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Extrait de Courant Alternatif 261 de juin 2016

Nuit Debout au Technocentre Renault

Contre la loi travail

samedi 18 juin 2016, par ocl-lyon

Avec l’objectif de « bloquer leur économie, leurs transports, leurs usines, leurs enseignes, toutes leurs entreprises », depuis sa création, la commission Grève Générale de la Nuit Debout (CGG) a fait en sorte de créer des liens entre les personnes présentes Place de la République et les boîtes, qu’elles soient en lutte ou non.


Assez rapidement, des actions ont été décidées sur plusieurs gares parisiennes en solidarité avec les salarié(e)s de la SNCF qui se battent contre les attaques portées au RH077. Dans l’optique de mobiliser les salarié(e)s de l’automobile, les militant(e)s de la CGG ont tout naturellement cherché à contacter des personnes de Peugeot et Renault. La CGT ne faisant plus son boulot de coordination des salarié(e)s des différentes boîtes, le contact s’est établi entre autres grâce aux camarades du secteur automobile du NPA qui tissent un réseau dans cette industrie depuis plusieurs années.

{{A Renault}}

Pour ce qui est de Renault, ce sont des militant(e)s des sites de Lardy (Essonne - environ 1500 salarié(e)s) et du Technocentre (Yvelines - environ 11000 salarié(e)s) qui se sont rapprochés des camarades de la CGG. Pour info, la « population » du site de Lardy est composée en majorité de technicien(ne)s et d’ouvrier(e)s alors que le Technocentre (TCR) est majoritairement peuplé de cadres, cadres sup et autres yuppies… Ainsi, dans le premier site, il y a une section CGT très combative qui bénéficie d’une bonne image auprès des salarié(e)s et une section SUD, « non représentative » mais active. Le second site est gangrené par une CFE-CGC et une CFDT qui jouent à la perfection leurs rôles d’auxiliaires zélées de la direction. Pour exemple, c’est suite à une délation due à des militants de la CFE-CGC qu’un prestataire a été banni du TCR, ce qui a eu pour conséquence son licenciement. Ce prestataire avait eu la naïveté d’envoyer un message appelant à la Nuit Debout sur les boîtes mails de tous les syndicats du TCR et de deux ronds-de-cuir de la CFE-CGC. Ce message a eu beau être envoyé de sa messagerie perso, de son ordi perso et en dehors des heures de travail, c’en était trop pour la direction de Renault et ses chiens de garde (1). Quant à la CGT du TCR, bien que comprenant parmi ses adhérent(e)s un certain Philippe Martinez, elle n’est plus qu’une coquille vide à la remorque de la CFE-CGC pour glaner quelques subsides du comité d’entreprise. C’est donc autour des militant(e)s de SUD que se sont retrouvé(e)s les personnes qui ont répondu à l’appel de la CGG.

{{Action décidée pour mardi 19 avril }}

Dès le premier contact avec les personnes du TCR, une diffusion de tracts du même type que celui distribué sur les gares de Paris a été proposée par les militant(e)s de la CGG. L’idée partagée par les camarades de Renault mis(e)s dans la confidence était que la Nuit Debout était « maîtresse d’œuvre » puisque c’était elle qui venait à la rencontre des salarié(e)s de la boîte. Ainsi, si quelques militant(e)s de la section SUD du TCR ont « géré la logistique » (impression du tract, lieux de rendez-vous, coups de main pour les transports…), il a toujours été clair que cette action devait être « estampillée » Nuit Debout. Ce postulat n’était pas du goût de l’UL 78 de la CGT. Cette structure voulait relire le tract avant de confirmer la présence de ses militant(e)s. Ce n’est pas dénué de sens mais cela n’a pu être possible. Quoi qu’il en soit, apprenant que le tract serait « sans sigle syndical », l’UL 78 CGT a lâché l’affaire. Le tract a été validé lors de l’AG du 17/04.

{{La Nuit debout « qui se lève tôt » au TCR}}

La diffusion devant commencer vers 7h30, un des points de rendez-vous était (évidemment) la place de la République à 6 heures du mat’. Très rapidement nous étions plus de 30, ce qui n’était visiblement pas du goût des cognes qui sont venus montrer les dents. Nous n’avons pas demandé notre reste puisqu’appelé(e)s ailleurs. Au final, plus de 120 personnes se sont retrouvées aux portes du TCR pour une diffusion de tract péchue en présence du prestataire viré grâce à Renault et à la CFE-CGC. Aux côtés des activistes de tous âges de la Nuit Debout, il y avait quelques adhérents SUD et un militant CGT du TCR, des camarades de l’Etincelle, du NPA et de l’OCL. A noter que les militants de LO qui distribuaient leur tract mensuel n’ont pas jugé opportun de se joindre à nous.

{{Bilan }}

3500 tracts ont été distribués aux 3 des 15 portes de l’un des deux plus grands sites Renault du monde en nombre de salarié(e)s et qui est également le plus grand centre de recherche et développement de France. Cette diffusion ponctuée de slogans, de chants révolutionnaires et de prises de paroles dans la joie et la bonne humeur a réjoui tout ce que le TCR compte de militant(e)s révolutionnaires (eh oui, il y en a !). Un enthousiasme que ne partageait pas la direction qui s’était assurée les services de quelques barbouzes et de flics en tenue à l’intérieur du site. Au moins un RG du coin a essayé de faire son petit travail de fouine parmi les indésirables. Pour ce qui est des salarié(e)s Renault, dans l’ensemble l’accueil a été très froid. Quelques conversations, quelques gestes de sympathie, des tracts trônant ça et là aux postes de travail, puis « l’évènement » est vite passé aux oubliettes. Mais que pouvait-on attendre d’un site où les rassemblements revendicatifs (même pas des débrayages) regroupent à peine plus de 100 personnes… Quoi qu’il en soit, même si l’on peut considérer que l’impact de cette action sur Renault est négligeable, nous avons eu raison de la réaliser. Elle a montré qu’on peut faire un bon boulot entre militant(e)s des diverses organisations révolutionnaires citées plus haut. Elle a prouvé que nous avons eu raison de ne pas imposer nos méthodes et notre prose à la CGG. Nous avons eu raison de faire confiance aux activistes de Nuit Debout, dont beaucoup font leurs premiers pas dans la lutte avec le combat contre la « loi travail ». Cette action était la leur, elle ne restera pas dans les annales mais ils et elles n’ont pas à en rougir. On ne peut pas en dire autant de la grande majorité des salarié(e)s du TCR.

{{Une opération de comm' d'El Khomri perturbée (2)}}

Le 26 avril, la ministre du travail croyait pouvoir faire son petit coup de comm’ tranquille en allant visiter un centre de l’AFPA dans l’Essonne. C’était sans compter sur la pugnacité des salarié(e)s de Renault Lardy. Ces dernier(e)s, accompagné(e)s d’étudiant(e)s d’universités parisiennes, de militant(e)s de Nuit Debout, de cheminots en grève, de salarié(e)s de la SNECMA-Corbeil, Nokia-Nozay, ID-Logistics-Brétigny, sont allés rappeler à cette personne ce qu’ils et elles pensaient de sa loi. Le rassemblement d’environ 70 personnes a contraint la ministre à faire un long détour avant d’arriver à destination. Malgré le blocage par les cognes, un des manifestants a pu pénétrer dans la salle de conférence, interpeller la ministre et dénoncer « une loi dictée par les patrons et qui casse les droits des salarié(e)s ». Cette action qui a pu être mise en place grâce à un réseau militant solide est un bel exemple de convergence des luttes.

O Cangaceiro, 22 mai

1 - Pour plus de détails, lire l’article « Chez Renault, vanter Merci patron ! Peut conduire au licenciement » sur MEDIAPART.fr.

2-Paragraphe réalisé en pompant honteusement sur le communiqué de presse de la CGT-Renault-Lardy disponible sur le site npa-auto-critique.org

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