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courant alternatif 265 - décembre 2016

Vertement écolo

par Scylla

vendredi 23 décembre 2016, par admi2


Vertement écolo

par Scylla

Non au DAPL, le Dakota Access Pipeline

La lutte contre le Dakota Access Pipeline (voir Courant Alternatif n° 264) ne faiblit pas et la répression s’amplifie.
Suite à la demande, auprès du président Obama, de la tribu sioux de Standing Rock, qui considère que l’oléoduc menace ses ressources en eau potable et plusieurs sites sacrés, le gouvernement américain a demandé le gel du chantier, mais peu avant l’annonce gouvernementale, un juge fédéral, à Washington, a de son côté ordonné la poursuite du chantier et les travaux ont repris le 11 octobre.
Des milliers de personnes, issues de « plus d’une centaine de tribus différentes  » se sont installées dans un très grand camp de tipis, tentes, baraques, camping car, pour ce qui a été appelé un « Occupy the prairie  ». Il s’agit d’une énorme protestation mêlant le respect des droits indigènes, la lutte contre le changement climatique et la protection de la nature. Deux routes ont été bloquées par des barricades qui ont été enflammées. Des véhicules ont été incendiés dont certains destinés à la construction du pipeline. La police en tenue de combat, avec chiens, véhicules blindés, hélicoptères, a utilisé, de façon jugée disproportionnée par le président de la tribu, tous les moyens à sa disposition pour briser la manifestation. Des coups de feu ont même été tirés blessant un manifestant à la main. Des arrestations massives ont été menées (141 durant le dernier week-end d’octobre, plus de 400 depuis août) n’épargnant ni journalistes ni cinéastes. Les mises en accusations ont suivi, pour rébellion, troubles à l’ordre public, violation de propriété privée, incendie criminel, etc. Ainsi un mandat d’arrêt pour entrée dans une propriété privée avait été émis contre Amy Goodman de « Democraty now !  » qui avait interviewé des manifestants alors qu’ils avaient pénétré sur le chantier du pipeline. Les accusations portées contre elle (depuis retirées) n’avaient évidemment pas pour but d’intimider celle qui avait produit images et commentaires concernant un chien de la police ayant mordu un enfant au visage  !
Au même moment les deux leaders d’une milice antigouvernementale d’extrème-droite pour la « survie et la renaissance de l’Amérique rurale  » et cinq de leurs lieutenants fêtaient leur acquittement. Ils avaient été poursuivis pour conspiration et pour prise de contrôle par les armes d’un refuge fédéral pour la faune et la flore, en Oregon, au début de l’année. Cette action menée à l’origine pour protester contre l’emprisonnement de deux fermiers inculpés pour avoir mis le feu à des terres publiques était plus largement une revendication contre les restrictions environnementales destinées à protéger les terres publiques. La remise de ces terres sous contrôle local fut exigée du gouvernement des USA. L’occupation dura 41 jours, mobilisant plus de deux douzaines de personnes.
Le verdict de l’Oregon a ulcéré les amérindiens car il leur a douloureusement rappelé que la loi n’est pas la même pour eux. Comme l’a dit l’un d’entre eux, résumant l’impression générale, les miliciens de l’Oregon étaient armés, si nous nous l’avions été nous aurions été tués. Une tempête s’est déclenchée sur les réseaux sociaux fustigeant les privilèges des blancs et les brutalités de la police contre les gens de couleur.
Le jeudi 3 novembre, Obama demande la suspension des travaux le temps d’envisager un nouveau tracé pour le pipeline qui épargnerait les terres sacrées des sioux. Le vendredi la police asperge de poivre et de gaz lacrymogènes quelques douzaines de manifestants et tire au flash-ball sur au moins deux d’entre eux. Obama n’est plus président que jusqu’au 20 janvier. En attendant l’entrée en fonction de Trump la situation peut-elle évoluer dans le sens d’un arrêt du projet ? On peut en douter. Par contre, ce qui est sûr c’est que Trump a des liens financiers étroits avec Energy Transfer Partners l’opérateur du DAPL et que durant la campagne électorale il avait promis de relancer le projet d’oléoduc Keystone XL (celui initialement prévu, remplacé après le véto d’Obama, par le Dakota Access Pipeline).

Alarmant déclin des populations d’abeilles

D’après l’interview de Y. Leconte (directeur de recherche à l’INRA) dans la Recherche d’octobre 2016, 90% des plantes à fleurs ne vivent que grâce à l’action des pollinisateurs et pour une grande partie, au niveau mondial, 75% des cultures destinées à l’alimentation. La pollinisation est assurée à 90% par les abeilles sauvages et domestiques. Interrogé sur ce qu’il adviendrait si les abeilles venaient à disparaître, Y. Leconte indique que "nous ne mourrions pas de faim, mais [que] notre nourriture se composerait essentiellement de céréales avec quelques fruits et légumes n’ayant pas besoin de la pollinisation par les insectes pour se reproduire". Menus ascétiques en perspective !
Les abeilles, qui ont donc une très grande importance pour l’agriculture, voient leur effectifs chuter. Dans Courant Alternatif n°262, nous les invitions à s’accrocher pour survivre en attendant l’interdiction générale de l’utilisation des néocotinoïdes programmée pour le 1er juillet 2020. Mais la nocivité des néocotinoïdes n’explique pas à elle seule le déclin actuel des populations d’abeilles. Elles sont victimes disent les spécialistes de plusieurs "stress" qui combinés ont un « effet cocktail » plus meurtrier que s’ils étaient appliqués seuls. Parmi ces stress nous retrouvons fort classiquement des attaques par des êtres vivants introduits (dégâts collatéraux dus au commerce mondialisé) dans un milieu qui n’était pas le leur, mais qui leur convient à merveille et où ils se développent aux dépens des êtres vivants autochtones. Ainsi l’abeille domestique d’Europe et d’Amérique, Apis mellifera, est victime de trois espèces invasives en provenance d’Asie. Le Varroa destructor, un acarien, provoque une véritable hécatombe alors que dans son milieu d’origine il vit en équilibre avec son hôte, l’abeille locale Apis cerana, qui elle sait contenir ses attaques (épouillage ; euthanasie de ses nymphes infestées). Le frelon asiatique Vespa velutina qui bien que se nourrissant à l’âge adulte de fruits mûrs et de nectar, capture différents insectes dont l’abeille Apis mellifera pour nourrir ses larves. Dans son milieu d’origine Apis cerana sait s’en défendre en l’entourant d’une masse compacte d’ouvrières qui, en vibrant des ailes, augmentent la température au sein de la boule ainsi formée jusqu’à ce que le frelon meure d’hyperthermie. Nosema ceranae, un champignon microscopique unicellulaire parasite, semble agir en synergie avec le fipronil, une molécule insecticide, en augmentant la toxicité de ce produit pour les abeilles tandis que l’exposition au fipronil (comme aux néonicotinoïdes) rend les abeilles plus sensibles aux infections par Nosema.
Bien entendu, ces stress venus d’ailleurs se rajoutent à d’autres n’ayant pas été importés. La situation des abeilles est préoccupante. Elle est fragile et particulièrement cette année en France où les conditions météo ne leur ont pas été favorables (printemps tardif). La production de miel devrait être la plus basse connue dans le pays, la moitié de ce qu’elle fut en 2015. Pour couronner le tout, les cultures de tournesol et de colza qui assurent les deux tiers de la production annuelle du miel français sont en diminution.
Soyons positifs, pour pallier la baisse de production de miel, on pourra toujours faire comme en Chine. Là-bas 100% du miel est industriel, il est obtenu en mélangeant tous les ingrédients chimiques nécessaires. C’est plus simple, plus rapide et moins cher. Ne rions pas, ce miel est déjà une réalité dans notre alimentation puisqu’un tiers des pots de miel aux prix les plus bas vendus en France proviennent de Chine.
Oui, mais il y a le miel bio. « Plus une utopie qu’une réalité » indique le site « Care Vox ». C’est vrai que pour rentrer dans le cahier des charges l’apiculteur doit s’assurer que dans un rayon de 5 km autour de la ruche tout soit bio. Pas simple.

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