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Extrait de Courant Alternatif 261 de juin 2016

Fluctuat nec mergitur

Contre la loi travail

samedi 18 juin 2016, par ocl-lyon

Les considérations qui suivent proviennent de camarades actifs dans leur ville et/ou sur leur lieu de travail. Elles ne prétendent ni à l’exhaustivité ni à l’affirmation de positions définitives sur un mouvement multiforme et qui, surtout, n’est pas terminé à l’heure où nous bouclons ce numéro. Il ne s’agit que d’une contribution parmi bien d’autres pour essayer de comprendre et de décrire cet épisode actuel de la lutte des classes en France.


{{Un peu d'histoire contemporaine

On sait que ce n’est pas seulement l’intensité d’un moment de contestation qui laisse des traces durables sur la société mais aussi sa durée. Et celui que nous vivons actuellement ne fait pas partie, pour l’instant du moins, des plus intenses, mais certainement des plus longs. Ces mouvements produisent des générations successibles de militants qui impacteront les dynamiques futures. Et pour que le lien puisse se faire et que les expériences se transmettent, mieux vaut que le temps qui les sépare ne soit pas trop long !
Pour sortir de l’asepsie généralisée qui a caractérisé la période mitterrandienne à partir de 1982 et qui marque la fin du cycle de lutte des années 1970, il a fallu attendre… 1995 ! Une longue lutte contre le plan Juppé concernant la réforme des retraites et des régimes spéciaux, avec un point d’orgue de 2 millions de personnes dans la rue et une grève historique des cheminots. Malgré ce qui fut considéré comme une victoire, l’abandon du plan, s’en est suivie une trop longue période de relatif calme social pendant la période Jospin. C’était l’époque où la gauche aux manettes jouait encore un peu le rôle de frein en attisant la peur de « faire le jeu de la droite ».
Cependant, cette lutte va profondément marquer le monde militant et laisser des traces durables en ce qui concerne les formes d’organisation des luttes : les coordinations. Celle des cheminots ne faisant que suivre l’exemple des infirmières qui, en 1988 déjà et lors d’un très long mouvement de grève, jetaient les bases d’un nouveau cycle de luttes. Les mouvements de la jeunesse eux aussi vont se glisser dans le même moule avec les coordinations étudiantes et lycéennes, notamment pour lutter contre la réforme Bayrou un peu plus tard.

Sur le plan syndical, le paysage change lui aussi. Il existait depuis 1981 un groupe des dix non confédérés, en dehors des centrales officielles. Un groupe qui s’est petit à petit radicalisé et qui, justement en 1995 après la lutte des cheminots, donne naissance à SUD-Rail puis SUD- éducation et SUD-étudiant. C’est une nouvelle génération de militants qui est en train de naître aux côtés des plus anciens issus de 1968 et de la CFDT. En 1998, Solidaires remplace le G1O ; les SUD se multiplient…
Chirac est réélu et Raffarin succède à Jospin en 2002. Un an plus tard, en mai 2003, on retrouve plus d’un million de manifestants contre la réforme Fillon, toujours sur les retraites. C’est encore une nouvelle génération de jeunes qui se forment et nourrissent les mouvances dites radicales, actives aussi bien sur la pavé que dans les squatts ou dans les luttes urbaines. Une génération qui se renforce par vagues au cours de différents mouvements : en 2006 contre le contrat de première embauche (CPE) qui est, lui aussi, abandonné par Villepin qui a succédé à Raffarin. Puis, en 2007 jusqu’au début 2009, contre la LRU (loi Pécresse sur l’autonomie des universités) .
Des jeunes formés à la politique dans les luttes, qu’on a retrouvés ensuite aussi bien à Notre-Dame-des-Landes et à Sivens que dans Solidaires à la Poste, dans l’Enseignement, la SNCF, etc., dans les mouvements des intermittents, des précaires et des altermondialistes et, politiquement, dans différentes chapelles de la radicalité (anarchistes divers et variés, émules de « l’insurrection qui va venir c’est certain », théoriciens et théoriciennes plus ou moins post-modernes, mais aussi NPA et extrême gauche) qui a acquis, depuis une vingtaine d’années, une très forte coloration libertaire après des années de prégnance léniniste (dite gauchiste) stricte.

Or, depuis bientôt 8 ans, aucun mouvement d’ampleur permettant d’ouvrir des espaces formateurs pour que le lien se fasse avec les générations précédentes et que naisse un renouvellement conséquent ne s’est produit… Il était temps !

{{Tentatives de regroupements en dehors des syndicats

Bien entendu, nous ne sommes pas en mai 68 où pratiquement personne, pendant deux mois, n’a pu vivre comme avant. Le mouvement actuel aura été cependant un véritable épisode de ruptures et d’expériences non seulement pour une partie, réduite mais significative, de la jeunesse mais aussi pour des salariés de certains secteurs. Et ce n’est pas terminé, souhaitons-le.

Si les coordinations ont pratiquement disparu du paysage politico-syndical, en revanche sont nés, à côté des intersyndicales, des collectifs locaux qui jouent un rôle non négligeable dans les mobilisations et plus encore dans les opérations « coup de poing » ou les blocages qui font vivre ce mouvement entre les journées décidées en haut lieu par les appareils.
Ces structures sont multiformes. Leur rôle et leur importance dépendent à la fois des rapports de force locaux, de l’histoire et des traditions de luttes, de la présence de certaines personnalités influentes, des rapports affectifs entre militants de diverses tendance, de l’histoire plus ou moins stalinienne de la CGT du cru, du type d’entreprises, etc.

{{Quelques exemples très différents mais assez représentatifs : }}

Caen : L’AG des luttes, une structure issue du mouvement étudiant

Depuis début mars, en dehors de l’intersyndicale, le mouvement est principalement porté par l’AG de Luttes réunissant jusqu’à 400 personnes à la fac (des jeunes scolarisés, des chômeurs et quelques salariés). Certains lycées ont réalisé un blocage de plusieurs semaines et subi une sévère répression (interdiction de manger au self et d’internat, etc.). Ce sont surtout les grandes journées de mobilisations nationales, plus que les appels nationaux des structures étudiantes et lycéennes, qui ont débouché sur des blocages.
L’AG de luttes de Caen a organisé plusieurs tentatives d’actions « coup de poing » (manifs sauvages, occupation des ponts de l’Orne et du local du PS, blocage du périphérique…) généralement contrariées par un important dispositif policier ayant l’interpellation et le tonfa rapides. Depuis le début de la mobilisation à Caen, au moins 50 personnes ont été interpellées. Jamais à Caen, en mouvement social, telle répression n’a eu lieu (1).
Les rapports avec Nuit Debout sont cordiaux, des jonctions ont été faites, mais on sent bien que ce n’est pas sur les mêmes bases politiques et modalités d’action.
Un autre secteur s’est très vite mobilisé dès le mois de mars, celui des intermittent-e-s du spectacle, via la KIC (Koordination des Intermittents du Calvados) qui a organisé un certain nombre d’AG et d’actions, contre l’accord Unedic, en lien direct avec la mobilisation contre la loi travail.
Depuis le 28 avril trois sites sont en permanence occupés : le Théâtre des Cordes par la KIC, l’amphithéâtre Tocqueville sur le campus 1 par l’AG de Luttes, et l’UFR-STAPS au campus 2 par des étudiants. Plusieurs actions coup de poing ont été plus ou moins réussies : déménagement et saccage du local du PS, occupations, le 12 mai, de lieux stratégiques (la CAF, la Direction Départementale du Travail). Ensuite, jusqu’au 16 mai, l’activité de l’AG de luttes a décru (examens obligent, et probablement essoufflement).
A partir du 16, un second souffle semble être apparu : plusieurs AG interpro, des actions de convergences des luttes entre le noyau dur de l’AG de luttes (au moins 80 personnes), les Stapsien-ne-s, la KIC, une partie de Nuit Debout, les transports, les cheminots, les dépôts de carburants, et plus si affinité. L’idée est de faire de l’AG de luttes et de l’amphi Tocqueville le lieu de convergence de tous ces secteurs.

Pays basque : Gagner le retrait pour envisager de gagner autre chose...

A l’appel du syndicat abertzale LAB et de militants anticapitalistes, s’est créé un « collectif contre la loi travail « jusqu’au retrait » (https://jusquauretraitkolektiboa.com). En fait il s’agit d’un front commun de 16 organisations : LAB, des militant-es de Solidaires aux CGT cheminots, hôpital et territoriaux, Attac, des groupes politiques, les uns français (du Front de gauche aux anars, en passant par EELV, les Amis de Karl Marx, le NPA et La Commune) et les autres de la gauche abertzale.
Gagner sur la loi travail n’est considéré que comme une étape, mais cependant déterminante : gagner le retrait pour envisager de gagner autre chose...
L’objectif est aussi d’essayer de s’organiser et d’agir de façon autonome, sans dépendre de l’Intersyndicale (à noter que cette dernière récuse la présence de LAB du fait de son refus historique de condamner la lutte armée !). Au début ça a été assez théorique, le collectif restait dépendant du calendrier de l’Intersyndicale, les mots d’ordre répétés : "convergence des luttes","grève reconductible", "on bloque tout" avaient du mal à se concrétiser.
Puis, en avril et mai, ça s’est débloqué vers plus d’autonomie en appelant à des actions de blocages et/ou d’occupations (banque, chambre de commerce et d’industrie, local du PS, entreprise appartenant au patron du Medef Pays Basque, centre de frêt européen…), soit en prolongement des manifestations « officielles » (et une partie des manifestants suivait !), soit selon un calendrier propre.
Seule une poignée d’habitué-es de Nuit Debout (200 personnes au début, beaucoup moins maintenant) participe aux actions du Collectif ; de son côté, le Collectif ne participe pas activement à Nuit Debout. Les individus et les priorités de l’une et l’autre initiative ne sont pas les mêmes. D’un côté des militant-es organisés (partis, syndicats, associations...) qui se fixent un objectif commun pour agir ensemble, de l’autre des personnes diverses, tout nouvellement impliquées et en voie de politisation, qui se retrouvent deux soirs par semaine pour parler et échanger, mais sans avoir l’intention de déboucher sur des pratiques concrètes, ni de s’inscrire dans une confrontation et dans la construction d’un rapport de force face à un adversaire désigné.

Reims. Un collectif initié par un groupe politique

Fin mars, devant la paralysie des instances syndicales qui ne veulent pas organiser d’AG, même après les manifs, et compte tenu de la motivation de quelques cheminots, jeunes, militants politiques…, le groupe OCL invite à une réunion pour regrouper des personnes en vue d’agit-prop sur la ville, sur des bases d’auto-organisation, pour exiger le retrait de la loi. Ainsi naît le comité de lutte rémois qui devient (malheureusement !) le seul lieu de débats, d’échanges, de rencontres et d’initiatives de la mobilisation sur la ville, faiblarde et en net retrait sur les mobilisations antérieures.
Le 28 avril, nous ne sommes plus qu’un millier dans la rue. Le début du mois de mai est une catastrophe prévisible organisée par l’intersyndicale : le 3 mai, rassemblement départemental de 70 personnes devant les ex-locaux du Medef ; le 12 mai, appel à manifester devant les 2 permanences de députés de Droite non concernés par le choix du 49.3 des socialos. Il a fallu que le comité de lutte monte au créneau pour emmener les 150 personnes devant le local du PS qui a été « déguisé ».
Quelques jeunes ont pris l’initiative de « nuits debout » qui ne durent que quelques heures à chaque fois. Ces rassemblements ont pu regrouper très ponctuellement quelques centaines de personnes mais ont déçu nombre de Rémois par la succession de prises de parole sur tout ou n’importe quoi, mais rien, ou pas grand-chose sur la loi travail.
Avant la semaine décisive des 17, 18 et 19 mai, malgré des appels à la grève reconductible, nous ne pouvons pas dire qu’il y ait encore un réel mouvement social sur Reims (et sa région) même si, pour nous et ceux et celles qui veulent bouger, l’existence de ce comité de lutte est un outil : par exemple, nous sommes entrés en relation avec des cheminots pour une collaboration, espérons-le, fructueuse. Le blocage des trains le 19 mai a été à l’initiative du comite de lutte. La jonction avec les cheminots est désormais forte et crédible.

Toulouse : L’assemblée de lutte se construit ensemble

L’Assemblée de Lutte 31 souhaite faire la liaison entre les différents secteurs en lutte (travail, chômage, étude) et entre les camarades qui n’ont pas encore de structure pour lutter. L’objectif est aussi d’aller chercher les copains et copines pas encore mobilisés en leur proposant une structure horizontale, axée sur l’action et la solidarité dans la lutte. Par les piquets de grève, par les blocages économiques, par les manifestations avec objectifs, avec l’aide d’une caisse de grève, nous organisons l’offensive contre la Loi Travail et bien au-delà. Des tracts "par secteurs" sont diffusés quasiment tous les jours devant les lieux concernés, et ça marche plutôt bien !
Assemblée de lutte 31 assembleedelutte31@riseup.net

Assemblée de lutte à Alès. (21 mai)

D’un « Collectif de travailleurs, précaires et chômeurs sur Alès et environs » Exploités Enervés (exploitesenerves.noblogs.org) est née l’assemblée de lutte d’Alès qui a lancé cet appel :

Appel pour une coordination nationale des assemblées de lutte

Depuis plus de deux mois le mouvement contre la « Loi travail » se construit et se développe en France.
Du fait de la faible énergie qu’ont mise les centrales syndicales opposées au projet dans la mobilisation et le rapport de force (jusqu’à maintenant – c’est peut-être en train de changer), la dynamique du mouvement repose essentiellement sur l’initiative de regroupements de personnes aux appartenances socio-professionnelles diverses (travailleuses, chômeuses, retraitées, étudiantes, lycéennes, syndiquées ou non…), s’organisant de manière autonome. Des actions ont lieu dans de nombreuses villes à l’initiative d’« assemblées de lutte », d’ « AG interpro », de « comités d’action », de « Nuits debout », etc. Mais ces assemblées ont peu de lien les unes avec les autres et se retrouvent à suivre le calendrier de l’inter-syndicale, souvent confus, dilué dans le temps, voire annoncé au dernier moment. Ces assemblées, se retrouvent donc, malgré elles, dépendantes de ce calendrier.
D’un autre côté, les médias organisent tour à tour la mise en avant de la mobilisation contre la « Loi travail », le black-out, le dénigrement de la lutte, la mise en spectacle de la confrontation… Les médias et l’État passent sous silence les rapports de force qui se construisent à travers les actions et manifestations.
Nous pensons que nous avons besoin de réfléchir et construire les outils communs de cette autonomie des assemblées et d’entretenir leurs dynamiques de lutte.
Nous pensons aussi qu’une coordination des assemblées de lutte pourrait renforcer le rapport de force nécessaire au retrait pur et simple de la Loi travail.
Une coordination à l’échelle nationale permettrait de diffuser l’information sur les actions passées et les mobilisations à venir (par un site ou un bulletin national) ; d’échanger des réflexions, autant sur les enjeux de la lutte que d’ordre plus tactique ; de décider et d’annoncer des journées d’action coordonnées ; de construire une solidarité et/ou une défense collective face à la répression, notamment pour les personnes inculpées et/ou incarcérées…
Ceci est une simple proposition. Nous n’avons aucune forme prédéfinie, ni d’ordre du jour à proposer pour l’organisation de cette coordination. Nous nous contentons de dresser un constat sommaire et de proposer quelques pistes de perspectives, à partir d’où l’on en est localement dans la lutte. Cet appel est rédigé d’Alès (30 – Gard) par l’assemblée de lutte qui s’y tient depuis début mars. Nous ne pensons pas qu’Alès soit le point idéal pour que cette rencontre puisse avoir lieu (difficultés pour l’accès et pour nous d’accueillir beaucoup de monde). Cette proposition ne peut avoir de sens que si suffisamment d’assemblées se la réapproprient.
Nous communiquons donc cette proposition le plus largement possible à travers la lutte en cours et proposons une liste de discussion pour échanger et s’organiser.
agluttesales-at-riseup-point-net

Boulogne-sur-mer

Mais les tentatives d’auto-organisation des salariés n’arrivent pas toujours à se concrétiser ; c’est le cas à Boulogne/mer.
Alors que depuis 1995 se mettait en place une interpro syndiqués/non syndiqués qui permettait au moins de tenir les syndicats sous une surveillance plus collective, cette fois-ci ça n’a pas été possible. CGT/SUD/FO ont gardé la main sur le mouvement, du moins pour ce qui concerne les salariés qui ne sont jamais descendus massivement dans la rue. Le mouvement, en dehors des dates nationales, a reposé sur les lycéens des filières pro et techniques et des quartiers prolo (avec une forte présence de filles) qui ont pris de belles initiatives collectives, mais s’en sont pris plein la gueule question répression. Sans doute plus combatifs qu’au moment du CPE, ils étaient cependant moins nombreux et pas en mesure d’assumer réellement un rôle politique déterminant.

Nuit debout, le meilleur et le pire

Il y consensus sur au moins un point, c’est que l’extrême diversité des Nuits debout rend quasiment impossible d’en faire une synthèse cohérente.
Nous remarquerons cependant que, comme la plupart du temps, l’irruption de prises de parole concernant mille et une questions de société se produit lorsqu’un mouvement social lié à l’exploitation du travail ouvre des espaces. Ce fut le cas en 1968 où c’est la grève générale pendant deux mois qui permit que naissent divers mouvements qui imprimèrent leur marque sur la société française. Ce fut le cas en 1995 où le mouvement de novembre-décembre a « ouvert des brèches dans les valeurs dominantes » (Voir numéro spécial CA décembre 2005).
En 2011-2012, un mouvement des Indignés avait tenté de naître comme un copié/collé de celui du M15 en Espagne. Mais en l’absence d’un mouvement conséquent sur le terrain du travail, la tentative échoua. Dans le contexte de l’opposition massive à la loi El Khomri la question se pose maintenant tout autrement.
Des nuits debout il y en a autant que de villes ou de villages. Cependant c’est celui de Paris (voir encart) qui a davantage retenu l’attention. D’abord parce c’est parti de là, non pas spontanément mais à l’initiative de quelques personnes médiatiquement reconnues. Ensuite parce que Paris reste toujours le centre de l’hexagone politique sur lequel se focalisent les médias. Enfin parce que l’importance numérique de la mégapole a fourni des milliers de gens susceptibles de prendre des initiatives sans s’enfermer dans un monde connu à l’avance.
Un peu partout c’est un public plutôt militant, ou ex-militant qui a fourni une bonne partie des participants, parfois en relation directe avec la lutte contre la loi travail, mais souvent malheureusement assez peu, provoquant un certain découragement de la part de ceux qui venaient pour parler de la poursuite du mouvement. Souvent c’est de nuit debout que sont parties des initiatives de blocage mais parfois aussi les débats se cantonnaient à l’expression d’inquiétudes individuelles ou très partielles.

16 mai 2016

(1) C’est le commissaire Papineau qui dirige la police caennaise. Ses méthodes, sa hargne contre les « voyous » – entendez « l’ultragauche » – l’avaient déjà rendu célèbre à Poitiers où il avait expérimenté de nouvelles méthodes policières contre toute forme de contestation. Toujours prompt à encourager les violences de ses bacqueux, Poitiers avait été couvert de « Papineau on aura ta peau ».

{{Nuit Debout Paris

Paris : Les nuits debout, quotidiennes place de la République depuis le 31 mars, sont devenues un point de rendez-vous ordinaire quand on sort…. Elles drainent des milliers de personnes, assez hétérogènes, des jeunes salariés et des retraités qui trouvent là une occasion de participer au mouvement en dehors d’une grève éventuelle. Il y a une AG centrale à partir de 18h et des commissions spécialisées qui débattent à peu près de tout (Françafrique, féminisme, grève générale, révision de la constitution, libération animale, langage des signes, musée debout !, bibliothèques debout !, hôpitaux debout !, écologie, solidarité avec les migrants, éducation populaire, travailleurs sociaux, etc.). Ça peut sembler un énorme fourre-tout pas très politisé, on peut ironiser sur le formalisme des AG et de certaines commissions, il n’empêche que c’est de cette place et de ces commissions que sont partis des manifestations de solidarité avec les migrants, la manif "apéro chez Valls", les blocages de Mac Do, les renforts pour l’occupation du théâtre de l’Odéon par les intermittents, le soutien au squatt des migrants du Lycée Jean Jaurès, l’intervention au technocentre Renault de Guyancourt (cf. article sur Renault), le blocage commercial Val d’Europe, etc. Preuve que les nuits debout dérangent le pouvoir, la préfecture n’a de cesse de grignoter les horaires autorisés pour le rassemblement et de se livrer à quelques provocations à 2 balles : blocage du matériel de sono, renversement de marmite de nourriture.

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