mémoire et le point de vue des générations futures. Leur rapport au passé et à l’avenir.
Pays basque, le 18 avril

1- cf. article paru dans le numéro 267 de Courant Alternatif (février 2017)
2- Txetx Etcheverry, leader altermondialiste du mouvement Bizi  !, Michel Berhocorigoin, ancien président de la Chambre d’agriculture alternative du Pays Basque ; Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue française des droits de l’homme et du citoyen.
3 -"Le samedi 8 avril, soyons des milliers d’artisans de la paix à contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque".
4 -L’opération était extrêmement bien préparée. La localisation de 8 caches d’armes, réparties au Pays Basque nord et en Béarn, était transmise aux autorités politiques et judiciaires ; 172 observateurs, des militant-es mandatés par les “artisans de paix” et qui ont eu la garantie qu’il n’y aurait pas de poursuites à leur encontre, étaient présents sur les lieux avant l’arrivée des gendarmes du département, des gendarmes mobiles, des CRS, des équipes de démineurs et de nombreux effectifs de la police judiciaire et de la sécurité intérieure.
5 - Au programme, film-débat sur écran géant et table ronde organisés par Bake Bidea, puis grand rassemblement avec photo aérienne... Le sens du spectaculaire dont le Pays Basque a le secret...

encarts

Pourquoi le gouvernement espagnol ne voulait-il pas de ce désarmement  ?

L’Etat espagnol traverse aujourd’hui une des plus graves crises institutionnelles de son histoire contemporaine, avec une confrontation à l’indépendantisme en Catalogne qui atteint son paroxysme. Il ne veut surtout pas qu’une nouvelle phase politique articulée autour du droit à l’autodétermination s’ouvre et prenne trop de force également au Pays Basque, et pour éviter cela, le Parti Populaire au pouvoir maintient une stratégie qui a un double volet : d’un côté, bloquer toute avancée dans la résolution du conflit en maintenant le statu quo sur des dossiers comme le désarmement  ; de l’autre, utiliser tous les prétextes pour continuer d’alimenter les paramètres (en particulier ceux de la répression policière et judiciaire) liés à la phase précédente de confrontation armée. Ceci avec deux buts  : d’une part, canaliser l’activité de la gauche abertzale sur le terrain de l’antirépression et neutraliser sa capacité d’initiative dans le processus souverainiste  ; d’autre part, maintenir le PNV dans le giron de l’autonomisme, par le biais d’accords de gestion.

Quelques chiffres

Les médias insistent sur les 829 morts provoqués par ETA entre 1968 et 2011(dont 486 agents militaires et policiers), ne voyant les victimes que dans un camp. Même si M. Felk, ministre de l’Intérieur français, a eu le 8 avril "une pensée particulière pour "toutes les victimes", il a sans surprise ajouté  : "et notamment pour les policiers et membres de la Garde civile" .
Depuis les années, près de 500 gudari (combattant-es) sont morts dans des affrontements, des assassinats par la police, des actions de groupes parapoliciers (Triple A - Alianza Apostolica Anticomunista), Guerrilleros de Cristo Rey, BVE -Bataillon Basque espagnol, GAL- Groupes Antiterroristes de Libération) ou des circonstances causées par le conflit. Il s’agit de membres d’ETA, mais aussi d’Iraultza, d’Iparretarrak en Pays Basque Nord , et des Commandos autonomes anticapitalistes. Sans compter les « simples » militant-es assassinés par l’Etat. Très peu des auteurs de ces assassinats furent jugés et condamnés, et la majorité d’entre eux le furent pour des peines dérisoires.
342 militant-es politiques basques sont prisonniers, dont 280 à plus de 500 km de leur domicile (seulement 2 accomplissent leur peine au Pays Basque). Ils sont disséminés dans 45 prisons à travers l’Espagne et 75 sont détenus en France. Cette politique de dispersion a causé la mort de 16 personnes parmi celles qui vont leur rendre visite et plus de 400 accidents.
13 détenus basques sont gravement malades .
5657 cas de tortures liés à des arrestations policières ont été recensés par la fondation Euskal Memoria entre 1967 et 2014.
Des dizaines de militant-es sont encore réfugiés et exilés

{{ETA, près de 50 ans qui ont marqué la vie politique du Pays Basque

Sous le franquisme

C’est en décembre1958, en plein régime franquiste, qu’est créée ETA (Euskadi ta Askatasuna = Pays Basque et Liberté) par des membres du groupe Ekin, essentiellement étudiants, en réaction à la passivité du PNV (Parti nationaliste basque).
L’apparition d’ETA entraîna, en peu d’années, une profonde transformation idéologique au sein du nationalisme basque. Des concepts comme la race ou la religion furent totalement rejetés, tandis que d’autres, comme l’euskara (langue basque) et la libération sociale, absente jusqu’alors d’une bonne partie du nationalisme antérieur à la Guerre Civile, apparurent pour la première fois.
Très vite, ETA a précisé ses objectifs stratégiques : indépendance, socialisme, réunification et re-euskaldunisation (réappropriation de la langue basque). En même temps, elle s’est définie comme Mouvement révolutionnaire basque de libération nationale.
ETA dans toute son histoire a été traversée de tellement de courants, de scissions, de débats qu’il est difficilement de l’étiqueter dans sa continuité. Elle ne ressemble à aucune autre organisation connue : elle n’a pas de filiation historique comme l’IRA ; ce n’est pas un parti politique. Son activité ne s’est pas cantonnée à la lutte armée et la place qu’elle pouvait avoir dans les luttes en général fut au centre de tous les débats. Elle a été influencée par les modèles de libération des années 60 (tiers-mondisme, maoïsme, castrisme, trotskysme...), mais elle les a utilisés plus qu’adoptés. Il n’y a pas de coupure radicale avec les masses.

Du marxisme, ETA va adopter ce qu’il y a de meilleur (influence des positions de classe face au nationalisme "bourgeois", prise en compte des travailleurs immigrés au sein du prolétariat basque) mais aussi de pire (stratégies réformistes, concepts de Parti et d’"Etat révolutionnaire").

Dans les années 70, on retiendra deux événements marquants :

  • le procès de Burgos (1970) : 6 militants d’ETA, jugés par un tribunal militaire pour la mort du tortionnaire Manzanas, chef de la police franquiste, sont condamnés à mort. Leur peine sera commuée en réclusion à perpétuité sous la pression des mobilisations internationales ; ETA devint alors la référence contre le franquisme, non seulement au Pays Basque Sud, mais aussi dans l’État espagnol, et même au delà.
  • l’exécution spectaculaire de l’amiral Carrero Blanco, premier ministre du gouvernement espagnol et dauphin de Franco.

Au temps
de la "jeune démocratie"

En 1975, année de la mort de Franco, la pression des luttes populaires en Euskadi atteint un niveau inégalé. Vu la faillite du mode politique dictatorial, l’objectif des dirigeants de l’Etat espagnol va être de concéder certaines formes d’expression à la revendication nationale basque sans toutefois céder sur l’essentiel : le droit à l’autodétermination. Le statu quo sur cette question sera maintenu avec la nouvelle Constitution de 1978, qui fait des forces armées les garantes officielles de l’intégrité territoriale de l’Espagne. La résistance armée d’ETA se poursuit, plus âpre, tandis que le PNV négocie avec Madrid un statut d’autonomie (voté au Congrès en 1979 avec 54% de oui et 40% d’abstention), pour les trois provinces d’Alava, Biscaye et Guipuzcoa, la Navarre en étant exclue. L’Etat espagnol garde pour lui les compétences stratégiques (armée, monnaie, diplomatie, aéroports, frontières, douanes, finances, maintien de l’ordre).
Une des raisons de la persistance et de la vitalité du nationalisme révolutionnaire d’ETA après la chute de la dictature et au cours de ladite "transition démocratique" est, d’une part, que ETA croit à cette époque à l’insurrection générale sonnant l’heure de l’avènement d’un Etat socialiste basque, à la fois libérateur de l’oppression nationale et de l’exploitation capitaliste, et d’autre part que ses actions coïncident avec une période ascendante de mobilisation et de luttes sociales de toute une population (antinucléaires, féministes, solidarité internationale, grèves ouvrières...).

Appui populaire
mais pas adhésion

Si la lutte armée a acquis une grande valeur symbolique au Pays Basque (et au delà), c’est qu’elle n’a été pendant longtemps que la seule expression publique possible du mouvement social. Ensuite, ce qui a accru sa légitimité, c’est qu’elle s’est articulée sur des contradictions sociales, telles que les luttes ouvrières, ou d’autres mobilisations, en intervenant pour résoudre des conflits enkystés par l’intransigeance patronale et étatique. Ceci est illustré par la lutte contre la centrale nucléaire de Lemoniz où, malgré des manifestations monstres (100 000 à 150 000 personnes), la technocratie et le gouvernement espagnols ne cédaient rien. Ce n’est qu’après plusieurs sabotages, attentats et l’assassinat de l’ingénieur en chef puis du directeur de la centrale en 1981 que le projet de centrale a été définitivement arrêté. Certes, cet exemple, comme d’autres, montre que le sens de la lutte armée est ambivalent, les acteurs sociaux risquant d’être dépossédés de leurs enjeux par les "militaires". D’ailleurs, des critiques très fortes à l’encontre d’ETA, et des demandes qu’elle ne se mêle pas d’intervenir dans certaines luttes, se sont plusieurs fois exprimées. ETA ne peut pas trop se permettre d’imposer à l’ensemble du mouvement sa ligne politique sous peine de perdre sa légitimité. D’où la nécessité pour elle de sentir la réalité sociale et d’en tenir compte. Si les gudari (combattant-es) d’ETA ont bénéficié d’un appui populaire incontestable, cela ne veut pas dire adhésion ni obédience. Dès les années 80, des voix se sont élevées au sein même des abertzale de gauche pour réprouver des attentats jugés illégitimes et pour interroger l’existence même d’ETA : l’assassinat, en 1986, d’une ex-militanteYoyes pour avoir accepté la proposition du gouvernement espagnol de retour au pays ; l’attentat en 1987 au centre commercial Hipercor de Barcelone, provoquant 21 morts ; des enlèvements, attentats et assassinats contre des journalistes, des élus, dans les années 90 .... En juin 2000, le groupe Aralar quitte Herri Batasuna pour fonder un parti, voulant représenter la gauche abertzale non-violente, opposée à violence d’ETA comme à celle de l’Etat espagnol.

Vers l’adieu aux armes

ETA a tenté à plusieurs reprises d’ouvrir et de faire aboutir des négociations avec l’Etat espagnol, mais toutes ont échoué, amenant chaque fois l’organisation à reprendre les armes. Sauf en 2011, quand ETA a annoncé "l’arrêt définitif de son action armée", de façon unilatérale et sans aucune contrepartie.
La stratégie répressive des gouvernements contre ETA, et au delà contre l’ensemble du mouvement abertzale indépendantiste, s’est perfectionnée au cours des décennies. On sait les méthodes extralégales, comme les commandos paramilitaires et parapoliciers des années 76 à 79, puis de 82 à 87, menant la" guerre sale" (assassinat de réfugiés d’ETA ou présumés tels) au Pays Basque sud et nord, l’Etat espagnol s’assurant de la collaboration de l’Etat français et de l’appui de l’Europe. L’Etat espagnol s’est aussi doté de moyens techniques et légaux, toujours plus redoutables au fil des ans, qui permettent de harceler et de réprimer la gauche abertzale, d’extrader des réfugié-es, de fermer des journaux, des radios, d’interdire des images, des drapeaux, d’arrêter des gens, de les emprisonner, d’illégaliser des associations, des partis ... au nom de l’antiterrorisme et du "tout est ETA".
Ces coups portés par la répression ont contribué incontestablement à affaiblir l’organisation de lutte armée ; mais pas seulement elle. Toutes les structures de contre-pouvoir du mouvement indépendantiste ont été touchées.
Outre la répression forcenée, on peut pointer rapidement plusieurs autres raisons qui ont poussé ETA à rendre les armes. Les positions révolutionnaires au Pays Basque sont en voie de régression dès les années 90, comme partout ailleurs, et les visions de la gauche abertzale sont devenues celles de la social-démocratie. Il était essentiel pour ETA, désignée comme terroriste, de se démarquer des attentats destinés à tuer à l’aveugle (11 septembre 2001 à NY, 11 mars 2004 à la gare de Madrid...). En Irlande, l’IRA provisoire a abandonné les armes en 2005, et cela apparaît comme un modèle et une référence importants au Pays Basque. Les indépendantistes basques regardent avec envie la Catalogne qui avance sur le terrain de sa souveraineté et gêne énormément le pouvoir central sans pour autant utiliser la lutte armée. Le choix de la voie électorale pour agir au sein des institutions n’apparaît plus compatible avec la lutte armée. De plus, les illégalisations empêchent ou rendent très compliquée toute candidature, faisant perdre à la gauche abertzale de la crédibilité et du potentiel politique et électoral, et laissant vides des places dont s’emparent d’autres partis. Aujourd’hui, le désarmement d’ETA est présenté par la gauche abertzale comme l’ouverture d’une nouvelle séquence politique, d’une nouvelle phase de lutte dont l’objectif est l’indépendance, selon des voies pacifiques et démocratiques...

Pays basque, le 18 avril

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